T. LOBSANG RAMPA

 

CHAPITRES DE VIE

 

Titre original : Chapters of Life

 

(Édition : 22/04/2020,

paru précédemment sous le titre

Les Univers Secrets)

 

Chapitres de Vie — (Initialement publié en 1967) Lobsang nous parle de dimensions, de mondes parallèles et de prophéties, apportant au lecteur une compréhension plus approfondie. Lobsang répond également aux questions sur la religion et le christianisme. La religion sert un objectif que beaucoup ignorent, comme nous pouvons clairement le constater avec nos sociétés et collectivités qui s'effondrent.

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Mieux vaut allumer une chandelle

que maudire l'obscurité.

 

Le blason est ceint d'un chapelet tibétain composé de cent huit grains symbolisant les cent huit livres des Écritures Tibétaines. En blason personnel, on voit deux chats Siamois rampants (i.e. debout sur leurs pattes de derrière, le terme ‘rampant’ étant ici un adjectif propre à l'héraldique, c'est-à-dire, aux blasons — NdT : Note de la Traductrice) tenant une chandelle allumée. Dans la partie supérieure de l'écu, à gauche, on voit le Potala ; à droite, un moulin à prières en train de tourner, comme en témoigne le petit poids qui se trouve au-dessus de l'objet. Dans la partie inférieure de l'écu, à gauche, des livres symbolisent les talents d'écrivain et de conteur de l'auteur, tandis qu'à droite, dans la même partie, une boule de cristal symbolise les sciences ésotériques. Sous l'écu, on peut lire la devise de T. Lobsang Rampa : ‘I lit a candle’ (c'est-à-dire : ‘J'ai allumé une chandelle’).

 


 

Table des matières

Table des matières. 4

Remerciements à... 5

Chapitre Un : L'avènement d'un leader mondial 5

Chapitre Deux : De nombreuses demeures. 24

Chapitre Trois : Bien d'autres demeures encore. 43

Chapitre Quatre : De nombreuses dimensions aussi ! 65

(Le Dialogue de Platon) 83

Chapitre Cinq : Peindre avec des mots. 87

JE N'AI PAS PEUR.. 94

CONTENTE-TOI 95

MON AMOUR.. 96

LA CONFESSION À MAAT. 108

AFFIRMATION.. 109

À MON SUR-MOI JE PRIE. 110

UNE PRIÈRE. 111

Chapitre Six : Un monde que nous devons tous visiter 112

Chapitre Sept : Fin d'un chapitre. 134

Chapitre Huit : Méditation. 163

Chapitre Neuf : Le voyage astral est-il pour vous ?. 185

Chapitre Dix : Les œuvres de l'homme. 206

Chapitre Onze : Vous écrivez ceci ! 227

Chapitre Douze : Religion et science. 249

Service d'entraide pour les éditeurs. 260

 

 

Remerciements à...

Mme Valéria Sorock (une puriste du langage !) pour son acte de générosité en tapant des copies supplémentaires de ce manuscrit, ignorant courageusement et ne changeant rien à l'anglais décousu et l'inélégante grammaire.

Victoria Harvey, de Brighton, Sussex, Angleterre, pour sa délicatesse et sa compréhension démontrées de façon si compétente dans ses illustrations de ce livre.

‘Ma’ pour avoir lu et critiqué (toujours gentiment) mes premières idées, et ‘Bouton d'Or’ pour tant de dur labeur à taper sous ma dictée.

Mesdemoiselles Tadalinka et Cleopatra Rampa, Représentantes sur Terre de Lady Ku'ei et Mme Fifi Greywhiskers qui, bien qu'âgées seulement de six mois, divertirent GÉNÉREUSEMENT et déchirèrent parfois les pages avant qu'elles ne soient terminées.

Mesdames — grands dieux ! TOUTES des dames ! — MERCI !

T. LOBSANG RAMPA

 

À Mariechen

Une Dame d'Allemagne

Une Lumière dans l'Obscurité,

Une amie tout au long des années.

 

Chapitre Un :
L'avènement d'un leader mondial

À la lisière du terrain vague, les hautes herbes bougèrent un peu. Les larges feuilles déchiquetées d'un plant d'oseille sauvage s'écartèrent et deux grands yeux verts percèrent la lugubre obscurité de la rue. Lentement, précautionneusement, un maigre chat jaune apparut sur le trottoir inégal, s'arrêta un instant, huma l'air de la nuit comme pour y déceler quelque présence ennemie. Des amis, en tout cas, il n'en avait guère, car, dans cette rue, les chats vivaient à peu près comme dans une jungle et tout le monde leur voulait du mal. Enfin rassuré, il fut, d'un bond, au milieu de la chaussée, s'assit et procéda à une toilette méticuleuse. D'abord les oreilles, la base du cou, puis, d'une patte bien humectée de salive, une jambe pointée vers le ciel, son ventre délicat. Reprenant souffle un instant, il regarda autour de lui la rue sinistre.

Maisons de brique sale, datant d'une autre ère, rideaux souillés le long de fenêtres dont la peinture s'écaillait. De temps à autre arrivait la bouffée sonore d'une radio discordante aussitôt réduite au silence par un gros juron, témoignage de la désapprobation d'un dormeur.

Une lumière jaunâtre émanait des quelques réverbères épargnés par les enfants du quartier. De grands pans d'ombres s'étalaient autour.

Le chat maigre revint à sa toilette, insensible aux ordures qui jonchaient le trottoir. Dans le lointain, des quartiers plus civilisés parvenait le grondement assourdi de la circulation et, réfléchie dans le ciel, la lueur diffuse des enseignes au néon. Mais ici, dans cette rue, tout était désolation. C'était la rue des sans-espoir.

Soudain, le chat maigre fut en alerte : oreilles dressées, yeux grands ouverts, muscles prêts à la fuite. QUELQUE CHOSE s'était imposé à sa conscience. Relevé d'un bond, il CRACHA un avertissement avant de se perdre dans l'ombre, entre deux maisons. Un moment, tout fut normal. Un enfant malade geignit, un homme et une femme se disputèrent avec des mots obscènes, dans une rue voisine on entendit le grincement de freins brusquement serrés.

Parvint enfin le plus faible des bruits insolites. Celui de pas traînants, hésitants — non pas ceux d'un ivrogne, c'était normal ici ! — mais des pas de vieillard, de quelqu'un qui est las de la vie, retenu par le fil le plus fragile à une existence misérable et incertaine. Le pas se rapprocha. On eût dit le crissement du sable sous des espadrilles. Les ténèbres de la rue, à peine atténuées par les réverbères spectraux, étaient difficiles à percer. Une ombre vague traversa lentement une zone éclairée pour, de nouveau, se résorber dans la nuit.

Une respiration sifflante d'asthmatique frappait les tympans au fur et à mesure que se précisait la silhouette fantomatique. Tout à coup les pas s'arrêtèrent et on entendit le son rauque d'une pénible expectoration, suivie d'une laborieuse reprise de souffle. Un profond soupir, et les pas hésitants reprirent leur cadence.

L'ombre blanchâtre se matérialisa peu à peu sous la lueur vacillante d'un réverbère. C'était un vieil homme en longs vêtements d'un blanc sale, chaussé de sandales en ruine. D'un regard myope il inspectait le sol à ses pieds. Il se baissa, ramassa d'une main tremblante un vieux mégot. La pâle lueur du réverbère éclaira un instant son fardeau : une pancarte au bout d'une perche où se lisaient les mots : ‘Repentez-vous, Repentez-vous, car la Deuxième Venue du Seigneur est proche. Repentez-vous !’

L'homme se redressa, refit quelques pas et descendit avec peine les quelques marches de pierre qui menaient à un sous-sol.

 

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"J'sais pas pourquoi tu fais ça, Bert. J'te jure que j'te comprends pas. Tout c'que tu y gagnes, c'est de t'faire fiche de toi par les mômes du quartier. Laisse tomber, mon vieux !"

"Ah ! Maudie, on a tous notre tâche à remplir. Possible que j'arriverai un jour à semer le bon grain quelque part. J'vais tâcher d'continuer encore un p'tit bout de temps."

"Un très petit bout de temps, Bert. Tu as quatre-vingt-un ans. Tu d'vrais t'arrêter avant d'tomber raide mort dans la rue !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Le portail d'entrée du cimetière resplendissait sous le faible soleil de l'après-midi. Le vernis tout frais donnait une vie nouvelle au bois très ancien. Au bout du sentier, la vieille église Sainte-Marie avait l'air à la fois bienveillante et douce. Les hautes portes cloutées étaient ouvertes pour accueillir les fidèles à l'Office du Soir. Les cloches lançaient dans le ciel leur éternel message : ‘Hâtez-vous ! Hâtez-vous ! ou vous arriverez en retard !’ Mille ans d'histoire étaient enfermés dans ce vieux cimetière. Tombes de pierre des siècles passés, avec leurs inscriptions archaïques, anges de marbre aux ailes larges ouvertes. Çà et là, une colonne tronquée évoquait un être fauché dans la fleur de l'âge.

Les nuages s'entrouvrirent tout à coup pour laisser passer un trait de lumière qui traversa la nef et rendit aux vitraux l'éclat de la vie, tandis que l'ombre de la tour crénelée s'étendait sur les tombes des chers disparus d'un autre âge.

Les fidèles, à présent, convergeaient vers l'église. Dans leurs vêtements du dimanche, ils échangeaient des propos animés. Les petits enfants, gênés par leurs beaux habits, intimidés de se sentir trop propres, traînaient la jambe derrière leurs parents. Un vieux bedeau apparut et jeta un coup d'œil inquiet sur le sentier, puis se retira précipitamment dans l'ombre fraîche de l'église.

Par-dessus le mur de pierre retentit un éclat de rire, suivi du Recteur et d'un collègue ecclésiastique. Contournant les vieilles pierres tombales, ils empruntèrent un raccourci qui menait à la sacristie. Bientôt la femme et les enfants du Recteur parurent à leur tour, se dirigeant vers le grand portail pour se mêler au troupeau des fidèles.

Et tout là-haut, dans le clocher, les ding-dong continuaient à sonner, pressant les retardataires, grondant les non-pratiquants. Le flot des fidèles ne fut plus qu'un ruisselet, et bientôt se tarit. Le bedeau, une fois encore, vint au seuil du portail et, ne voyant plus personne, le referma.

Dans la nef régnait la sainte ambiance commune aux vieux sanctuaires, quelle que soit la foi qu'on y pratique. Les murs de pierre se dressaient jusqu'à la massive charpente. Le soleil, à travers les vitraux, jetait des arabesques sur les pâles visages de ceux qui composaient l'assemblée. De la tribune de l'orgue, les accords d'une hymne dont l'origine se perdait dans les temps se déversaient, berceurs.

Une dernière volée de cloches dont les harmoniques vont s'éteignant. Un faible craquement de porte : les sonneurs pénètrent à leur tour dans la nef. Ils s'asseyent au fond.

Soudain, l'organiste change de style. L'assistance se fige et une certaine animation se met à régner du côté de la sacristie. Piétinements, froissements d'étoffe, les premiers enfants de chœur, se poussant l'un l'autre, prennent place dans les stalles. Bruits de chaises, chuchotements. Le culte commence.

C'est d'abord le Lecteur qui se met à marmonner la Bible, comme chaque dimanche depuis des années, machinalement. Derrière lui, un enfant de chœur, pour se distraire, se met à envoyer des boulettes de papier mâché à l'aide d'un élastique. L'organiste se tourne sur son banc et fixe le coupable d'un œil si féroce que le petit garçon laisse tomber son arme.

L'Ecclésiastique en Visite, qui avait accepté de prononcer le sermon, monte lentement en chaire. S'appuyant sur le rebord, il parcourt son public d'un regard satisfait. Il est grand, avec une belle chevelure ondulée et des yeux de ce bleu qui fait pâmer les vieilles filles. La femme du Recteur, assise au premier rang, a des distractions. Elle ne peut s'empêcher d'établir mentalement une comparaison au désavantage de son époux. Mais voici que le prédicateur, d'un ton solennel, annonce le thème de son sermon : LA SECONDE VENUE DU SEIGNEUR.

Ce fut interminable. Un vieux paysan, n'y tenant plus, s'endormit. Des ronflements sonores firent résonner les voûtes. À la hâte, un sacristain s'approcha de lui et le secoua pour le réveiller et le conduire à l'extérieur. Après le sermon, l'Ecclésiastique en Visite donna la Bénédiction, puis descendit de la chaire.

L'organiste avait à peine eu le temps de plaquer les premiers accords de l'hymne finale que des sacristains passaient déjà, le long des rangs de chaises, les plateaux de métal argenté où chacun déposait son offrande. Et ceux qui ne s'étaient pas montrés assez généreux avaient droit à un sévère froncement de sourcils. Bientôt ils formèrent un groupe de quatre et remontèrent l'allée centrale pour donner les plateaux au Recteur en attente. Un peu plus tard, à la sacristie, le Recteur, ayant fait ses comptes, annonçait à son collègue : "Dix-neuf livres, trois shillings, onze pence et un demi-penny, un tael chinois, un franc français, et deux boutons de culotte. Espérons que l'homme aux boutons pourra rentrer chez lui sans ennuis !"

Ensemble, le Recteur et son Invité reprirent le petit chemin qui passait entre les tombes. Silencieux, ils passèrent l'auvent qui séparait le cimetière du presbytère. Le Recteur prit le premier la parole : "Vous ai-je montré mes pétunias ? Ils poussent à merveille. Je les ai plantés moi-même. À propos, j'ai beaucoup aimé votre sermon."

"Il m'a paru qu'il venait à son heure, étant donné la tendance actuelle à considérer que Dieu est mort", dit l'Invité.

"Allons voir le verger, reprit le Recteur. Il faudra que je fasse élaguer mes pommiers. Vous procurez-vous vos sermons à la même Agence que moi ? Je viens d'adopter ce système — c'est tellement pratique !"

"Vous avez là un bien beau terrain ! Non, je ne m'adresse plus à l'Agence. Par deux fois, ils ne m'ont pas envoyé mon sermon à temps et je ne veux pas courir ce risque une troisième fois. Bêchez-vous votre jardin vous-même ?"

"Oh ! dit la femme du Recteur en servant aux deux hommes d'église un doigt de porto avant le dîner, croyez-vous VRAIMENT à une Seconde Venue du Seigneur, comme vous l'avez dit dans votre sermon ?"

"Voyons ! Voyons ! Margaret !" interrompit le Recteur. "Que voilà une question tendancieuse ! Tu sais aussi bien que moi que nous ne pouvons prêcher ni dire ce que nous croyons — ou ne croyons pas. Nous avons souscrit aux Articles de notre foi et nous devons prêcher selon les Décrets de l'Église et les Ordonnances de l'Évêché."

La femme du Recteur soupira : "Si SEULEMENT nous connaissions la vérité, si SEULEMENT QUELQU'UN pouvait nous dire ce que nous devons attendre, croire, espérer."

"Dites-moi, dit l'Invité en se tournant vers le Recteur, utilisez-vous l'engrais naturel ou les fertilisants chimiques pour vos fraisiers ?"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Le vieil homme au regard fuyant s'approcha, l'air cafard, de l'homme au visage maigre assis inconfortablement sur le banc de parc délabré.

"À quelle heure qu'y distribuent la soupe ? dit-il d'une voix enrouée. Faut que j'me mette quéqu'chose dans l'buffet, sinon j'vais flancher ! Est-ce qu'on est forcé d'chanter les hymnes d'abord, dites ?"

L'homme au visage maigre bâilla longuement, le toisa de la tête aux pieds, puis se mit à se curer les ongles avec un vieux cure-dents. Il se décida enfin à répondre, nonchalamment. "Joli petit accent d'Oxford, que vous avez là, mon cher. Je suis moi-même un Ex-Borstalien, Feltham House (institution pour jeunes délinquants au Royaume-Uni — NdT). Alors, vous voulez MANGER, hein ? Moi aussi — moi aussi. Souvent ! Mais ce n'est pas SI facile. Les Petits Saints ne donnent rien pour rien. Ils nous font travailler. Hymnes, prières, sans compter les tas de cailloux à casser et le bois à scier !"

Les ombres du soir s'étiraient lorsqu'ils traversèrent le petit parc qui prêtait son intimité aux couples d'amoureux. Il y avait quelques minutes que les boutiques étaient fermées et les mannequins exposaient, sur des corps approximativement mâles ou femelles, des vêtements à la mode en des postures figées comme pour l'éternité. Les locaux de l'Armée du Salut, au bas de la rue, étaient illuminés. Dans le lointain on entendait les ‘boum boum boum’ d'une grosse caisse frappée avec plus de vigueur que d'art. Les coups de grosse caisse se rapprochaient, accompagnés du martellement des pas d'un régiment en marche.

Une troupe d'hommes et de femmes vêtus de serge bleue tournait le coin de la rue. Les hommes portaient des casquettes à visière et les femmes des chapeaux cabriolets à l'ancienne. La fanfare entra en action. Le clairon bomba son thorax étroit et poussa un couac formidable. La grosse caisse s'en donna à cœur joie cependant qu'une des Demoiselles Salutistes, pour ne pas être en reste, tapait sur ses cymbales comme si sa place dans l'Au-delà en dépendait.

La troupe s'arrêta juste en face des grilles du parc et le porte-étendard déposa son noble fardeau. La dame salutiste qui jouait de l'accordéon attaqua une hymne (elle se défendait bien !). La-da-da, la-da-da, broum, broum, broum, chevrota le vieillard au regard fuyant. Le petit orchestre forma le cercle, son capitaine ajusta ses lunettes et attendit que la foule s'amassât pour quêter. Sur le trottoir, des volontaires tendaient aux passants des numéros de Cri de Guerre, tandis que d'autres Demoiselles Salutistes entraient dans un bistro, secouant énergiquement leurs troncs de quête. Sur leur banc du parc, les deux hommes — qu'un troisième avait rejoint — observaient la scène avec intérêt.

"Si tu veux double portion de soupe, tu dois confesser tes péchés", dit le nouvel arrivant.

"Des péchés, j'en ai pas !" dit l'homme au regard fuyant.

"Mon vieux, tu f'rais bien de t'en inventer tout de suite. Le pochard repenti, ça plaît beaucoup, mais c'est mon truc à moi. Toi, tu d'vrais être un gars qui battait sa femme et qui a eu une illumination."

"J'ai pas d'femme et d'ailleurs, les femmes, j'en ai rien à foutre !"

"Enfin, quand même, tu peux t'en INVENTER une. Tu diras qu'elle a fichu l'camp parce que tu l'as menacée de lui casser la gueule. Mais faudra dire ça à HAUTE VOIX, compris ?"

"Vous croyez en Dieu, les amis ?" demanda l'ex-pensionnaire de Borstal, en tournant son regard désabusé vers la troupe de l'Armée du Salut.

"Dieu ? demanda l'homme au regard fuyant. Bon Dieu, non ! Jamais eu l'temps ni pour les Dieux ni pour les pépées !" Et il cracha par terre avec mépris.

"Comment ça s'fait que tu t'intéresses à Dieu ? demanda le nouveau venu à l'ex-pensionnaire de Borstal. J'ai su qu't'avais fait de la taule dès l'moment que j't'ai vu."

"Il faut bien croire à QUELQUE CHOSE, répliqua doucement l'ex-pensionnaire de Borstal, si l'on veut rester sain d'esprit. Tant de gens, de nos jours, disent que Dieu est mort qu'on ne sait plus à quel saint se vouer !"

Un soudain éclat de la fanfare leur fit tourner la tête vers les grilles du parc. L'hymne venait de se terminer et les musiciens s'étaient mis à jouer plus fort pour attirer l'attention. Le Capitaine fit quelques pas en avant du groupe et dit d'une voix forte : "Dieu n'est PAS mort. Préparons-nous pour la Seconde Venue du Seigneur. Préparons-nous pour l'Âge d'Or qui est tout proche mais qui ne s'ouvrira pour nous qu'après de durs labeurs et de grandes souffrances. Connaissons la VÉRITÉ."

"Très bien pour LUI, dit l'homme au regard fuyant, y sait pas c'que c'est d'avoir faim ; y couche pas sous les ponts ni sur les bancs, ni quand un flic s'amène et dit : ‘Décampe, vieux, et magne-toi !’"

"Vous me faites froid dans le dos, dit l'Ex-Borstalien. Souvenez-vous que nous sommes des CHIENS SAVANTS — nous devons faire le beau pour avoir un os."

Haussant les épaules, il salua les deux autres et s'en fut. On le vit entrer dans le groupe des Salutistes. On l'entendit confesser ses péchés à haute voix devant une foule indifférente.

Une grosse concierge, qui avait tout observé de sa fenêtre, secoua la tête d'un air de doute. "J'sais pas, j'sais tout simplement pas, murmura-t-elle à son chat tigré. J'ai pas l'impression que c'est ÇA la réponse ; j'aimerais que QUELQU'UN nous dise la VÉRITÉ sur tout ça."

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Dans des huttes de missionnaires au toit de tôle, en plein air, dans des assemblées de prière et dans des cathédrales, des hommes d'Église prêchaient la Seconde Venue du Seigneur. Beaucoup d'entre eux ignoraient totalement que ce n'était pas la SECONDE, mais bien l'une des nombreuses Venues du Seigneur.

Dans un très lointain pays, au-delà des sables brûlants du désert, là où l'Occident n'est pas encore l'Orient, mais où l'Orient n'a pas encore tout à fait secoué les chaînes de l'Occident, un tout petit garçon est étendu sur le dos, gazouillant et suçant son pouce. Il deviendra un jour Grand Disciple du futur Chef de l'Homme.

Dans une autre ville où l'Orient rencontre l'Occident (et tous deux en sont mutuellement souillés), un petit garçon de deux ans tourne gravement les feuillets d'un très vieux livre ; il regarde, étonné, les signes étranges : peut-être sait-il déjà dans son subconscient qu'il va devenir, lui aussi, l'un des nouveaux Disciples.

Dans un Orient plus lointain encore, un petit groupe de vieux Astrologues — comme les trois Mages — consultent les astres et s'émerveillent de ce qu'ils voient.

"Là, dit le plus vieux, montrant d'un doigt noueux un point sur la carte, le Soleil, la Lune et Jupiter vont entrer en conjonction sous l'étoile Pushya, qui se trouvera alors dans le signe du Cancer. Cela se passera lors de la deuxième ou de la troisième nouvelle Lune." Gravement, ils se regardent l'un l'autre et se penchent de nouveau pour contrôler encore l'exactitude de leurs calculs. Obtenant la confirmation souhaitée, ils convoquent des hommes responsables, des messagers —

Tout au long de l'Histoire, on a annoncé une Seconde Venue. En réalité, Celle à Venir est la DIXIÈME de ce Cycle d'Existence !

Dans la plupart des pays de ce monde, les hommes vont à leurs occupations habituelles, à leurs querelles, à leurs chamailleries, à leurs escroqueries, à leurs ambitions, insouciants de ce que, pas très loin, deux bébés, le premier et le deuxième assistants du Chef de la Destinée qui, bientôt, va naître, gazouillent et chantonnent dans leur berceau.

Les Sages de l'Orient, qui connaissent bien l'Occident puéril, ont pris des précautions pour que les Occidentaux ignorent la date précise et le lieu de ces Événements. S'ils en avaient connaissance, ils enverraient des hordes de journalistes qui ne manqueraient pas de persifler, de nier et de témoigner faussement. Des reporters braillards et des équipes de télévision brouillonnes envahiraient les lieux sacrés, semant la consternation et le malheur partout où ils iraient. Seuls savent où se trouvent les lieux sacrés ceux qui ont été jugés dignes du secret. En temps voulu, dans quelques années, le monde aura plus ample connaissance de ces choses et, d'ici là, les Jeunes Disciples seront protégés. En temps voulu, ces Jeunes Disciples, sous l'égide d'un Chef brillant, montreront la Route de l'Âge d'Or, à la fin du cycle de Kali, de l'Ère de Destruction.

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Bien des gens ont l'idée erronée que ce monde n'est peuplé que depuis relativement peu de temps et que son histoire est complète. Or, c'est loin d'être exact.

Au cours de milliers d'années, il y a eu quantité de civilisations sur la Terre. Cette Terre est semblable à une école où se succèdent des classes diverses et, comme il en est des classes, l'une peut être exceptionnellement bonne et l'autre exceptionnellement mauvaise. On peut aussi comparer la Terre à un vignoble dont les recettes varient. Certaines sont particulièrement appréciées, d'autres non. La récolte, en ce qui concerne notre globe, est composée d'êtres humains et elle s'étend sur des cycles bien déterminés. Par exemple, les Hindous croient que chaque période de la Terre est divisée en quatre classes, ou stades, ou cycles, dont chacun s'étend sur 864 000 ans. Le premier cycle de 864 000 ans est excellent : les hommes font de leur mieux, ils ont mutuellement confiance et confiance aussi en l'essentielle bonté du genre humain. Ils tentent de s'aider et il n'y a pas de guerres ; pas même de menaces de guerre. Mais un bonheur sans mélange n'est pas une bonne chose, car il ‘mène à la mollesse’. C'est ce qui s'est produit dans les grandes civilisations de l'Inde, de la Chine et de l'Égypte. Ce furent là de grandes civilisations, mais l'excès de puissance, le manque d'opposition et de compétition ont conduit ces civilisations à la dégénérescence. Ce fut aussi le cas de la Rome antique.

Le second cycle est celui où les hommes, ou plutôt les souverains de ce monde ont compris qu'il leur fallait introduire un ‘serpent’ dans l'Éden. Il en résulte que le second cycle est le théâtre de certaines difficultés et de controverses, car il convient de savoir dans quelle mesure les gens sont capables de penser par eux-mêmes et de triompher de ce qui leur résiste.

Il y a des chances pour qu'à la fin de ce second cycle les ‘bulletins scolaires’ de ceux qui ont fait partie de cette classe particulière ne soient pas considérés comme très satisfaisants et, par conséquent, la troisième classe, ou période de 864 000 ans, est un peu plus sévère. Il y a des guerres, et même des guerres de conquête, mais quoi qu'il en soit ces guerres ne sont pas aussi barbares, pas aussi sadiques que celles que nous connaissons. Les gens n'étaient pas traîtres, dans le troisième cycle. Ils se battaient, c'est certain, mais les guerres étaient comparables à ces jeux où deux petits garçons essaient la force de leurs poings et se donnent des coups sans intention de tuer l'adversaire — rien que pour faire quelques transformations ! Il n'en demeure pas moins que les guerres sont corruptrices et l'on s'aperçut du fait que quelques coups de poignard dans le dos et autres traîtrises permettaient de gagner une bataille avant qu'elle ne fût vraiment commencée.

Les choses, au cours du troisième cycle, vont de mal en pis et, véritablement, dégénèrent. C'est comme un incendie de forêt qu'on n'a pas maîtrisé à temps. Si un imbécile laisse tomber une cigarette allumée et provoque un incendie, une personne attentive peut éteindre le feu, mais si le feu n'a pas été détecté à temps, il devient presque impossible de le contrôler ; alors il y a des morts et beaucoup de dégâts avant qu'on en vienne à bout. La vie est ainsi faite. Lorsqu'on permet au mal de se développer sans contrainte, il devient de plus en plus fort et, de même que les mauvaises herbes étouffent une belle fleur cultivée, le mal étouffera ce faible instinct du bien qui est originellement dans l'Homme.

C'est ce qui se produit à la fin du troisième cycle. On peut dire que les éléments perturbateurs, dans ces salles de classe qu'étaient les pays de la Terre, se dressèrent contre les maîtres, les maltraitèrent et désobéirent à leur autorité. C'est à ce moment que le quatrième cycle commença, ce quatrième cycle que les Hindous ont nommé l'Âge de Kali.

L'Âge de Kali est celui où les gens souffrent. On peut se le représenter comme une ère où les hommes et les femmes subissent la torture par les flammes de la guerre pour être purifiés, et qu'ainsi le rebut puisse être brûlé afin de les préparer à une prochaine et meilleure Ronde, car la vie continue encore et toujours et les êtres s'améliorent dans le cours naturel de l'évolution. Ils acquièrent de l'expérience et, lorsqu'ils échouent à un stade quelconque de leur évolution, ils retournent à ce stade comme l'écolier qui, n'ayant pas réussi à ses examens de fin de trimestre, est souvent contraint de retourner dans la même classe, ou au même niveau, au lieu de passer dans la classe supérieure.

Dans mon livre ‘Vous, pour toujours’, je me suis référé aux Juifs. Je disais à ce sujet : "Les Juifs sont une race qui, dans une existence précédente, n'ont pas pu faire de progrès du tout." Cette remarque m'a valu une correspondance très amicale avec des lecteurs juifs dans le monde entier. Quelques dames fort érudites de Tel-Aviv m'ont, en particulier, demandé plus de détails sur les Juifs. Cette demande a été appuyée par d'autres Juifs d'Argentine, du Mexique, d'Australie, et d'Allemagne. Abordons donc ‘la question juive’. Je dirai d'abord que bon nombre de mes amis sont juifs et que j'éprouve beaucoup d'admiration à leur égard, car ils représentent une très vieille race qui possède des connaissances que bien d'autres, moins douées, lui envient.

Demandons-nous, pour commencer : "Que sont les Juifs ?" On s'en fait généralement une idée fausse, car le mot ‘juif’ est, sous sa forme actuelle, une impropriété. En réalité, le mot ‘juif’ n'est en usage que depuis relativement peu de temps.

Si vous demandez à quelqu'un qui était le Père des Juifs, ce quelqu'un vous répondra sans aucun doute : "Mais, Abraham, bien sûr !" Cependant, comme l'Histoire le prouve, c'est tout bonnement inexact parce que, selon le véritable sens du mot, Abraham n'était pas un Juif !

Si vous étudiez l'histoire ancienne, soit en vous rendant dans une bibliothèque publique, soit, plus commodément, en ayant recours aux Annales Akashiques, vous apprendrez qu'Abraham est en réalité natif de la ville d'Ur, en Chaldée. Beaucoup d'endroits possèdent aujourd'hui deux noms. Donc, pour plus de clarté, Ur est aussi connu sous le nom d'Ur Kasdim, qui se trouvait en Babylonie. Abraham, fait intéressant, était donc loin d'être un Juif. C'était un Babylonien et son nom n'a pas d'équivalent en langue hébraïque. Le nom originel d'Abraham était Abram.

Abraham a vécu 2 300 ans avant la naissance du Christ, en un temps où le mot ‘juif’ n'existait pas encore. D'ailleurs, environ 1 800 ans après qu'Abraham s'en fût allé vers sa ‘juste récompense’, le mot ‘juif’ ne s'appliquait encore qu'au peuple vivant dans le Royaume de Judée, c'est-à-dire dans le Sud de la Palestine.

Ceux qui s'intéressent à la question peuvent consulter la Bible, au Livre des Rois II 16:6. Ils y trouveront des paroles écrites 600 ans avant le Christ et le mot juif, à cette époque, était écrit Jahudi.

Revenons à notre Bible, cette fois au Livre d'Esther 2:5. Nous y trouverons le mot juif mentionné pour la première fois. Encore faut-il se rappeler que le Livre d'Esther n'a été écrit que quelque 2 400 ans après la mort d'Abraham, c'est-à-dire au 1er siècle après J.-C. Ainsi — nous constatons que Jahudi est ce que nous appelons aujourd'hui ‘Juif’.

Dans chaque cycle, il y eut 12 ‘Sauveurs’ ou ‘Messies’ ou ‘Guides du Monde’. Donc, lorsque nous parlons de ‘La Seconde Venue’, nous sommes très en deçà de la vérité. Nous pourrions parler d'Abraham, de Moïse, de Bouddha, du Christ et de maints autres, mais le point essentiel est que dans chacun des cycles de l'existence du monde il faut qu'il y ait un Guide du Monde pour chacun des signes du Zodiaque. Il y a 12 signes du Zodiaque et un Guide survient d'abord sous un de ces signes, puis sous tous les autres, jusqu'à ce que, sous tous ces signes, il y ait eu 12 Guides. Dans ce cycle de Kali où nous sommes présentement, nous approchons du onzième Guide. Il y en aura encore un avant que cet Âge-ci se termine et que nous entrions véritablement dans l'Âge d'Or.

Naturellement, avec chacun des Guides du Monde il doit y avoir ceux qui peuvent LE soutenir — ses disciples, ou ses assistants, ou ses ministres, comme il vous plaira de les appeler. Mais il doit y avoir ces hommes qui naissent tout spécialement pour rendre ce service au monde.

En 1941, le premier des disciples est né, et d'autres sont nés depuis lors. Le ‘Sauveur’ de notre temps naîtra au début de 1985 et, dans l'intérim, les disciples prépareront le Chemin.

Le ‘Sauveur’ ou ‘Guide du Monde’ — comme vous voudrez — aura reçu une éducation et une formation très spéciales et, en l'an 2005, lorsqu'il aura atteint sa vingtième année, il fera beaucoup pour confondre ceux qui ne croient ni aux Dieux ni aux Sauveurs, etc., etc.

Encore une fois, il y aura un cas de transmigration. Si ceux d'entre vous qui connaissent la Bible consentent à l'étudier d'un esprit ouvert, ils constateront que le corps de Jésus a été investi par ‘l'Esprit de Dieu — le Christ’. De la même façon le corps du nouveau Guide du Monde sera pris en charge par un très haut Personnage en vérité, et, pendant les quelques années qui suivront, il se produira des événements extraordinaires et le monde franchira des étapes essentielles qui le prépareront à l'avènement d'un nouveau cycle.

Pendant quelque 2 000 ans, le monde progressera en suivant les préceptes de l'église qui sera fondée par le nouveau Guide, mais, à la fin de ces 2 000 ans, un autre Guide surviendra — le 12e du cycle, accomplissant ainsi le destin du passage Zodiacal. Les conditions de vie s'amélioreront et, peu à peu, les êtres humains parviendront sans heurt à une Ère nouvelle où leurs possibilités seront différentes de celles qui existent actuellement. Ils connaîtront alors les dons de clairvoyance et de télépathie qu'ils avaient possédés avant ce qu'on nomme, à tort, la Tour de Babel. À cette époque, en effet, parce qu'elle avait abusé de certains pouvoirs particuliers, l'humanité a perdu provisoirement ces dons. La Bible nous apprend tout cela, mais sous une forme légendaire. Or, il est exact que l'Homme a pu, en un temps, communiquer télépathiquement avec son semblable et avec les animaux, mais qu'ayant trahi le monde animal, l'espèce humaine a été privée de son pouvoir de communication télépathique. Un profond désordre en est résulté et les gens, qui s'étaient jusque-là compris, ont tenté de s'exprimer en toutes sortes de dialectes locaux qui, finalement, sont devenus les langues humaines.

Ce monde, on peut le comparer à un train qui a traversé différents paysages. D'abord rempli de passagers aimables, il parcourt des contrées ensoleillées. Et c'est la première étape. Puis une deuxième étape commence ; tous les passagers changent et ce nouveau lot n'est pas aussi amical, le voyage n'est pas non plus aussi agréable, car la voie ferrée est cahoteuse avec une quantité d'aiguillages qui provoquent de bruyants heurts, et le voyage se poursuit à travers une région tristement sombre où les fumées de diverses usines crachent d'infects produits chimiques dans l'atmosphère. Ici les passagers se disputent et sont prêts à s'empoigner, mais le pire est à venir. Au cours de la troisième étape, les passagers changent de nouveau et de nombreux bandits y montent, des bandits qui tentent de voler les autres passagers ; il y a beaucoup d'agressions à coups de couteau, beaucoup de sadisme. Le train, lui aussi, est secoué tout au long d'étroites gorges où les glissements de terrain rendent le voyage précaire. Il y a un vacarme continuel et la querelle incessante des passagers mécontents.

Le train s'arrête encore une fois et une nouvelle horde de passagers y montent. Cette fois-ci, les conditions du voyage sont encore plus mauvaises. Les nouveaux venus détruisent presque leur train, endommageant les installations, se livrant à la torture, à l'escroquerie et s'engageant dans toutes ces activités qu'une personne décente trouve abominables.

Le train traverse un terrain de plus en plus difficile, avec des rails mal fixés, de nombreux détours et obstructions. Finalement, surgit un long et sombre tunnel ; le train y pénètre et il semble n'y avoir aucune lumière nulle part dans le train. Les passagers sont dans l'obscurité, comme les gens du monde lui-même, sans leader. Les ténèbres se font encore plus profondes et l'atmosphère encore plus lugubre, jusqu'à ce que le train se mette à tanguer dans une noirceur absolue, la noirceur qui vient avec le passage au cœur d'une montagne. Mais notre train est maintenant dans sa phase la plus noire, et comme il ne peut pas faire plus noir, il faut bien qu'il y ait un éclaircissement.

Au fur et à mesure que le train poursuit sa course, il s'éclaircit de plus en plus, et finalement, comme approche un Nouvel Âge, il va émerger du flanc de la montagne, et en contrebas les passagers vont apercevoir un paysage charmant où coulent des sources claires, où des troupeaux broutent paisiblement. Le soleil va briller et, au fur et à mesure que le train avancera, en constant renouvellement de passagers, ils constateront que les conditions s'améliorent de plus en plus, que les hommes respectent les droits des autres, qu'il n'y a plus de terrorisme, de sadisme, ni de torture. Mais il y a beaucoup à faire à l'heure actuelle, parce qu'avant que l'Âge d'Or ne puisse venir, il y aura encore beaucoup plus d'épreuves et de souffrances en ce monde. Nous traiterons de cette prédiction dans un autre chapitre de ce livre, mais il est peut-être opportun d'en dire quelque chose dès à présent.

Selon l'art séculaire de l'astrologie, nombre d'événements assez désastreux doivent se produire prochainement sur cette Terre. Autour de l'année 1981 il y aura un réchauffement de l'atmosphère, brutal et considérable. Le régime des pluies diminuera dans de fortes proportions. Les récoltes sécheront sur pied. Cette grande vague de chaleur pourrait bien être le résultat d'une bombe atomique lancée par les Chinois. Ces derniers s'efforcent actuellement de mettre au point une super-bombe. Or, ils sont de nos jours comme des chiens enragés et ne se soucient pas du reste du monde. Pourquoi ? Parce que le reste du monde les tient virtuellement à l'écart et qu'ils ignorent ce qui s'y passe. Et c'est un fait que la crainte naît de ce que l'on ne connaît pas. Les Chinois, donc, étant donné leur état d'esprit xénophobe, sont prêts à s'élancer sur ce qu'il ne leur a pas été donné de comprendre.

Lorsque les États-Unis seuls avaient la bombe atomique, ce n'était déjà pas tellement drôle, mais, à présent que les Russes, les Français, les Chinois, d'autres encore, sans doute, la possèdent, la situation est des plus précaires.

Beaucoup de travail préliminaire doit être fait avant l'avènement du Nouveau Leader. Certaines personnes doivent recevoir des indices de ce qui se passe, quand, et comment. Mais certaines autres personnes doivent être exclues de trop en apprendre.

Outre les disciples qui sont déjà nés et qui ne sont encore que des enfants, il y a ces gens beaucoup plus âgés ayant un savoir spécial qui doivent écrire au sujet de telles choses afin de propager les connaissances et qui vont ainsi ‘préparer la voie’. Ces gens âgés ne seront évidemment plus sur la Terre au moment de ce Nouvel Avènement, mais comme ceux qui doivent venir plus tard, ces avant-coureurs auront accompli leur tâche en assumant la haine et les soupçons qui entourent toujours l'innovateur.

Les gens ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas et si on leur dit qu'une personne a changé de corps avec une autre, cette personne sera automatiquement l'objet de persécutions. Il est cependant nécessaire que de tels incidents se produisent si l'on veut préparer la conscience publique à accepter la transmigration des âmes et l'échange des corps, au moment où le Nouveau Guide viendra. Ceux, donc, qui auront de nos jours encouru le mépris, le ridicule et même la persécution active d'une Presse mal informée, connaîtront alors que leurs souffrances et leurs misères n'auront pas été inutiles.

On entend dire souvent : "Mais puisque ces hommes sont doués de si grands pouvoirs, pourquoi vivent-ils dans la pauvreté ? S'ils étaient vraiment ce qu'ils prétendent être, ils auraient autant d'argent qu'ils le voudraient". Ce raisonnement est absurde pour la raison qu'un être qui arrive sur cette Terre dans des conditions différentes est quelque chose comme une écharde dans le corps du monde. Si vous avez une écharde dans le pied, vous vous agitez, vous vous énervez jusqu'à ce que, finalement, vous arriviez à déloger l'écharde, et vous la détestez, cette écharde ! Or, ceux qui viennent en ce monde, échangent leurs corps et s'évertuent à préparer la voie d'un autre, sont semblables à des échardes. Les gens les trouvent étranges, ils se sentent mal à l'aise en leur présence. Plutôt que de mettre en cause leur propre insuffisance, leur manque de développement spirituel, ils rejettent le blâme sur celui qui les inquiète — "Oh, il est bizarre, il me donne le frisson quand il me touche".

Et le vieux monde continue à tourner, plein de trouble. Mais l'heure la plus sombre précède l'aurore et lorsque les choses vont au plus mal, on est en droit de penser, joyeusement, que tout changement ne peut être que dans le sens de l'amélioration. Ainsi, ce monde et les peuples de ce monde, après leur heure la plus sombre, entreront peu à peu dans la lumière d'une humanité qui sera tolérante pour l'humanité, où le petit peuple du monde animal sera compris au lieu d'être incompris, craint et tourmenté comme il l'est à présent. Et c'est en l'an 2 000 que commencera cette ère heureuse, que poindra l'aube de l'Âge d'Or.

 

Chapitre Deux :
De nombreuses demeures

Il était seul, tout seul dans la vieille maison pleine de coins et de recoins, au cœur de la lande. Tout au bout du jardin cultivé, un ruisseau bondissait sur les roches et chantait en passant sur les dalles de pierre. Par les journées chaudes, l'homme avait l'habitude de se tenir près de ce ruisseau bavard ou de se percher sur les rochers escarpés qui surplombaient le petit torrent. Plus loin, il y avait un pont de bois, avec son parapet branlant. C'est par-là qu'il passait pour se rendre au hameau où il s'approvisionnait et venait chercher son courrier.

La vie avait été agréable ici, pour lui et sa femme. Ensemble, ils avaient essayé de se construire un foyer, de ‘vivoter modestement’ tandis qu'il peignait en attendant qu'on reconnût son talent. Mais, comme toujours, la presse n'avait rien compris — ni même tenté de comprendre — et les critiques avaient éreinté son œuvre. Le succès semblait aussi inaccessible que jamais et il se retrouvait seul, dans la vieille maison, la tête et le cœur pris dans une tempête à laquelle l'ouragan qui soufflait dehors faisait écho.

Par-dessus les bruyères de la lande, le vent se déchaînait, fouettant les ajoncs. La mer, au loin, n'était plus qu'une masse d'écume bouillonnante. Les vagues énormes se brisaient sur une côte de granit et charriaient des galets dans un hurlement atroce. Une mouette égarée, prise dans les tourbillons du vent, luttait désespérément pour sa vie.

La vieille demeure vibrait sous la poussée des éléments. Des lambeaux de nuages frôlaient les vitres comme des fantômes cherchant une entrée. Un morceau de tôle ondulée survola le jardin en tournoyant et s'abattit sur le pont dont il décloua les planches vermoulues. Pendant un instant, les tronçons vibrèrent comme l'aurait fait une corde de violon trop tendue, puis, l'un après l'autre, basculèrent dans le torrent.

À l'intérieur de la maison, insensible à la tempête, l'homme marchait de long en large. Il revoyait le moment où il était revenu du hameau et avait découvert que sa femme l'avait quitté. Il lisait et relisait la lettre amère où elle lui disait qu'il était un raté — et qu'elle préférait partir. L'air sombre — comme si une pensée soudaine l'avait traversé — il se dirigea vers le vieux bureau délabré, dont il ouvrit le tiroir central. Il en retira la boîte dans laquelle il gardait l'argent du loyer et celui du ménage. Avant même de l'avoir ouverte, il sut qu'elle était vide. Le SEUL argent qu'il possédait s'était envolé. Il s'effondra plutôt qu'il ne s'assit sur une chaise et enfouit sa tête dans ses mains.

"Déjà ! Cela m'est déjà arrivé !" murmura-t-il. Relevant la tête, il fixa d'un œil vague la fenêtre battue par une pluie torrentielle. Mal fermée, elle laissait passer un filet d'eau qui s'épanouissait en flaque sur le tapis. "Oui, j'ai déjà vécu tout cela. Suis-je devenu FOU ? D'où cette impression de déjà vu me vient-elle ?" Par-dessus le toit, le vent eut un grincement moqueur et secoua une fois de plus la vieille maison.

Contre l'antique muret de pierre, les petits poneys de la lande tentaient de s'abriter du vent, tout malheureux. Dans le vestibule, le téléphone retentit, tirant l'homme de sa léthargie. Lentement, il se dirigea vers l'appareil braillard qui se tut au moment même où il étendait la main pour décrocher le récepteur. "La même chose, la même chose, murmura-t-il devant les murs indifférents. TOUT S'EST PASSÉ DE FAÇON IDENTIQUE AUPARAVANT !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Le vieux Professeur traversait d'un pas lourd la cour carrée. Il se dirigeait vers la Salle de Conférences. Les années avaient été dures pour lui. Né dans une humble famille, il avait été ‘l'enfant doué’ qui avait trimé et gagné lui-même l'argent de ses études. Il avait dû s'agripper toute sa vie pour faire son chemin malgré l'opposition de ceux qui lui en voulaient de ses modestes origines. Maintenant, au soir de sa vie, le Temps avait laissé ses marques : cheveux blancs, visage ridé, démarche hésitante. Tout en marchant, sans voir les saluts que lui faisaient les étudiants au passage, il méditait sur divers points obscurs de sa spécialité, l'Histoire Ancienne.

Type même du Professeur distrait, il chercha en tâtonnant la poignée d'une porte ouverte et, ne la trouvant pas, il s'éloigna en murmurant : "Étrange, étrange ! Il y avait une porte, là. Je dois m'être trompé de bâtiment."

Un étudiant compréhensif, l'un de ceux qui avaient tiré profit de l'enseignement du vieil homme, le prit par le bras et, gentiment, le remit dans le droit chemin en lui disant : "C'est ici, Monsieur. J'ai ouvert la porte pour vous. Entrez." Reconnaissant, le Professeur bredouilla des remerciements. En pénétrant dans la Salle de Conférences, il fut transfiguré. C'est LÀ qu'était sa vie. C'est là qu'il expliquait cette Histoire Ancienne à laquelle il s'était consacré.

Se mouvant comme un homme rajeuni, il monta sur l'estrade et sourit avec bonté aux jeunes gens qui, en retour, lui sourirent respectueusement, car, bien qu'ils se fussent souvent moqués de sa distraction légendaire, ils n'en portaient pas moins une véritable affection à ce maître qui leur donnait tant de lui-même. Se souvenant de ses propres luttes, il prenait plaisir à AIDER les étudiants aux prises avec des difficultés, au lieu de les recaler comme le faisaient si souvent les autres Professeurs.

Parcourant la salle du regard pour s'assurer que tous étaient présents et prêts à prendre des notes, il dit : "Nous allons poursuivre notre discussion sur l'une des plus grandes énigmes de l'Histoire : la civilisation Sumérienne. Nous nous trouvons en face d'une civilisation puissante qui paraît être née de façon mystérieuse et avoir disparu plus mystérieusement encore. Nous en possédons quelques fragments qui ont piqué notre curiosité sans la satisfaire et nous n'en avons pas une idée vraiment claire. Nous savons, par exemple, que 3 500 ans avant Jésus-Christ, les Sumériens étaient capables de rédiger des manuscrits merveilleusement calligraphiés. Nous en possédons des fragments, rien que des fragments, pas plus. Nous savons aussi que les Sumériens avaient un système de notation musicale différent de tous les autres systèmes connus. On a découvert une tablette d'argile qui, examinée selon les méthodes scientifiques, semble dater d'au moins 3 000 ans. Elle est gravée de symboles musicaux qui nous font penser qu'il s'agit d'un hymne, mais qui n'est justifiable d'aucune interprétation musicale."

Le vieil homme s'arrêta, ses yeux s'écarquillèrent comme s'il voyait une chose située au-delà de la vision normale de l'Homme. Cette sorte de contact visuel avec l'Infini dura une minute, puis, avec un gémissement rauque, il tomba sur le sol. La stupeur cloua un instant les étudiants. Deux d'entre eux, enfin, s'élancèrent vers lui cependant qu'un troisième se ruait pour chercher du secours.

L'assistance, muette, se tint respectueusement à l'écart lorsque deux brancardiers soulevèrent le corps de l'homme évanoui, le placèrent sur une civière et l'emportèrent. Le Recteur de l'université survint alors et renvoya les étudiants chez eux.

Dans une chambre d'hôpital calme et fraîche, le vieux Professeur reprenait maintenant connaissance. "C'est tout à fait étrange, dit-il au médecin, j'ai eu la nette impression que j'avais déjà vécu cet incident et que je CONNAISSAIS l'origine des Sumériens. Ce doit être un effet du surmenage. Mais je CONNAISSAIS la réponse et maintenant, tout s'est effacé. Bizarre, bizarre !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Un monsieur d'âge moyen s'agitait, mal à l'aise, sur le banc de bois, croisant et décroisant sans cesse ses jambes. De temps à autre il levait sur ce qui l'entourait un regard un peu craintif. Du fond de la salle s'élevait la voix dure et impersonnelle de l'infirmière qui débitait des ordres monotones : "Garland, vous verrez le Dr Northey. Voici vos cartes. Prenez-les et attendez devant CETTE porte que le docteur vous appelle. Rogers, vous allez à la Thérapie, ils veulent faire des tests. Voici vos cartes. Au fond de CE couloir". La voix continua comme celle d'un Annonceur qui s'ennuie à coter les cours de la Bourse.

Le monsieur d'âge moyen eut un soupir de découragement. Il venait de faire le compte de tous ceux qui devaient passer avant lui. Malades non accompagnés, nouveaux malades accompagnés d'un membre de leur famille, malades escortés d'un Surveillant costaud. Les heures passaient. De temps en temps un homme ou une femme poussait un cri peu humain, sous l'empire d'une rêverie délirante. Plus près, un homme hurla : "Faut l'faire, et quand il le faut, il le faut !" Sautant sur ses pieds, il traversa la salle d'un bond, écartant les autres. Il repoussa le Surveillant qui tentait de l'arrêter, bouscula un employé et plongea par la fenêtre ouverte. Pendant le moment d'émotion qui s'ensuivit, la voix mécanique de l'infirmière ne cessa de dévider son appel des noms.

Dehors, les bâtiments de brique cuisaient dans la chaleur du jour. Les vitres renvoyaient la lumière du soleil et laissaient voir les milliers de barreaux de fer qui les doublaient. De nombreux personnages au regard vide, traînant la jambe, courbés vers le sol, fouillaient les graviers des allées pour les désherber. Des Surveillants cherchaient activement un coin d'ombre d'où ils pourraient surveiller les malades-jardiniers. Plus loin, des femmes mal vêtues ramassaient des détritus et des cailloux qui jonchaient les pelouses, avant que les tondeuses à gazon n'entrent en action. Sous les branches d'un grand arbre, une femme maigre se tenait dans une pose pleine de majesté et regardait avec mépris les deux Gardiennes prêtes à intervenir au cas où il se passerait quelque chose.

À l'entrée principale, deux employés arrêtaient les voitures pour les aiguiller dans la bonne direction. Un pensionnaire, l'air détaché, tenta de se faufiler dehors, derrière le dos d'un des Surveillants. Vainement. "Allons, Alf, rentre et tâche d'être sage. Je n'ai pas de temps à perdre.", gronda le Surveillant. De l'autre côté des hauts murs de pierre et des grilles aux barreaux épais, des passants jetaient un regard de curiosité malsaine sur ce monde interdit.

Dans la salle d'attente, le monsieur d'âge moyen s'était levé, répondant à l'appel de son nom. Il se dirigea vers le bureau de l'Infirmière et dit : "Il y a erreur, je ne suis pas..."

"Oui, oui, je sais, vous n'êtes pas fou, l'interrompit-elle. On la connaît. Ils disent tous ça." Elle soupira, tira une carte et quelques papiers et fit signe à un Surveillant : "Conduisez celui-là au Dr Hollis, dit-elle. Il prétend qu'il y a erreur et qu'il n'est pas fou. Prenez garde à ce qu'il ne se débine pas !"

Ils parcoururent ensemble le long couloir bondé de portes. De l'une s'échappaient des soupirs, de l'autre des cris, d'une troisième un bizarre gargouillis qui inquiéta le Surveillant au point qu'il courut chercher du secours : quelqu'un, derrière cette porte, venait de se trancher la gorge. Le monsieur d'âge moyen eut un frisson et se fit tout petit. "Tu as eu peur, hein ! dit le Surveillant. Eh bien ! t'as encore rien vu. ÇA VIENDRA !"

Ils parvinrent finalement devant une porte. Le Surveillant frappa. Une voix éloignée cria : "Entrez !" Poussant devant lui le monsieur d'âge moyen, le Surveillant entra, plaça la carte et les papiers sur le bureau. "Encore un pour vous, Docteur". Et il se retira. Le Docteur étendit une main languide, prit les papiers et les compara avec la carte. Sans même lever les yeux sur le monsieur d'âge moyen, il se carra dans son fauteuil pivotant et se mit à lire. Ce n'est qu'après avoir épluché le document et pris des notes qu'il leva la tête et prononça un bref : "Asseyez-vous !"

"Alors ! dit le Docteur à son patient tout tremblant. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Comment vous est-il venu à l'idée que vous pouviez être dans deux endroits en même temps ? Racontez-moi ça." Il s'installa plus confortablement encore et, avec un air de profonde résignation, alluma une cigarette.

"Eh bien ! Docteur, depuis quelque temps j'éprouve la curieuse impression qu'une partie de moi vit dans une autre partie du monde. Comme si j'étais l'un de deux jumeaux identiques, parfois presque totalement en communication avec l'autre."

Le Docteur émit un grognement et secoua la cendre de sa cigarette dans le cendrier. "Avez-vous des frères ou des sœurs ? Le dossier dit que non, mais c'est peut-être une erreur."

"Non, docteur, ni frères, ni sœurs, ni personne à qui je sois suffisamment attaché pour lui appliquer ce sentiment. C'est exactement comme si, parfois, j'entrais en rapport avec un autre ‘moi’, qui se trouverait ailleurs et qui, lui aussi, éprouverait cette impression."

Le Docteur écrasa sa cigarette dans le cendrier. "Éprouvez-vous souvent cette impression surprenante ? Pouvez-vous prédire quand elle se produira ?"

"Non, Docteur. Je peux être en train de faire quelque chose de très ordinaire. Tout à coup, je ressens un picotement dans le nombril et tout se passe ensuite comme si j'étais deux lignes téléphoniques mises en communication et dont chacune reçoit ses propres appels en même temps que ceux de l'autre."

"Hum ! Est-ce que cela vous incommode d'une façon ou d'une autre ?"

"Certainement, Docteur. Il m'arrive de parler à haute voix et de dire les choses les plus INCROYABLES !"

Le Docteur soupira : "En effet, c'est ce que je lis dans votre dossier. Bon. Nous allons vous mettre en observation pendant quelques jours. Somme toute, vous semblez vivre dans deux mondes à la fois."

Le Docteur sonna le Surveillant, qui entra. "Veuillez conduire monsieur au Service d'Observation B3. J'irai lui rendre visite dans l'après-midi."

Quand ils furent sortis, le Docteur remonta ses lunettes sur son front, se gratta la tête d'un air pensif. Allumant une nouvelle cigarette, il se renversa dans son fauteuil pivotant et posa les pieds sur son bureau.

"Beaucoup de gens m'ont l'air de vivre des existences jumelles, ces derniers temps ! Un de ces jours ils vont nous raconter qu'ils vivent dans des mondes parallèles ou quelque chose de ce genre." Le bourdonnement du téléphone le ramena sur terre. Il décrocha le récepteur et se prépara à recevoir le malade suivant.

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Les mondes parallèles existent, parce que tout doit avoir sa contrepartie, inversée, de même qu'on ne peut avoir une batterie qui soit uniquement positive ou uniquement négative : elle doit comporter un positif et un négatif. Mais nous examinerons cette question dans notre prochain chapitre.

Malheureusement, les ‘scientifiques’, craignant de perdre la face ou de se noyer dans des questions plus profondes qu'eux, ont brouillé les cartes. C'est qu'ils refusent d'affronter l'idée de se livrer à une recherche véritable. Cependant, en Inde, les Adeptes de jadis parlaient déjà de leur ‘Linga Sharira’, c'est-à-dire de la partie du corps qui se trouve dans une autre dimension — au-delà des trois dimensions que nous connaissons en ce monde — et qui, par conséquent, ne peut être perçue normalement par une personne existant dans le monde tridimensionnel. N'oublions pas qu'en ce monde nous sommes réduits à trois dimensions, car ceci est un monde entièrement tridimensionnel et, pour quiconque n'a pas étudié la métaphysique, la quatrième dimension relève de la farce ou de la science-fiction.

Non seulement la quatrième dimension existe, mais au-delà de la quatrième il y a la cinquième, la sixième, la septième, la huitième, et la neuvième dimension. Dans la neuvième, par exemple, on atteint la réalisation et on est en mesure de comprendre la nature des choses, on est capable de comprendre l'origine de la Vie, l'origine de l'Âme, comment les choses ont commencé et quel rôle joue l'humanité dans l'évolution du Cosmos. C'est également dans la neuvième dimension que l'Homme — bien qu'il soit encore une marionnette du Sur-Moi — est capable de converser face à face avec son Sur-Moi.

L'une des plus grandes difficultés réside dans le fait que les ‘scientifiques’ ont établi toutes sortes de lois arbitraires et que si l'on ose mettre en doute l'une de ces lois, on est immédiatement frappé d'ostracisme. La profession médicale, par exemple, a été paralysée pendant des centaines d'années par l'œuvre d'Aristote. On considérait comme un crime d'opérer des investigations dans le corps humain parce qu'Aristote avait enseigné — une fois pour toutes — tout ce que l'on devait savoir. Donc, jusqu'à ce que la profession médicale se fût libérée de l'emprise d'Aristote, on ne pouvait se livrer ni à une dissection ni à une autopsie et aucune recherche n'était possible.

Certains astronomes connurent les mêmes difficultés lorsqu'ils tentèrent d'enseigner que la Terre n'était pas le centre de la création, parce qu'un certain Grand Homme avait enseigné précédemment que le Soleil tournait autour de la Terre, et que tout existait pour le confort de l'humanité !

Mais revenons-en maintenant à nos dimensions. Ici sur Terre nous avons affaire à ce qui est généralement connu sous le nom de trois dimensions. Nous voyons quelque chose, nous touchons quelque chose et cette chose nous paraît solide et réelle. Mais supposons que nous ayons affaire à une dimension supplémentaire. Notre première réaction serait de nous poser des questions à son sujet. Peut-être ne la comprendrions-nous pas tout à fait. Qu'est-ce que c'est, une quatrième dimension ? Pire encore, que peut bien être une cinquième dimension ? Et en continuant ainsi jusqu'à la neuvième, ou même au-delà de la neuvième dimension.

La meilleure chose est d'examiner d'abord un magnétophone ordinaire parce que la plupart des gens en possèdent un ou en ont vu un. Nous avons un magnétophone fonctionnant à très, très lente vitesse, à moins d'un pouce (2,54 cm) par seconde. À cette vitesse, un message peut durer, par exemple, une heure. Mais supposons que nous repassions le message enregistré à une vitesse accélérée, à un pied (30 cm) par seconde, par exemple. Le message sera exactement le même, les mots seront les mêmes, mais il nous sera devenu absolument inintelligible. En fait, nous aurons transporté le message dans une autre dimension. Pour comprendre ce qui est enregistré sur le ruban magnétique, nous devons le passer à la vitesse à laquelle il a été enregistré.

Soit dit en passant, les biologistes marins se sont servis du magnétophone, qui leur a prouvé que les poissons de toutes les espèces parlaient. Il existe un enregistrement spécial des bruits de la mer où l'on peut reconnaître le son de la voix des poissons qui se parlent les uns aux autres, et même des homards et des crabes qui communiquent entre eux. Si vous trouvez cela difficile à croire, souvenez-vous qu'on a enregistré le langage des dauphins. Ceux-ci parlent infiniment plus vite que les humains et l'enregistrement était totalement inintelligible aux humains, mais on l'a ralenti jusqu'à une dimension (vitesse) convenant aux oreilles humaines. Les savants essaient actuellement de déchiffrer la bande magnétique et, au moment où nous écrivons, ils établissent un vocabulaire de la langue dauphine pour pouvoir communiquer in extenso avec ces mammifères marins.

Mais — revenons à nos mondes parallèles. Il y a bien des années, alors que, m'étant évadé de Russie, je traversais lentement et péniblement l'Europe avec l'espoir d'arriver dans un pays libre, je me retrouvai un jour dans un Berlin déchiré par la guerre, profané alors par les Russes sauvages. J'allais droit devant moi, me demandant ce que je ferais et comment je passerais le temps jusqu'à la tombée de la nuit, seul moment où je pouvais espérer être pris à bord d'un véhicule quelconque qui me rapprocherait de la frontière française.

Je marchais au milieu des ruines encore fumantes, lorsque, dans un petit espace déblayé, sous un enchevêtrement de poutrelles d'acier rouillé, j'aperçus une sorte de petit théâtre délabré construit entre des immeubles démolis par les bombes. Il y avait, sur la scène de ce petit théâtre, quelque chose comme un décor, fait de matériaux ramassés dans les décombres. Quelques perches soutenant des morceaux de toile empêchaient, autant qu'il était possible, ceux qui n'avaient pas payé leur entrée de voir ce qui se passait sur la scène.

Intéressé, je m'approche et je vois deux vieillards, dont l'un, posté devant un rideau, percevait l'argent. Il était débraillé, couvert de haillons et, cependant, revêtu d'un certain air de — quelque chose — majesté, je suppose. Je ne sais plus combien je payai mon entrée. Personne n'avait beaucoup d'argent dans ce Berlin éventré, mais je sais qu'il mit ma monnaie dans sa poche, souleva courtoisement le rideau loqueteux pour me laisser passer. Quelques planches chevauchaient des moellons épars et, sur ces planches, des gens étaient assis. Je m'assis aussi. Une main sortit du rideau et s'agita. Un homme encore plus vieux que le premier s'avança en traînant les pieds jusqu'au centre de la scène et prononça un petit prologue en allemand. Puis il disparut derrière la toile de fond. Pendant un court moment je le vis avec deux bâtons dans la main, d'où pendaient un certain nombre de pantins, bouts de bois inanimés, grossièrement sculptés pour représenter la forme humaine, habillés de chiffons criards, peinturlurés, avec des touffes de crin en manière de chevelure. Ils étaient rudimentaires, ils étaient vraiment rudimentaires, et je pensai avoir perdu un argent que je ne pouvais pas me permettre, mais — j'étais fatigué de marcher, fatigué d'errer ainsi au hasard, hanté par la seule idée d'échapper aux patrouilles de police russes et allemandes. Je restai donc sur mon banc et me dis que, du moment que j'avais perdu mon argent, je pouvais bien, aussi, perdre mon temps.

Le vieillard avait agencé une sorte d'éclairage de fortune. Avant de disparaître, il avait diminué la lumière et sur cette scène plus qu'artisanale apparurent des personnages. J'écarquillai les yeux de stupeur. Puis je me les frottai. Était-ce une illusion ? Ce n'étaient plus des pantins que je voyais là, mais des créatures vivantes. Disparus, les morceaux de bois grossièrement taillés, maculés de peinture violente, surmontés de crin de cheval et emmaillotés d'oripeaux. Ils étaient remplacés par des êtres vivants qui avaient chacun leur caractère, leur tâche à remplir et qui se mouvaient selon leur propre volonté.

Pas de musique, bien entendu. Aucun son, si ce n'est le sifflement asthmatique qui sortait des bronches du vieillard caché derrière la toile. Les pantins étaient la Vie même. Chacun de leurs mouvements, de leurs gestes, était expressif. La parole était inutile puisque les personnages s'exprimaient dans ce langage universel qu'est la pantomime.

Une sorte d'Aura semblait environner ces marionnettes qui étaient devenues des personnes. Elles paraissaient avoir assumé la personnalité de ce qu'elles étaient censées représenter. J'avais beau faire, je ne voyais pas les fils auxquels elles étaient attachées. Ces fils, en vérité, étaient habilement confondus avec la toile de fond. Devant moi, se déroulaient des scènes de la vie, représentées avec une absolue fidélité. Je suivais avec fièvre le développement de l'action et l'explication des mobiles. Nous assistions au spectacle du drame humain et notre pouls battait très fort tant nous sympathisions avec les malheureux. C'était du réel, c'était fascinant, mais le spectacle prit fin et je me levai avec effort comme si je sortais d'un état de transe. Je sentais que le montreur de marionnettes était un génie. Un maître parmi les maîtres. Le vieillard sortit de derrière la scène et vint saluer. Il tremblait de fatigue. Son visage était pâli par l'effort et couvert d'un vernis de sueur. Cependant, nous n'apercevions plus en lui le vieillard usé, misérable, mais le génie qui avait donné vie à ces grossiers pantins.

En m'en allant, je pensai à tout ce que j'avais appris au Tibet, à mon guide bien-aimé, le Lama Mingyar Dondup, et comme il m'avait fait comprendre que l'Homme n'est que la marionnette de son Sur-Moi. Je pensai aussi que cet humble spectacle avait été une leçon magnifique sur les mondes parallèles.

L'Homme est aux neuf dixièmes subconscient et, pour un dixième, conscient. Vous avez probablement lu beaucoup de choses là-dessus, car toute l'étude de la psychologie est vouée aux aspects variés et aux diverses idiosyncrasies du subconscient de l'Homme. Sachant que l'Homme est si peu ‘conscient’, ne vous vient-il pas à l'esprit quelle perte de temps choquante c'est pour un très, très puissant Sur-Moi, doué de toutes sortes de possibilités et de talents, animé du pouvoir d'un monde plus vibrant et d'un mode de vie différent, de venir en ce monde accablé de difficultés et d'obstacles et de n'être appelé à fonctionner qu'au dixième, tout au plus, de ses possibilités ?

En supposant que vous possédiez une voiture, une huit cylindres, disons, puisqu'il ne semble pas exister de voitures à dix cylindres pour que notre comparaison soit plus exacte — disons donc une voiture à huit cylindres, pour les besoins de cette illustration.

Nous avons cette voiture à huit cylindres, mais nous découvrons qu'elle ne marche que sur un seul cylindre. Sept cylindres ne contribuent pas à faire tourner le moteur. En fait, ils en entravent encore la marche, à cause du phénomène d'inertie. Le rendement sera, bien entendu, déplorable. Maintenant, appliquez la comparaison à l'existence humaine : l'homme est une dix cylindres dont un seul fonctionne. Les neuf autres sont ‘subconscients’. Gaspillage, n'est-ce pas ?

Or, le Sur-Moi d'un humain — ou de toute autre créature, d'ailleurs — ne gaspille pas d'énergie ; le Sur-Moi d'un être humain a un certain nombre de tâches qui doivent être accomplies. Supposons que nous avons un Sur-Moi évolué, désireux de progresser sur d'autres plans d'existence, désireux d'aller plus haut, toujours plus haut vers d'autres dimensions. En ce cas, le Sur-Moi pourrait consacrer un dixième de ses possibilités à son corps sur Terre et le reste à d'autres corps sur d'autres planètes, ou sur d'autres plans d'existence. Il pourrait même être sans corps-pantins sur d'autres plans d'existence et se mouvoir plutôt en ce qu'on pourrait nommer, pur esprit. Mais si le Sur-Moi n'est pas évolué à ce point ou s'il a un plan d'opérations différent, il pourrait faire les choses de façon différente.

Supposons que notre Sur-Moi est plus ou moins débutant ; on peut alors le comparer à un élève de l'école secondaire. Cet élève doit suivre un certain nombre de cours au lieu de se consacrer à un seul sujet, et cela veut dire qu'il aura à se déplacer d'une salle de classe à une autre, ce qui représente une réelle perte de temps et d'énergie.

Le Sur-Moi se trouve dans une situation beaucoup plus satisfaisante. Il est le maître des marionnettes. En ce monde que nous appelons la Terre, la marionnette, c'est notre corps charnel qui fonctionne sur un dixième de l'attention du Sur-Moi. Dans un monde parallèle, sur une autre dimension, le Sur-Moi peut actionner un autre pantin, peut-être deux ou trois, ou plus, et il pourra alors les manipuler pour des tâches diverses, comme notre étudiant qui resterait à l'écart, dans sa chambre, et enverrait ses représentants dans différentes salles de classe pour qu'ils recueillent à son profit toutes sortes de connaissances puisées à des sources différentes et qu'il ‘reliera’ par la suite.

Supposons que le Sur-Moi soit contraint de précipiter les choses quelque peu pour rattraper le cycle de l'évolution. Supposons que le Sur-Moi ait été un peu lent ou un peu paresseux, et qu'il ait été retardé par certaines difficultés, et que ce Sur-Moi ne veuille pas être laissé dans la même classe ou condition tandis que les autres passeraient à un niveau supérieur ; il lui faudra prendre, en effet, un cours de bachotage tout comme un enfant ou un étudiant plus âgé prendra des leçons supplémentaires pour pouvoir se maintenir au niveau d'autres qui sont plus avancés, et ainsi demeurer en contact étroit avec eux.

Le Sur-Moi peut avoir une personne qui vit en Australie et peut avoir encore une autre personne qui vit autre chose en Afrique. Peut-être en aura-t-il une autre encore en Amérique du Sud ou au Canada, ou en Angleterre ; il peut en avoir plus de trois, il peut en avoir cinq ou six ou sept. Ces personnes peuvent ne jamais se rencontrer sur la Terre et cependant avoir beaucoup d'affinités. Elles peuvent être en liaison télépathique sans comprendre le moins du monde pourquoi, mais elles peuvent aussi à l'occasion se rencontrer dans l'astral, comme des commis voyageurs se trouvent réunis dans le bureau du directeur.

Le pauvre misérable Sur-Moi qui a pris en charge sept, huit ou neuf marionnettes doit se donner beaucoup de mal pour les manipuler toutes à la fois et éviter de ‘croiser les fils’. C'est une explication de certains rêves bizarres parce qu'il arrive fréquemment que lorsque deux pantins compatibles sont endormis, leurs Cordes d'Argent viennent à se toucher, ce qui produit un effet comparable à des lignes téléphoniques mêlées : on entend des bribes de la conversation des autres, mais avec quel regret on en perd le plus intéressant.

 

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Mais, demanderez-vous, quel est le but de tout cela ? La réponse est simple. Si le Sur-Moi possède un grand nombre de pantins, son expérience s'en étendra d'autant et il vivra jusqu'à dix vies à la fois dans le cours d'une seule vie.

Le Sur-Moi peut faire en même temps l'apprentissage de la richesse et de la pauvreté et, par conséquent, les peser sur la balance de l'expérience. L'un des pantins, dans un certain pays, sera un mendiant menant une existence misérable, presque inexistante. Un autre, au contraire, sera un prince qui apprend à mener les hommes et à dessiner la politique d'une nation. De telle sorte qu'une fois mêlées, leurs deux expériences permettront au Sur-Moi de connaître les ressorts de la vie et il saura qu'il existe, au moins, deux aspects d'une même question.

Dans le cours normal des événements, il arrivera peut-être que celui qui a d'abord été prince attende une autre vie pour y revenir mendiant. Et vice versa. Mais lorsque le temps manque, lorsqu'un cycle d'évolution touche à sa fin, comme à présent, des méthodes héroïques doivent être adoptées afin que les retardataires puissent rejoindre le reste de la troupe.

Nous entrons actuellement dans l'Âge du Verseau, un Âge où l'Homme sera soumis à beaucoup d'événements et où sa spiritualité augmentera — il en est grandement temps, au fait. Les facultés psychiques de l'Homme augmenteront aussi. Beaucoup de gens qui vivent actuellement sur la Terre n'y renaîtront pas, mais continueront vers des stages d'évolution différents. Beaucoup de ceux qui n'auront pas appris en cette vie ou dans ce cycle d'existence seront renvoyés comme de mauvais élèves pour recommencer dans le prochain cycle.

Lorsque cela se produit dans une école, l'enfant qui redouble est souvent mécontent et de mauvaise humeur et il a tendance à se montrer hargneux à l'égard des nouveaux de la classe. Il veut donner l'impression qu'il en sait plus qu'eux, et les nouveaux se mettent à détester le laissé pour compte de la classe précédente. Il en est de même dans une existence terrestre. Celui qui a été rejeté parce qu'il n'était pas suffisamment évolué pour passer dans un nouveau stade d'existence est contraint de recommencer tout le cycle. Sa mémoire subconsciente, qui fait partie des neuf dixièmes de son subconscient, en conçoit de l'amertume et il a tendance à réagir d'une certaine façon.

Beaucoup de gens après avoir quitté cette Terre passeront à une forme d'existence différente, toujours plus haute, car l'Homme doit monter de plus en plus haut, comme doivent le faire toutes les créatures, et l'esprit de l'Homme étant de nature grégaire, se plaît dans la compagnie des êtres aimés. C'est ainsi qu'un Sur-Moi fera vraiment des efforts déterminés et utilisera de nombreuses marionnettes pour pouvoir se maintenir au niveau de ses semblables.

Acceptons donc le fait qu'un monde parallèle est un monde qui existe dans une autre dimension, un monde qui ressemble beaucoup à la Terre, mais qui est pourtant dans une dimension différente. Si vous trouvez cela difficile à comprendre, supposez que vous puissiez vous rendre de l'autre côté de la Terre instantanément, en un clin d'œil. Maintenant, décidez vous-même — vivez-vous dans le passé ? Autrement dit, êtes-vous retourné à hier, ou avez-vous voyagé dans l'avenir ? Selon votre calendrier, vous constaterez que quand vous traversez différentes lignes de changement de date vous voyagez même un jour complet soit vers l'arrière, soit vers l'avant. Ainsi il est théoriquement possible de passer à une journée dans l'avenir en fonction de votre temps de base, ou à une journée dans le passé. Ayant convenu que c'est le cas, vous devriez pouvoir accepter qu'il y a différentes dimensions qui ne peuvent facilement être expliquées, qui pourtant existent, comme existent les mondes parallèles.

Il est toujours étonnant de constater la facilité avec laquelle les gens acceptent le fait que le cœur pompe dix tonnes de sang à l'heure ou qu'il y a 60 000 milles (96 560 kilomètres) de vaisseaux capillaires dans le corps humain, et pourtant qu'une simple chose comme les mondes parallèles leur fait hausser les sourcils d'incrédulité et fait travailler du coup une quantité stupéfiante de muscles.

Notre subconscient est en général très difficile à atteindre, difficile à sonder. Si nous pouvions facilement atteindre notre subconscient nous pourrions à tout moment savoir ce que nos autres marionnettes sont en train de faire dans d'autres mondes, ou d'autres parties de ce monde, et cela mènerait à une très considérable confusion, de l'inquiétude et du découragement. Par exemple — vous avez fait certaines choses aujourd'hui, mais si vous pouviez entrer dans votre subconscient et vous retrouver en train de vivre la vie d'une autre de vos marionnettes qui a fait la même chose la semaine dernière, ou qui projette de la faire la semaine prochaine, cela conduirait à une incroyable confusion. C'est l'une des nombreuses raisons qui font qu'il est si difficile de puiser dans le subconscient.

De temps en temps il se produit une percée involontaire entre le conscient et le subconscient. C'est quelque chose de vraiment grave, si grave en fait qu'on s'en occupe habituellement dans une clinique psychiatrique. Cela mène à toutes sortes de conditions psychotiques parce que la pauvre malheureuse victime est incapable de déterminer dans quel corps elle est censée résider.

Avez-vous entendu parler du livre les Trois Visages d'Ève ? Il s'agit d'une femme possédée par trois entités différentes. Un certain nombre de médecins et de spécialistes réputés qui, vraisemblablement, savent ce qu'ils écrivent, ont décrit toute l'affaire.

Avez-vous lu l'histoire de Bridie Murphy ? C'est un cas semblable. De nouveau, une personne qui est possédée par une autre entité, ou autrement dit, il y a une percée dans le subconscient d'une marionnette à l'autre.

Et puis, il y a Jeanne d'Arc ; Jeanne croyait qu'elle était un grand leader, qu'elle recevait des messages des plus hautes sources. Jeanne D'Arc, une jeune fille de la campagne, très simple, sans instruction, transformée en guerrière et en leader de guerriers parce que les Cordes d'Argent entre deux marionnettes devinrent emmêlées et que Jeanne recevait les impulsions destinées à un homme dans un corps différent. Pendant un certain temps elle joua le rôle de cet homme, de ce meneur d'hommes, de ce grand guerrier, et puis lorsque les lignes se démêlèrent elle perdit ses pouvoirs et redevint la simple jeune fille de campagne qui fut punie pour une gloire provisoire et erronée ; elle fut brûlée à mort.

Dans le cas de la victime des Trois Visages d'Ève, une percée multiple, ou une panne, a eu lieu et la pauvre femme a été mise en contact avec d'autres marionnettes contrôlées par le même Sur-Moi. Ces autres marionnettes se trouvaient dans un pareil état, souffrant également de cette percée, et il en résulta un chaos complet. Il en est de même lorsque vous actionnez deux ou trois marionnettes et que vous êtes négligent ou inexpérimenté, ou que vous laissez errer votre attention, les cordes s'emmêlent, vous tirez une corde qui devrait contrôler la Marionnette A, mais à cause de l'enchevêtrement vous pouvez amener la Marionnette B à donner un coup de pied et la Marionnette C à hocher la tête. De la même manière, lorsque vous avez une percée entre le conscient et le subconscient, c'est-à-dire une percée incontrôlée, vous obtenez alors une intrusion dans vos affaires et dans les affaires d'autres qui sont contrôlés par le même Sur-Moi.

Bridie Murphy ? Oui, c'est vrai aussi ; il s'est agi d'une percée dans le subconscient et encore une fois d'un embrouillement de cordes et de transfert d'impressions.

Jeanne d'Arc, comme nous l'avons vu, était une simple jeune fille de la campagne sans éducation d'aucune sorte. Elle passait de longues périodes seule en contemplation, et durant l'une de ces périodes elle franchit tout à fait accidentellement le seuil de son subconscient. Sans doute fit-elle un exercice de respiration particulier sans même le savoir, parce que tout cela peut être fait de façon délibérée et sous contrôle total. Quoi qu'il en soit, elle a franchi la barrière de son subconscient, a eu ses cordes croisées avec celle d'une autre marionnette, et s'est vraiment retrouvée dans le pétrin. Elle reçut toutes les impulsions d'un guerrier, et elle devint un guerrier, portant une armure et montant à cheval. Mais qu'est-il arrivé au pauvre garçon qui était destiné à devenir un leader ? A-t-il développé des caractéristiques féminines ? Eh bien, si nous spéculons sur la question nous risquons d'en arriver à toutes sortes de conclusions inappropriées. Mais — Jeanne d'Arc devint une meneuse d'hommes, une guerrière qui entendait des voix venant du ciel. BIEN SÛR QU'ELLE ENTENDAIT DES VOIX ! Elle recevait les impressions de la Corde d'Argent qui, après tout, n'est que la corde de notre marionnette. Réfléchissez-y : la corde de notre marionnette. Nous avons une Corde d'Argent qui est également mentionnée dans la Bible qui, si vous vous en souvenez, au douzième chapitre de l'Ecclésiaste dit : "avant que le cordon d'argent se détache, que le vase d'or se brise, que le seau se rompe sur la source, et que la roue se casse sur la citerne".

Les gens écrivent sur le temps et la relativité, les mondes parallèles, etc., et ils utilisent de si grands mots qu'eux-mêmes ne comprennent pas ce qu'ils veulent dire. J'espère que vous aurez tiré de ce chapitre une idée générale sur la question. Souvenez-vous que tout ceci est vrai, que tout ceci est un fait incontestable et qu'un jour, dans un avenir pas trop lointain, la science abattra quelques barrières et quelques préjugés, et réalisera la vérité des — mondes parallèles.

 

Chapitre Trois :
Bien d'autres demeures encore

"Vous avez abîmé ma radio !" hurlait la grosse dame en faisant intrusion dans la petite boutique. "Vous m'avez vendu des batteries qui ont TOUT ESQUINTÉ !" continua-t-elle sur le mode suraigu en se ruant vers le comptoir. Et elle jeta le petit transistor entre les mains du jeune vendeur terrorisé. Un client, dont le tour avait été si brusquement usurpé par la dame belliqueuse, prit prudemment le large et, ayant atteint la porte sans dommage, se précipita dans la rue.

De l'arrière-boutique sortit le Gérant. Nerveux, il se frictionnait les mains avec un invisible savon. "Que puis-je pour vous, Madame ?" s'enquit-il, regardant d'un air inquiet la grosse dame.

"POUR MOI ? Ah ! vous en avez de bonnes ! Vous avez détraqué ma radio avec vos mauvaises batteries. ELLE NE MARCHE PLUS. J'en veux une autre." Elle eut un gémissement qui ressemblait à un meuglement en pensant à ses ennuis. Le jeune vendeur, derrière le comptoir, se mit à tripoter timidement le petit transistor pour se donner une contenance. D'un air de profonde technicité, il sortit de sa poche une pièce de monnaie et donna un demi-tour à deux vis, au dos de l'appareil. Soulevant le couvercle de la boîte qui contenait les piles, il les retira toutes les quatre.

"Je vais les essayer," dit-il. Et il les brancha sur deux contacts. Chaque pile indiquait un volt et demi. "Vous voyez ? s'écria-t-il. Elles sont BONNES !" Il replaça les piles dans la radio, tourna les vis dans l'autre sens, puis présenta l'appareil de face. D'un coup de pouce il tourna le bouton et le dernier Beatles retentit.

La grosse dame regarda le vendeur bouche bée. "Mais il n'a pas marché pour MOI, affirma-t-elle, vous avez changé les piles, j'en suis sûre."

Le Gérant et le vendeur échangèrent un regard et haussèrent les épaules, exaspérés. "Madame, êtes-vous CERTAINE d'avoir placé les piles correctement ?" dit doucement le Gérant.

"Correctement ? CORRECTEMENT ? Mais N'IMPORTE QUI sait placer des piles dans une radio !" dit la dame, rouge de colère. "BIEN SÛR que je les ai mises correctement".

Le Gérant sourit : "Il y a une bonne et une mauvaise manière de les placer. Si vous les mettez avec la polarité inversée, votre poste ne marchera pas."

"Qu'est-ce que c'est que cette plaisanterie ? Les piles fonctionnent dans n'importe quelle position — sûrement dans n'importe quelle position. Quand je branche ma télé, je ne m'occupe pas du sens dans lequel je mets la fiche dans la prise de courant. Vous êtes de mauvaise foi, comme tous les hommes !" Elle renifla avec mépris et reprit dignement sa radio.

"Attendez, Madame ! Je vais vous faire une DÉMONSTRATION, sinon vous allez avoir les mêmes ennuis." s'exclama le Gérant. Il lui prit l'appareil des mains, retira le couvercle de la boîte de la batterie, sortit les piles, les inséra dans le mauvais sens et tourna le bouton : pas un son, pas le moindre murmure. Replaçant de nouveau les piles correctement, il repassa à la dame l'appareil qui jouait parfaitement maintenant, en ajoutant avec un sourire : "Essayez vous-même".

"Eh bien jamais je n'aurais... jamais je n'aurais... ! dit la femme d'une voix sourde. Puis — pointant triomphalement le jeune vendeur : "IL aurait dû me le dire. Comment pouvais-je savoir ?"

Le Gérant prit une batterie sur une étagère. "Regardez, Madame, toutes les batteries ont une polarité. L'un des bouts est positif, l'autre est négatif. Pour qu'une batterie fonctionne dans un appareil elle DOIT être insérée avec la bonne polarité. Pour votre récepteur de télé, les choses sont différentes. Il faut un courant alternatif qui est transformé à l'intérieur même de l'appareil. TOUT a une polarité : les batteries, les aimants et bien d'autres choses encore. Les hommes et les femmes eux-mêmes ont une polarité différente."

"Oui ! ricana la grosse dame. Et nous savons tous ce qui se passe quand ILS s'assemblent !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Le téléphone bourdonnait avec insistance. À l'autre bout du garage, l'homme en salopette grise poussa un soupir agacé. Saisissant un chiffon, il essuya ses mains huileuses et, en allongeant le pas, il se dirigea vers l'appareil. "Garage Steve, vente et service," annonça-t-il en décrochant le récepteur. "Oh ! je croyais que vous ne répondriez jamais !" s'exclama une voix féminine à l'autre bout de la ligne.

"Désolé, Madame. J'étais au fond de l'atelier. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?"

"Eh bien ! je suis Mme Ellis, Villa des Fougères. Ma voiture ne veut pas démarrer et il faut que j'aille en ville de toute urgence."

Le garagiste soupira derechef. Les FEMMES avaient toujours des ennuis avec leur voiture, mais au fond, comme ça faisait rentrer de l'argent dans la caisse, il n'y avait pas lieu de se plaindre.

"Avez-vous essayé le démarreur ?" demanda-t-il.

"Bien sûr, dit la femme indignée. J'ai appuyé et appuyé et rien ne se passe, la chose ne veut pas tourner du tout. Pouvez-vous venir me dépanner ?"

Le garagiste réfléchit. Le mari de la dame était un bon client et — oui — il lui fallait aller.

"Oui, Madame Ellis, je serai chez vous dans une demi-heure."

À ce moment précis, le mécanicien du garage revint de la ville où il était allé acheter des pièces détachées. Steve, le garagiste, s'approcha de la camionnette : "Jim, veux-tu me mettre une batterie de rechange de côté ? Madame Ellis a des ennuis de démarrage et je vais voir ce que je peux y faire."

Le garagiste alla se laver les mains au lavabo. Il ôta sa salopette et se donna un coup de peigne, puis revint à la camionnette. "Je te laisse le garage, Jim, je n'en ai pas pour longtemps."

Le trajet de dix minutes lui faisait traverser une agglomération toute neuve et le garagiste contempla, au passage, ces maisons nouvelles qui lui promettaient de la clientèle. Malheureusement, les gens avaient presque tous des voitures dernier modèle dans lesquelles ils se ruaient vers la ville pour dépenser leur argent. Seuls ceux qui avaient de vieilles voitures, ou dont la voiture ne voulait pas démarrer, magasinaient localement, se dit-il. Autrement, ils affluaient tous chez ‘Pete Tape-à-l'œil’, ou chez ‘Joe l'Honnête Commerçant’, éblouis par l'éclat du chrome des fenêtres et des banderoles flottantes.

En montant l'avenue qui menait à la villa de Mme Ellis, il vit cette dernière qui l'attendait en sautant d'un pied sur l'autre et en se rongeant les poings d'impatience. "Ah ! Enfin vous ! Je commençais à croire que vous ne viendriez JAMAIS !"

"Je n'ai mis que vingt minutes, Madame, répondit tranquillement Steve. Qu'est-ce qui ne va pas ?"

"C'est à vous de le découvrir !" répliqua Mme Ellis, et elle le conduisit à leur garage pour deux voitures.

Steve jeta un coup d'œil autour de lui. Des pneus de rechange étaient soigneusement accrochés au mur. Il y avait des jerricans d'essence à portée de la main et un chargeur de batteries flambant neuf encore branché, son avertisseur lumineux toujours allumé. "Hum ! se dit-il, EN PRINCIPE, ça ne doit pas être une question de batterie."

Il ouvrit la portière de la voiture et se glissa sur le siège du conducteur. S'étant assuré de ce que la voiture était au point mort, il appuya sur le démarreur. Rien. Aucun signe de vie. Pas de lumière rouge indiquant l'allumage non plus. Il descendit, souleva le capot. Le moteur était propre et tous les fils de contact à l'état de neuf. Les connections de la batterie étaient impeccables. Steve se gratta la tête. Madame Ellis trépignait : "Dépêchez-vous, je vous en prie ! Je suis déjà tellement en retard ! C'est tellement stupide, ajouta-t-elle, mon mari a acheté un chargeur de batteries hier, en prévision des jours froids, et voilà que, déjà, ma voiture est en panne !"

Steve alla vers sa camionnette et en revint avec des outils et un vérificateur d'accus. Il le mit en place et constata que la batterie était complètement MORTE. "Mais c'est impossible ! s'exclama Mme Ellis. La batterie a été en charge toute la nuit. C'est moi qui l'ai fait moi-même !"

Se dirigeant vers le rechargeur d'accus, Steve l'examina et découvrit à son grand étonnement que les pôles n'étaient pas marqués des signes POSITIF et NÉGATIF. "Comment pouvez-vous savoir lequel est lequel ?" demanda-t-il.

Mme Ellis demeura interdite : "Est-ce que ça a de l'importance ?" demanda-t-elle.

Steve soupira, et expliqua : "Toutes les batteries ont un pôle positif et un pôle négatif. Si on les dispose de travers, on décharge les batteries au lieu de les CHARGER. Voilà pourquoi votre voiture ne peut pas démarrer."

Mme Ellis eut l'air désolée. "J'AVAIS BIEN DIT à mon mari de ne pas enlever les étiquettes. Que vais-je faire, maintenant ?"

Tout en parlant, Steve retira les bornes et les pinces de la batterie. "Ne vous en faites pas, dans dix minutes tout sera terminé. J'ai apporté une batterie de rechange. Je vous la prête en attendant que la vôtre soit rechargée."

Mme Ellis, à présent souriante, demanda : "Pourquoi faut-il qu'il y ait un positif et un négatif ?"

"Il faut qu'il en soit ainsi pour avoir un flux d'énergie", répondit Steve. "TOUT a son équivalent opposé QUELQUE PART. Les hommes ont les femmes pour opposés, la lumière a en fait l'obscurité ; je présume qu'il existe QUELQUE PART un monde dont la polarité est inverse de celle de cette Terre !" Remontant dans la voiture, Steve appuya sur le démarreur. Le moteur se mit à ronronner.

"Il faut que je me dépêche, maintenant, dit Mme Ellis, sinon mon ‘pôle opposé’ va se fâcher de me voir arriver en retard pour déjeuner." Et elle démarra à toute vitesse, abandonnant Steve et la batterie morte.

"Ah ! les FEMMES ! murmura-t-il avec résignation. Mais je me demande s'il PEUT vraiment exister un monde d'anti-matière, comme l'histoire bizarre que j'ai entendu raconter l'autre soir chez ‘la Rose et le Dragon’. Je me demande... !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

La rivière tourbillonnait autour des piliers de pierre du Pont de la Paix, à Fort Érié et, à l'endroit où elle faisait une courbe, arrosait les bords de la grand-route du Niagara. Ses vagues faisaient sauter et rebondir les bateaux de plaisance contre leurs poteaux d'amarrage. Le long de la plage, à Grand Island, elle balayait le sable et charriait de petits cailloux avec une grâce languide. Après avoir accueilli en son sein la Rivière Chippawa, elle se soulevait avec une force accrue et chaque petite rivière, chaque ruisseau, chaque torrent ajoutait à son volume. Plus loin, le poudroiement des Chutes du Niagara s'élançait à des centaines de pieds (m) de haut, restait un instant en suspens, puis retombait pour venir grossir encore les eaux du torrent.

Des faisceaux de lumière colorée jouaient sur les eaux bondissantes et lançaient des arcs-en-ciel nuancés sur la poudre d'écume. À la station de contrôle des Chutes, l'eau se divisait en deux parts, à la volonté d'une main humaine : d'innombrables gallons (litres) suivaient le cours naturel des Chutes, pour la délectation des touristes, tandis que des milliers d'autres gallons s'engouffraient en tourbillons dans le tunnel d'une canalisation pour se ruer avec une violence plus grande encore cinq milles (8 km) plus bas vers la Centrale Électrique Sir Adam Beck.

L'énorme puissance des eaux maîtrisées venaient heurter avec une force irrésistible les lames des turbines, les faisant tourner à une vitesse incroyable et actionnant des générateurs couplés, de sorte que de prodigieuses quantités d'électricité étaient produites.

Traversant l'Ontario, des câbles bourdonnaient au passage du courant électrique pour satisfaire aux besoins de la civilisation. Du Canada, des réseaux s'étendaient par-dessus les États-Unis, jusqu'à New York, amenant l'électricité canadienne dans les foyers et les usines d'Amérique. Des milliards de lumières dispensaient le confort et la sécurité. Les ascenseurs montaient et descendaient dans les hôtels et les grands immeubles. Dans les hôpitaux des deux pays les docteurs et les chirurgiens exécutaient leurs tâches à la lumière de l'électricité produite au Canada. Les radios beuglaient, et des ombres vacillantes s'agitaient et sautillaient derrière les écrans de verre appelés ‘télévisions’.

Bourdonnant au-dessus du terrain bien éclairé arrivaient des avions de tous les coins habités du globe. D'Angleterre, d'Australie, du Japon, d'Amérique du Sud, ils venaient de tous ces endroits aux noms exotiques publiés par les Agences de Voyage, convergeant en couches ordonnées vers les grands aéroports de l'État de New York. Les contrôleurs installés dans d'innombrables tours parlaient aux pilotes, les dirigeaient, les guidaient. Les lumières éclairaient la piste comme s'il faisait jour. Les phares lançaient de grands rais de lumière dans le ciel pour être vus à des milles et des milles (km) de distance par ceux encore enveloppés d'obscurité, tout là-haut au-dessus de l'océan, pas encore en vue de la terre.

Les trains électriques vrombissaient sous terre et roulaient avec fracas à travers les viaducs et sur les ponts, à la surface. Aux quais, les grands navires de marchandises en provenance de partout dans le monde tanguaient à leurs amarres tandis qu'une masse d'humains semblables à des fourmis étaient engagés dans une activité frénétique pour décharger et charger à nouveau. Les lumières des projecteurs inversaient les heures et transformaient les ténèbres de la nuit en la luminosité du jour.

Au loin, à la centrale électrique, les eaux déferlaient sans fin, faisant tourner et tourner les turbines pour que l'électricité puisse circuler à travers deux pays, produisant du ‘positif’ et du ‘négatif’ de sorte que l'incessante lutte de l'un pour joindre l'autre provoque un écoulement d'énergie, permettant que le travail se fasse, et assure le confort de l'Homme. Mais quelque part — quelque part un petit défaut se produisit. Un court-circuit eut lieu. Et qu'est-ce qu'un court-circuit sinon la soudaine réunion du positif et du négatif ? Ils se réunirent d'abord sur une petite échelle, puis, comme un déferlement de foules de football, de plus en plus d'électrons positifs se précipitèrent pour joindre d'un bond de plus en plus d'électrons négatifs.

Les relais s'échauffèrent. La chaleur augmenta et les pointes se soudèrent ensemble par la chaleur. Les câbles isolants se mirent à chauffer, tournèrent au rouge, et rejetèrent des gouttes de caoutchouc brûlé. Les moteurs se mirent à ronfler, à geindre, souffrant de cet excès d'énergie, puis ils se turent. À travers deux pays, les lampes s'éteignirent. Les ascenseurs s'arrêtèrent, bloquant les passagers et causant l'anxiété et la peur. Sous terre, les trains secoués d'une violente secousse suite à la coupure du courant, s'arrêtèrent en grinçant. Merveille des merveilles — les radios criardes et les téléviseurs clignotants furent réduits au silence et éteints. Dans les imprimeries des journaux, les rotatives s'arrêtèrent de tourner, dans un enchevêtrement de papier déchiré et d'hommes vociférants.

Et tout cela parce que l'électricité ‘positive’ voulait joindre l'électricité ‘négative’ soudainement, violemment, sans avoir été apprivoisée et contrôlée en faisant d'abord son travail. Car lorsque les opposés se rencontrent, incontrôlés, N'IMPORTE QUOI peut se produire... et SE PRODUIT !

 

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Depuis des siècles, les Initiés du très lointain Orient savent qu'il existe un monde opposé à ceci, le monde qui dans le très lointain Orient est appelé ‘le Jumeau Noir’. Les hommes de science Occidentaux se sont pendant des années moqués de ce genre de choses, persuadés dans leur ignorance, que seules existent les découvertes de la science Occidentale. Pourtant, assez récemment, le Prix Nobel a été décerné à un homme qui a découvert diverses choses ayant rapport au monde de l'anti-matière.

C'est en 1927 qu'un physicien Britannique s'aperçut qu'un monde de l'anti-matière existait bel et bien, mais il eut des doutes sur la valeur de sa découverte, doutes qui, apparemment, provenaient d'un manque de confiance en soi. Mais alors, un physicien américain qui se nommait Carl Anderson photographia des rayons cosmiques traversant une chambre spéciale. Il y trouva les traces d'un électron différent des autres électrons, il trouva, en fait, des anti-électrons et, pour sa découverte, qui avait été précédée par celle de l'Anglais en 1927, Anderson reçut le Prix Nobel. Il est probable que si le physicien Anglais eût eu plus de confiance en lui, c'est lui qui eût été couronné.

Les savants Occidentaux admettent maintenant — et il y a des siècles que les gens de l'Orient le savent — qu'un atome d'hydrogène et sa contrepartie d'anti-matière pourraient produire une explosion auprès de laquelle la bombe atomique ferait l'effet d'un pétard mouillé. Mais entrons un peu plus avant dans le sujet.

Toute vie, toute existence est mouvement, flux, ascension et chute, croissance et décroissance. La vue elle-même consiste en mouvement, puisque les cônes et les bâtonnets sur lesquels se peignent les impressions visuelles répondent simplement à des vibrations (mouvement) émises par l'objet considéré. Rien au monde n'est immobile. Une montagne qui semble une structure solide est, finalement, une masse de molécules en mouvement, tournant les unes autour des autres comme des éphémères par un soir d'été. À une échelle plus vaste, on peut la comparer au cosmos, car le cosmos est composé de planètes, de mondes, de météores qui tournent et tournent dans un mouvement perpétuel. Rien n'est immobile. On n'est pas même immobile dans la mort !

Tout comme une batterie doit comporter un pôle positif et un pôle négatif avant qu'aucun flux d'énergie ne se produise, les êtres humains, et tout ce qui existe, comportent des éléments positifs et négatifs. Rien de ce qui a jamais existé n'a jamais été complètement positif ou complètement négatif, parce qu'à moins qu'il y ait une différence, il ne peut y avoir de flux d'énergie de l'un à l'autre, et ainsi la vie ou l'existence est impossible.

La plupart des gens ignorent le monde de l'anti-matière, tout comme les pôles négatif ou positif d'une batterie n'ont pas conscience de l'existence de l'autre pôle. La borne positive d'une batterie peut bien avoir une attraction directe vers le négatif, ou vice-versa, mais il est fort peu probable que l'un ou l'autre pôle puisse discuter de l'existence de l'autre.

Il existe un monde de la matière, mais égal à lui et à son opposé, il y a un monde de l'anti-matière, comme il y a Dieu et anti-Dieu. À moins d'avoir un anti-Dieu, il n'y a aucun moyen de comparer la bonté de Dieu et à moins d'avoir un Dieu, il n'y a aucun moyen de comparer la méchanceté de l'anti-Dieu. Nous qui vivons sur ce qui est en fait le monde ou le pôle négatif, sommes à présent contrôlés par l'anti-Dieu, le Diable, ou Satan, ou ce que nous appelons ‘la puissance du mal’. Mais bientôt le cycle d'existence va changer, nous serons contrôlés par Dieu et serons ainsi davantage sous Son influence bienfaisante. Nous faisons partie d'un système de courant alternatif qui passe du positif au négatif et du négatif au positif, tout comme notre contrepartie passe du négatif au positif et du positif au négatif.

Toute vie est flux, mouvement, vibration, oscillation, changement. Toute existence est flux et changement. Si nous examinons le système du courant alternatif, nous pouvons voir que chaque demi-onde consiste en un cycle négatif devenant demi-positif, et un cycle demi-positif devenant demi-négatif. Puis ils continuent et au lieu de devenir demi-négatif, le premier cycle devient complètement négatif et le second entièrement positif. En ce qui concerne le courant ordinaire, celui qui alimente les foyers, en Angleterre par exemple, il change de polarité cinquante fois à la seconde, passant du négatif au positif et du positif au négatif. En d'autres pays, au Canada, aux États-Unis, la fréquence du changement est de soixante fois à la seconde. Nous possédons, nous aussi, un système de cycle qui régit notre monde, notre système solaire, notre univers. Nous y voyageons, au cours du temps, comme les électrons dans le courant électrique. Nous parcourons ce que nous concevons comme le temps jusqu'à ce que nous atteignions — ou plutôt que notre Sur-Moi — atteigne une existence beaucoup plus haute. Si vous vous reportez à mon livre ‘La Sagesse des Anciens’, vous constaterez qu'un cycle de temps différent est de 72 000 ans (il y a bien une telle référence à un cycle d'existences pour un humain qui est de 72 000 ans, non pas dans ‘La Sagesse des Anciens’ toutefois, mais plutôt dans ‘Vous, pour toujours’, Leçon 19 — NdT).

Mais chacun et chaque chose sur Terre a une contrepartie de polarité opposée, sur une autre Terre, dans une autre galaxie, dans un tout autre système de temps. Évidemment, ce système ne peut être tout près de nous, sinon il en résulterait une telle explosion que toute la Terre, ainsi que beaucoup d'autres mondes, serait détruite.

On pense maintenant que l'énorme explosion qui s'est produite le 30 juin 1908 dans les étendues sauvages de la Sibérie a été causée par un morceau d'anti-matière beaucoup plus petit qu'un ballon de football qui, on ne sait comment, avait traversé notre atmosphère. Sa vitesse était vertigineuse et, au moment où il heurta le sol, il explosa avec un bruit qu'on entendit à plus de 500 milles (800 km) de là. À une distance d'environ 40 milles (64 km), les gens furent soulevés de terre par le souffle. Si, donc, un morceau d'anti-matière plus important survenait, c'en serait fini de cette Terre. De la même façon qu'une étincelle peut souder ensemble des contacts, provoquer un court-circuit et la panne complète d'un système électrique, un plus gros morceau d'anti-matière pourrait provoquer notre destruction totale.

Notre cycle actuel est négatif, d'où notre sentiment de frustration, notre amertume partout où la force prédominante est celle du mal. Reprenez courage puisque le cycle touche à sa fin et que, dans les années qui viennent, un nouveau cycle va commencer au cours duquel les conditions seront de plus en plus positives. Nous ne serons plus sous la domination d'un anti-Dieu. Les guerres n'existeront plus. Le bien régnera. Il n'y aura pas d'autre guerre que celle engagée contre la pauvreté et les maladies, et contre le mal lui-même. Nous jouirons de ce que l'on peut nommer le ‘Paradis sur Terre’ et les Sur-Moi de partout enverront leurs marionnettes vers ce qui sera le monde positif, comme vers le monde négatif.

Vous connaissez Alice au pays des merveilles ? Pensez à Alice traversant le miroir et se trouvant dans un pays où tout se passe à l'envers. Supposez que vous puissiez soudain passer au travers du voile qui sépare le négatif du positif ; supposez que, en ce monde, vous vous demandiez comment vous paieriez vos factures, comment vous arriveriez à joindre les deux bouts, et pourquoi votre voisin vous déteste. Or, voici que, tout à coup, vous êtes poussé de l'autre côté du voile. Vous constateriez que vous n'avez plus de factures à payer, que les gens sont gentils, que vous avez le temps d'aider les autres au lieu de ne penser qu'à vous. Ce temps viendra, inéluctablement, il vient toujours et, chaque fois que le renversement d'un cycle s'opère, nous apprenons un peu plus.

Il est intéressant de penser que si nous pouvions nous procurer une parcelle d'anti-matière de la grosseur d'un pois et que nous arrivions à la soustraire à l'influence de la Terre, nous pourrions l'exploiter pour un immense navire spatial. Il suffirait alors d'exposer un court instant cette particule, pas plus grosse qu'un pois, à l'influence de la Terre pour propulser le navire spatial au plus profond de l'espace. Plus besoin de fusées ou d'autres formes de propulsion car cette parcelle d'anti-matière, sous contrôle requis, engendrerait toute la matière anti-pesanteur nécessaire.

Je répète qu'il ne peut y avoir le bien sans le mal parce qu'aucune force n'existerait. Un aimant ne peut être tout positif ou tout négatif parce qu'aucune force n'existerait. L'aimant n'existerait pas non plus ! Imaginons que le monde soit une sorte d'aimant avec des champs magnétiques irradiant de l'Arctique et de l'Antarctique, mais que, relié à nous par un pont que nous ne pouvons pas voir, il y ait un autre monde de polarité opposée. Nous aurions alors les deux pôles d'un aimant en forme de fer à cheval, par exemple. Beaucoup d'hommes de science se demandent si l'anti-matière signifie que chaque chose a son double dans cet autre monde. Ils se demandent, par exemple, s'il existe des anti-gens, des anti-chats et des anti-chiens. Les hommes de science ne savent pas à quoi ressemblent ces gens parce que les hommes de science sont des gens de peu d'imagination, il leur faut avoir une chose dans la main qu'ils puissent disséquer ou peser. Il faut un occultiste pour donner des informations sur ce sujet particulier, car l'occultiste compétent peut quitter son corps, en sortir et s'évader de la Terre aussi et, à partir du moment où il s'en est évadé, il lui est possible de voir à quoi ressemble cet autre monde — comme je l'ai fait très, très souvent.

Les anti-gens sont tout simplement des gens dont la direction éthérique est différente de celle des gens d'ici, le monde de la Terre. Ils peuvent, purement à titre d'exemple, avoir une enveloppe jaune et bleue à leur Aura au lieu de bleue et jaune comme elle est ici. Si vous trouvez cela difficile de visualiser le monde de l'anti-matière, songez à la photographie — nous avons un négatif et un positif, et si l'on expose un papier impressionnable en faisant passer une lumière à travers le négatif, nous aurons, après avoir soumis le papier à certaines opérations chimiques, une tache foncée là où il y avait une tache claire sur le négatif, et une tache claire là où il y avait une tache foncée sur le négatif.

Il existe des objets volants non identifiés — nommons-les des ‘soucoupes volantes’ — qui viennent sur cette Terre et proviennent en réalité du monde de l'anti-matière. Ils ne peuvent approcher de trop près, car ils exploseraient, mais ils sont là en exploration, tout comme nous envoyons une fusée sur la Lune, sur Mars ou sur Vénus.

Certains prétendent que s'il y avait quelque chose de vrai dans cette histoire de soucoupes volantes, leurs équipages descendraient sur Terre ou établiraient des contacts avec les habitants de notre planète. La vérité est qu'ils ne le peuvent pas, car s'ils atterrissaient une explosion s'ensuivrait et la soucoupe volante serait désintégrée. Vous vous souvenez peut-être de divers rapports sur des incidents concernant un certain objet volant non identifié très nettement perçu au radar et qui explosa soudainement à environ 1 000 pieds (305 m) du sol. Il explosa avec une force telle qu'on n'en retrouva jamais trace. La même chose pourrait se produire si nous pouvions envoyer une fusée dans le monde de l'anti-matière. Nous en fâcherions sans doute considérablement les habitants si nous détruisions ainsi, sans le vouloir, une de leurs cités !

D'autres aspects de ce monde de l'anti-matière sont extrêmement intéressants pour ceux qui ont étudié la question à fond. Par exemple, en certains endroits — heureusement peu nombreux — de notre planète, les gens peuvent ‘se glisser’ dans une autre dimension ou dans le monde de l'anti-matière. Des gens arrivent à pareil emplacement qui oscille légèrement, et s'ils sont malchanceux, ils sont complètement transférées de notre Terre. Ce n'est pas un fait d'imagination, mais quelque chose qui a été prouvé nombre de fois.

Au-delà des îles Shetland, dans une mer très froide, il existe une île mystérieuse appelée Ultima Thulé, la Dernière Terre. Des choses troublantes se sont passées dans le voisinage de cette île et sur l'île même. Un rapport de l'Amirauté Britannique, il y a plusieurs années, signala qu'un groupe de marins Anglais débarqua à Ultima Thulé et que les choses les plus étranges leur arrivèrent, que des gens leur apparurent, des gens qui étaient très différents des marins Anglais. Ils regagnèrent finalement leur navire, un cuirassé Britannique, considérablement secoués par leurs expériences traumatisantes. À Ultima Thulé, des équipages entiers de navires ont disparu, pour ne plus jamais être retrouvés.

Au large de la côte américaine, il est un endroit connu sous le nom de Triangle de la Mort. Cet endroit est situé dans l'océan Atlantique et des bateaux, même des avions, y ont disparu. Aimeriez-vous en avoir quelques détails ?

Voici pour commencer : Le 2 février 1963, un pétrolier, le Marine Sulphur Queen, partit de Beaumont, Texas, en direction de Norfolk, Virginie. Le bateau fut en constante communication, par radio, avec les stations habituelles jusqu'au 4 février. Il se trouvait alors près d'une certaine région côtière, dans le golfe du Mexique. À partir de ce moment : plus rien.

Le 6 février, le navire fut présumé perdu. Des avions partirent et survolèrent la région, des vedettes garde-côtes quadrillèrent les eaux et tous les navires furent priés de signaler tout ce qui ressemblerait à un naufrage. Les recherches se poursuivirent jusqu'au 14 février, date à laquelle on les abandonna. Jamais on ne retrouva la moindre épave du pétrolier disparu.

Il n'y a pas que des navires qui aient disparu de la sorte. En août 1963, deux gros avions-citernes quadrimoteurs décollèrent d'une base militaire au sud de Miami. Il s'agissait d'une simple opération de réapprovisionnement en carburant. Pendant leur vol, les appareils firent connaître leur position : ils étaient à 800 milles (1 287 km) au nord de Miami et à 300 milles (483 km) à l'ouest des Bermudes. Ce furent les dernières nouvelles qu'on eut d'eux. Immédiatement après, ils se volatilisèrent.

Les appareils étaient tout neufs, les équipages parfaitement expérimentés. Aucun incident n'avait été signalé à bord.

On imagine avec quelle ampleur les recherches furent menées. Une quantité d'avions décollèrent aussitôt et passèrent littéralement la région au peigne fin. Les uns, volant à haute altitude, pour pouvoir englober la plus grande superficie marine possible, les autres rasant presque la mer dans l'espoir de repérer quelque vestige des deux appareils. Des bateaux se mirent à sillonner cette région de l'océan et continuèrent les recherches. Mais on ne retrouva jamais ni avions, ni épaves, ni corps — rien.

Au cours des temps, on a connu de ces mystérieuses disparitions de navires — navires disparus sans laisser de traces, disparus sans même une allumette de débris prouvant qu'ils aient existé. Mais à présent, nous disposons de moyens de recherches rapides et efficaces. Or, quels que soient les moyens employés, fût-ce les plus modernes, on ne trouve pas le plus petit signe de ce qui a pu se passer.

Dans l'océan Atlantique, sur la ligne côtière Bermudes/Floride, il existe une région où beaucoup de bateaux et beaucoup d'avions ont disparu. C'est pourtant une région continuellement surveillée par les garde-côtes, par des patrouilles de la Marine et de l'Armée de l'Air. La liste des disparitions remonte à la première partie de l'histoire documentée.

Il y a plusieurs années, j'ai fait la connaissance d'une région fort mystérieuse du Pacifique, au sud du Japon. Il existe dans cette région un endroit connu sous le nom de la Mer du Diable où un bateau, habituellement une jonque, peut naviguer le plus tranquillement du monde et soudain, disparaître complètement sous les yeux des marins qui se trouvent sur d'autres jonques tout près. Un jour, une flottille de pêche traversait la Mer du Diable. La jonque de tête se trouvait peut-être à un mille (1,6 km) de la suivante. Or, tout à coup, elle disparut. L'homme de barre de la seconde jonque fut tellement paralysé par l'effroi qu'il ne songea même pas à changer de route et sa jonque suivit le même chemin sans que rien ne lui arrivât. Tous les équipages, plus tard, apportèrent le même témoignage : au-dessus d'eux, dans le ciel, ils avaient vu une curieuse lueur et ils avaient éprouvé une sensation oppressante, comme celle qui précède souvent une très forte tornade.

 

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Voici, d'autre part, un fait que les sceptiques peuvent aisément vérifier. Le 5 décembre 1945, cinq avions torpilleurs décollèrent de la base navale de Fort Lauderdale, en Floride. La journée était calme, le soleil brillait, il n'y avait pas de nuages, et la mer était parfaitement étale, sans aucune menace de tempête. Rien, somme toute, ne pouvait laisser pressentir un événement mystérieux.

Ces cinq bombardiers allaient effectuer un simple vol de routine durant lequel on pourrait constamment les voir, de la côte américaine ou de quelques-unes des îles Caraïbes. À aucun moment, par conséquent, étant donné l'altitude à laquelle ils volaient, ils ne pouvaient passer inaperçus de la côte. Chacun des appareils avait été soigneusement vérifié et tous les réservoirs étaient pleins. Chaque moteur avait été certifié en parfaite condition par les pilotes qui devaient signer des feuilles d'inspection avant le décollage. De plus, ils étaient tous pourvus d'un radeau de sauvetage pneumatique et chacun des membres de l'équipage portait un gilet de sauvetage capable de le maintenir sur l'eau pendant plusieurs jours. Ajoutons que chacun des quatorze hommes avait au moins une année d'expérience en matière de vol.

Ils devaient tous penser qu'ils effectuaient là un vol ordinaire et plutôt agréable, dans un ciel bleu, au-dessus de ces parfaits joyaux que sont les îles Caraïbes et la longue côte de la Floride. Certains d'entre eux auraient peut-être souhaité rester un peu plus longtemps au-dessus des Everglades, mais ils n'en continuèrent pas moins leur patrouille de routine, c'est-à-dire 160 milles (257 km) à l'est et 40 milles (64 km) au nord, après quoi ils se disposeraient à retourner à leur base, qu'ils atteindraient deux heures après leur décollage.

Ils étaient en l'air depuis environ une heure et demie quand la base de Fort Lauderdale reçut d'eux un message. Étrange message en vérité, car c'était un message de détresse. Le chef de vol était troublé, on peut même dire effrayé ; il disait qu'ils avaient perdu la route et qu'ils n'apercevaient plus la côte. C'était quelque chose de si étrange qu'il jugea nécessaire de répéter : "Répétons, nous n'apercevons plus la cote".

Comme il est d'usage en ce cas, l'opérateur radio de la base envoya à son tour un message aux appareils, leur demandant quelle était leur position. La réponse affola les hommes des tours de contrôle. "Nous ne sommes pas sûrs de notre position ; nous ne savons pas où nous sommes." Pourtant, ils volaient dans des conditions idéales, chaque homme était totalement compétent et leurs appareils étaient excellents. Et puis, un autre message des avions en perdition parvint à la base : "Nous ne savons plus où est l'ouest, disait une voix angoissée. Tout est de travers, tout est étrange, nous ne reconnaissons plus aucune direction, même la mer n'a pas l'aspect habituel."

Pouvez-vous imaginer un homme d'expérience, accompagné de treize autres hommes, tous capables de s'orienter convenablement et qui, soudain, ne savent plus où ils sont, ne voient plus la terre et constatent que même la mer a une autre apparence ? De plus, le soleil qui brillait sur la base aérienne était invisible aux quatorze hommes qui volaient pourtant dans un ciel sans nuages ; ils ne pouvaient pas voir le soleil et la mer était différente.

Vers 4 h 30 du soir, le même jour, le pilote d'un autre appareil de ce vol communiqua à son tour avec la base : "Nous naviguons toujours dans l'inconnu. On dirait que nous sommes..." Puis, plus rien. Aucun contact ne fut plus désormais établi avec les bombardiers lance-torpilles et jamais on ne retrouva aucune trace des quatorze hommes ni de leurs appareils.

Quelques minutes à peine après la réception du dernier message, un des plus grands hydravions de la Marine Américaine, muni d'un complet équipement pour la survie et le sauvetage, prit son envol avec un équipage de treize hommes. L'hydravion, long de près de 80 pieds (24 m), avec une envergure de 125 pieds (38 m), était construit pour affronter les amerrissages les plus difficiles. On pouvait le considérer comme invincible, invulnérable.

Pendant le vol de l'hydravion vers la position supposée des bombardiers, on reçut des messages réguliers, ordinaires, mais au bout de vingt minutes, ce fut le silence. Et, désormais, on n'entendit plus jamais parler ni des cinq avions-torpilleurs, ni du gigantesque hydravion spécialement équipé et piloté par des experts, qui avait été envoyé à la recherche des disparus.

La garde côtière, la Marine et l'Aviation Américaines, tout fut mis en œuvre pour retrouver, ne fût-ce que des épaves, des hommes flottant dans leurs gilets de sauvetage. Ce fut peine perdue. Un porte-avions fut dirigé sur les lieux et trente appareils en décollèrent au lever du jour pour effectuer les recherches. La R.A.F. (The Royal Air Force, c'est-à-dire les Forces Armées Britanniques — NdT), qui se trouvait aux alentours, participa activement aux opérations. Encore une fois, on ne retrouva jamais le moindre débris, et il est clair que tous ces avions ont tout simplement disparu.

Disparu ? Oui, ils sont passés par un ‘trou dans le temps’ dans le monde de l'anti-matière, tout comme, au cours des âges, des navires, des hommes et des femmes, et des animaux aussi, sont disparus sans laisser de traces.

Ces incidents ne sont pas seulement des incidents isolés qui ont eu lieu récemment, ils se sont produits tout au long de l'histoire, et si l'on fait des recherches approfondies, on peut trouver divers récits très intéressants de soudaines disparitions. Il y a, par exemple, le cas bien documenté d'un petit garçon qui sortit un soir de la ferme de son père pour aller quérir de l'eau au puits. Il y avait, sur le sol, une mince couche de neige et l'enfant était impatient de rentrer au plus vite se chauffer auprès du feu. Il sortit, un seau dans chaque main. Ses parents et des amis en visite étaient assis près de l'âtre et attendaient qu'il revienne avec l'eau pour pouvoir préparer le thé.

Au bout d'un moment, la mère s'inquiéta de ne pas le voir revenir. Elle pensa d'abord qu'il avait traîné en route. Une heure passa. On prit des lanternes et l'on partit à la recherche du petit. Peut-être était-il tombé dans le puits.

Les lanternes éclairaient la neige de sorte qu'il était facile d'y suivre la trace des pas de l'enfant. Ces empreintes les menèrent jusqu'au milieu du champ. Le père, qui venait en tête, s'arrêta tout à coup, horrifié. La trace des pas cessait à cet endroit précis. Il n'y avait plus la moindre empreinte. Le petit garçon avait disparu comme s'il avait été enlevé dans les airs. Les faits sont là : la trace des pas était nettement imprimée dans la neige, et puis, plus rien. On n'a jamais revu l'enfant.

Il y a aussi le cas de cet homme qui disparut ainsi en plein jour. Cela s'est passé aux États-Unis. Il était entré dans un champ pour y prendre quelque chose qu'il voulait donner au shérif. La femme de cet homme et le shérif le regardaient et, sous leurs yeux, l'homme disparut, s'évanouit positivement dans l'atmosphère et ne fut jamais retrouvé.

Si vous consultez un jour le numéro du Reynolds' News du 14 août 1938, vous lirez sur ces pages jaunies l'histoire de cet hydravion de la R.A.F. qui disparut soudain dans une immense colonne d'eau et de fumée alors qu'il volait à quelques pieds (1 pied = 30 cm) seulement de la surface de la mer, au large de Felixstowe, en Angleterre. Il n'y eut ni collision, ni impact, l'appareil disparut tout simplement et aucune trace n'en fut retrouvée.

Voici encore une autre histoire vraie : au mois de mars 1952, le Lieutenant-Colonel Baldwin, de la R.A.F., survolait la côte coréenne avec une patrouille d'avions. Lui et ses compagnons pilotaient des jets tout neufs. L'appareil de Baldwin pénétra dans un nuage, les autres appareils, non. Ils rentrèrent à la base, mais Baldwin n'y rentra pas. On ne retrouva ni sa trace ni celle de l'avion et personne ne put dire ce qui lui était arrivé.

Il y a beaucoup, beaucoup de cas semblables. Par exemple, en 1947 une Super-Forteresse Américaine disparue tout simplement sans laisser de traces et sans aucune épave. Elle volait dans ce triangle près des Bermudes. Cette Super-Forteresse, un très gros avion, disparut tout simplement et malgré des recherches réellement intensives, on n'en retrouva aucune trace.

Vous souvenez-vous du cas de cet appareil de la Compagnie aérienne Grande-Bretagne-Amérique du Sud, le Star Tiger ? Cela se passait en 1948, le 30 janvier. Ce gros quadrimoteur venait de communiquer par radio avec l'aéroport de Kindleyfield, aux Bermudes. Il avait donné sa position : environ 400 milles (644 km) de l'île. L'opérateur radio disait que le temps était excellent et que le vol se passait de façon tout à fait satisfaisante. Il ajoutait qu'il comptait arriver à l'heure. Hélas ! l'horaire ne fut pas respecté. Les six membres de l'équipage et les deux douzaines de passagers disparurent et, encore une fois, malgré l'intensité des recherches, ne furent jamais retrouvés. Une cinquantaine d'avions de différents types survolèrent à basse altitude toute la région, mais — on ne retrouva rien. Il y eut une enquête à Londres, enquête basée sur toutes les preuves disponibles. Ces choses sont examinées à fond à cause des assurances de la Lloyds de Londres, mais la seule conclusion des enquêteurs fut : ‘Disparu, cause inconnue’.

Une autre encore ? Décembre 1948 — un gros avion de ligne part de l'aéroport de San Juan en direction de la Floride. Plus de trente passagers à bord. L'opérateur radio entre en contact avec sa station et dit que tout va bien et que les passagers chantent. À 4 h 15 l'opérateur radio contacte la tour de contrôle de Miami. Il donne sa position : 50 milles (80 km) du point d'arrivée. Il aperçoit déjà le terrain et demande des instructions pour l'atterrissage.

L'avion s'évanouit avec ses passagers. Aucune trace. Aucune épave. Les enquêteurs confirment que le Capitaine et son équipage étaient tous hautement qualifiés et cependant — à moins de 50 milles de sa destination, l'appareil a disparu.

Un tout dernier exemple — il nous faut mentionner celui-ci parce que c'est un frère du Star Tiger, mais venu plus tard et que l'on appela l'Ariel. Il entra, lui aussi, en contact avec les Bermudes, puis se dirigea vers Kingston, en Jamaïque. À 8 h 25, un message indiquait que l'appareil se trouvait à 175 milles (282 km) des Bermudes, que tout allait bien et qu'il correspondrait désormais avec la station de radio de Kingston. Ce fut le dernier message. L'avion s'évanouit sans laisser de traces.

La Marine Américaine se trouvait en manœuvres, à proximité des Bermudes. La Marine et l'Aviation Américaines étaient excédées de toutes ces histoires de disparitions mystérieuses. Elles mirent donc absolument tout en œuvre pour résoudre cette nouvelle énigme. Deux gigantesques porte-avions lancèrent tous les appareils qu'ils portaient. Des croiseurs et des destroyers, des dragueurs de mines et toute une flottille de barques et de canots entrèrent dans la danse. Chaque pied carré (m2) d'eau fut ratissé, fouillé, exploré. On ne découvrit rien.

L'explication de tous ces faits, c'est qu'il existe ce qu'on pourrait nommer une ‘fissure dans le temps’, par laquelle, quelquefois, les gens passent d'un monde dans un autre. Imaginez deux ballons de football tournant l'un contre l'autre. Chacun de ces ballons a une petite fente. Si, pour une raison quelconque, les deux régions où se trouvent les fentes viennent à proximité l'une de l'autre, une petite puce qui se trouverait sur l'un des ballons pourrait sauter tout droit dans la fente de l'autre ballon. Peut-être y a-t-il un état de choses semblable entre ce monde-ci et son monde opposé.

Si vous trouvez cela difficile à comprendre, rappelez-vous que nous sommes dans un monde tridimensionnel. Nous pensons, dans nos petites chambres bien closes, être à l'abri de tout, mais supposons qu'un être quadridimensionnel nous contemple ; il est possible que, pour lui, un plafond ou un mur n'existent pas et qu'il puisse s'emparer de nous à volonté.

Il serait peut-être bon que nous consacrions un chapitre aux dimensions, à la quatrième dimension, par exemple. Qu'en pensez-vous ? La quatrième dimension est une notion très utile si nous la comprenons correctement.

 

Chapitre Quatre :
De nombreuses dimensions aussi !

Le fait que nous traitions de la quatrième dimension dans ce quatrième chapitre semble tout à fait indiqué, parce que lorsque nous quittons cette Terre, c'est dans la quatrième dimension que nous allons ! Mettons tout de suite au clair un point intéressant, à savoir : les personnes qui assistent à des séances de spiritisme sont souvent choquées par le côté mensonger des messages qu'elles reçoivent de ceux qui sont ‘passés dans l'au-delà’. Elles ne comprennent pas que la personne qui a quitté cette Terre pour un autre plan d'existence se trouve à ce que nous pourrions appeler des milliers d'années-lumière dans l'avenir. Nous établirons un peu plus loin un parallèle qui vous aidera à comprendre, lorsque nous traiterons du roi Hindou et de sa fille, mais tout d'abord, qu'est-ce qu'un monde à une dimension ? Nous ne pouvons pas comprendre ce que sont quatre dimensions à moins de comprendre ce qu'est une dimension. Supposons que nous ayons une feuille de papier et un crayon. Traçons sur le papier une ligne droite et imaginons que le graphite déposé sur le papier représente des quantités de personnes, si bien que cette ligne droite est, en réalité, tout un univers. Il n'y aura que deux points pour ces personnes : l'un sera droit devant et l'autre sera droit derrière. Elles pourront seulement se déplacer en avant et en arrière, et dans aucune autre direction. Supposons maintenant que vous changiez quelque chose à cette ligne. Les êtres unidimensionnels penseraient qu'un miracle s'est produit ou, s'ils voyaient la pointe de votre crayon appuyant ne fût-ce que légèrement sur le papier, ils penseraient qu'une soucoupe volante est soudain apparue.

Vous, une créature tridimensionnelle, serez temporairement entré dans le monde unidimensionnel en posant la pointe de votre crayon sur le papier et l'être unidimensionnel qui aura vu la pointe de votre crayon sera persuadé qu'il a assisté à un phénomène inhabituel. Étant unidimensionnel, il ne sera pas capable de vous voir, mais seulement ce point que constitue le contact de votre crayon avec le papier.

À présent que vous avez une idée de ce que peut être un monde unidimensionnel, jetons un coup d'œil sur le monde bidimensionnel. Ce sera une surface plate, et ceux qui vivent dans ce monde-là seront nécessairement des figures géométriques planes. Le monde dans lequel ils existent leur semblera tout à fait semblable à ce que notre monde est pour nous, à l'exception du fait que si vous dessinez des lignes au crayon autour d'eux, ils verront ces lignes comme de hautes murailles qui les empêchent de passer et ils estimeront probablement que ces lignes doivent faire partie d'un autre monde. Ils se feront de la troisième dimension une idée à peu près semblable à celle que nous pouvons nous faire de la quatrième et, comme nous éprouvons une certaine difficulté à la comprendre, ils n'arriveront pas à comprendre non plus cette troisième dimension qui nous est si familière. Ceux d'entre eux qui, plus doués que les autres, seront parvenus à en avoir conscience, seront probablement obligés de dissimuler leur savoir pour ne pas être traités de fous, de menteurs ou de mystificateurs !

Un être à deux dimensions devine les lignes ; elles ne peuvent pas être perçues par cette personne parce que, étant un être à deux dimensions, il ne peut pas regarder d'en haut.

Si seulement les scientifiques n'étaient pas si intraitables ! Si seulement les scientifiques pouvaient mettre de côté toutes leurs idées préconçues et entreprenaient une recherche avec une conception absolument impartiale. Nous devons envisager le fait que les ‘grands noms’ ont beaucoup trop à dire dans les affaires de tous les jours. Par exemple, tel homme qui a eu un certain succès comme Général dans une guerre, se voit immédiatement transformé en Président des États-Unis. Ou encore, on a un acteur qui prétend être un bourreau des cœurs sur l'écran. En fait, il est parfaitement nul dans ce domaine, mais comme il a un certain succès à l'écran, on se retrouve immédiatement inondé de publicités avec le gars qui nous dit comment il faut se brosser les dents, comment il faut se coiffer, quelle sorte de rasoirs il faut utiliser, et peut-être quelques trucs utiles pour une vie amoureuse que cette personne n'est même pas en mesure d'apprécier.

Il s'ensuit, donc, que l'une des plus grandes difficultés — l'un des plus grands inconvénients — que nous, métaphysiciens, devons affronter est le fait que les gens acceptent aveuglément les paroles de ceux qui devraient connaître de telles choses, mais ne les connaissent vraisemblablement pas.

Prenez des gens comme Einstein ou Rutherford, ou ceux de réputation équivalente. Ces hommes sont des spécialistes dans un domaine particulièrement étroit de la science. Ils ont eu une vue scientifique des choses et ils veulent tout analyser selon des concepts terrestres, dépassés, et selon des lois physiques chaque jour réfutées. Les gens prennent les paroles d'éminents scientifiques pour parole d'évangile. On tient également pour parole d'évangile tout ce qui sort de la bouche des vedettes de cinéma, alors que, malheureusement, ‘l'évangile’ ne peut pas être discuté et ne peut pas être modifié. Notre problème consiste à déterrer des vérités que des gens éminents se sont acharnés à cacher.

Les lois fondamentales devraient être considérées comme ‘fondamentales’, c'est-à-dire valides seulement en l'état actuel des connaissances, mais de telles lois devraient être suffisamment flexibles pour qu'on puisse les modifier, les amender ou même les rejeter, à la lumière des connaissances nouvelles. Pensez, par exemple, au bourdon. Selon les lois physiques du vol — les lois de l'aérodynamique — ce pauvre insecte est incapable de voler, parce que sa structure défie toutes les lois connues de l'aérodynamique. Donc, si nous croyons les scientifiques et leurs lois fondamentales, nous devons croire que le bourdon ne peut pas voler.

Ils ont dit, ces honorables scientifiques, en fondant leurs déclarations sur les lois de la physique, que l'Homme ne pourrait jamais rouler à plus de 30 milles (48 km) à l'heure parce que son système circulatoire ne résisterait pas à cet effort, que son cœur éclaterait, que son cerveau s'affaisserait, etc., etc. Eh bien ! si l'on en croit les derniers rapports, l'Homme PEUT rouler à plus de 30 milles à l'heure ! Sans se décourager, les savants ont dit que l'Homme ne parviendrait jamais à voler, que c'était impossible. CELA surmonté, ils dirent que l'Homme ne volerait jamais plus vite que le son. Qu'à cela ne tienne, imperturbables, ils dirent que l'Homme ne quitterait jamais la Terre pour aller dans l'espace. Le bruit court que c'est fait !

Revenons un peu en arrière, vers l'année 1910. À cette époque tous les sages et les pandits de la science proclamèrent qu'aucun homme ne ferait entendre sa voix par-delà l'Atlantique, mais un monsieur du nom de Marconi prouva qu'ils se trompaient et, actuellement, non seulement la voix humaine, mais aussi les images traversent l'Atlantique. Il est vrai que ce n'est peut-être pas un avantage si l'on considère le niveau des programmes de télévision !

Maintenant que je vous ai fait — plus ou moins — accepter l'idée que des savants confirmés avec leurs lois stéréotypées, bornées, immuables, peuvent se tromper, allons un peu plus loin. L'un de leurs faux raisonnements, c'est l'affirmation selon laquelle ‘deux solides ne peuvent occuper le même espace en même temps’. C'est absurde, c'est tout à fait inexact, car en science métaphysique deux corps PEUVENT occuper le même espace en même temps par le processus dit d'interpénétration.

Les savants ont démontré que tout ce qui existe est composé d'atomes séparés par de grands espaces, tout comme par une nuit claire, lorsque nous regardons les étoiles, nous voyons de petits points qui sont des mondes et de grandes étendues noires qui sont l'Espace. Il s'ensuit, donc, que si nous avons une créature assez petite (il vous faudra ici faire preuve d'imagination) pour regarder ce qui, pour nous, est un solide, cette créature ne verra pas le solide comme nous le voyons, mais percevra toutes les particules composant le ‘solide’. Ainsi pour cette créature qui regarde notre solide, sa vision sera semblable à celle que nous avons quand nous regardons les cieux par une nuit claire. On se rappelle qu'il s'agit de beaucoup d'Espace avec juste quelques petits points lumineux. Mais imaginez ceci : un Être assez grand qui, en regardant notre Univers, verrait cet Univers comme un solide. Tout au bout de l'échelle, imaginez un virus : si vous arriviez à saisir un virus d'un type particulier et que vous le laissiez choir dans une coupe de porcelaine, la pauvre créature passerait directement au travers — passerait directement à travers le fond sans rien toucher sur son passage, parce qu'elle est infiniment petite. Ce n'est pas de l'imagination, c'est un fait. Vous savez peut-être que l'une des grandes difficultés qu'on rencontre en laboratoire lorsqu'il s'agit de ‘saisir un virus’, réside dans le fait que ceux-ci traversent les filtres de céramique aussi librement qu'un chien gambadant sur une lande.

Pour une créature assez petite, les espaces entre les atomes d'un ‘solide’ sont aussi grands, comparativement, que pour nous, les espaces entre les étoiles de notre Univers, et tout comme des pluies de météorites, ou de comètes, ou des vaisseaux spatiaux peuvent voyager dans les espaces vides qui séparent les mondes, d'autres objets peuvent occuper ce que nous nommons un ‘objet solide’.

Il est tout à fait possible d'avoir deux, ou trois, ou quatre solides disposés de telle sorte que leurs ‘mondes’ ne se touchent pas les uns les autres, mais dont un ensemble de ‘mondes’ occupe les espaces entre l'autre ensemble de ‘mondes’. Vous admettrez qu'en vertu de ce système, il peut y avoir beaucoup d'objets apparemment solides qui occupent en même temps le même espace. Nous ne pouvons évidemment pas percevoir ce phénomène dans la vie normale, parce que nous n'avons pas une gamme appropriée ni suffisante de perceptions. Nous devons augmenter nos perceptions, et comme ici en ce monde on ne peut pas entrer facilement dans la quatrième dimension, nous sommes obligés d'accepter les explications — imprimées ou enregistrées — qu'on nous fournit.

Pour vous donner une idée rudimentaire — supposons que vous ayez deux fourchettes, des fourches ordinaires de jardin, si vous voulez, ou des fourchettes de table. Vous pouvez passer les dents de l'une dans les espaces compris entre les dents de l'autre. Par conséquent, lorsqu'un des groupes de dents occupe les espaces qui séparent les dents de l'autre fourchette, les deux ensembles occupent essentiellement le même espace sans que l'une des fourchettes empiète sur ‘l'espace vital’ de l'autre.

À l'origine, les gens croyaient que les objets avaient une longueur et une largeur. Et puis les choses se sont quelque peu améliorées et les gens en sont arrivés à la conclusion qu'il y avait la longueur, la largeur, et l'épaisseur, de sorte qu'ils vécurent dans un monde tridimensionnel : la longueur = une dimension, la largeur = deux dimensions, et l'épaisseur = trois dimensions. Mais il est bien évident que nous vivons dans un monde à trois dimensions. Il y a d'autres dimensions : une quatrième, une cinquième, et ainsi de suite. Pour vous donner matière à réflexion — notre objet à trois dimensions a une longueur, une largeur, et une épaisseur, mais voici une autre dimension : pendant combien de temps va-t-il exister ? Ainsi nous avons une dimension supplémentaire de Temps. Le Temps devient une quatrième dimension dans ce cas.

La personne moyenne, à titre d'exemple, ne peut pas voir les rayons infrarouges sans un équipement spécial. Ceci prouve bien sûr qu'il existe des choses qui sont au-delà de la gamme de perceptions de l'humain moyen, et il s'ensuit que des objets émettant des rayons infrarouges et se trouvant sur un plan situé au-delà de la longueur, de la largeur et de l'épaisseur, seraient tout à fait invisibles pour la personne moyenne.

Pouvons-nous faire une petite digression ? Pouvons-nous vous rappeler qu'il y a des sons qui sont tout à fait inaudibles pour les humains, mais que les chats et les chiens entendent clairement ? Vous connaissez, par exemple, le sifflet silencieux avec lequel on appelle les chiens ! Mais si vous examinez l'illustration de la Leçon Six de ‘Vous, pour toujours’, vous verrez ce que nous appelons le clavier symbolique. Sur ce clavier, on peut observer qu'après le son vient la vue et que, dans certains cas, des sons ont presque été vus, ‘aperçus’ serait un mot plus juste, car, sous certaines conditions, des personnes véritablement clairvoyantes peuvent réellement ‘voir’ la forme d'un son. Vous avez probablement entendu quelqu'un dire : "Oh, c'était un son bien ROND", ou quelque chose de semblable, d'où il ressort qu'un bon nombre de personnes ont une idée du son comme une forme telle qu'un son rond, un son carré, ou un son tout en longueur.

Mais — revenons au point où nous en étions avant cette parenthèse.

Vous devez penser à ceci : un objet tridimensionnel comme une maison, une personne, ou un arbre, projette une ombre bidimensionnelle, parce que l'ombre a une longueur et une largeur, mais pas d'épaisseur. Bien sûr, sur d'autres plans d'existence nous dirions que l'ombre a aussi une autre dimension, celle de temps, le temps de sa durée. Mais oublions cela pour le moment, et revenons un peu en arrière en redisant qu'un objet tridimensionnel projette une ombre bidimensionnelle. Nous pouvons présumer qu'un objet quadridimensionnel montrerait une ombre tridimensionnelle, de sorte que ceux d'entre vous qui ont vu un ‘fantôme’ peuvent, en réalité, avoir vu l'ombre d'une personne de la quatrième dimension. Un fantôme est une personne qui a, apparemment, la largeur, l'épaisseur et la hauteur, mais qui est faite d'une substance quelque peu indistincte, comme une ombre, en somme. Aussi, pourquoi est-ce que ce ne serait pas notre visiteur quadridimensionnel, qui nous est invisible à cause de ses quatre dimensions, qui se manifesterait néanmoins à nous en trois dimensions, ou comme un fantôme qui a une forme sans substance réelle ?

Examinons maintenant les rapports concernant ce que la Presse, assez sottement, désigne sous le nom de ‘soucoupes volantes’. Ces objets sont apparus et ont disparu à des vitesses fantastiques et sans aucun bruit du tout. Ils ont changé de direction à une vitesse bien supérieure à celle tolérée par un corps humain. Maintenant, pourquoi ne supposerions-nous pas que certaines soucoupes volantes puissent être l'ombre d'un objet quadridimensionnel ? En ce qui concerne leur rapidité d'évolution, on pourrait l'expliquer de la manière suivante. Prenez un miroir dans votre main et projetez les rayons du soleil sur un mur. Vous ferez danser cette tache de lumière et vous la ferez changer de direction à une vitesse infiniment supérieure à ce que n'importe quel mécanisme humain pourrait réaliser.

Imaginez aussi une feuille de verre dépoli placée devant un être qui n'aurait aucune idée de l'apparence que peut revêtir une personne humaine. Supposons que, de l'autre côté de la feuille de verre dépoli, il y ait justement une personne cachée par cet écran et que cette personne appuie ses cinq doigts sur la feuille de verre. L'être qui se trouve près de la face opposée et qui n'a jamais vu un humain, qui ne sait rien de la forme qu'il peut avoir, ne verra sur le verre dépoli que cinq taches foncées. Tout comme les gens ont vu des taches dans le ciel.

Vous vous demandez sans doute quel rapport tout cela peut bien avoir avec la métaphysique. Je répondrai que le rapport avec la métaphysique est très étroit ! Voyez-vous, nous vivons dans un monde à trois dimensions, mais la plus haute forme de Vérité ne peut être perçue que si nous allons au-delà de ces trois dimensions. Il nous faut aller au-delà du Temps et de l'Espace, car le Temps est relatif. Le Temps n'est qu'une convention établie par l'espèce humaine pour plus de commodité.

Vous croyez, vous, que le Temps n'est pas relatif ? D'accord. Supposons que vous deviez aller chez le dentiste pour vous faire extraire une dent. Les instants que vous passerez sur le fauteuil pendant l'intervention vous paraîtront interminables. Vous aurez l'impression que vous y êtes cloué POUR TOUJOURS.

Au contraire, vous passez un moment très agréable avec une personne à laquelle vous êtes profondément attaché. Vous trouverez que le temps passe avec une rapidité terrifiante. Donc, le Temps est juste une chose relative ; il semble traîner ou accélérer abominablement selon notre humeur.

Bien, revenons à nos dimensions. Admettons qu'il existe une sorte d'êtres qui vivent dans un monde à deux dimensions, c'est-à-dire qu'ils vivent dans un monde sur lequel il y a la longueur et la largeur, mais pas de profondeur. Ils sont pareils à des ombres, ils sont plus minces que la feuille de papier la plus mince — mais, n'ayant aucune perception de la profondeur, ils ne peuvent avoir aucune perception de l'espace, parce que l'espace est ce qui se trouve au-delà du ciel, et introduire le ciel, c'est introduire une troisième dimension. Pour eux, par conséquent, l'espace est inconcevable.

Une voie de chemin de fer est comparable à un monde à une dimension — la longueur. Un conducteur de train peut indiquer sa position à partir d'un seul point de référence. Il peut dire où il se trouve en donnant seulement le nom d'une station, d'un signal ou de toute autre marque convenue d'avance.

Poursuivons et convenons qu'un bateau sur la mer peut se comparer à une personne occupant un monde à deux dimensions, parce que le bateau n'est pas limité à des rails, mais il peut aller vers l'avant ou de côté ou même vers l'arrière ; il utilise donc la longueur et la largeur.

L'avion, lui, est une créature tridimensionnelle. Il peut aller en avant, de côté, vers le haut et vers le bas. Cela, vous le comprenez, nous donne trois dimensions.

Cette théorie (en réalité, pour nous, c'est un savoir) des dimensions explique bien des choses qui pourraient autrement être prises pour des mystères — la téléportation, par exemple, par laquelle un objet est déplacé d'une pièce à une autre sans que personne de visible n'intervienne. Un objet peut être déplacé par téléportation d'une pièce fermée dans une autre pièce. Et cela n'a rien d'extraordinaire. Pour le comprendre il suffit de penser à notre créature bidimensionnelle. Si nous, tridimensionnels, avions une série de boîtes sans couvercle, les êtres bidimensionnels qui se trouveraient dans ces boîtes seraient complètement confinés, complètement renfermés, car n'ayant aucune notion de la hauteur, ils ignoreraient cette absence de couvercle ou de toit. Et donc si nous, créatures tridimensionnelles, passions le bras par ce toit ouvert et déplacions quelque chose d'une boîte à l'autre, pour les êtres à deux dimensions ce serait un véritable miracle : un objet qui a été transporté d'une pièce fermée dans une autre pièce fermée. Souvenez-vous que la personne bidimensionnelle n'a pas de conception de toit au-dessus de sa tête. De même, nous qui vivons dans un monde à trois dimensions pouvons très bien ne pas percevoir une ouverture qui est évidente dans la quatrième dimension, de sorte que la personne de la quatrième dimension peut pénétrer dans une pièce fermée (la pièce n'est fermée que dans la troisième dimension), et déplacer ce qu'elle désire déplacer par ce qui est une ouverture évidente pour les gens de la quatrième dimension. L'objet serait retiré du monde tridimensionnel et se trouverait pour un instant dans le monde quadridimensionnel, où il pénétrerait par ce que nous préférons appeler des murs solides. Nous avons une sorte d'exemple quand on pense à la façon dont les ondes de radio ou de télévision peuvent traverser des murs apparemment solides et faire fonctionner des appareils de radio et de télévision.

Le temps, auquel nous avons déjà fait allusion, joue un rôle très important dans la vie de l'Homme, mais ce que nous appelons ‘Temps’ diffère d'un homme à un autre et d'un animal à un autre. De nouveau nous suggérons que vous réfléchissiez à ceci sous différentes circonstances de votre vie quotidienne. Quand vous êtes en retard à un rendez-vous, voyez avec quelle rapidité les aiguilles de la montre courent. Quand vous attendez quelqu'un et que lui ou elle (plus généralement, elle !) vous fait attendre, le temps semble s'être immobilisé.

Les animaux ont leur propre conception du temps, et leur conception du temps est tout à fait différente de celle des humains. Les animaux vivent à un rythme différent. Un insecte qui vit vingt-quatre heures de temps humain peut avoir une vie aussi complète que celle d'un humain dont l'existence aura duré soixante-dix ans ; l'insecte peut avoir un partenaire, peut élever une famille et voir sa propre famille avoir leurs familles à leur tour. Si la durée de vie allouée à un animal est de vingt ans, ces vingt années lui paraîtront ce que soixante-dix ans apparaissent à l'humain, et durant l'intervalle de temps alloué à l'animal, il sera capable de fonctionner comme un homme fonctionne pendant sa plus longue durée de vie. Cela vaut la peine de réfléchir sur le fait que toutes les créatures — qu'elles soient insectes, animales ou humaines — ont à peu près le même nombre de battements de cœur au cours de leur vie.

 

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Tout cela, les sages l'ont compris il y a des siècles. Dans un livre très saint, l'une des grandes ‘Bibles’ de l'Extrême-Orient, nommée le Srimad Bhagavate, nous lisons ceci :

 

Jadis, un grand roi conduisit sa fille à la demeure du Créateur, Brahma, qui vivait dans une autre dimension. Le grand roi était très soucieux de ce que sa fille, étant parvenue à l'âge nubile, n'eût pas encore trouvé de prétendant acceptable. Il était impatient de lui donner un bon mari. Arrivé à la demeure de Brahma, le roi n'attendit que quelques instants avant d'être admis en sa Présence. Il présenta aussitôt sa requête. À son profond étonnement, Brahma lui répondit : "Ô roi, lorsque tu retourneras sur la Terre, tu n'y reverras plus aucun de tes amis ou de tes parents, aucune de tes villes ou de tes palais, car, bien qu'il te semble n'être arrivé ici que depuis seulement quelques instants de la Terre que tu connaissais, ces quelques instants de notre temps sont l'équivalent de plusieurs milliers d'années de votre temps quand tu étais sur la Terre. Quand tu retourneras sur la Terre, tu t'apercevras qu'elle est entrée dans une ère nouvelle, et ta fille, qui est ici avec toi, épousera le frère du Seigneur Krishna, Balarama. Par conséquent, elle, qui est née il y a plusieurs milliers d'années, sera mariée à Balarama dans encore plusieurs milliers d'années, car, dans le temps qu'il te faudra pour quitter ma présence et voyager une nouvelle fois à travers le Temps vers la Terre, plusieurs milliers d'années de temps terrestre auront passé."

C'est ainsi que le roi ahuri et sa fille revinrent sur cette Terre qu'ils n'avaient quittée que quelques minutes auparavant, selon leur propre compte du temps. Ils y trouvèrent un monde nouveau, avec ce qui paraissait être une nouvelle civilisation — un type de gens différents, une culture différente et une différente religion. Comme il leur avait été dit, plusieurs milliers d'années de temps terrestre s'étaient écoulées bien que le roi et sa fille, voyageant dans une autre dimension, n'eussent eu conscience de voir passer que quelques minutes.

 

Il s'agit d'une croyance Hindoue qui a été écrite dans les livres saints de la foi Hindoue il y a des millénaires. On ne peut s'empêcher de se demander si elle n'est pas à la base de certaines des choses que le Dr Einstein a réunies dans sa théorie de la relativité.

Il est probable que vous n'ayez pas étudié à fond la théorie de la relativité d'Einstein, mais de façon très brève, il a expliqué le Temps comme une quatrième dimension. Il a aussi enseigné que le Temps n'est pas le cours régulier, invariable de ‘quelque chose’. De fait, une seconde tictaque, après que soixante de ces secondes aient tictaqué, une minute s'est écoulée, et après que soixante minutes aient tictaqué, une heure est passée ; mais il s'agit là du temps commode, il s'agit du temps mécanique. Einstein considérait le Temps comme un sentiment, comme une forme de perception. Tout comme deux personnes ne voient pas exactement les mêmes couleurs, Einstein a enseigné que deux personnes n'ont pas exactement le même sentiment du temps.

Nous nommons année 365 jours, mais c'est seulement un voyage autour du Soleil — une orbite autour du Soleil. Ainsi, nous sur la Terre orbitons autour du Soleil environ tous les 365 jours, mais comparons ceci avec une personne qui vit sur Mercure. Souvenez-vous que Mercure complète son orbite autour du Soleil en 88 jours, et pendant cette orbite elle pivote une seule fois sur son axe, tandis que la Terre, vous le savez, tourne sur son axe une fois par 24 heures.

Voici encore un autre sujet de réflexion : savez-vous que si une horloge est attachée à un système en mouvement elle ralentira au fur et à mesure que la vitesse du système en mouvement augmentera ?

Supposons que vous ayez une tige faite d'une certaine matière — métal, bois, céramique — tout ce que vous voulez, mais c'est une tige de mesure précise (une règle — NdT) d'une longueur définie. Si vous l'attachez à tout système en mouvement, elle rétrécira apparemment dans la direction de son mouvement en fonction de la vitesse du système. Toutes ces choses, comme des changements dans l'horloge, ou la contraction de la tige, n'ont absolument rien à voir avec la construction de ces objets, ni non plus avec un phénomène mécanique. Elles relèvent plutôt de la théorie de la relativité d'Einstein. Vous avez votre mesure (disons que notre tige de métal a un mètre ou une verge de long), et qu'elle traverse l'espace à 90 pour cent de la vitesse de la lumière, elle ne mesurera plus qu'un demi-mètre et, en théorie, si sa vitesse est accélérée jusqu'à atteindre celle de la lumière, selon la théorie d'Einstein, elle sera réduite à rien du tout ! Et si d'une façon ou d'une autre vous pouviez attacher un genre d'horloge à cette mesure, son rythme varierait de telle sorte qu'au moment où la mesure approcherait de la vitesse de la lumière, l'horloge irait de plus en plus lentement, ou en aurait l'air, jusqu'à s'arrêter complètement une fois la vitesse de la lumière atteinte.

Vous devez vous rappeler quand vous critiquez cela en disant : "Oh ! eh bien, j'ai conduit une voiture et ne l'ai pas vue se contracter", que ces changements ne peuvent être détectés que lorsque la vitesse de l'article en mouvement approche la vitesse de la lumière. Donc, si vous aviez une voiture toute neuve et que vous vous élanciez à toute vitesse sur la route, même si vous faisiez du 100 ou 120 milles (160 ou 193 km) à l'heure, cela ne voudrait pas dire que votre voiture raccourcirait, parce que cette vitesse est encore beaucoup trop lente pour faire une différence mesurable dans la longueur de votre voiture. Mais cela signifierait en fait, selon Einstein, que si un vaisseau spatial devait être lancé dans l'espace et pouvait approcher la vitesse de la lumière, il se contracterait alors et disparaîtrait.

Savez-vous ce que cela signifie, en supposant qu'Einstein ait raison ? Nous, qui sommes capables de voyager dans l'astral, savons qu'Einstein se trompe, tout comme ces savants qui disaient que l'Homme ne dépasserait jamais la vitesse du son. Einstein a tort, tout autant que la personne qui disait que l'Homme ne dépasserait jamais 30 milles (48 km) à l'heure, mais nous devons mettre à profit les erreurs des autres. Cela pourra nous épargner de commettre nous-mêmes des erreurs. Voyons donc ce qui se passerait d'après la théorie d'Einstein. Disons que nous avons un vaisseau spatial monté par un équipage d'hommes de valeur, capables de mener à bien leur tâche d'observateurs. Le vaisseau voyage à une vitesse considérable approchant celle de la lumière. Il se dirige vers une planète lointaine, si lointaine qu'il faudra dix années pour y arriver depuis la Terre. Une année-lumière est le temps et la distance que la lumière met pour atteindre un certain point en voyageant une année entière, de sorte que dix années-lumières sont le temps qu'il faut à la lumière pour atteindre cet objet lointain.

Ce vaisseau va voyager environ à la vitesse de la lumière. (Oublions tout ce qui concerne Einstein pour le moment, et disons que ce vaisseau peut voyager à la vitesse de la lumière.) Donc, supposons que le vaisseau se rend à cette planète éloignée de dix années-lumière, et sans s'arrêter, en revient. Après tout, comme nous ‘supposons’, tout est permis ! Ainsi, nous avons un voyage qui va durer vingt ans — dix ans pour l'aller et dix ans pour le retour. Eh bien, naturellement, les pauvres diables à bord vont affreusement s'ennuyer, enfermés pendant vingt ans. Non seulement cela, mais ils auront certainement besoin de prendre toute une quantité de nourriture et de boisson avec eux. Quoi qu'il en soit, nous ne faisons que ‘supposer’.

Si l'on en croit Einstein, il n'y aura pas de telles difficultés, ils n'auront pas besoin de nourriture pour vingt ans. Si le vaisseau voyage à une vitesse approchant celle de la lumière, tout à bord du vaisseau va ralentir. Les hommes seront lents dans toutes leurs fonctions : leurs battements de cœur, leur respiration, leurs actions physiques, et même leurs pensées. Tandis que pour nous une pensée peut prendre un dixième de seconde, en voyageant à la vitesse de la lumière, d'après Einstein, cela pourrait prendre dix secondes pour une pensée sur la Terre, mais dix semaines pour la durée de la même pensée en voyageant à une vitesse proche de celle de la lumière. Mais voyager à la vitesse de la lumière aura certains avantages très importants selon Einstein. Par exemple, vingt ans s'écouleraient sur Terre, mais pour les gens du vaisseau spatial ce ne serait qu'une question de quelques heures à peine. Vous voulez un meilleur exemple ?

D'accord : en 1970, nous avons construit un vaisseau spatial qui va voyager presque à la vitesse de la lumière. Le vaisseau est équipé et prêt pour un voyage au-delà de notre système solaire, bien au-delà de Mars, Vénus, Jupiter, Pluton, Saturne, et tout le reste. Il se rend, plutôt, dans un univers différent. Ça va lui prendre, à la vitesse de la lumière, vingt ans. En 1970, donc, le vaisseau spatial décolle. Il met dix ans pour se rendre à ce monde éloigné. Il en fait le tour, prend des photos, et retourne — un autre voyage de dix ans — vingt ans en tout.

Les hommes de l'équipage sont jeunes, l'un d'eux a tout juste vingt ans lorsqu'il quitte pour ce voyage mémorable. Il est marié et sa femme a le même âge que lui — vingt ans. Ils ont un enfant d'un an. Quand le pauvre type revient après seulement quelques heures de voyage à une vitesse approchant celle de la lumière, il recevra le plus grand choc de sa vie. Il constatera que sa femme a vingt ans de plus que lui. Tandis que lui et les autres membres de l'équipage n'ont vieilli que de quelques heures, ceux laissés sur la Terre ont vieilli selon le temps terrestre, c'est-à-dire vingt ans. Ainsi cet homme de vingt ans et quelques heures a une femme de quarante ans !

Voici maintenant l'histoire d'un incident que les États-Unis tiennent essentiellement à ne pas voir divulguer. Cette affaire particulière est absolument authentique, absolument vraie, et ceux qui sont suffisamment haut placés peuvent être en mesure de ‘fouiller’ dans les dossiers de la marine des États-Unis.

En octobre 1943, une expérience fut tentée pour rendre invisible un navire de la Marine des États-Unis. Cela eut de désastreux résultats parce que certains savants étaient si bornés qu'ils ne pouvaient utiliser leur imagination et ne firent que suivre ‘les conventions’. Vous vous souvenez que pendant la Seconde Guerre mondiale les États-Unis aussi bien que d'autres personnes publièrent des annonces pour des idées sur la façon de fabriquer des super-super armes, etc. L'une de ces idées était issue d'une lettre adressée par le Professeur Einstein au Président Roosevelt et dans laquelle il exposait de façon détaillée sa théorie ‘du champ unifié’. Il n'y a pas lieu d'entrer dans les aspects techniques du champ unifié, mais l'on peut dire que cette théorie suppose une certaine connaissance de la quatrième dimension.

Un certain Docteur en Sciences, un homme vraiment très intelligent, utilisa une partie des théorèmes en relation avec le champ unifié et, travaillant conjointement avec la Marine des États-Unis en octobre 1943, il fut en mesure de construire un bouclier — un type de rayon — qui entourait complètement un destroyer. Le champ s'étendait sur environ 300 pieds (91 m) de son centre d'origine, et tout ce qui se trouvait à l'intérieur de ce champ devenait totalement invisible. Autrement dit, le destroyer et son équipage disparaissaient aux yeux de tout observateur se trouvant en dehors du champ. Malheureusement, quand le navire redevint visible, de nombreux membres de l'équipage étaient devenus fous. Il semble que les médecins qui les examinèrent par la suite utilisèrent du Pentothal (sérum de vérité — NdT) pour essayer de fouiller dans leurs subconscients afin de découvrir exactement ce qui s'était passé.

De notre perspective, et en rapport avec la quatrième dimension, il semble que le vaisseau invisible réapparut une fois à plusieurs centaines de milles (km) de distance, dans la Baie de Chesapeake. Il est regrettable que les gens de la région ne puissent pas se rendre dans des bibliothèques publiques pour consulter les dossiers des journaux locaux, ou mettre la main sur certains comptes rendus compilés par Riley Crabb dans son livre ‘M. K. Jessup and the Allende Letters’. Un livre intitulé ‘The Strange Case of Dr. Jessup’ a apparemment été publié aux États-Unis par Gray Barker.

Ceci est une discussion très sérieuse, ce n'est pas un canular ou encore des propos rapportés. Le Gouvernement des États-Unis a fait tout ce qu'il a pu pour réduire au silence quiconque essaierait de divulguer les faits, et il y a eu des rapports de gens qui sont morts dans des conditions mystérieuses après avoir été en possession de certaines informations sur ce sujet.

Le Gouvernement des États-Unis semble aussi être parvenu à s'assurer la discrétion de la Presse, chose qui lui mériterait certainement le Prix Nobel et quelques Oscars en plus pour faire bonne mesure. Mais cela indique vraiment qu'il y a beaucoup dans cette affaire de navire invisible.

Il y a eu un rapport publié par inadvertance qui dit que le navire invisible s'est matérialisé dans un port, que des marins confus débarquèrent en titubant et s'effondrèrent pratiquement dans un bar. Ils ont été vus par peut-être trente ou quarante personnes, et en plein milieu d'une phrase en commandant à boire ils disparurent, s'évanouirent positivement dans l'atmosphère. Nous conseillons à ceux que la question intéresse de lire les livres dont nous avons parlé plus haut et, s'ils en ont la possibilité, de consulter les journaux des années 1944 et 1956. Ils y trouveront des allusions aux faits et, dans deux cas, de véritables rapports.

Il est clair que si l'on pouvait subitement introduire un navire ou une arme spéciale dans la quatrième dimension, puis les ramener dans la troisième dimension en un point désigné, les Chinois pourraient être rayés de la carte du monde et les Russes sérieusement ébranlés sur leur base ! On a fait maintes plaisanteries sur le Rayon Laser, mais cette petite lumière couleur de rubis a donné des preuves de son efficacité, au-delà même de ce qu'on attendait d'elle. Par conséquent — si la recherche se poursuivait avec toutes les garanties de sécurité nécessaires, on découvrirait que des documents solidement enfermés dans la chambre forte d'une banque pourraient être retirés par voie de la quatrième dimension puisque, ainsi que nous l'avons vu précédemment, entre le monde tridimensionnel qui est le nôtre et le monde à quatre dimensions, il peut y avoir une ouverture par laquelle entrer.

Pour en revenir au navire invisible, on pense que si les hommes d'équipage avaient été préparés pour savoir à quoi s'attendre ils n'auraient pas perdu la raison, parce que l'horrible choc de se retrouver dans un continuum de temps différent est suffisant pour déséquilibrer l'esprit de n'importe qui à moins d'avoir été préconditionné.

Il y a très longtemps, à l'époque de Platon, on discutait à propos de la quatrième dimension, mais même en ce temps-là les savants n'étaient pas capables de percevoir ce qui était métaphoriquement perché sur le bout de leur nez. Platon eut un dialogue qui semble bien s'appliquer à cette discussion à propos de la quatrième dimension et donc, afin d'être en mesure d'obéir au Commandement : ‘Homme connais-toi toi-même !’, il nous est essentiel de comprendre la relation entre les différentes dimensions : la première, la seconde, la troisième, et la quatrième.

Terminons donc ce chapitre avec le Dialogue de Platon le philosophe, en citant comment il essaya de faire comprendre aux gens ce qui était si évident pour lui :

(Le Dialogue de Platon)

(Dialogue de Socrate et son disciple, Glaucon, rapporté dans l'un des ouvrages de Platon : ‘la République’ — NdT)

 

— Maintenant, repris-je, pour avoir une idée de la conduite de l'homme par rapport à la science et à l'ignorance, figure-toi la situation que je vais te décrire. Imagine un antre souterrain, très ouvert dans toute sa profondeur du côté de la lumière du jour ; et dans cet antre des hommes retenus, depuis leur enfance, par des chaînes qui leur assujettissent tellement les jambes et le cou, qu'ils ne peuvent ni changer de place ni tourner la tête, et ne voient que ce qu'ils ont en face. La lumière leur vient d'un feu allumé à une certaine distance en haut derrière eux. Entre ce feu et les captifs s'élève un chemin, le long duquel imagine un petit mur semblable à ces cloisons que les charlatans mettent entre eux et les spectateurs, et au-dessus desquelles apparaissent les merveilles qu'ils montrent.

— Je vois cela.

— Figure-toi encore que le long de ce mur passent des hommes portant des objets de toute sorte qui paraissent ainsi au-dessus du mur, des figures d'hommes et d'animaux en bois ou en pierre, et de mille formes différentes ; et naturellement parmi ceux qui passent, les uns se parlent entre eux, d'autres ne disent rien.

— Voilà un étrange tableau et d'étranges prisonniers.

— Voilà pourtant ce que nous sommes. Et d'abord, crois-tu que dans cette situation ils verront autre chose d'eux-mêmes et de ceux qui sont à leurs côtés, que les ombres qui vont se retracer, à la lueur du feu, sur le côté de la caverne exposé à leurs regards ?

— Non, puisqu'ils sont forcés de rester toute leur vie la tête immobile.

— Et les objets qui passent derrière eux, de même aussi n'en verront-ils pas seulement l'ombre ?

— Sans contredit.

— Or, s'ils pouvaient converser ensemble, ne crois-tu pas qu'ils s'aviseraient de désigner comme les choses mêmes les ombres qu'ils voient passer ?

— Nécessairement.

— Et, si la prison avait un écho, toutes les fois qu'un des passants viendrait à parler, ne s'imagineraient-ils pas entendre parler l'ombre même qui passe sous leurs yeux ?

— Oui.

— Enfin, ces captifs n'attribueront absolument de réalité qu'aux ombres.

— Cela est inévitable.

— Supposons maintenant qu'on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur erreur : vois ce qui résulterait naturellement de la situation nouvelle où nous allons les placer. Qu'on détache un de ces captifs ; qu'on le force sur-le-champ à se lever, à tourner la tête, à marcher et à regarder du côté de la lumière : il ne pourra faire tout cela sans souffrir, et l'éblouissement l'empêchera de discerner les objets dont il voyait auparavant les ombres. Je te demande ce qu'il pourra dire si quelqu'un vient lui déclarer que jusqu'alors il n'a vu que des fantômes, qu'à présent, plus près de la réalité et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ; si enfin, lui montrant chaque objet à mesure qu'il passe on l'oblige, à force de questions, à dire ce que c'est ; ne penses-tu pas qu'il sera fort embarrassé, et que ce qu'il voyait auparavant lui paraîtra plus vrai que ce qu'on lui montre ?

— Sans doute.

— Et si on le contraint à regarder le feu, sa vue n'en sera-t-elle pas blessée ? N'en détournera-t-il pas ses regards pour les porter sur ces ombres qu'il considère sans effort ? Ne jugera-t-il pas que ces ombres sont réellement plus visibles que les objets qu'on lui montre ?

— Assurément.

— Si maintenant on l'arrache de sa caverne malgré lui, et qu'on le traîne, par le sentier rude et escarpé, jusqu'à la clarté du soleil, cette violence n'excitera-t-elle pas ses plaintes et sa colère ? Et lorsqu'il sera parvenu au grand jour, accablé de sa splendeur, pourra-t-il distinguer aucun des objets que nous appelons des êtres réels ?

— Il ne le pourra pas d'abord.

— Ce n'est que peu à peu que ses yeux pourront s'accoutumer à cette région supérieure. Ce qu'il discernera plus facilement, ce sera d'abord les ombres, puis les images des hommes et des autres objets qui se peignent sur la surface des eaux, ensuite les objets eux-mêmes. De là il portera ses regards vers le ciel, dont il soutiendra plus facilement la vue quand il contemplera pendant la nuit la lune et les étoiles, qu'il ne pourrait le faire pendant que le soleil éclaire l'horizon.

— Je le crois.

— À la fin il pourra, je pense, non seulement voir le soleil dans les eaux et partout où son image se réfléchit, mais le contempler lui-même à sa véritable place.

— Certainement.

— Après cela, se mettant à raisonner, il en viendra à conclure que c'est le soleil qui fait les saisons et les années, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui est en quelque sorte le principe de tout ce que nos gens voyaient là-bas dans la caverne.

— Il est évident que c'est par tous ces degrés qu'il arrivera à cette conclusion.

— Se rappelant alors sa première demeure et ce qu'on y appelait sagesse, et ses compagnons de captivité, ne se trouvera-t-il pas heureux de son changement et ne plaindra-t-il pas les autres ?

— Tout-à-fait.

— Et s'il y avait là-bas des honneurs, des éloges, des récompenses publiques établies entre eux pour celui qui observe le mieux les ombres à leur passage, qui se rappelle le mieux dans quel ordre elles ont coutume de précéder, de suivre ou de paraître ensemble, et qui par là est le plus habile à deviner leur apparition ; penses-tu que l'homme dont nous parlons fût encore bien jaloux de ces distinctions, et qu'il portât envie à ceux qui sont les plus honorés et les plus puissants dans ce souterrain ? Ou bien ne sera-t-il pas comme le héros d'Homère, et ne préfèrera-t-il pas mille fois n'être qu'un valet de charrue au service d'un pauvre laboureur et souffrir tout au monde, plutôt que de revenir à sa première illusion et de vivre comme il vivait ?

— Je ne doute pas qu'il ne soit disposé à tout souffrir plutôt que de vivre de la sorte.

— Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et qu'il aille s'asseoir à son ancienne place ; dans ce passage subit du grand jour à l'obscurité, ses yeux ne seront-ils pas comme aveuglés ?

— Oui vraiment.

— Et si tandis que sa vue est encore confuse, et avant que ses yeux se soient remis et accoutumés à l'obscurité, ce qui demande un temps assez long, il lui faut donner son avis sur ces ombres et entrer en dispute à ce sujet avec ses compagnons qui n'ont pas quitté leurs chaînes, ne prêtera-t-il pas à rire à ses dépens ? Ne diront-ils pas que pour être monté là-haut, il a perdu la vue ; que ce n'est pas la peine d'essayer de sortir du lieu où ils sont, et que si quelqu'un s'avise de vouloir les en tirer et les conduire en haut, il faut le saisir et le tuer, s'il est possible.

— Cela est fort probable.

— Voilà précisément, cher Glaucon, l'image de notre condition. L'antre souterrain, c'est ce monde visible : le feu qui l'éclaire, c'est la lumière du soleil : ce captif qui monte à la région supérieure et la contemple, c'est l'âme qui s'élève dans l'espace intelligible. Voilà du moins quelle est ma pensée, puisque tu veux la savoir : Dieu sait si elle est vraie. Quant à moi, la chose me paraît telle que je vais dire. Aux dernières limites du monde intellectuel, est l'idée du bien qu'on aperçoit avec peine, mais qu'on ne peut apercevoir sans conclure qu'elle est la cause de tout ce qu'il y a de beau et de bon ; que dans le monde visible, elle produit la lumière et l'astre de qui elle vient directement ; que dans le monde invisible, c'est elle qui produit directement la vérité et l'intelligence ; qu'il faut enfin avoir les yeux sur cette idée pour se conduire avec sagesse dans la vie privée ou publique.

 

Chapitre Cinq :
Peindre avec des mots

Les vieilles pierres grises irradiaient une lueur de neige sous la lune d'automne. Elles projetaient des ombres sur le sable bien ratissé de l'allée. La demeure était ancienne. Très ancienne. Elle avait cette douce patine des choses tendrement aimées. Des armoiries, sur un mur, captaient fièrement les rayons de lune et les renvoyaient en demi-teintes fanées. Les fenêtres à meneaux étaient tout illuminées. La joie régnait au manoir, car on y célébrait des fiançailles.

Une bouffée de musique et de lumière dorée. Une porte-fenêtre venait de s'ouvrir sur la terrasse, laissant passer un jeune homme et une jeune fille. La main dans la main, ils avancèrent tous deux vers la balustrade et regardèrent le parc sous la lune.

L'homme avait passé son bras autour de la taille de la femme. Du même pas, ils descendirent sur la pelouse.

Il était grand, vêtu d'un uniforme dont les boutons et les écussons brillaient dans la nuit. Elle avait des cheveux sombres et ce teint d'ivoire qu'ont parfois les brunes. Sa robe du soir était un peu couleur de lune.

Lentement, ils traversèrent la pelouse pour rejoindre un sentier bordé d'arbres. Ils s'arrêtaient de temps à autre pour se regarder. Ils parvinrent bientôt à un petit pont de bois jeté sur un calme ruisseau. Un moment ils s'accoudèrent au parapet, se disant des choses à l'oreille et contemplant leur double reflet dans l'eau paisible. Posant sa tête sur l'épaule de l'homme, la jeune fille désigna la branche d'un grand chêne. Un hibou y était perché, qui les regardait fixement. Malheureux d'être observé, l'oiseau étendit ses ailes et prit son vol. Les jeunes gens se redressèrent et reprirent leur promenade, longeant des bosquets bien taillés et des parterres de fleurs endormies. De légers bruissements, des crissements faibles indiquaient que les petites créatures de la nuit allaient à leurs affaires.

Le sentier tournait, s'élargissait. Il déboucha sur une plage de sable fin. La lune jetait un large ruban scintillant sur la mer à peine remuée. On eût dit que des milliers de pierres précieuses dansaient sur l'eau. Au large un gigantesque paquebot tout blanc se frayait majestueusement une route. Ses ponts ruisselaient de lumière. On entendait au loin les airs étouffés d'un orchestre de danse. À bâbord brillait un feu rouge ; des projecteurs éclairaient les armes de la compagnie peintes sur les cheminées. Une écume phosphorescente naissait du choc de l'étrave sur l'eau et les vagues formées par son sillage venaient mourir sur la grève. Les deux jeunes gens enlacés contemplaient cette allure royale. Bientôt le paquebot disparut à l'horizon, et les flonflons de l'orchestre s'éteignirent.

Sous l'ombre de velours pourpre que faisait un grand pin parasol, ils se disaient ce que se disent les amoureux ; faisaient des projets d'avenir. Aucun nuage ne passait sur la lune, l'air était tiède, plein de parfums. Doucement, les petites vagues caressaient les cailloux et jouaient avec les grains de sable. Sous la lune d'automne, la nuit était faite pour les amoureux. Pour les poètes aussi, car les poèmes ne sont-ils pas l'essence des rêves et de la vie ?

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Les sables du désert chauffaient à blanc sous l'implacable soleil du midi. Le Nil même, le Père Nil, coulant entre des rives de terre cuite, semblait plus paresseux que de coutume. Une buée de chaleur s'élevait de son sein. De pauvres fellahs, condamnés à travailler aux champs sous le ciel torride, se mouvaient avec une lenteur léthargique, trop las pour maudire cette étouffante journée. Un ibis fatigué se tenait auprès d'une touffe de roseaux desséchés. Les Tombeaux des Très Grands, tout neufs, se dressaient et le soleil durcissait le mortier qui soudait leurs immenses blocs de pierre.

Dans la fraîcheur relative de la Salle d'Embaumement, creusée profondément sous les sables, un vieillard parcheminé et son assistant à peine plus jeune que lui, remplissaient d'herbes aromatiques le cadavre d'un homme mort depuis des mois.

"Il paraît que le Pharaon prend des mesures très sévères contre les Prêtres", dit le vieillard.

"Oui, dit l'autre avec un air de sombre satisfaction. J'ai vu les Gardes envahir des temples. Ils ont arrêté quelques Prêtres, en ont menacé d'autres et ont emporté des ballots de papyrus. Et ils avaient l'air très déterminés !"

"On ne sait plus comment on vit, répondit l'Ancien. Il n'en était pas ainsi dans ma jeunesse. Le monde court à sa RUINE !" En soupirant, il ramassa son crochet d'embaumeur et enfonça sa mixture végétale dans un des orifices naturels du cadavre indifférent.

"Par Ordre du Pharaon ! cria le Capitaine des Gardes en pénétrant majestueusement, entouré de ses hommes, dans les appartements du Grand Prêtre. Vous êtes accusé de donner asile à des mécontents qui complotent contre Lui et de jeter des sorts contre Sa personne !" Et, se tournant vers ses hommes : "Fouillez ces lieux — et emportez tous les papyrus !"

Le Grand Prêtre soupira et remarqua tranquillement : "De tout temps, ceux qui aspiraient aux plus hautes connaissances ont été persécutés par des ignorants qui avaient peur de la Vérité et pensaient que personne ne pouvait en savoir plus long qu'eux. Ainsi, en détruisant nos écrits de sagesse, vous éteignez la flamme de la connaissance."

La journée avait été pénible, avec tous ces soldats en alerte, ces Gardes qui emmenaient les suspects — dont la plupart avaient été dénoncés par un voisin. Des charrettes tirées par des esclaves roulaient par les rues, chargées de papyrus confisqués. Mais le jour touchait à sa fin, comme il l'a toujours fait et le fera toujours, quelque interminable qu'il paraisse aux yeux des victimes de l'oppression.

Une fraîche brise se levait et faisait bruire les roseaux d'un bruit sec. De petites vagues venaient frapper les rives du Nil. Tout le long du fleuve, des passeurs souriaient de plaisir en voyant leurs voiles se gonfler de vent et les précipiter sur le chemin du retour. Libérés de la chaleur insupportable, des bestioles sortaient de leurs cachettes et se mettaient à chercher leurs proies. Les hommes, eux aussi, cherchaient leur proie !

La voûte sombre du ciel était parsemée d'étoiles. Cette nuit, la lune se lèverait tard. De faibles lueurs venaient des huttes de boue séchée. Des lumières un peu plus éclatantes indiquaient les demeures des riches. L'air était plein de terreur. Nul ne se hasardait dans les rues. Les amoureux ne se promenaient pas, mains enlacées, le long du fleuve. Car les hommes du Pharaon étaient partis pour une chasse à l'homme ; une chasse aux prêtres, aux savants, à tous ceux capables de lire dans les présages et dans le ciel l'annonce de la mort prochaine du souverain. La MORT attendait ceux qui étaient dehors cette nuit, la MORT sur les piques des gardes rôdeurs.

Cependant, dans les quartiers obscurs de la ville, des formes silencieuses se dissimulaient, passant d'un coin d'ombre à l'autre, tandis que les soldats du Pharaon martelaient lourdement les rues sans les voir. On comprenait peu à peu qu'il y avait un plan dans la façon dont se déplaçaient les hommes de l'ombre et qu'ils se rendaient tous vers la même destination mystérieuse. Les uns après les autres, ils s'engouffraient dans une porte quasiment invisible derrière laquelle on les retenait jusqu'à ce que leur identité fût établie. Lorsque le dernier fut entré, on mura la porte avec de lourds madriers.

Une voix chevrotante s'éleva : "Suivez-moi. Que chacun pose une main sur l'épaule de celui qui le précède. Suivez-moi et — SANS BRUIT ! car la Mort nous traque, cette nuit."

Une trappe s'ouvrit. Ils descendirent, à la file, une pente interminable qui s'ouvrait sur une vaste salle mortuaire dont l'air raréfié sentait le cadavre.

"Ici, nous serons à l'abri, reprit la voix cassée, et que personne n'élève la voix, de peur que les valets de Set n'apprennent que nous sommes réunis."

On fit le cercle autour du vieux Chef. Ce dernier fit, du regard, le tour de l'assemblée, puis il parla :

"Nous avons vu aujourd'hui, ce qui nous est le plus précieux, déchiré et brûlé. Nous avons été témoins des brutalités de sauvages menés par un tyran fou de pouvoir. Ils ont persécuté nos savants et détruit ce que les sages avaient accumulé de connaissances depuis des siècles. Nous sommes ici, aujourd'hui, pour nous consulter sur la façon dont il nous est possible de sauver notre héritage de savoir, tel qu'il a été recueilli et inscrit sur nos papyrus. Beaucoup, déjà, a été perdu, mais beaucoup a pu être sauvé. Certains d'entre nous — au risque de subir la torture, ont substitué des papyrus sans valeur et sauvegardé les bons. Nous les avons conservés... EN SÉCURITÉ. Maintenant, quelqu'un aurait-il une suggestion que nous pourrions considérer ?"

Pendant un certain temps la conversation s'engagea sur un ton assourdi tandis que d'un homme à l'autre on discutait la faisabilité de Ceci ou de Cela. Enfin, un jeune prêtre du Temple de la Haute Égypte se leva et, sur un ton différent, parla :

"Vénérables Messieurs, je sollicite votre indulgence pour mon audace à m'adresser à vous ainsi." Les têtes s'inclinèrent en signe d'encouragement, aussi il poursuivit : "La nuit dernière, étant de garde dans le Temple, j'eus un rêve. Je vis le Dieu Bubastes descendre devant moi pour me donner des instructions indiscutables. Je devais déclarer que le Savoir Antique pourrait être dissimulé par les Scribes Érudits en condensant la sagesse des âges, et puis en dissimulant cette sagesse dans les lignes de poèmes soigneusement composés. Ceci, dit le Dieu Bubastes, serait au-delà de la compréhension de l'ignorant, mais évident à l'Illuminati. Ainsi, la postérité ne serait privée ni de notre savoir, ni du savoir des générations qui nous ont précédés." Cela dit, il se rassit nerveusement. Le silence tomba pendant un bon moment tandis que les Aînés discutaient entre eux.

Enfin, l'Ancien prit une décision : "Qu'il en soit ainsi", dit-il. Nous dissimulerons notre savoir dans des poèmes. Nous allons également préparer des images spéciales du Livre du Tarot. Nous ferons en sorte que les images puissent être un jeu de cartes, et avec le temps la Lumière de la Connaissance brillera encore une fois, reconstituée et renouvelée."

Ainsi il en fut fait comme il avait été décrété et, dans les années qui suivirent, des hommes de grand dessein et intrépides de caractère s'efforcèrent de préserver sous forme de vers et d'images tout ce qui était digne d'être transmis aux hommes. Et les dieux sourirent et furent satisfaits.

 

*     *     *     *     *     *     *

 

À travers les âges, les hommes, et parfois les femmes, se sont servis de mots arrangés sous une forme spéciale pour, à la fois, cacher et révéler. Les vers peuvent être utilisés pour enchanter le lecteur ou mystifier l'intrus.

En adoptant tel rythme, tel mètre, telle rime, etc., on peut transmettre au subconscient des messages qui finissent par faire partie de l'entité psychique de quelqu'un.

Quand on examine un poème, il faut tenter de voir si le poète a voulu simplement jouer avec des mots ou s'il a voulu faire passer un message. Souvent un message qui serait tout à fait inacceptable dans une prose ordinaire et brutale peut être ainsi enveloppé pour que seul l'initié en comprenne le sens. Bien des ‘prophètes’ ont écrit leurs messages et prédictions en vers, non pas — comme le disent les sceptiques — parce qu'ils avaient peur de les mettre en langage simple, mais pour que ceux initiés en de telles choses puissent lire le sens plus profond derrière la poésie. Fréquemment, un auteur ignorant (et oh ! comme ils sont nombreux !) tentera de se moquer des poèmes de prédictions célèbres. Bien sûr, les gens qui ne peuvent écrire quoi que ce soit eux-mêmes peuvent toujours trouver un marché en faisant appel aux plus bas instincts de l'humanité et donc, comme ceci est l'Âge de Kali, tout le monde essaie de réduire tout le monde à un dénominateur commun. On affiche le mépris le plus complet à l'égard de ce précepte élémentaire selon lequel les hommes ne sont pas tous égaux ; peu importe qu'ils soient égaux aux yeux de Dieu, tous les hommes ne sont pas égaux sur la Terre, et il existe de nos jours une forme très répandue de snobisme inversé qui fera dire à un homme : "Oh, je le vaux bien !" Maintenant nous voyons de grands leaders comme Sir Winston Churchill, Roosevelt, et d'autres, qui ont leurs noms et leurs réputations traînés dans la boue par des minables qui n'ont eux-mêmes aucune capacité et obtiennent ainsi un plaisir diabolique en essayant de nuire à ceux qui ont des capacités.

Et si nous examinions un poème et tentions ensuite de voir quelle est sa signification profonde ? Voici, donc, un poème tibétain extrêmement célèbre dont la lecture n'est pas que plaisante, mais auquel est attachée une signification particulière. Il s'intitule : ‘Je n'ai pas Peur’.

 


 

JE N'AI PAS PEUR

 

Par peur de la mort, j'ai bâti une maison

Et ma maison était une maison dépourvue de vérité.

Maintenant je ne crains plus la mort.

Par peur du froid, j'ai acheté un manteau

Et mon manteau est le manteau de la chaleur intérieure.

Maintenant je ne crains plus le froid.

Par peur de la misère, j'ai cherché la richesse

Et ma richesse est glorieuse, sans fin, septuple.

Maintenant je ne crains plus la misère.

Par peur de la faim, j'ai cherché un aliment

Et mon aliment est l'aliment de la méditation sur la vérité.

Maintenant je ne crains plus la faim.

Par peur de la soif, j'ai cherché une boisson

Et ma boisson est le nectar de la vraie connaissance.

Maintenant je ne crains plus la soif.

Par peur de l'ennui, j'ai cherché un compagnon

Et mon compagnon est le vide éternel de la béatitude.

Maintenant je ne crains plus l'ennui.

Par peur de l'erreur, j'ai cherché un Chemin

Et mon Chemin est le Chemin de l'union transcendante.

Maintenant je ne crains plus l'erreur.

Je suis un Sage qui possède en plénitude

Les multiples trésors du désir, et partout où je demeure, je suis heureux.

 

Nous reviendrons bientôt sur le sens ésotérique de ce poème, mais citons d'abord un autre poème. C'est également un poème tibétain qui a, lui aussi, une signification vraiment très spéciale. Voici le second poème : ‘Contente-toi’ :

 

CONTENTE-TOI

 

Mon fils, pour monastère, contente-toi du corps

Car la substance corporelle est le palais de la divinité.

Pour professeur, contente-toi de l'esprit,

Car la connaissance de la vérité est le début de la sainteté.

Pour livre, contente-toi des choses extérieures

Car leur nombre est un symbole du chemin de la délivrance.

Pour nourriture, contente-toi de te nourrir d'extase

Car la tranquillité est le portrait parfait de la divinité.

Pour vêtement, contente-toi de porter la chaleur intérieure

Car les Déesses voyageuses-du-ciel se vêtent de la chaleur de la félicité.

Compagnons, contentez-vous d'abandonner

Car la solitude est présidente de la divine assemblée.

Contente-toi de fuir les ennemis furieux

Car l'hostilité est un voyageur sur le mauvais sentier.

Avec les démons, contente-toi de méditer sur le vide

Car les apparitions magiques sont des créations de l'esprit.

 

Citons encore un autre poème, un poème tibétain qui a été composé par le Sixième Dalaï-Lama, un homme vraiment très érudit. C'était un écrivain et un artiste, un homme incompris par beaucoup, mais quelqu'un qui a assurément laissé sa marque sur la culture Orientale. Il n'existe plus guère d'hommes de cette qualité, de nos jours. Voici une traduction en anglais (que nous présentons ici en français — NdT) ; j'ai bien peur de ne pas en connaître l'auteur, mais peu importe qui il était, la traduction ne peut en aucune manière rendre justice à l'original en tibétain. L'un des grands chagrins des auteurs est que les traductions en d'autres langues suivent rarement la même tendance de pensée que celle que l'auteur a tenté de transmettre dans la langue originale. Mais voici cette traduction par un inconnu de ‘My Love’ :

 

MON AMOUR

 

Cher amour vers qui va mon cœur

Si nous pouvions seulement être mariés

Alors aurais-je acquis le plus exquis joyau

Venu du plus profond de l'océan.

J'eus la chance de croiser mon bel amour

Sur la route un beau jour,

Une turquoise du bleu le plus clair trouvée,

Trouvée, pour être jetée.

Tout en haut sur le pêcher hors de portée

Le fruit mûr est là.

De même, la jeune fille de noble naissance

Si pleine de vie et si belle.

Mon cœur est au loin, les nuits passent

Dans l'insomnie et la lutte

Même le jour n'apporte pas le désir de mon cœur

Car sans vie est ma vie.

Je vis à l'écart au Potala, un Dieu sur Terre que je suis,

Mais dans la ville le chef de voyous et bruyantes festivités,

Ce n'est pas loin que je peux errer,

Prête-moi tes ailes blanche grue.

Je n'irai pas plus loin que Li Thang et m'en retournerai.

 

Examinons maintenant le poème ‘Je n'ai pas peur’. Il est l'œuvre du grand Milarepa, qui l'a écrit pour transmettre certaines choses aux initiés. Voici une petite idée sur les significations cachées :

 

Par peur de la mort, j'ai bâti une maison

Et ma maison était une maison dépourvue de vérité.

Maintenant je ne crains plus la mort.

 

Le sens de ceci a été diversement traduit et mal traduit. En fait, selon les croyances ésotériques, cela peut être interprété comme signifiant que même sur d'autres plans d'existence on ne peut rester immobile sur une corde raide. On va de l'avant ou on tombe, on progresse ou on glisse en arrière. Il faut constamment garder à l'esprit que, bien que nous soyons sur la Terre, après notre mort nous renaissons dans un autre stade d'existence. Lorsque nous avons achevé ce que nous pourrions nommer l'Étape Terrestre de l'existence, nous allons vers une autre Ronde avec des capacités différentes, des normes différentes. Par exemple, dans ce cycle particulier de vies, nous disposons d'un certain nombre de sens. Au stade suivant, nous aurons plus de sens, plus de capacités, et ainsi de suite. Mais nous progressons, nous n'allons jamais en arrière à moins que ce ne soit par notre propre manque d'énergie.

Ainsi, par peur de la mort sur le plan astral, j'ai bâti un corps, et mon corps était vide de vérité. Avec la vérité je ne crains plus la mort. En d'autres termes, nous savons que, lorsque nous mourons à une vie nous continuons dans la suivante. Il n'existe rien de tel que la mort permanente ; la mort est renaissance. Je tiens à vous dire ceci avec une sincérité absolue : grâce à un entraînement très spécial, j'ai pu visiter d'autres plans d'existence normalement inaccessibles à quelqu'un vivant sur ce plan-ci. Des précautions particulières doivent être prises par ceux qui vous guident, bien entendu, car les vibrations d'un être — et nous ne sommes que vibrations — ne sauraient, sans une aide, atteindre à l'accélération qui est nécessaire pour parvenir à ces plans plus élevés. L'expérience fut très pénible, c'était comme une lumière aveuglante, c'était comme passer à travers des flammes plus qu'ardentes, mais j'étais à l'abri, protégé.

J'ai constaté que sur un plan plus élevé j'étais à peu près comme une limace comparée à une haute intelligence humaine. Les plus grands savants de ce monde n'échappent pas à cette comparaison. Nous devons progresser continuellement et, au terme de toute vie, il y a ce qu'on appelle la mort, qui nous permet de monter encore plus haut. Pensez à une chenille ; une chenille est une créature qui rampe. Un jour, elle meurt. En apparence. En fait elle est devenue papillon et évolue dans un élément différent. Et le papillon vole tandis que la chenille se traîne sur le sol.

 

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Prenons l'exemple classique d'une libellule. Sortant d'une mare stagnante rampe péniblement un modeste ver, une larve. Elle monte lentement sur quelque tige de jonc ou une branche saillante. Elle grimpe et s'agrippe avec acharnement, avec ténacité. Puis, plus aucun mouvement ; la créature meurt, elle semble se décomposer. Un jour, de cette coque vide sort un bruit léger d'éclatement, la coque s'ouvre. Il en sort une libellule, flasque, débraillée. Elle étend ses ailes qui, bientôt, deviennent fermes et irisées. Alors, avec la lumière du soleil sur elle, la libellule s'élève dans l'air et s'élance au loin.

Maintenant, n'en est-il pas exactement ainsi avec l'humanité ? Le corps humain, quelque chose comme un ver vous en conviendrez, meurt ; de la dépouille émerge quelque chose qui s'élance plus haut, vers une nouvelle vie. Ce qui me plaît tant chez les libellules, c'est qu'elles sont une promesse de vie éternelle, elles sont une promesse qu'il existe quelque chose de plus que cette misérable enveloppe charnelle. Mais pour ma part je n'ai pas besoin de promesses, puisque j'ai fait l'expérience de la réalité.

Revenons-en toutefois à notre poème ‘Je n'ai pas peur’ :

 

Par peur de la faim, j'ai cherché un aliment

Et mon aliment est l'aliment de la méditation sur la vérité.

Maintenant je ne crains plus la faim.

 

Il s'agit, naturellement, de faim spirituelle, non pas physique. Si une personne est dans le doute elle ne sait tout simplement pas quoi faire, où aller pour obtenir le savoir. Une personne dans le doute est une personne frustrée, une personne malheureuse. ‘Par peur de la faim spirituelle j'ai cherché la connaissance, et j'ai médité sur la vérité, et connaissant maintenant la vérité je ne crains plus la faim.’ Je vous dis que même dans ces humbles petits chapitres vous pouvez apprendre beaucoup, vous pouvez avoir des graines de savoir plantées en vous. Une graine est une petite chose, mais d'une petite graine peut croître un arbre imposant. J'essaie de planter une graine, j'essaie d'allumer une chandelle dans l'obscurité.

Il y a des siècles, l'humanité tout entière possédait de telles connaissances, mais certains éléments de l'humanité abusèrent du savoir et vinrent alors les Années Noires quand les chandelles de l'apprentissage partout dans le monde furent éteintes, quand l'Homme brûla les livres de la connaissance et s'enfonça pendant un temps dans des abîmes d'ignorance, quand l'Homme était plein de superstitions. Mais nous arrivons maintenant à une ère nouvelle, à une nouvelle étape où l'Homme sera doté de pouvoirs additionnels. Il se peut que je me rende impopulaire en disant, presque dans un murmure, que les conséquences de la bombe atomique ne sont peut-être pas quelque chose de totalement aussi néfaste que ce qu'il y paraît. Quittons pour un moment le domaine de la poésie pour revenir à la réalité.

L'humanité, au cours des siècles, est allée en se détériorant. Si nous voulons obtenir du bétail de valeur, ou des animaux de valeur, nous ne les laissons pas s'accoupler au hasard et reproduire des lignées défavorables. Les animaux sont soigneusement choisis et accouplés pour la qualité, souvent en vue de développer telle qualité particulière. Si nous prenons les arbres, des arbres fruitiers, nous pouvons entretenir ces arbres avec soin et les greffer pour obtenir un fruit plus gros et meilleur, ou un fruit ayant une saveur particulière. Mais négligeons ces animaux, laissons-les retourner à l'état sauvage, abandonnons nos vergers et laissons nos arbres fruitiers revenir à l'état naturel, alors tout ce que nous avions précédemment obtenu à force de soins ira en régressant et nous aurons des fruits de qualité inférieure, des animaux de qualité inférieure. Songez, par exemple, à une très belle pomme qui peut redevenir une pomme sauvage. Les humains sont semblables à des pommes sauvages ; ils se reproduisent sans discernement et ce sont ceux qui possèdent les traits les moins désirables qui font généralement le plus d'enfants, alors que les gens qui ont des connaissances ou des caractères qui pourraient en fait augmenter la qualité de la race humaine n'ont pas d'enfants du tout. Souvent à cause de taxes excessives, ou d'impôts excessifs.

Il est fort possible que notre Vieille Dame Nature, qui doit connaître une chose ou deux après toutes ces années, ait dans l'idée une façon différente d'accroître la valeur de la race humaine. Réfléchissez à ceci : il est possible que notre Vieille Dame Nature ait fait en sorte que quelques étranges radiations s'échappent pour produire des mutations. Les mutations ne sont pas toutes mauvaises, vous savez. Nous avons, par exemple, un microbe, une famille de microbes. Ils sont traités par la pénicilline, beaucoup sont détruits, mais d'autres se transforment, ils s'immunisent contre la pénicilline. Plus tard, ils deviennent non seulement immunisés, mais ils prospèrent dans le milieu de la pénicilline. Comment savons-nous s'il n'en va pas de même des humains ? Toujours il nous faut monter plus haut, toujours il nous faut progresser, et je crois fermement, d'accord en cela avec la pensée Orientale, que chacun doit connaître ces choses avant de pouvoir passer à des stades supérieurs d'évolution.

 

Par peur de l'erreur, j'ai cherché un Chemin

Et mon Chemin est le Chemin de l'union transcendante.

Maintenant je ne crains plus l'erreur.

 

Autrement dit — je ne savais quelle direction prendre, je ne savais pas où se trouvait mon Chemin, j'ai donc cherché la connaissance des Mondes Supérieurs. J'ai obtenu cette connaissance et maintenant je n'ai plus peur de faire de ma vie une erreur.

 

Je suis un Sage qui possède en plénitude

Les multiples trésors du désir,

et partout où je demeure, je suis heureux.

 

De nouveau, je suis sage d'avoir obtenu d'autres sources la connaissance de ce qui sera, sachant ce que l'on est tenu de savoir. Par conséquent, sachant que la vie sur Terre n'est, dans l'infinité de la vie spirituelle de l'Homme, qu'un battement de paupières, je peux être content où que je demeure. Ainsi, je n'ai plus peur.

Milarepa était un grand sage. Il s'était retiré dans une caverne de montagne. Les gens venaient le consulter et étudier avec lui. Permettez-moi de préciser que ceux qui venaient étudier avec lui subvenaient aux besoins de son corps, balayaient sa caverne, raccommodaient ses vêtements, préparaient ses repas et transmettaient ses messages. Tant d'Occidentaux pensent : "Dispenser le savoir doit être une activité gratuite. Il n'est pas bien de faire payer ce que l'on enseigne." Mais, bien sûr, c'est là pure ignorance, sotte, crasse ignorance. Ceux qui parlent ainsi sont des gens de peu de connaissances et n'avoir que peu de connaissances est chose réellement dangereuse. Tout ce qui vaut la peine d'avoir, vaut la peine de travailler pour l'avoir. Milarepa enseigna que l'on doit être content, être content avec le savoir. Milarepa enseigna que le corps était comme un monastère et que les moines dans le monastère étaient les divers pouvoirs et capacités du corps et de l'esprit.

 

Car la substance corporelle est le palais de la divinité.

 

De nouveau, la substance du corps, la chair, l'argile, ou comme il vous plaira d'appeler votre corps, est la demeure du Sur-Moi, ou de l'âme, qui est ici sur cette Terre pour acquérir l'expérience des choses terrestres. Dans les plus hauts stades d'existence, on ne peut pas rencontrer ceux que l'on déteste de tout son cœur. La solution évidente est de venir sur Terre, là où on les rencontre tous, tout le temps ! Réfléchissez — si vous y pensez réellement avec un esprit ouvert, vous constaterez qu'il existe beaucoup de gens que vous n'aimez pas, et vous pouvez être certain qu'un plus grand nombre de gens encore ne vous aiment pas. Si vous êtes honnête, vous reconnaîtrez que c'est vrai. Si vous êtes au travail, vous serez sûr que quelqu'un essaiera de vous supplanter, que quelqu'un essaiera de vous refuser une promotion, que quelqu'un aura de la rancune contre vous. C'est ainsi, n'est-ce pas ?

Eh bien, le Sur-Moi doit descendre sur Terre pour obtenir ces très désagréables expériences. C'est ainsi que le corps est une machinerie plutôt résistante ; il abrite l'âme contre des chocs excessifs. On doit se satisfaire de l'esprit, parce que dans l'esprit on peut emmagasiner et trier la connaissance de la vérité, et jusqu'à ce que vous connaissiez la vérité vous ne pouvez connaître la sainteté, non pas la sainteté au sens moralisateur, mais dans son vrai sens qui est de reconnaître que le Sur-Moi est le contrôleur du corps, et que le corps n'est qu'une simple marionnette.

Milarepa poursuit :

 

Contente-toi de fuir les ennemis furieux

Car l'hostilité est un voyageur sur le mauvais sentier.

 

Cela signifie que vous ne devez concevoir ni haine ni inimitié envers quiconque, parce que si vous ressentez une forte haine à l'encontre de quelqu'un c'est que vous êtes sur la mauvaise Voie. Vous ne pouvez pas rester immobile sur une corde raide ; vous allez ou bien de l'avant ou vous revenez en arrière parce qu'en fait, vous savez, sur notre corde raide spirituelle vous ne pouvez pas tomber et être détruit. Souvent dans les religions, dans toutes les religions, on parle de damnation éternelle, d'éternel tourment. Ne le croyez pas. Surtout, ne le croyez pas ! Ces choses étaient dites par les prêtres de jadis de la même façon qu'une mère dirait à son enfant : "Si tu ne te tiens pas tranquille je vais en parler à ton père. Il te donnera une bonne fessée !"

Aux temps anciens, les gens étaient très semblables à des enfants. Ils manquaient peut-être de la puissance de raisonnement qui s'est développée à travers les âges, et devaient souvent être menacés, dans leur propre intérêt. Voyant que le petit Joe ou le petit Charlie ne veut pas prendre son petit déjeuner, vous pourriez lui dire — si vous êtes insensé — "si tu n'avales pas ce petit déjeuner dans la minute, j'appelle la police !" J'ai vu ce genre de chose se produire plusieurs fois. Eh bien, finalement le petit Joe ou le petit Charlie croit que tous les policiers sont des monstres, il croit qu'un policier est toujours prêt à l'attraper, l'emmener en prison et lui faire subir toutes sortes de choses innommables à tout jamais et un peu plus longtemps encore. Donc, dans l'ancien temps les prêtres disaient : "Ah ! les Démons vont vous attraper, les Démons vont vous piquer de leurs fourches à divers endroits innommables et vous en feront réellement voir de toutes les couleurs." N'y croyez pas ! Il y a un Dieu, quel que soit le nom que vous lui donniez, il existe un Dieu, un Dieu de bonté, et nul n'est jamais appelé à souffrir au-delà de ses limites.

Certains d'entre nous, cependant, ont des souvenirs d'un autre ordre. Certains d'entre nous, comme dans mon propre cas, ont une connaissance véritable, et non pas seulement des souvenirs ; d'autres qui n'ont ni souvenirs ni connaissance sont destinés à souffrir plus qu'ils ne devraient parce qu'ils n'apprendront pas par les leçons du passé. Nous vivons sur cette Terre, nous sommes, comme vous le savez, pour environ neuf-dixièmes subconscients et un dixième seulement de nous est conscient, ou ce sont du moins les chiffres qui courent. À voir certaines personnes sur certains autres continents, on doute que les gens soient même un dixième conscients ! Mais je voudrais dire ici quelque chose à propos d'une autre tâche accomplie par le Sur-Moi.

Le Sur-Moi, bien sûr, est conscient à 10/10ième. Il le faut, sinon le subconscient humain ne pourrait pas être éveillé dans une proportion de 9/10ième. Le Sur-Moi n'est pas limité à s'occuper d'un seul corps ; il existe différents systèmes d'utilisation des énergies du Sur-Moi, et nous allons les examiner brièvement.

Certaines personnes naissent membres d'un groupe ; par exemple, une jeune fille née sur la Terre peut être tout à fait perdue et inepte sans ses frères, ses sœurs et ses parents. Ces gens-là semblent ne vraiment fonctionner que lorsqu'ils sont tous ensemble. La mort creuse un terrible fossé alors que, lorsqu'un des membres de la famille se marie, il revient toujours à sa famille. Ces gens peuvent être des marionnettes toutes contrôlées par le même Sur-Moi.

Des jumeaux ou des quadruplés sont souvent, eux aussi, contrôlés par le même Sur-Moi. Tout se passe comme si les leaders d'autres Plans savent que ce cycle particulier d'existence touche à sa fin et qu'un autre va commencer ; ils semblent donc amener ici des gens pour travailler en groupes sous le contrôle d'un Sur-Moi pour chaque groupe, tout comme cela se passe dans les dictatures communistes, où une certaine quantité de gens sont réunis sous la direction d'un seul superviseur et tous les superviseurs sous la direction d'un superviseur plus ancien, et ainsi de suite.

On voit souvent des groupes d'oiseaux, une cinquantaine d'oiseaux peut-être, tournoyant à l'unisson comme s'ils étaient sous le commandement d'une seule personne. Eh bien, c'est en effet ce qui se passe parce que ces oiseaux sont tous contrôlés par une seule personne, exactement comme une colonie de fourmis est contrôlée par un seul Sur-Moi, ou que c'est un seul Sur-Moi qui commande à une ruche d'abeilles.

Les gens plus éclairés, plus évolués, ont un système différent, et cela va vous faire réfléchir. Alors, voyons cela lentement et brièvement, parce qu'en fait tout ce dont nous devons nous soucier est la façon dont nous nous débrouillons sur cette Terre — laissons les autres mondes de côté jusqu'à ce que nous puissions en arriver là.

Il existe beaucoup de différents mondes comme la Terre, non pas dans le même — à défaut d'un meilleur terme je ne peux qu'appeler — ‘temps’. Mais peut-être pourrions-nous faire mieux en utilisant un terme musical — les mêmes ‘harmoniques’. Prenons une note musicale, une note pure, et puis prenons les harmoniques de la note. Les harmoniques sont toutes de la même fréquence fondamentale que la note originale (cf. ‘Les harmoniques d'une note’ — NdT). De même il y a cette Terre, que nous pourrions peut-être appeler Terre D, puis il y a les Terres C, B, A et E, F, G, par exemple. Celles-ci sont des Terres semblables, des mondes semblables, et on les nomme univers parallèles ou mondes parallèles, selon votre préférence.

Un Sur-Moi qui a évolué et qui se rend compte que de ne contrôler qu'un seul petit corps terrestre demande beaucoup de temps et n'est pas suffisamment éducatif, peut avoir une marionnette sur chacun des mondes différents. Dans le monde A, par exemple, le petit Bennie est peut-être un génie, tandis que dans le monde F, le petit Freddie peut être un crétin. De cette façon le Sur-Moi peut voir les deux côtés d'une médaille à la fois, et peut acquérir de l'expérience aux deux extrémités de l'échelle.

Un Sur-Moi vraiment expérimenté pourrait avoir neuf marionnettes différentes, ce qui équivaut à vivre neuf vies différentes, et accélère pas mal l'évolution. Mais ce sujet a déjà été traité plus en détail au Chapitre Deux.

Comme nous l'avons mentionné au début de ce chapitre, la poésie, ou les vers, ou un modèle de rythme défini, est souvent utilisée pour faire pénétrer profondément un sujet dans le subconscient. Nous allons maintenant donner un exemple du genre de chose que les Égyptiens avaient l'habitude de faire. Malheureusement, cela perd beaucoup de son pouvoir en étant traduit en anglais (que nous présentons ici en français — NdT). Dans l'original égyptien, les mots se balancent rythmiquement et accomplissent le but désiré, mais pensez à ceci : si vous prenez un poème et que vous le traduisiez de l'anglais ou de l'espagnol, en allemand, disons ; tout sonnera faux, tout sera inharmonieux, et donc il n'aura pas le même effet. En fait, certains poèmes ne peuvent pas du tout être traduits dans une autre langue, et ainsi cette ‘Confession à Maat’ n'est pas aussi bonne qu'elle le serait en égyptien.

Il s'agit d'une confession de temple qui était dite dans la Chambre de Maat du Temple d'Initiation Égyptien. La voici telle qu'elle est écrite dans le Livre des Morts Égyptien ; c'était en fait une invocation. Maat, comme vous vous en souvenez peut-être, est un mot égyptien qui signifie ‘Vérité’. Ainsi la Chambre de Maat est devenue la Chambre, ou le Temple, de Vérité.

Voici la Confession à Maat qui doit être répétée chaque soir avant de s'endormir. En répétant ceci comme le faisait les Égyptiens, on se trouve conduit vers une vie beaucoup plus pure. Essayez et vous verrez !

 


 

LA CONFESSION À MAAT

 

Hommage à Toi, Ô Grand Dieu, Maître de toute Vérité. Je suis venu à Toi, Ô mon Dieu, et je suis venu ici pour prendre connaissance de Tes décrets. Je Te connais et je suis en harmonie avec Toi et Tes quarante-deux lois qui existent avec Toi en cette Chambre de Maat.

C'est dans la Vérité que je viens me fondre en Toi, et Maat est en mon esprit et mon Âme.

 

Pour Toi j'ai détruit la méchanceté.

Je n'ai pas fait de mal aux humains.

Je n'ai pas opprimé les membres de ma famille.

Je n'ai pas semé le mal au lieu du bien et de la Vérité.

Je ne me suis pas lié avec des hommes sans valeur.

Je n'ai pas exigé les égards.

Je n'ai pas décrété qu'un travail excessif soit exécuté pour moi.

Je n'ai pas recherché les honneurs.

Je n'ai pas frustré les opprimés de leurs Biens.

Je n'ai fait souffrir personne de la faim.

Je n'ai fait pleurer personne.

Je n'ai fait souffrir ni homme ni animal.

Je n'ai pas frustré les Temples de leurs dus.

Je n'ai pas diminué la mesure du boisseau.

Je n'ai pas dérobé de terres.

Je n'ai pas empiété sur les champs des autres.

Je n'ai pas ajouté aux poids de la balance pour tromper le vendeur et je n'ai pas mal lu le pointeur de la balance pour tromper l'acheteur.

Je n'ai pas privé les enfants de leur lait.

Je n'ai pas refoulé l'eau au moment où elle devait couler.

Je n'ai pas éteint le feu lorsqu'il devait brûler.

Je n'ai pas repoussé Dieu dans Sa Manifestation.

 

AFFIRMATION

 

Je suis Pur ! Je suis Pur ! Je suis Pur !

Ma pureté est la pureté de la Divinité du Saint Temple.

PAR CONSÉQUENT LE MAL NE M'ARRIVERA PAS EN CE MONDE, PARCE QUE MOI, MÊME MOI, JE CONNAIS LES LOIS DE DIEU QUI SONT DIEU.

 

Il y a, comme nous l'avons dit précédemment, des occasions où la prose sous une forme spéciale est utilisée pour faire pénétrer dans la subconscience un message particulier. Voici une Prière que j'ai composée, et que vous devriez répéter trois fois chaque matin :

 


 

À MON SUR-MOI JE PRIE

 

Laisse-moi aujourd'hui, vivre ma vie jour après jour de la manière prescrite, contrôle et dirige mon imagination.

Laisse-moi aujourd'hui, vivre ma vie jour après jour de la manière prescrite, contrôle mes désirs et mes pensées pour que je sois ainsi purifié.

Laisse-moi aujourd'hui, et tous les jours, garder mon imagination et mes pensées fermement dirigés sur la tâche qui doit être accomplie, pour qu'elle se réalise ainsi avec succès.

En tout temps je vivrai ma vie jour après jour, en contrôlant mon imagination et ma pensée.

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Vous devez également avoir une Prière à dire le soir, trois fois chaque soir avant de vous endormir. Voici donc une Prière composée spécialement (composée par moi) qui insufflera la discipline dans votre subconscience durant la nuit :

 


 

UNE PRIÈRE

 

Garde-moi des mauvaises pensées. Garde-moi de la noirceur du désespoir. Au temps de ma misère, fais briller pour moi une lumière dans l'obscurité qui m'environne.

Que chacune de mes pensées soit bonne et pure. Que chacun de mes actes soit pour le bien des autres. Que mes pensées soient positives afin que mon esprit puisse en être renforcé.

Je suis le Maître de ma Destinée. Ce que je pense aujourd'hui, je le serai demain. Écarte donc de moi toutes pensées mauvaises. Écarte de moi toutes pensées qui causent de la détresse aux autres. Que mon Esprit s'élève en moi afin que je puisse m'acquitter aisément de la tâche qui m'attend.

Je suis le Maître de ma Destinée. Ainsi soit-il.

 


 

Chapitre Six :
Un monde que nous devons tous visiter

Une pluie fine se mit à tomber, lavant doucement les ardoises couvertes de suie du vieux bourg. Pareille aux larmes d'une jeune veuve, elle tombait du ciel gris et pianotait sur les poubelles. Au gré de la brise du soir, elle dansait le long des rues, frappant légèrement aux fenêtres et donnant à boire au feuillage desséché des arbres malingres encastrés dans les trottoirs en béton. Les phares des voitures se reflétaient sur la chaussée glissante. Les pneus chuintaient sur la fine couche d'eau qui recouvrait la surface mal drainée. La pluie, en grosses gouttes, s'écoulait dans la gouttière cassée pour tomber sur les marches de pierre usée.

Des passants se hâtaient, maudissant le temps, remontant leurs cols et tenant bien droit leurs parapluies. Ceux que l'averse avait pris au dépourvu s'abritaient sous des journaux dépliés. Un chat rasa les murs avec précaution. Il sautait par-dessus les flaques d'eau et, miraculeusement, retombait sur les coins les plus secs. Fatigué, ou simplement parce qu'il avait atteint son gîte, le chat promena autour de lui un long regard circonspect, puis se glissa par une fenêtre entrouverte.

Du coin de la rue déboucha une silhouette frêle et pressée. C'était une femme en imperméable noir qui s'abritait sous un petit parapluie noir. S'arrêtant un instant sous un réverbère, elle vérifia une fois de plus le nom de la rue et le numéro, puis reprit sa course, s'approchant de temps à autre pour lire les numéros sur les portes. Enfin, avec une exclamation de soulagement, elle s'arrêta devant une maison qui faisait l'angle de la rue. Hésitante, elle l'examina. C'était une petite maison bien médiocre. La peinture de la porte était toute cloquée, comme recuite par le soleil. Le cadre des fenêtres avait besoin d'un bon badigeon et la maçonnerie en avait vu de dures ! Cependant, quelque chose lui disait que c'était une maison HEUREUSE.

Sans plus hésiter, elle gravit les trois petites marches de pierre et frappa timidement à la porte. Un bruit de pas se fit bientôt entendre et la porte s'ouvrit avec un léger grincement.

"Mme Ryan ?" s'enquit la visiteuse.

"Oui, c'est moi. En quoi puis-je vous être utile ? Mais ne restez pas sous la pluie, entrez donc !" répondit la femme.

Reconnaissante, l'arrivante referma son parapluie et entra. Tandis que Mme Ryan lui prenait son manteau, la petite femme frêle la regardait.

Elle vit une personne d'un certain âge, maigre, au visage plein de bonté et aux mains usées par les travaux. Une femme qui, comme sa maison, en avait vu de dures. Les meubles étaient propres, mais marqués par le temps et le linoleum commençait à s'écailler. La petite femme frêle sortit brusquement de sa rêverie : "Oh ! excusez-moi ! Je ne me suis pas présentée. Je suis Mme Harvey. C'est Mme Ellis qui m'a parlé de vous. J'ai DÉSESPÉRÉMENT besoin d'aide !"

Mme Ryan la fixa gravement. "Venez vous asseoir au salon, Mme Harvey. Voyons ensemble de quoi il s'agit." Elle la conduisit dans une petite pièce bien rangée qui donnait sur la rue. Tout en lui indiquant un siège, elle l'invita à s'asseoir.

Avec gratitude Mme Harvey s'enfonça dans un confortable fauteuil. Au bout d'un moment, elle dit : "Il s'agit de Fred, mon mari. Il est mort il y a cinq semaines et il me manque tant !" Les souvenirs la submergeant, elle fondit en larmes dans une agonie d'émotion. Fouillant dans son sac, elle en tira un mouchoir et tenta en vain de sécher ses yeux remplis de larmes.

Mme Ryan lui tapota gentiment l'épaule et lui dit : "Allons, allons, pleurez un peu, cela vous soulagera. Je vais vous faire une tasse de thé ; vous vous sentirez mieux." Quittant rapidement la pièce, elle se rendit dans la cuisine et l'on entendit bientôt un bruit de tasses remuées.

"Je viens de traverser des moments TERRIBLES, disait un peu plus tard Mme Harvey, installée devant une tasse de thé. Fred — mon mari — et moi, étions très amoureux et voilà qu'il y a cinq semaines, une explosion s'est produite à l'usine et il a été tué sur le coup. Ce fut HORRIBLE ! Toutes les nuits je sens qu'il essaie de communiquer avec moi, de me dire quelque chose." Elle s'arrêta, tordant nerveusement son mouchoir, se mordant la lèvre inférieure et frottant du pied le tapis usé. "Mme Ellis m'a dit que vous pourriez être en mesure d'entrer en contact avec Fred — je ne sais pas quelle somme vous demandez — mais je voudrais tellement avoir de ses nouvelles !"

"Ma chère petite, répondit la femme âgée à la jeune veuve angoissée, tout ce que nous pouvons faire, c'est de nous en remettre à Dieu. Parfois je reçois des messages de ceux qui ont quitté cette vie. Parfois c'est le silence total. Seuls les plus hauts Adeptes ont en permanence les dons de télépathie et de clairvoyance. Si je peux vous aider, ce sera par la Volonté de Dieu. Si je ne peux rien pour vous, ce sera aussi par la Volonté de Dieu. Quant à mes prix — elle fit un geste pour montrer la pièce — ai-je l'air de demander des prix exorbitants et de vivre dans le luxe ?" Elle soupira et ajouta : "On pourrait construire une machine qui permettrait à ce monde de communiquer avec l'Invisible comme on communique par téléphone avec un pays étranger, mais cela n'intéresse pas l'Industrie... Parlez-moi de votre mari. Avez-vous un objet lui ayant appartenu, pour que je puisse essayer de le contacter ?"

Beaucoup plus tard Mme Harvey, souriante et réconfortée, prenait congé. "Maintenant, je sais qu'il y a médium et médium. Certains sont de véritables escrocs. Je l'ai appris à mes dépens. Certains font naître en vous des espoirs qu'ils ne sont pas en mesure de réaliser. Vous — vous êtes TRÈS différente. Merci, je vous remercie beaucoup, Mme Ryan !"

Refermant doucement la porte derrière Mme Harvey, la vieille voyante murmura : "Seigneur, Seigneur ! Si nous pouvions supprimer tous ces imposteurs et faire de véritables recherches, comme ce serait facile de communiquer !"

Elle revint au salon et rangea lentement le service à thé. Elle réfléchissait à une séance à laquelle elle avait, un jour, assisté.

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Les magasins avaient fermé de bonne heure. On était au milieu de la semaine et les portefeuilles étaient vides. Les provisions étaient presque épuisées, le lendemain étant grand jour d'achats. Les magasins, donc, avaient fermé de bonne heure et, de la grande ville affluaient les employés de bureau, les comptables, les dactylos et les vendeuses. Des flots d'humanité prenaient d'assaut les guichets des stations de métro, s'engouffraient dans les escaliers mécaniques, se répandaient dans les couloirs pour former, finalement, une masse compacte le long des quais. Du fond du tunnel, un grondement se répercutait, annonçant l'arrivée du train. La lumière tremblotante de la lanterne troua l'obscurité et un remous se produisit dans la foule. Les plus forts avancèrent, bousculant les plus faibles. Le train ralentit et s'arrêta dans un soupir de freins. La foule se rua dans les voitures. Le bruit sourd des portes caoutchoutées, le souffle des compresseurs pneumatiques diminuant la pression pour relâcher les freins, et le train s'éloigna en accélérant, tandis qu'un nouveau flot de travailleurs se déversait, comme un troupeau de moutons, sur le quai qui venait de se vider.

Enfin la cohue diminua. Les trains se firent plus rares. C'était l'heure où les travailleurs arrivent chez eux. Plus tard, ce serait un autre flot, allant en sens inverse : celui des personnes se rendant au théâtre ou au cinéma. Bientôt les Belles de Nuit feraient leur apparition, flânant dans l'ombre des portes ou postées sous la lumière crue des réverbères. Les policiers commenceraient leur tournée dans les quartiers commerçants, jetant un coup d'œil par les portes entrouvertes, à l'affût des activités mystérieuses ou illégales ! Mais pas encore, puisque les travailleurs venaient à peine d'arriver à la maison.

Dans les banlieues éloignées, les familles finissaient de dîner. Certains se préparaient pour le théâtre, d'autres se demandaient comment passer une soirée inoccupée. Certains autres se rendaient à des Réunions... !

Au bas de la route, des groupes de trois ou quatre personnes se dirigeaient vers une vieille bâtisse, un peu en retrait comme une personne âgée essayant de se tenir à l'écart du troupeau. Les buissons qui cachaient la façade étaient négligés, non taillés, faisant penser à un homme aux cheveux non coupés qui atteignent son col. Au-dessus du portique, une seule ampoule nue envoyait une faible lumière, à travers un écran de mouches mortes et d'insectes brûlés. Un visage se montra à une fenêtre du premier étage. Quelqu'un observait la route, évaluant le nombre de personnes qui arrivaient. Puis le visage disparut derrière un rideau rapidement tiré.

Bientôt les gens se trouvèrent rassemblés devant le portique. On saluait les amis, on regardait les nouveaux venus avec une suspicion hostile. La porte s'ouvrit et une très forte, très corpulente femme apparut, harnachée de rangées de fausses perles. Se frottant les mains comme avec une savonnette, elle accueillit le groupe avec un radieux sourire. "Bien ! Bien ! s'exclama-t-elle avec condescendance. Les Esprits m'ont prévenue que nous aurions, ce soir, un nombre record. Donnez-vous la peine d'entrer..." Elle s'écarta pour leur faire place. "Déposez vos Offrandes d'Amour ici", dit la grosse femme en montrant une coupe dans une alcôve. Un billet accompagné de quelques pièces d'argent y avait été préalablement déposé, en indication du montant minimum des ‘Offrandes d'Amour’ attendues.

Sous le regard vigilant de la femme, les membres de la congrégation fouillèrent leurs poches et leurs porte-monnaie. La coupe fut vite remplie. "C'est bien, dit la femme. Il ne faudrait pas que nos Amis-Esprits puissent penser que leurs efforts ne sont pas reconnus, n'est-ce pas ? Plus nous donnons et plus nous recevons", ajouta-t-elle d'un ton suffisant.

Le petit groupe passa dans une grande salle où s'élevait un genre d'estrade à une extrémité. De dures chaises en bois étaient disposées en rangs irréguliers et furent rapidement occupées par la foule, les nouveaux venus intimidés étant poussés aux derniers rangs.

La grosse femme avança lourdement vers l'estrade et prit place au centre, en jouant impatiemment avec ses bracelets. Une grande femme maigre apparut, s'assit devant un orgue à demi dissimulé et se mit à jouer les premières mesures d'un hymne. "Pour nous mettre dans l'ambiance ! dit la grosse femme. Puis nous nous mettrons au travail." Pendant quelques minutes l'orgue joua et les gens chantèrent, puis la grosse femme agita impérativement les mains en disant : "STOP ! STOP ! Les Esprits attendent !" Les derniers accords de l'orgue s'éteignirent dans un son plaintif en diminuendo alors que le soufflet se vidait de son air. Il y eut un bruissement et un craquement de chaises tandis que les gens assis essayaient de se mettre à l'aise. Les lumières baissèrent, puis s'éteignirent complètement pour être remplacées par d'autres de couleur rouge qui jetaient une lueur surnaturelle sur tout.

Sur son estrade, la grosse femme faisait des mines. "Oh ! Messieurs ! dit-elle en minaudant. Attendez — attendez — vous devez parler à tour de rôle !" Et, se tournant vers son public : "Ils sont nombreux à vouloir parler, ce soir. Et ils sont très impatients. Beaucoup d'entre vous vont recevoir un message ce soir."

Pendant un moment elle se contorsionna sur l'estrade, riant sottement et se frottant la tête. "Bien ! s'exclama-t-elle finalement. Ils se sont suffisamment amusés. Passons aux choses sérieuses." Regardant autour d'elle, elle demanda brusquement : "On demande une Mary. Y a-t-il parmi vous une Mary qui a perdu un Être Cher récemment ?"

Une main hésitante se leva. "J'ai perdu mon beau-père il y a six mois, dit une jeune femme inquiète. C'était un grand malade. Je suis sûre que ça été un soulagement pour lui de partir."

La grosse femme hocha la tête. "Il me prie de vous dire qu'il est heureux maintenant et qu'il est désolé de tout le travail qu'il vous a causé." La jeune femme inquiète se rassit et murmura quelque chose à l'oreille de son compagnon.

"Smith ! appela la grosse femme. J'ai un message pour Smith. On me demande de vous dire de ne pas vous faire de mauvais sang. Tout se passera bien. Vous comprenez ce que je veux dire, n'est-ce pas ? — je ne peux pas être plus explicite dans une réunion comme celle-ci, mais vous comprenez !" Dans les premiers rangs, un jeune homme fit un signe d'acquiescement.

"Ces Messieurs sont en pleine forme, ce soir. Ils ont TELLEMENT de messages pour vous. Je ne suis qu'un téléphone, vous le savez. Je ne fais que transmettre les messages de nos Chers Disparus, qui sont cependant avec nous en esprit ! Attendez — attendez — qu'est-ce que c'est ? OH ! Ils me disent de faire appel à votre générosité pour que cette salle puisse être décorée. Ils n'aiment pas visiter des endroits minables. J'espère que vous voudrez bien contribuer à cette noble cause ! Mademoiselle Jones, voulez-vous faire passer la coupe dans l'assistance ? Merci !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Affirmons tout de suite qu'il est très possible, sous certaines conditions, de recevoir des messages des ‘trépassés’. Affirmons aussi, avec autant de force, que ceux qui ont quitté ce monde ont une tâche à remplir. Ils ne restent pas oisifs à attendre comme une bande de jeunes au coin d'une rue qu'on leur donne l'occasion de parler. La plupart des messages sont des faux qui proviennent soit des esprits élémentaires, soit de prétendus ‘médiums’.

Nous devons parler, tout d'abord, d'un ou deux des dangers très réels de l'occultisme et de la métaphysique, et de tout ce qui se rattache à cette classification. Bien sûr, il n'y a pas le moindre danger pour la personne qui pratique l'occultisme pour une raison pure ; c'est quelque chose de tout à fait différent que j'ai en tête.

L'un des plus grands dangers auxquels nous sommes confrontés est celui posé par les déséquilibrés, les cinglés, les faibles d'esprit, et ceux qui se prennent pour Cléopâtre ou autre réincarnation semblable. Le nombre de Cléopâtres pourraient tout probablement peupler tout New York et laisser un surplus pour le reste des États-Unis.

Il est extrêmement regrettable que ceux qui sont émotionnellement instables soient attirés par l'occultisme comme des mouches par la confiture, et plus ils sont déséquilibrés, plus grand est le danger pour nous qui essayons de faire un travail décent.

Permettez-moi de dire ceci de façon parfaitement claire : l'occultisme est une chose naturelle, qui n'a rien de mystérieux. C'est simplement l'utilisation de pouvoirs que presque tous nous possédons et dont, presque tous, nous avons oublié l'usage. Présentons la chose de la façon suivante : prenons une personne ordinaire, dans la moyenne, qui sera notre point de référence, ou notre mesure. Cette personne ordinaire, moyenne, est notre indicateur. Nous considérerons une personne moins intelligente comme au-dessous de la moyenne, et le malade d'un hôpital psychiatrique comme très au-dessous de la moyenne. Les subnormaux, ceux qui sont au-dessous de la moyenne, ne retiennent pas notre attention. Mais ceux qui possèdent des aptitudes que notre indicateur moyen ne possède pas sont alors au-dessus de la normale, soit des paranormaux. Les personnes douées de facultés occultes sont paranormales. Elles ont des aptitudes qui ne sont pas développées chez la personne moyenne.

Un sauvage possède un odorat très développé et souvent une grande acuité visuelle. Ses organes sensoriels sont infiniment plus développés que ceux d'une personne dite civilisée. La personne civilisée possède virtuellement les mêmes possibilités de développer son odorat et sa vue, mais les conditions de notre vie prétendue civilisée font qu'un odorat exercé, une grande acuité visuelle sont des inconvénients plutôt que des avantages. Si vous entriez dans un restaurant avec un odorat phénoménalement fin, vous tomberiez asphyxié par la puanteur.

Une personne douée de pouvoirs occultes n'a donc rien à voir avec un magicien. C'est simplement une personne qui a développé certains sens que nous possédons tous. Ainsi nous avons tous des muscles, mais l'haltérophile les a beaucoup plus développés que la vieille dame qui passe toute sa journée sur une chaise. Et l'homme lancé dans la politique a des cordes vocales beaucoup plus exercées que celui qui passe son temps à la maison ; tous deux ont des muscles, tous deux ont des cordes vocales, mais le stade de développement de ces organes est différent.

L'une des lois les plus importantes de l'occultisme, c'est de ne pas se livrer à l'exhibitionnisme, de ne pas transformer l'exercice des pouvoirs occultes en spectacle de cirque. Combien de fois avons-nous entendu des propos du genre de : "Oh ! j'ai rencontré aujourd'hui un homme extraordinaire. Le matin, il vend des oignons d'Espagne, l'après-midi des sous-vêtements de femme et, le soir, il fait des démonstrations de ses pouvoirs occultes. Il est si incroyablement merveilleux ! Il peut se tenir en équilibre sur un doigt tout en buvant une tasse de thé la tête en bas" ? Combien de fois, d'autre part, avons-nous entendu parler d'un pauvre type, tellement seul, tellement oublié par le monde qu'ils ressent le besoin de dire : "Ah, j'ai lu un livre sur l'occultisme. Je vais maintenant m'établir comme un grand Professeur et un Maître." Dans la journée, l'homme continuera d'exercer son métier de démarcheur ou d'humble employé. Puis, le soir venu, il s'enfermera dans sa chambre, s'enveloppera de mystère, fera les yeux blancs, poussera des soupirs et d'étranges grognements, se livrera à quelques tours de magie tels qu'on en voit dans les music-halls et prétendra avoir fait le voyage astral. En fait, il aura probablement fait un dîner trop lourd et il aura eu un cauchemar. Eh bien ! ce petit homme est un véritable fléau, un vrai danger pour l'occultisme et pour lui-même. Je vais vous dire que tous ces cinglés qui font leur petit numéro et appellent cela de l'occultisme vont avoir à payer maintes et maintes fois, jusqu'à ce qu'ils apprennent à mieux se conduire ; ils devront revenir sur cette Terre, et cela devrait être une menace suffisante pour décourager n'importe qui.

Il existe en Inde une secte qu'on appelle les Fakirs. Ils se font passer pour de saints hommes, voyagent à travers l'Inde, et aucune femme séduisante n'est à l'abri de ceux-là ; ils se donnent en spectacle, ils mettent en scène des trucs. Eh bien pour ma part, si je veux voir un spectacle de prestidigitation, je préfère payer et aller dans un bon théâtre de variétés. Je ne veux pas voir un petit homme sale accroupi sur le sol essayant d'hypnotiser tout un groupe de personnes, chose qui pour moi ne démontre rien de spirituel. Cela prouve, au contraire, que la personne n'a pas même une notion élémentaire de spiritisme. Le numéro de la corde indienne est une simple question d'hypnotisme. Je vais vous dire qu'incontestablement les vrais Maîtres, qui ne prouvent jamais quoi que ce soit pour satisfaire la curiosité des oisifs, peuvent réellement faire le truc appelé la corde indienne en utilisant des pouvoirs naturels, sans avoir recours à l'hypnotisme. Je vous dirai en toute sincérité que moi-même et beaucoup d'autres avons assisté à la lévitation. La lévitation est quelque chose de vraiment très réel et ce n'est pas du tout mystérieux. C'est une question d'inverser les courants magnétiques. Si vous prenez deux aimants, de préférence deux barres aimantées, que vous en tenez un dans chaque main et que vous les fassiez se rencontrer, ils se heurteront avec un puissant bruit métallique, souvent en pinçant un peu de chair entre-deux ! Mais si vous inversez la direction de l'un d'eux, c'est-à-dire si vous présentez le pôle sud là où précédemment il y avait le pôle nord et que vous rapprochiez vos deux barres aimantées, vous constaterez qu'ils font des efforts acharnés pour s'éviter, ils s'opposent l'un à l'autre, ils n'ont aucune attraction magnétique, mais se repoussent au contraire.

Autre chose : prenons une sorte de bobine d'induction que nous relierons à une batterie ou au secteur et laissons tomber un anneau d'aluminium sur la partie protubérante qui part de l'intérieur de la bobine ; branchons maintenant le courant. L'anneau semble défier la pesanteur et flotte dans l'air. Si vous doutez de ce phénomène, consultez un magazine scientifique ou écrivez aux États-Unis pour un kit de démonstration. Mais revenons à des choses plus sérieuses.

La lévitation est une méthode pour modifier notre propre attraction magnétique de sorte que nous ne pesons pas autant. En Angleterre, il y a environ 60 ans, vivait un jeune homme du nom de Home (Daniel Dunglas Home — NdT) ; il fit une véritable démonstration de lévitation dans une maison de campagne anglaise. Certains des plus grands scientifiques du monde entier furent témoins de la démonstration, mais parce qu'elle réfutait les lois que ces scientifiques avaient formulées, ils n'en donnèrent pas un compte rendu impartial. Au Tibet et en Chine — c'est-à-dire la Chine avant que les Communistes y mettent le trouble — et au Japon, avant que les soldats américains n'y mettent le trouble là aussi, on y voyait beaucoup de lévitation et autres choses semblables. Ces choses ne furent jamais faites comme un numéro de cirque, mais seulement pour la science de l'élévation de la Kundalini d'étudiants sincères et authentiques.

Soyons, donc, de vrais occultistes et soupçonnons très, très sérieusement quelqu'un qui offre de donner une démonstration de mise en équilibre sur un doigt ou de quelque autre insanité du genre par lesquelles une personne dénuée de confiance en elle-même et sans le moindre pouvoir occulte essaie de tromper les imprudents. Le véritable occultiste ne donne jamais, jamais, de preuves de ses facultés, à moins qu'il n'y ait une raison absolument primordiale pour le faire.

Je dois aussi inclure dans ceci des gens comme Dinah Dripdry, la clairvoyante des bas-quartiers. Cette pauvre femme frotte les parquets pendant plusieurs heures par jour en trimbalant un seau et un balai à laver. Puis, son travail terminé, elle rentre péniblement chez elle (il y a généralement une grève d'autobus, de toute façon !), elle rentre péniblement chez elle et s'affuble de vêtements vraiment excentriques.

Elle drape autour d'elle une chose colorée, et puis elle s'entoure la tête d'une sorte de mouchoir bariolé qui pour elle ressemble à un turban. La pièce où elle se tient est plongée dans la pénombre pour que les clients ne voient pas à quel point l'endroit est sale, et elle est prête à commencer. Souvent elle aura mis la main quelque part sur une sorte de cristal qui sera souvent conservé comme pièce maîtresse exposée à la lumière du soleil afin que les gens voient cette chose et se rendent compte à quel point c'est une femme merveilleuse quand elle ne frotte pas les planchers. Eh bien, il n'y a rien de pire pour ruiner plus totalement un cristal que de l'exposer à la lumière du soleil ; cela tue le pouvoir odonétique (magnétique — NdT) du cristal.

 

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(MADAME DINAH — CHIROMANCIENNE ET CLAIRVOYANTE)

(VEUILLEZ PAYER EN ENTRANT)

 

Dinah Dripdry, donc, a d'une façon ou d'une autre réussi à attirer un client stupide chez elle. Généralement elle le fait asseoir en face d'elle et le dévisage longuement, puis elle le fait un peu parler. La plupart des gens sont si heureux d'entendre le son de leur voix qu'ils racontent tout et un peu plus. Aussi, Dinah Dripdry n'a plus qu'à regarder dans sa boule de cristal, n'y voyant rien que son propre reflet, et répéter d'une voix sombre certaines des choses que son client lui a dites. Elle acquiert ainsi une réputation de grande voyante. Le client ne se souvient généralement pas lui avoir dit quoi que ce soit et il se sépare de son argent sans un murmure ! Dinah Dripdry ne saurait en aucun cas être une voyante, car le simple fait de recevoir de l'argent pour ses bons offices lui ôterait immédiatement tous ses pouvoirs, si tant est qu'elle en ait jamais eu.

Aucune clairvoyante moyenne n'est clairvoyante tout au long des vingt-quatre heures d'une journée. Une personne peut être très clairvoyante à un moment tout à fait inopportun, et ne plus l'être lorsque ce serait nécessaire. Or, si vous êtes voyante de façon professionnelle, vous ne pouvez pas dire à votre client : "Je ne suis pas dans un de mes bons jours, revenez une autre fois." Ainsi les gens comme Dinah Dripdry ont besoin de gagner de l'argent et quand ils ne peuvent rien voir dans le cristal — ce qui est leur cas en tout temps — ils doivent alors inventer.

Il vous arrivera parfois de ne pas être en pleine forme. Vous vous dites : "Je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui, je n'arrive pas à me concentrer". Eh bien, il en est de même pour la clairvoyance ; mais on ne se concentre pas dans la clairvoyance, on fait tout juste le contraire, et donc si une personne est trop tendue ou trop excitée, cette personne ne peut pas se détendre, et à ce moment-là la faculté de voyance est perdue. La deuxième règle, dans l'intérêt de votre portefeuille, est de ne jamais, jamais payer quoi que ce soit pour vous faire dire la bonne aventure par un cristallomancien ou autres du même genre. Ils ne peuvent le faire pour de l'argent et s'ils essaient d'en faire un commerce, ils leur faut bien ‘inventer’ de temps en temps, et plus une personne invente de choses, plus vite elle perd quelque faculté de clairvoyance que ce soit qu'elle aurait pu posséder au départ.

Une autre chose qui doit être expliquée clairement maintenant, c'est qu'aucune personne ne peut contrôler l'astral d'un autre. Vous rencontrerez peut-être une espèce d'idiote qui se mettra à glousser comme une poule sur le point de pondre un œuf particulièrement gros et dira : "Oh, je vous tiens ! Je vous ai rencontré dans l'astral la nuit dernière et je peux maintenant contrôler votre corps astral !" Si jamais quelqu'un vous tient de pareils propos, le mieux est d'appeler ces préposés en blouse blanche qui conduisent le malade mental dans une cellule confortablement rembourrée.

Nul ne peut subir la moindre blessure dans l'astral. Nul ne peut être contrôlé par une autre personne pendant qu'elle est dans l'astral. La seule chose dont il faille avoir peur c'est d'avoir peur. La crainte est comme un acide corrosif répandu sur le mécanisme d'une montre. La peur corrode. La peur corrompt. Tant que vous n'avez pas peur, absolument aucun mal ne peut vous arriver. Aussi, je le répète, si quelque cinglé prétend pouvoir vous contrôler, envoyez-le se faire examiner par un psychiatre ou appelez la police ; il serait temps que la police y fasse quelque chose de toute façon !

Il n'est pas possible, sauf sous certaines conditions et dans certaines circonstances, d'hypnotiser une personne contre la volonté de cette personne. Bien sûr, ceux qui ont été formés au Tibet, et seulement au Temple des Mystères Intérieurs du Tibet, en sont capables et le font s'ils le doivent pour une bonne raison, mais chaque personne qui a été formée au Temple des Mystères Intérieurs du Tibet a elle-même été conditionnée par hypnose pour ne pas être en mesure de faire quoi que ce soit de ce genre pour nuire à quiconque, mais seulement dans le but d'aider autrui, et même alors, seulement dans des circonstances très inhabituelles.

Si quelqu'un vous fixe et essaie de vous hypnotiser, à votre tour fixez directement l'arête de son nez entre ses yeux, fixez-le directement, et s'il n'en sait pas assez, c'est lui plutôt qui sera hypnotisé. Vous n'avez absolument rien à craindre excepté d'avoir peur. L'occultisme est quelque chose d'aussi ordinaire que de respirer, de prendre un livre ou de faire un pas. Vous pouvez marcher sans risque à moins d'être maladroit ou étourdi et glisser alors sur une peau de banane. Eh bien, ce sera votre faute et non celle de la marche. L'occultisme est moins dangereux que la marche, car en occultisme il n'y a pas de peau de banane. La seule chose dont il faille avoir peur, je le répète, c'est d'avoir peur.

Bien sûr il est très difficile de raisonner quelqu'un, très difficile d'expliquer quelque chose à une personne, parce qu'il existe une loi précise que dans toute bataille entre l'émotion et la raison, c'est toujours l'émotion qui gagne, peu importe l'intelligence d'une personne, peu importe son pouvoir de raisonnement. Si l'on devient vraiment excité et furieux, l'émotion l'emporte sur la raison.

Prenons une personne qui habite dans un appartement situé au neuvième étage d'un immeuble. Les balcons de l'immeuble ont des garde-fous fragiles qu'un bon choc ferait probablement tomber, mais l'émotion nous dit que c'est tout à fait sûr vu qu'il y a là un garde-fou, et nous n'éprouvons donc aucune peur. Mais supposons que le garde-fou ait été enlevé ; nous aurions alors grand peur de tomber même si nous nous tenions exactement au même endroit que nous l'aurions fait avec le garde-fou en place.

Nous devons avoir continuellement à l'esprit cette notion que dans toute bataille entre l'émotion et la raison, l'émotion l'emporte toujours, et c'est pourquoi nous ne devons pas devenir trop excités, mais nous devons plutôt nous efforcer de nous rapprocher du Nirvana qui est le contrôle de l'émotion pour qu'elle ne soit plus en mesure d'empêcher le fonctionnement de la raison.

Nous devons nous rendre compte que certains de ces gens des bas-quartiers qui ont lu un livre ou n'ont peut-être fait qu'entendre parler du titre d'un livre, ne sont pas nécessairement les meilleurs professeurs. La seule personne qui soit qualifiée pour enseigner quoi que ce soit qui ait à voir avec les sciences occultes est la personne qui manifestement sait. Une personne qui a été formée dans un lieu de bonne réputation. Pour ma part, par exemple, je peux produire, et je l'ai fait, des papiers montrant que j'ai été formé et détient des diplômes médicaux de l'Université de Chongqing, et ces papiers font foi de ce que je suis un Lama du Monastère Potala, à Lhassa. Naturellement, on ne produit pas de tels papiers juste pour satisfaire les curieux ou pour régler des paris, comme il m'a souvent été demandé ! Mes Éditeurs ont vu ces papiers et ils en témoignent dans la Préface d'un ou de plusieurs de mes livres.

Vous n'iriez pas chez un charlatan qui, pour faire disparaître vos douleurs, vous donnerait un coup de maillet sur la tête, sûr moyen de vous assommer et, par conséquent, de vous rendre insensible à vos douleurs. Vous iriez chez un médecin qualifié. De même, il ne faut pas aller chez un charlatan qui n'a aucune connaissance réelle de l'occulte, mais rien que des sons imaginaires dans sa tête ; bien trop souvent, comme vous le savez, des voix dans la tête peuvent même être un symptôme d'aliénation mentale. Vous devez choisir votre occultiste aussi judicieusement que vous choisissez votre médecin physique.

Quand une personne quitte cette Terre il se peut qu'elle soit parmi ces gens avancés qui sont passés à des plans supérieurs. En ce cas, seul un médium ayant un pouvoir très considérable peut se mettre en contact avec elle, parce que selon les concepts physiques ordinaires, ceux qui sont décédés sont passés dans une zone de temps différent ; si vous essayez de téléphoner en Australie de l'Angleterre, à moins de connaître alors le fuseau horaire de votre ami, vous ne pouvez le joindre ; il se peut que vous tentiez de l'appeler au milieu de la nuit, par exemple. Mais dans le cas de notre médium il s'agit d'essayer d'appeler quelqu'un qui est déjà à quelques milliers d'années-lumière dans le futur ! La plupart du temps un médium qui manque d'expérience sera trompé par ces Êtres convaincants qui sont également connus sous le nom d'esprits élémentaires. Peut-être devrions-nous discuter des esprits élémentaires afin de connaître quelque chose sur ce sujet.

Les gens ont des idées plutôt remarquables sur cette catégorie d'Êtres que nous appelons des esprits élémentaires. On les confond souvent avec les âmes des humains, mais ils ne sont absolument rien de semblable. Ils miment les humains tout comme les singes imitent les humains, et le médium moyen qui ne peut pas voir dans l'astral sera égaré par des esprits élémentaires se faisant passer pour des humains.

Les esprits élémentaires ne sont pas non plus des esprits malins ; ils sont simplement des formes nées de la pensée, engendrées par une constante répétition. Par exemple, une personne qui s'enivre constamment aura des pensées confuses et son excès d'énergie n'étant plus sous contrôle se déchaînera et fera peut-être surgir des pensées d'éléphants roses, de lézards tachetés, ou quelque chose comme ça. Ces choses sont des esprits élémentaires.

Comme nous l'avons dit, chaque cycle d'évolution est constitué par ceux qui quittent un cycle et ceux qui commencent un cycle, ce qui fait que nous obtenons en réalité une vague de vie d'âmes vivantes ou de Sur-Moi(s), et chacune de ces ‘vagues’ apporte sa propre contribution à l'évolution, elle laisse sa marque particulière tout comme un diplômé d'Oxford laisse une empreinte différente sur la civilisation de celle du diplômé de Yale, et un homme sorti d'une maison de redressement laisse une autre empreinte encore. Ainsi quand cette vague de vie poursuit son chemin, son souvenir demeure comme une force statique et, comme il y a eu autant de gens concernés, cette force se développe en une créature solide sur le plan astral.

Ces créatures qui ont été formées et abandonnées par les vagues successives ou cycles d'évolution sont des créatures solides, mais il leur manque ‘l'étincelle divine’, il leur manque l'intelligence, et elles ne sont capables que d'imiter ou de reproduire les choses qui ont pénétré leur conscience à un moment donné. Il est possible, avec suffisamment de patience, d'apprendre à un perroquet à répéter quelques mots ; il ne comprend pas nécessairement les mots, mais il se contente de répéter un modèle de sons. De même, les esprits élémentaires répètent un schéma cybernétique.

Pour ceux que le sujet intéresse vraiment, j'ajouterai que les esprits élémentaires se divisent en beaucoup de types différents, tout comme chez les humains il y a des noirs, des bruns, des jaunes, des blancs, etc. Dans les groupes des élémentaires il y a quatre types principaux attachés au plan astral de la Terre, et c'est ainsi que nous obtenons quelques-uns des ‘attributs’ de l'astrologie. L'astrologue parlera des Esprits de l'Air, des Esprits du Feu, des Esprits de l'Eau et des Esprits de la Terre, car ce sont les quatre principaux types d'esprits élémentaires.

Les sorciers, ou l'alchimiste, parleront de gnomes pour un groupe, de sylphes pour le deuxième groupe, de salamandres pour le troisième groupe, et d'ondins pour le dernier groupe.

Si vous voulez aller un peu plus loin, au-delà de l'astrologue et au-delà des sorcières, vous pouvez passer à l'étape des chimistes, parce qu'on peut dire que le groupe de la Terre représente un solide dans lequel toutes les molécules adhèrent. Après le solide nous avons le liquide (l'eau) dans lequel les molécules se déplacent librement. Le suivant sur notre liste est l'air, qui comprend également des gaz de différents types, et dans l'air les molécules se repoussent mutuellement. Finalement, pour nos correspondants chimiques, il y a le feu, et dans le feu les molécules changent ou se transforment en une autre substance.

Le terme ‘esprit élémentaire’ est presque toujours réservé aux Êtres qui occupent une place dans l'un des groupes mentionnés ci-dessus, mais il y a d'autres groupes, par exemple celui des esprits de la nature. Les esprits de la nature contrôlent la croissance des arbres et des plantes, et ils aident à la transmutation des composés organiques pour que les plantes puissent être enrichies et fertilisées. Tous ces groupes ont un Sur-Moi en Chef ou, si vous préférez, une Sur-Âme ; ils sont connus sous le nom de Manu. La tribu humaine a un Manu, chaque pays a un Manu et les esprits de la nature ont aussi leur Manu. Il existe un Manu qui contrôle et supervise le travail des esprits des arbres, tout comme il y a un Manu qui dirige le travail des esprits des roches. En Égypte, il y a de très nombreux siècles, des prêtres hautement formés pouvaient prendre contact avec ces Manus. Par exemple, Bubastis, la Déesse chatte, la Manu des chats en tous lieux.

Pour qu'il y ait un positif, il faut un négatif, et donc tout comme il y a de bons esprits, il y a aussi de mauvais esprits, des démons si vous préférez. Ils nous sont néfastes ici, mais sur un autre plan d'existence, ils sont peut-être bons. Si vous êtes quelque peu familiarisé avec l'électricité, cette explication pourrait vous plaire : supposons que vous ayez une batterie de voiture de douze volts ; le pôle positif est à une extrémité et le pôle négatif est à l'autre extrémité. Mais maintenant, supposons que vous branchiez en série une autre batterie, de six ou douze volts, sur cette première batterie, le négatif de la batterie d'origine sera le positif de la seconde batterie, et le négatif de la seconde batterie sera plus négatif que le négatif de la première batterie ! Plus simplement dit, c'est que tout est relatif et doit être mesuré par rapport à autre chose. Ainsi nous avons le mal ici à l'heure actuelle, mais si nous pouvions trouver un monde plus mauvais, notre mal deviendrait le bien sur ce monde-là, et ce qui est bien sur ce monde-ci ne serait pas bien du tout sur le monde supérieur !

J'ai dit que l'Homme passait par des vagues successives d'évolution. Eh bien, c'est vraiment le cas. Par exemple, il y a eu la Race Lémurienne, principalement mue par les instincts et les passions, et qui finit par élaborer des émotions d'un type supérieur. Après cela est venue la Race Atlante qui, partie d'émotions plus élevées, est parvenue à l'esprit raisonnant. La Race Aryenne vint ensuite ; elle commença avec l'esprit fonctionnel et finira par obtenir un esprit abstrait. Après les Aryens, nous arrivons à la Sixième Race qui commence avec l'esprit abstrait et finira par obtenir la perception spirituelle. Avec la Septième Race, qui commencera avec la perception spirituelle, les choses iront de l'avant pour atteindre la conscience cosmique.

Pour ceux d'entre vous qui sont intéressés à la théorie de la dérive des continents, c'est-à-dire la théorie qu'à l'origine la Terre ne faisait qu'un seul continent qui s'est fracturé sous l'effet de la rotation centrifuge, nous avons maintenant des preuves substantielles que cette Terre unique, connue sous le nom de Pangée (Pangea en anglais — NdT), s'est divisée en deux super continents, le Laurasia, au Nord, et le Gondwanalana, au Sud. Par la suite, ces deux continents se sont divisés en plusieurs autres continents et terres séparées, mais tout cela nous entraîne fort loin de notre thème initial.

Un médium est une personne qui, par une certaine différence dans sa structure cérébrale, est capable de recevoir des messages provenant d'un autre plan d'existence, tout comme une radio peut capter des messages qu'une oreille humaine ne peut pas, sans aide.

Habituellement un médium entre dans une forme de transe, légère ou profonde selon le médium, et pendant cette transe la conscience du médium est supprimée afin qu'une autre entité puisse manipuler les ‘contrôles’ et exprimer certaines pensées sous forme de mots.

La plupart des médiums auront un esprit-superviseur parmi ceux qui ont été retenus sur le plan inférieur dans un but spécifique. L'esprit-superviseur, ou Guide comme plusieurs le nomment, agit comme un policier et empêche — dans certains cas — les esprits élémentaires malveillants de faire du mal au médium.

Le Sur-Moi du médium s'est écarté de manière à donner carte blanche au Guide, mais le médium, qui est assis dans un fauteuil ou allongé sur un divan, n'aura conscience d'absolument rien du tout. Si vous constatez que le médium a l'air de prendre trop d'intérêt aux événements, vous pouvez raisonnablement penser que vous n'avez pas affaire à un médium authentique. Ce qui, en effet, caractérise le médium, c'est que, au cours d'une transe, sa personnalité est provisoirement abolie et qu'il doit fonctionner comme un téléphone. Après tout, si vous attendez un message venu de l'autre côté de la mort, vous n'avez que faire de l'interprétation du médium, vous voulez une déclaration claire, impartiale, et la seule façon d'obtenir une déclaration claire et impartiale est de laisser l'esprit communicateur communiquer sans aucune interférence du médium.

Encore une fois, vous devez vous souvenir que lorsque l'on entre en contact avec ce que nous pourrions appeler les esprits des défunts pour qu'ils puissent nous faire part de leurs expériences, ce que nous entendons n'est rien d'autre que le compte rendu de leurs rêves dans l'autre monde, parce que les âmes vraiment évoluées ont atteint une dimension totalement hors de la portée du médium moyen. Ce n'est que lorsqu'on a un véritable Maître que l'on peut pénétrer dans le temps et obtenir un message d'une de ces âmes défuntes très lointaines, et c'est pourquoi il est si difficile d'obtenir des déclarations valables des trépassés.

Examinons la question du médium moyen. Supposons qu'une femme ait certains dons pour le travail médiumnique et qu'elle puisse entrer en contact avec des gens qui sont disparus, tout en nous rappelant que ceux qui viennent de trépasser sont encore dans l'astral inférieur, qu'ils sont dans ce que nous pourrions appeler le purgatoire, qu'ils sont dans l'étape intermédiaire, dans la salle d'attente, attendant des directives quant à ce qu'ils doivent faire et où ils doivent aller.

Supposons que nous considérions ces gens comme des patients dans un hôpital, parce que c'est un fait que beaucoup d'entre eux doivent subir une certaine thérapie spirituelle pour surmonter les chocs de leur expérience de la Terre. Supposons que nous soyons en contact avec l'un d'eux qui est comme un malade dans un hôpital ; le malade est au lit et la seule conscience qu'il ait de son environnement est limitée à la petite zone visible de son lit, il ne peut pas voir le travail de l'hôpital dans son ensemble, et s'il peut voir autre chose, c'est probablement seulement ce qui se présente à lui par la fenêtre.

Supposons que vous obteniez un rapport d'un des Guides ou d'un esprit dont la tâche particulière est d'assister ceux qui sont sur le point de mourir ou ceux qui sont en fait décédés. Ce qu'ils en diront sera tout comme de recevoir le rapport d'une infirmière novice ou d'une employée de salle, et même si vous pouviez assister à une conférence du comité hospitalier vous ne pourriez pas réaliser toute la portée de ce qui se passe ; vous ne pouvez faire une évaluation qu'en quittant l'hôpital et en faisant, si l'on peut dire, un tour de ville.

En quittant ce monde que nous appelons Terre, on va dans l'astral inférieur que la Bible nomme le purgatoire et que l'on peut, comme nous venons de le voir, comparer à un hôpital pour les âmes malades, où on les guérit des nombreux chocs qu'elles ont endurés ou subis sur cette Terre si grossière.

Malheureusement, l'astral inférieur serait plutôt comparable à un hôpital psychiatrique où les patients sont reçus et leurs cas examinés, tout comme un psychiatre peut parfois discuter les choses avec un patient pour qu'il puisse lui-même exposer ses fautes et ses maux ; ainsi dans l'astral inférieur l'âme nouvellement arrivée peut-elle voir ce qu'elle a fait de mal sur la Terre et voir ce qu'elle devra faire à ce propos pour expier. Puis, pendant un court laps de temps l'âme se repose et récupère, se promenant peut-être dans un parc agréable, tout en recevant continuellement des médicaments et des traitements pour l'aider à entreprendre la prochaine phase de son existence.

Vous devez être conscient que les gens dans le monde astral sont absolument solides entre eux. Vous sur ce monde pouvez vous heurter à un mur, mais un ‘fantôme’ passera à travers ce mur, et pourtant dans l'astral et sur d'autres plans les murs sont tout à fait solides pour leurs occupants.

De tout ce que je viens de dire il ressort que, si vous vous agitez et passez de médium en médium et de séance de spiritisme en séance de spiritisme pour tenter de communiquer avec un trépassé, vous lui faites un mal considérable. Voyez les choses ainsi : un être cher est tombé malade. Il a été interné dans un hôpital psychiatrique ou dans tel autre genre d'hôpital. Supposons que vous vous obstiniez à appeler et à importuner cette personne, vous entravez alors ses progrès. Les docteurs ne peuvent obtenir toute son attention parce que vous vous mêlez de ses affaires, vous arrêtez le traitement et causez une détresse considérable.

Lorsque vous essayez de communiquer avec une entité qui est partie au-delà de l'astral inférieur, vous dérangez alors une personne qui essaie d'accomplir une tâche particulière. Les gens qui ont quitté ce monde ne passent pas leur temps assis sur des nuages à jouer de la harpe et à chanter des cantiques ; ils ont plus de travail à faire qu'ils n'en avaient sur cette Terre ! Et s'ils sont soumis à des distractions continuelles, ils ne peuvent pas faire leur travail.

Imaginez que vous rendiez visite à un administrateur débordé, à un chercheur scientifique, ou à un chirurgien au beau milieu d'une délicate opération, si vous ne cessez de le tirer par la manche, vous le distrayez et il ne peut pas prêter attention à ce qu'il fait.

Les médiums ne devraient jamais, jamais, essayer de communiquer avec les défunts, sauf dans des conditions et sous des garanties très particulières. Heureusement, la protection est toute trouvée : beaucoup de médiums respectables, absolument sincères dans leur croyance, contactent simplement des esprits élémentaires qui s'en donnent à cœur joie ! Peu importe si vous savez que c'est à des esprits élémentaires que vous avez affaire, mais si vous savez cela, quel intérêt avez-vous à jouer avec une bande de singes idiots ?

 

Chapitre Sept :
Fin d'un chapitre

Le chien geignait lamentablement, oreille basse et queue entre les jambes. Un frisson de crainte lui secouait le corps à intervalles réguliers, et lui arrachait un petit cri court et aigu. Les feuilles des arbres frémissaient, elles aussi, comme pour sympathiser avec la pauvre bête blottie contre la porte. Un moment, le chien cessa de gémir. Vibrant d'énergie contenue, il se dressa. Il avait dû entendre, au loin, quelque bruit. Puis, découragé de ne rien voir venir, il se remit à pleurer. Il se résolut enfin à réagir et d'un bond fut sur ses pattes. Se jetant sur la porte close, il la laboura de ses griffes, entaillant le bois de toutes ses forces, puis, rejetant la tête en arrière, il se mit à pousser de longs hurlements de loup sous la lune.

Des pas étouffés résonnèrent dans la maison et une voix cassée dit : "Bruno, Bruno ! Sois sage ! Ton maître est très malade, ne fais pas de bruit ! Attends, je vais te faire entrer. Je t'attacherai dans la resserre. Comme ça tu ne gêneras personne." Le vieux jardinier fourragea dans la poche de son tablier et en sortit un bout de ficelle. Le passant dans le collier du chien, il le conduisit vers un petit bouquet d'arbres. Le chien, plus calme, demeurait pourtant inconsolable et geignait toujours.

"Qu'est-ce qui ne va pas, Georges ?" demande une voix féminine.

"Ah ! c'est le chien ! Il comprend ce qui se passe et il pleure", répond Georges sans s'arrêter pour en dire plus.

Se tournant vers un invisible compagnon, la femme murmure :

"Eh bien, cela montre simplement que les animaux muets savent ce qui se passe, et c'est ce que j'ai toujours dit !"

Reniflant, elle se détourne de la fenêtre et reprend sa tâche.

Dans la vaste maison, tout est tranquille. Pas de bruit de vaisselle remuée, rien qui révèle une activité ménagère quelconque. C'est le silence. Presque le silence de la tombe. Comme une explosion, un téléphone retentit, immédiatement décroché. Une voix lointaine a posé une question, à laquelle une voix grave répond : "Non, Monsieur. Hélas ! il n'y a aucun espoir. Le docteur est auprès de lui en ce moment. Je lui dirai que vous avez pris de ses nouvelles. Merci, Monsieur."

De la porte d'entrée arrive le son d'un très discret coup de sonnette. Des pas ouatés. Quelqu'un est allé ouvrir. Un chuchotement :

"Oui, mon Père. On vous attend. Veuillez me suivre."

La vieille gouvernante et le prêtre suivent un couloir, montent des marches couvertes d'un tapis. Une porte s'ouvre tout doucement. Une jeune femme accueille le prêtre sur le palier.

"Il s'éteint très vite. Il a demandé à vous parler seul à seul. Le docteur va se retirer." Le prêtre entre dans la chambre du mourant.

Cette chambre est grande, très grande. Un vrai reliquaire du passé. De lourds rideaux sont tirés sur les hautes fenêtres. De vieux portraits d'ancêtres ornent les murs. Près du lit, une lampe répand une lumière verdâtre. Au fond du lit immense, le corps ratatiné d'un vieillard. Son visage a le ton d'un parchemin très ancien. Il respire faiblement. Le docteur se lève : "Il a demandé à vous voir, mon Père. J'attendrai dehors. Si vous avez besoin de moi, appelez-moi."

Le prêtre regarde autour de lui, puis dépose sur la table de chevet sa petite mallette afin de pouvoir en sortir certains objets rituels.

"Ah ! je n'ai pas besoin de ÇA, murmure le mourant. Je veux surtout que vous me parliez, mon Père."

Le prêtre se penche et joint les mains du mourant. "Votre âme est-elle préparée, mon fils ?" demande-t-il.

"C'est ce que je voudrais savoir, râle la vieille voix. Que va-t-il m'arriver ? Que verrai-je de l'Autre Côté ? Y a-t-il une vie après celle-ci ?"

D'une voix calme le prêtre parle, disant ce que sa religion permet, ou sait. Le souffle de l'homme qui souffre est de plus en plus faible. Vite, le prêtre ouvre la porte, appelle le médecin. "Dois-je lui administrer les Derniers Sacrements ?"

Le médecin soulève un bras qui ne réagit plus. Il place son stéthoscope sur la poitrine immobile, recouvre du drap le visage du mort et murmure : "Je me demande, mon Père, je me demande ce qu'est l'Autre Côté de la Vie ? Je me le demande !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Pour des raisons qui leur sont personnelles, les religions Occidentales ne parlent pas beaucoup de la mort, bien qu'après tout la mort soit une question qui nous touche tous, au même titre que la naissance. Il me semble logique d'aborder ce sujet après avoir traité des médiums, car si personne ne mourait, les médiums ne pourraient pas essayer d'entrer en contact avec les morts. Nous allons donc parler de la mort parce que, peu importe qui nous sommes, la mort est quelque chose qui arrive à chacun de nous, comme la naissance. Mais, vous savez, la mort est en réalité une naissance ! Voyons comment les choses se passent.

Un bébé dans le ventre de sa mère meurt à cette vie intérieure chaude et confortable, et émerge à contrecœur dans le monde extérieur, dur et froid. Les douleurs de la naissance sont aussi les douleurs de la mort ; d'une mort à un état précédent, d'une naissance à un nouvel état. Une personne meurt sur la Terre et les douleurs de sa mort sont les douleurs de sa naissance dans un état d'existence différent. La plupart du temps la mort — la mort elle-même — est un processus tout à fait indolore. En fait, à l'approche de la mort, la Nature, sous forme de divers changements métaboliques, introduit dans le corps une sorte d'anesthésie qui supprime les perceptions réelles tout en permettant aux réflexes de susciter certains mouvements que les gens attribuent aux souffrances de la mort. On associe généralement la souffrance et la mort ou, si vous préférez, la mort et la souffrance, parce que, dans la majorité des cas, ceux qui sont gravement malades meurent apparemment dans la souffrance, mais cette souffrance, rappelez-vous, n'est pas due à la mort, mais à la maladie elle-même. Il peut s'agir d'un cancer, quelque chose qui affecte les organes du corps, qui se jette sur les terminaisons nerveuses ou les ronge. Mais souvenons-nous que cette douleur est la douleur de la maladie, la douleur de l'affection, non pas de la mort elle-même.

La mort, l'état proprement dit de transition de ce monde au suivant, l'état proprement dit de quitter ce corps physique, est un processus non douloureux à cause des propriétés anesthésiantes dont bénéficient la plupart des organismes au moment de la mort. Certains d'entre nous savent ce que c'est que de mourir et de se souvenir de tout, puis de revenir en conservant toujours ses souvenirs. Dans le processus de l'acte de mourir, nous avons un corps qui souffre, des fonctions qui déclinent. Mais souvenons-nous de ceci : des fonctions qui déclinent, cela veut dire que la capacité de percevoir, ou de se rendre compte, ou de comprendre les poussées de la douleur déclinent aussi. Nous savons que les gens donnent parfois une impression de douleur en mourant, mais ceci est de nouveau une illusion.

L'organisme du mourant a généralement (sauf en cas d'accident) atteint la limite de son endurance, il ne peut aller plus loin, le mécanisme s'affaiblit, les processus métaboliques de renouvellement sont défaillants. Finalement le cœur s'arrête, la respiration s'arrête. Cliniquement une personne est morte quand aucun souffle ne se condense sur un miroir tenu devant ses lèvres ; cliniquement et légalement, une personne est morte quand le pouls fait défaut et que le cœur ne bat plus.

Cependant, on ne meurt pas instantanément. Après que le cœur ait cessé de battre et que les poumons aient cessé de pomper, le cerveau meurt à son tour. Le cerveau ne peut vivre longtemps sans sa précieuse provision d'oxygène, mais même le cerveau ne meurt pas instantanément ; ça lui prend quelques minutes. Il y a eu des cas parfaitement authentiques où des gens ont été décapités et la tête, séparée du tronc, a été présentée à la foule. Les lèvres ont continué à se mouvoir et une personne capable de lire sur les lèvres pouvait très bien distinguer les mots se former. Il est évident que seule une telle personne est en mesure d'interpréter ce qui est dit parce qu'il ne peut y avoir de paroles puisque les poumons, une fois le cou coupé, n'apportent plus d'air. C'est le contact de l'air sur les cordes vocales qui produit le son.

Lorsque le cerveau ne peut plus fonctionner, du fait du manque d'oxygène, le reste du corps meurt à son tour, lentement. Divers organes mettent un jour ou deux à mourir. Au bout de trois jours le corps n'est plus qu'une masse de protoplasme en décomposition, mais le corps ne compte pas, c'est l'âme immortelle qui importe — le Sur-Moi. Mais revenons à l'instant de la mort clinique.

Le corps dans ce cas-ci est étendu sur un lit. La respiration a cessé. Un clairvoyant qui est présent peut voir un nuage pareil à une légère brume se formant au-dessus du corps. Cette brume se dégage du corps, généralement du nombril, bien que diverses personnes aient des orifices variés pour la Corde d'Argent.

Peu à peu ce nuage fusionne et devient plus dense, ses molécules étant moins dispersées. Peu à peu une forme vague se dessine au-dessus du corps ; au fur et à mesure que le processus de la mort avance, la forme devient de plus en plus celle du corps. Finalement, au fur et à mesure que les organes cessent de fonctionner, le nuage devient plus épais et plus grand, prenant enfin la forme exacte du corps au-dessus duquel il flotte.

La corde, que nous appelons la Corde d'Argent, relie le corps physique et le corps astral, car le nuage est en fait le corps astral. Peu à peu cette corde s'amenuise jusqu'à finir par se flétrir, s'estomper, et se séparer. C'est seulement alors que le corps est réellement mort, seulement alors que la personne réelle s'est envolée vers une autre vie, un autre stade d'évolution. Lorsque cette forme brumeuse a disparu, ce qui arrive à l'enveloppe charnelle n'a plus aucune importance ; on peut l'enterrer, la brûler, indifféremment.

Il est peut-être opportun de s'écarter du sujet pour un instant afin d'émettre ce qui peut être interprété comme un avertissement, parce que tant de gens rendent cela terriblement difficile pour le nouveau ‘mort’ de continuer à vivre ! Lorsqu'une personne meurt, on ne devrait pas toucher à son corps pendant deux ou trois jours si possible. Il est tout à fait nuisible d'installer le cadavre dans un cercueil devant lequel défileront de nombreuses personnes bien intentionnées qui murmureront toutes sortes de merveilleux hommages dont, la plupart du temps, elles ne pensent pas un mot.

Jusqu'à ce que la Corde d'Argent ait été coupée et le Vase d'Or brisé, la forme astrale qui flotte peut capter les pensées de ceux qui font des commentaires à son décès. En outre, si un corps est incinéré en moins de trois jours, une souffrance intense est souvent causée à la forme astrale et, chose curieuse, la souffrance n'est pas celle d'un feu brûlant, mais d'un froid intense. Par conséquent, si vous estimez ceux qui sont partis avant vous, et si vous faites aux autres ce que vous voudriez qu'il vous soit fait, vous vous assurerez autant que possible de ce que le délai de trois jours pleins ait été observé, de sorte que le corps astral ait pu se séparer complètement de son enveloppe terrestre.

Nous en sommes arrivés au stade où l'esprit, ou forme astrale, a quitté le corps, où l'esprit s'en est allé à la rencontre d'autres esprits, et bien entendu, ils sont les uns pour les autres aussi solides que deux personnes le sont sur la Terre. Nous ne voyons ce qu'on appelle un ‘fantôme’ sous une forme transparente ou semi-transparente que parce que ce fantôme a une vibration plus élevée qu'un homme dans la chair ; mais — et je ne plaisante pas — deux fantômes sont deux personnes solides l'une pour l'autre exactement comme le sont deux humains ordinaires dans la chair.

Il est possible qu'une personne d'une dimension différente voit les humains de chair comme des fantômes, car pensez à ceci : un objet bidimensionnel projette une ombre unidimensionnelle, un objet tridimensionnel projette une ombre bidimensionnelle, mais un objet quadridimensionnel (la quatrième dimension encore une fois !) projette une ombre tridimensionnelle, et comment savez-vous que vous n'êtes pas, pour une personne de la quatrième dimension, juste une ombre semi-transparente ?

L'esprit, donc, a quitté le corps et s'en est allé, et si c'est un esprit évolué, c'est-à-dire s'il sait qu'après la mort il existe une vie, il peut alors être assisté pour se rendre à ce qu'on appelle la Salle des Souvenirs où tous les incidents de la vie passée sont revus, où toutes les erreurs commises sont perçues et reconnues. C'est, bien sûr, ce que certaines religions nomment le Jour du Jugement ou la Salle de Jugement, mais selon notre religion l'Homme se juge lui-même, et il n'y a pas de juge plus sévère que l'Homme se jugeant lui-même.

Malheureusement, il arrive fréquemment qu'une personne meure et ne croie pas à la vie après la mort. Dans ce cas, elle dérive pendant un certain temps dans les ténèbres, comme dans un prodigieux brouillard noir gluant. Elle va ainsi à la dérive en se sentant de plus en plus misérable, jusqu'au moment où elle se rend compte qu'elle se trouve, après tout, dans une certaine forme d'existence ; alors, peut-être des bribes de ce qu'on lui a enseigné viendront à son aide. Il se peut qu'elle soit allée à l'École du Dimanche, il se peut que la personne soit chrétienne, qu'elle soit musulmane ; peu importe, à condition qu'elle ait reçu un enseignement de base, qu'elle ait une certaine idée préétablie des choses, elle pourra recevoir une aide.

Supposons quelqu'un qui ait été élevé dans une des branches de la foi chrétienne, son schéma de pensée sera alors possiblement celui du Ciel, de ses Anges, et toutes autres choses du genre, mais bien entendu, s'il a été élevé dans telle ou telle partie de l'Orient, l'idée qu'il se fait du Ciel sera différente, celle d'un endroit où tous les plaisirs de la chair qu'il n'a pu satisfaire lorsqu'il était vivant — ou plutôt lorsqu'il habitait un corps de chair — sont à sa disposition.

Ainsi notre homme qui n'a que de vagues notions de religion continue à évoluer pendant quelque temps dans un monde imaginaire peuplé par des formes-pensées qu'il a lui-même créées, formes-pensées d'anges ou formes-pensées de belles jeunes filles, selon le pays d'où il vient. Cela se poursuit pendant un temps indéterminé jusqu'à ce que finalement il commence à percevoir diverses faussetés, diverses erreurs dans l'environnement. Il peut, par exemple, découvrir que les ailes de ses anges perdent leurs plumes, ou bien, s'il est Oriental, que certaines de ces belles jeunes filles ne sont pas aussi belles que cela ! Le chrétien en arrivera à la conclusion qu'un Paradis où l'on porte des halos de cuivre est un drôle de Paradis, et qu'on ne peut tout de même pas être tout le temps assis sur un nuage à jouer de la harpe dans sa chemise de nuit des dimanches ! Ainsi les doutes commencent à s'insinuer : doute de ces formes-pensées, doute de la réalité de ce qu'il voit. Mais voyons l'autre aspect de la question.

Le type n'était pas une très bonne personne, il pense à l'Enfer et se met à éprouver toutes sortes de souffrances, parce qu'il s'est fait une image du vieux Satan qui le pique à différentes parties vitales. Il a des pensées de flammes, de soufre, de poix bouillante et autres ingrédients qui auraient davantage leurs places dans un laboratoire pharmaceutique. Le doute l'assaille à son tour. Quel est le but de toutes ces souffrances ? Comment se fait-il que tant de coups de fourche ne fassent pas couler le sang ? Comment peut-on lui briser les os pour les lui briser à nouveau quelques minutes plus tard ?

Graduellement le doute augmente, graduellement son esprit devient accessible à ce que nous pourrions nommer les ‘assistants sociaux’ du monde spirituel. Finalement, lorsqu'il est mûr pour l'aide qu'on lui propose, ces assistants le prennent en main, balaient tous ces accessoires de théâtre que l'imagination de l'homme a fabriqués, ils lui font voir la réalité, ils lui font voir que l'autre côté de la mort est un bien, bien meilleur endroit que ce côté-ci (le côté de la Terre).

Ouvrons une nouvelle parenthèse ; cela devient une habitude, mais — ouvrons une parenthèse. Imaginons un homme dans un studio de radio, en face d'un microphone. Il prononce un son — ‘Ah’. Eh bien, ce ‘ah’ le quitte, pénètre dans le micro sous forme d'une vibration, est transformé en courant électrique, et parcourt un chemin très détourné. Finalement il passe par de nombreux appareils et devient une version de ‘ah’ portée à beaucoup plus haute fréquence. De la même façon, un corps sur la Terre est la basse vibration d'une voix. L'Esprit, ou l'Âme, ou le Sur-Moi, ou l'Atman, comme vous voudrez, peut être représenté comme semblable à la fréquence radio du ‘ah’.

Me suivez-vous ? C'est un concept plutôt difficile à faire comprendre sans avoir recours à des termes Sanskrits ou de se lancer dans la philosophie Bouddhiste, mais le moment n'en est pas encore venu. Traitons des choses de tous les jours avec un langage de tous les jours. La mort est une chose prosaïque et quotidienne, nous passons tous par là maintes et maintes fois jusqu'à ce que nous soyons finalement libérés des douleurs et des tribulations qui accompagnent le fait de naître et de mourir sur Terre. Mais n'oubliez pas que, même lorsque nous parvenons à des plans plus élevés, à des formes différentes d'existence, nous sommes encore confrontés à la ‘naissance’ et à la ‘mort’, mais que plus nous montons, plus nous voyons ces deux étapes de notre existence devenir indolores et agréables.

Retournons au pauvre homme que nous avons abandonné dans le monde spirituel ; il est probablement fatigué de nous y attendre, mais le monde spirituel, souvenez-vous, ou plutôt l'étape astrale, est une étape intermédiaire. Certaines religions le relient au Paradis ; il y a le plan de la Terre, le Paradis, et avec le temps, le Ciel — à condition que la victime ne soit pas d'abord envoyée en Enfer.

Notre homme est dans le monde spirituel pour voir quelle sorte de gâchis il a fait de sa vie. A-t-il laissé non accomplies ces choses qu'il aurait dû accomplir ? A-t-il fait ces choses qu'il n'aurait pas dû faire ? S'il est un homme normal, la réponse est ‘oui’ dans les deux cas. Il entre alors dans la Salle des Souvenirs pour voir ce qu'il a fait dans ses vies passées : comment se fait-il qu'il n'ait pas pu apprendre ce qu'il aurait dû apprendre ? Puis, quand il a vu ses fautes et aussi ses succès, il en discute avec des guides spéciaux — qui ne sont, soit dit en passant, ni des Peaux-Rouges, ni de Vieux Chinois à longues barbes, mais des guides très spéciaux de son propre type, de ses propres croyances de base, etc., des gens qui connaissent les problèmes auxquels il est confronté, qui savent ce qu'il a subi et se rappellent comment eux-mêmes ont agi en de semblables circonstances. Ils sont un peu plus évolués, un peu plus formés, ils sont capables de voir ce que cet homme a à apprendre, un peu comme des Conseillers d'Orientation Professionnelle peuvent dire à une personne comment obtenir une certaine qualification pour être en mesure plus tard d'essayer d'obtenir un emploi spécifique.

Après cette rencontre, les conditions et les circonstances sont choisies pour que la personne puisse retourner sur Terre dans le corps d'un bébé, peut-être en tant que mâle, peut-être en tant que femelle. Certains d'entre vous seront peut-être troublés par ce fait, mais les gens viennent sur cette Terre en tant qu'homme et puis en tant que femme : tout dépend de ce qui convient le mieux au type de leçon qui doit être apprise. Que vous soyez un homme très masculin actuellement, ou une femme extrêmement féminine, ne signifie pas que vous serez les mêmes dans la prochaine vie ou dans la suivante ; il se pourrait que vous vouliez un changement d'attitude, il se pourrait que vous aimiez savoir ce que l'autre personne a dû supporter.

Après qu'une personne soit née maintes et maintes fois, elle en arrive à un stade où elle n'a plus à naître sur ce plan terrestre, mais la personne qui vit sa dernière vie sur la Terre, presque sans exception, passe un mauvais quart d'heure, une vie composée de misère, de souffrance, de pauvreté, d'incompréhension. Quoi qu'il en soit, la misère, l'incompréhension et les peines de toutes sortes sont, comme on pourrait dire, le levain qui finalement élève une personne pour en faire un Esprit de qualité au lieu d'un humain indifférent.

Une personne qui vit sa dernière vie sur Terre est considérée (sur la Terre) comme la plus malheureuse qui se puisse être, alors qu'on pourrait la trouver fort heureuse d'en être à sa dernière vie ici. Toutes ses difficultés sont dues au fait qu'elle doit mettre au clair sa situation, se préparer à quitter, qu'elle doit payer ses dettes, etc. Elle ne pourra pas apprendre par l'entremise de la chair dans la vie suivante, aussi elle reçoit une bonne dose dans cette vie. Ainsi elle meurt, et la plupart du temps, si jamais elle y repense, c'est avec grand soulagement.

De retour au monde spirituel, les gens obtiennent un bon repos qui, certainement, est bien mérité, un repos où ils peuvent rester endormis pendant un bon nombre d'années, d'années terrestres, bien entendu. Puis ils sont rééduqués, raffermis, et tout le reste : remis à neuf, pourrait-on dire. Après cela, ils repartent sur le chemin ascendant, plus haut, toujours plus haut. Ainsi dans une vie le Grand Prophète qui a appris tout ce qu'il y avait à savoir, ou pense qu'il a appris, passe à une autre étape de l'évolution où il y a toutes sortes de facultés différentes, toutes sortes d'aptitudes diverses qu'il devra maîtriser. C'est comme un petit garçon à qui l'on a donné une bicyclette — l'enfant apprend à monter le pénible engin, puis quand il peut plus ou moins s'en servir sans tomber, il essaie une moto ; c'est un peu plus compliqué, car il a d'autres contrôles à manipuler. De la moto, il passe à la voiture, de la voiture à l'avion et de l'avion ordinaire à l'hélicoptère, dont la conduite est encore plus difficile. On apprend tout le temps des choses de plus en plus difficiles.

Quand nous nous endormons, chacun de nous — bon, soyons précis et disons qu'environ 90 pour cent d'entre nous — faisons le voyage astral, nous allons dans le monde spirituel, dans le monde astral. Comme le Christ a dit : "Dans la Maison de mon Père il y a de nombreuses Demeures ; je m'en vais pour vous préparer un Chemin." Dans le monde spirituel il y a de nombreux plans d'existence, de nombreuses ‘Demeures’. Le plus proche du plan terrestre est le plan astral ; au-delà du plan astral il y a ce que nous pourrions nommer le monde spirituel. Les gens qui ont perdu la vie sur Terre s'en vont dans le monde spirituel, mais s'ils le veulent, ils peuvent descendre dans le monde astral pour y rencontrer ceux qui sont là à la fin de leur journée terrestre. C'est comme le fait de visiter les gens dans une prison, mais cela peut être une pensée réconfortante, parce que quand vous êtes dans le monde spirituel vous pouvez parfois avoir envie de rencontrer ceux avec qui vous étiez sur la Terre.

Lorsque vous passez à un plan supérieur, cela vous réconfortera encore davantage de savoir que quand vous êtes dans le monde spirituel (pas dans l'astral), vous ne pouvez rencontrer que ceux avec qui vous êtes compatibles, vous ne pouvez pas rencontrer ceux que vous détestez ni non plus ceux qui vous détestent. Vous êtes entouré de gens qui sont attirés vers vous, vous ne pouvez rencontrer que ceux avec qui vous êtes compatibles, pour qui vous avez de l'affection, de la considération ou de l'amour.

Dans le plan astral vous rencontrez souvent des gens que vous n'aimez pas particulièrement ; vous pouvez détester une personne intensément sur Terre et quand vous quittez tous deux vos corps, la nuit, vous allez sur le plan astral et vous pouvez fort bien vous rencontrer pour discuter en langage astral, ou en espagnol, en anglais, en allemand, ou en toute autre langue, et vous pouvez décider d'essayer de régler le désaccord entre vous, vous pouvez trouver que le conflit a assez duré. Vous avez donc une discussion, vous et votre adversaire, tous deux dans le plan astral, et vous décidez ce que vous pouvez faire pour vous réconcilier.

Également, dans l'astral vous discutez souvent de ce que vous allez faire dans le monde physique de la Terre. Dans l'astral vous pourriez rencontrer la tante Fanny qui vit à Adelaïde, ou n'importe où ailleurs, et qui vous dira : "Oh, Maria Mathilda (ou quelque autre nom), je t'ai écrit une lettre il y a tant de jours et tu devrais la recevoir demain quand tu seras de retour dans ton corps terrestre. Lorsque vous vous réveillez le lendemain matin, vous avez un vague souvenir au sujet de la tante Fanny, ou qui que ce soit d'autre, et en surveillant l'arrivée du facteur, vous n'êtes pas autrement surprise de recevoir, effectivement, une lettre de tante Fanny d'Adelaïde, ou de la personne à qui vous pensiez.

De nouveau, quand on est dans le monde astral on peut souvent rencontrer des gens du monde spirituel qui ont accès à certaines connaissances. La personne dira : "Maintenant que tu as fait tout ce que tu pouvais sur Terre, tu vas te retrouver face à face avec un bus la semaine prochaine, ou la semaine d'après, et tu vas te faire écraser ; aussi, tu ferais bien de mettre de l'ordre dans tes affaires, tu as presque terminé ta tâche dans cette vie." L'homme se sent très heureux alors qu'il est dans l'astral de penser que sa vie sur Terre tire à sa fin, mais quand il revient sur Terre il se sent un peu triste et inquiet, et il dit à sa femme, s'il en a une, qu'il a fait un affreux cauchemar où il a vu qu'elle serait bientôt veuve. Sa femme, bien entendu, lui dissimule sa joie, et quand il se rend au bureau ou au magasin, elle s'empresse d'ouvrir le coffre-fort pour vérifier si l'épaisse police d'assurance est parfaitement en ordre, avec toutes les primes réglées.

Une autre façon pour une personne plus évoluée de connaître l'avenir est la suivante : elle est en mesure de voyager au-delà du plan astral jusqu'à, faute d'un meilleur terme, ce que nous pourrions appeler le monde spirituel primaire. Là, elle peut consulter les Archives Akashiques et les Archives des Probabilités, car il n'est pas du tout difficile de voir quelles sont les probabilités concernant une personne ou une nation. On ne peut pas toujours dire précisément ce qui va arriver à un individu dans la minute ou même dans l'heure, mais quant à l'avenir d'une nation ou même du monde, on peut le prévoir avec le maximum de certitude.

Eh bien, nous nous sommes assurément occupés du sujet de la mort dans ce chapitre particulier, et donc vous devriez considérer cela comme quelque chose de très agréable, tout comme la perspective des vacances pour les écoliers. Prenons un instant pour voir comment se préparer à la mort, parce que tout comme on se prépare pour un mariage, on peut passer un bien meilleur moment si on sait à quoi s'attendre.

Au Tibet, plusieurs livres sont consacrés à ce sujet. Le Livre des Morts Tibétain est l'un des grands classiques de la partie Orientale du monde ; il explique par le menu tout ce qui peut arriver à une âme qui quitte son corps et entreprend le voyage vers l'autre monde. Au Tibet, un lama particulièrement clairvoyant et spécialement formé s'assied au chevet du mourant et par télépathie reste en contact avec lui pour que même après que l'astral ait quitté le physique, une conversation puisse être poursuivie. Permettez-moi d'affirmer catégoriquement ici qu'en dépit de ce que peuvent en dire les Occidentaux sceptiques, les Orientaux SAVENT qu'il est possible d'obtenir des messages de ceux que l'on considère comme ‘morts’. Tout a été raconté en détail, précisément ce qui se passe, précisément ce que l'on ressent.

Les Égyptiens, eux aussi, ont eu un Livre des Morts, mais en ce temps-là les prêtres voulaient se conserver beaucoup de puissance et ils ont donc créé de nombreuses choses symboliques au sujet des Dieux Horus et Osiris, et l'histoire de mettre en balance l'âme et une plume. Ce serait une histoire fort jolie, mais qui ne correspond pas aux faits réels, si ce n'est que les Égyptiens à qui on enseigna de telles choses sont entrés dans la mort avec des esprits tellement bourrés d'idées préconçues qu'ils virent vraiment le Dieu Osiris, virent vraiment la Salle du Jugement, connurent vraiment en esprit toutes ces choses curieuses où l'âme était vue voltigeant comme un oiseau et où la Déesse Chatte Bubastis et d'autres étaient perçus. Mais rappelez-vous, ceci n'est qu'un joli tableau qui doit être brisé avant que quiconque puisse passer à la Réalité ; c'est comme essayer de vivre dans un univers à la Walt Disney, au lieu de vivre dans le monde réel.

Bien des gens ont des idées préconçues qui ont peut-être été entretenues par une croyance particulière ou par le manque total de croyance ; ils ne savent pas à quoi s'attendre quand ils meurent et sont donc pris dans de remarquables fantaisies de leur propre création, ou pire encore, pris dans une noirceur, une noirceur causée par le manque de compréhension.

Je vais vous demander de considérer ce qui suit avec un esprit ouvert. Que vous croyiez ou non, peu importe, l'essentiel est que votre esprit soit ouvert à ce que je vais vous dire maintenant ; plus tard, cela vous aidera.

Consacrez une heure ou deux à la méditation (voir le chapitre sur la Méditation plus loin) sur le sujet de la mort, soyez préparé à accepter l'idée que, lorsque votre temps viendra de quitter cette Terre, vous allez vous frayer, sans douleur, une sortie hors de cette affreuse argile qu'est votre corps en train de refroidir et dans lequel vous vous sentez mal à l'aise, et puis vous allez former un nuage au-dessus du corps allongé. De ce nuage vous allez lancer un appel à l'aide mental à ceux que vous avez aimés et qui vous ont précédé dans l'autre vie. Vous n'êtes peut-être pas très fort en matière de télépathie, mais cela n'a pas d'importance, car quand vous quittez cette vie pour la Plus Grande Vie, le don de télépathie vous vient automatiquement. Mais pour vous aider dès maintenant, permettez-moi de dire ceci : quand vous sentirez que vos derniers moments seront venus, essayez de vous souvenir de visualiser la personne que vous aimez le plus DE L'AUTRE CÔTÉ. Essayez de vraiment visualiser cette personne, essayez d'envoyer la pensée que vous voulez que cette personne vienne à votre rencontre et vous aide, tout comme quand vous partez en voyage et envoyez parfois un télégramme disant : "Arriverai par le train de telle heure." Puis reposez en paix ; vous éprouverez une sensation de légèreté, la sensation de vous être échappé d'une chambre comprimante, étouffante.

Gardez l'esprit ouvert, ne vous moquez pas, ne croyez pas aveuglément mais raisonnez cela, pratiquez ce que vous allez faire au moment de mourir, pratiquez-vous à vous faire sortir de force du corps mourant et à entrer dans une vie nouvelle. Songez à quel point cela ressemble à la naissance, pensez à la façon dont vous allez vous adresser à la personne que vous aimez le plus pour obtenir son aide, et lorsque l'heure aura sonné vous constaterez que votre passage se fait sans douleur et quoi que ce soit que le corps de chair connaisse ne vous dérangera pas le moins du monde.

Vous constaterez aussi, lorsque vous flotterez au-dessus de votre corps, que la Corde qui vous y rattache se fera de plus en plus mince, et se dissipera comme une fumée dans la brise. Vous monterez ainsi, toujours plus haut, pour vous retrouver dans les bras de chers disparus qui vous attendent. Ils ne peuvent faire grand-chose pour vous tant que la Corde n'a pas été brisée, de même qu'on ne peut serrer la main de nos amis tandis que le train se déplace encore dans la station.

Une des choses qui déconcertent beaucoup de gens au sujet de la mort est celle-ci : pourquoi la peur de la mort est-elle universelle, alors qu'au-delà il n'y a que la paix et une plus grande évolution ? La réponse est très facile ; si les gens sur la Terre savaient à quel point il est agréable de quitter ce monde, ils ne voudraient pas y rester ; il y aurait des suicides et ce serait vraiment quelque chose de très mal parce que le suicide est inacceptable. Les gens viennent donc sur cette Terre avec une peur innée de la mort. C'est une disposition de la Nature pour empêcher les gens de commettre le suicide ou d'essayer de satisfaire leur propre ‘désir de mourir’.

Au fur et à mesure que la mort approche, toutefois, toute peur de cette étape diminue. Il est donc parfaitement normal d'avoir peur de mourir tant que vous êtes en bonne santé, car nous sommes tenus de rester ici tout comme les enfants sont tenus de rester à l'école, et les enfants qui font l'école buissonnière ne sont pas populaires auprès du directeur d'études !

Quand votre temps de mourir viendra, gardez alors un esprit ouvert, gardez devant votre conscience la pensée que ceux qui sont très désireux de vous aider sont là, souvenez-vous qu'il n'existe rien de tel que l'Enfer, rien de tel que la damnation éternelle, rien de tel qu'un Dieu vengeur qui ne désire que votre destruction. Nous ne croyons pas qu'il faille ‘craindre Dieu’. Nous croyons au contraire que si Dieu est bon, il nous faut l'aimer, non pas le craindre. Et — la mort, elle aussi, est bonne ; on devrait l'aimer et l'accueillir les bras ouverts quand vient le temps, mais jusqu'à ce que ce temps vienne, il faut vivre selon la règle : ‘Fais à autrui ce que tu voudrais qu'il te soit fait.’

Si vous êtes prêt à y consacrer du temps, de la patience et beaucoup de foi, vous devriez alors très certainement être en mesure d'étudier la question de la mort en tant qu'observateur sérieusement intéressé, mais vous apprendrez qu'une telle étude implique quelques sacrifices. Par exemple, vous ne pouvez participer aux fêtes, vous ne pouvez aller au cinéma, vous ne pouvez téléphoner pour un ‘fast food’. Au lieu de cela, vous devez vivre comme un ermite.

Je suis un ermite, et je préfère être un ermite parce que je possède tous ces pouvoirs dont je vous parle et dont beaucoup peuvent être vôtres si vous essayez avec assez de persévérance et avec assez de foi. Je peux voyager dans l'astral, je peux consulter les Archives Akashiques et, un peu plus bas dans ce chapitre, je vous parlerai de la prophétie.

Beaucoup peut être accompli par la méditation et par la concentration. Pour cela, évidemment, il faut être un ermite. Ermites, moines, lamas, appelez-les comme vous voulez, sont des solitaires retirés du cercle ordinaire de la vie sociale, retirés volontairement pour pouvoir se concentrer, méditer et pratiquer le voyage astral. Cette affaire de voyage astral est quelque chose de très, très réel, c'est un fait et c'est aussi simple que de respirer. Le problème est que vous ne pouvez pas prendre de bagages avec vous, et il est inutile de traverser l'océan pour un autre pays en pensant que vous y passerez le week-end entre amis. L'obstacle est que vos amis, à moins qu'ils en soient à votre étape, ne peuvent être en mesure de vous voir, le problème est que vous ne pouvez ni prendre quoi que ce soit avec vous ni rapporter quoi que ce soit de matériel ou de solide.

Une chose très intéressante est que dans l'astral on peut consulter les Archives Akashiques à condition d'être l'un des rares chanceux qui ont ce que je pourrais appeler une permission spéciale. Permettez-moi de dire tout de suite que beaucoup de ceux qui prétendent aller dans le monde astral y consulter votre Registre Akashique sont des imposteurs et, en fait, des escrocs. Ils prennent votre argent, habituellement autour de cinquante dollars, mais ils sont totalement incapables de faire ce qu'ils prétendent pouvoir faire. Aussi, si quelqu'un vous dit qu'il va partir dans le monde astral et en rapporter votre Registre Akashique pour cinquante dollars — gardez vos cinquante dollars !

Et il est fort heureux que n'importe qui n'ait pas accès à ces documents, sinon on peut imaginer quelle arme terrible ils seraient entre les mains de maîtres-chanteurs et de criminels. L'utilisation sans distinction des Archives Akashiques causerait un mal indescriptible. Donc, seuls ceux dont les intentions sont pures peuvent avoir accès aux Archives Akashiques.

Qu'est-ce que c'est que ces Archives Akashiques ? C'est comme un film cinématographique. Par exemple, on présente une grande épopée à l'écran ; si vous savez comment le faire, vous pouvez passer à n'importe quelle partie spécifique du film et voir ainsi n'importe quelle partie à volonté. De même, tout ce qui est arrivé dans le passé est enregistré. Voyez cela de la façon suivante — supposons quelque chose qui n'est possible que dans l'astral, supposons que dans le physique nous puissions voyager instantanément jusqu'à une très, très lointaine planète située à des milliers d'années-lumière. Supposons maintenant que nous possédions un instrument qui nous permette de voir ce qui se passe sur la Terre — nous ne verrions pas, bien sûr, la Terre telle qu'elle est maintenant, mais telle qu'elle était il y a des années, parce que la lumière possède une vitesse et que tout ce que nous voyons, nous le voyons après que cela a eu lieu. La vitesse de la lumière est très, très rapide, relativement parlant.

Mais considérons plutôt le son. Vous voyez cet homme là-bas environ un demi-mille (805 m) plus loin ? Il a une hache à la main et coupe du bois avec beaucoup d'énergie. Vous voyez la hache heurter le bois et puis, après un temps appréciable, vous entendez le son. De même, un jet supersonique résonne dans le ciel ; vous levez la tête vers l'endroit d'où le bruit semble venir, mais à ce moment-là l'avion est déjà environ cinq milles (8 km) en avance sur le son que vous entendez. La vitesse du son est lente comparée à la vitesse de la lumière, et la lumière, rappelez-vous, est assez proche de la vue.

Supposons que vous ayez l'aptitude d'aller dans l'espace de façon instantanée, de vous arrêter à un instant précis et voir clairement l'image-lumière qui arrive de la Terre, de revenir en arrière de quelques années, c'est-à-dire de quelques années-lumière, bien sûr, vous verriez alors — qu'allons-nous dire ? — vous pourriez voir Napoléon défiler à Moscou, ou bien vous pourriez voir le Général Eisenhower pratiquant le golf. Mais allez un peu plus en arrière et vous verriez une grande partie des États-Unis couverte de buissons, avec des wigwams et des Indiens, et peut-être ici et là quelques-uns des fameux chariots couverts.

Revenez plus loin en arrière, reculez d'environ 1 000 ans, 2 000 ans, en traversant les pages de l'histoire. Vous vous apercevriez que l'histoire est très différente de celle qui est consignée dans les livres. L'histoire est écrite pour s'adapter à la politique de l'époque, s'adapter à l'état d'esprit et aux croyances du pays. Un voyage dans l'Akashique vous ferait découvrir la vérité. Prenons pour exemple Francis Drake. Qui était-il ? Sir Francis Drake, grand héros de l'Angleterre, ou Drake le pirate, le boucanier que se représentent les Espagnols, l'homme qui a essayé de ruiner le commerce espagnol ?

Pensez à l'Inquisition espagnole ? Où est la vérité ? Les inquisiteurs étaient-ils des saints ou était-ce quelque chose de semblable à Belsen et les autres camps de concentration en Allemagne ? Les Archives Akashiques vous le diront.

Mais les Archives Akashiques, vous savez, ce n'est pas seulement ce qui est arrivé dans le passé ; vous pouvez également voir les fortes probabilités pour l'avenir. Ici, en cette époque particulière, nous sommes semblables à un homme seul sur une route sinueuse, une route semée de nombreux obstacles au-delà desquels il ne peut pas voir ; mais installons cet homme dans un hélicoptère et il pourra voir plus loin, il pourra voir au-delà des obstacles, il pourra voir la route sur toute sa longueur. Il en est ainsi avec les Archives Akashiques ; vous pouvez voir les probabilités qui se préparent.

Maintenant, cela ne signifie pas que tout l'avenir soit prédestiné. Les principaux événements le sont, oui. À titre d'exemple, permettez-moi de dire ceci : vous savez qu'il y aura un demain et un après-demain, puis une semaine après cela ; vous pouvez prévoir cela avec certitude, mais vous ne pouvez prévoir avec certitude les menus détails. Vous pouvez dire qu'un bus ira d'ici à un certain point éloigné ; l'horaire vous dit qu'il quittera à telle et telle heure et arrivera aux stations intermédiaires à telles et telles heures pour finalement parvenir à destination à une heure fixée à l'avance. Vous n'avez pas peur que le bus ou le train n'arrive pas : autrement dit, vous prédisez ce qui va arriver. Vous prédisez l'avenir de ce bus.

Il existe une théorie très compliquée, qui en réalité est une théorie tout à fait vraie, sur les univers parallèles, selon laquelle tout s'est déjà produit et que nous vivons dans un continuum de temps différent. Toutefois, nous ne nous proposons pas d'examiner ici cette théorie, mais qu'il nous soit permis de déclarer que les Prophètes d'antan pouvaient voir dans l'avenir et que les Prophètes du temps présent le peuvent également. Je vais maintenant vous en donner un exemple. C'est quelque chose qui m'est arrivé et qui s'est produit sous contrôle total. Je suis entré en transe et voici ce que j'ai vu :

J'ai d'abord vu qu'une guerre allait probablement commencer. Avec le recul du temps, je peux dire maintenant que — oui, c'est bien cela — il s'agissait de la guerre qui a débuté au Vietnam après le départ des Français, après la dissolution de la Légion Étrangère. L'exactitude de cette vision a, hélas ! été prouvée.

Les autres choses sont les suivantes : dans l'avenir l'Italie sera conquise par le communisme. Pour l'heure, la religion chrétienne sera perdue et le Vatican sera fermé, les cardinaux et les évêques seront tués, le communisme va s'infiltrer dans toute l'Europe. Ce ne sera pas le communisme que nous connaissons à l'heure actuelle, il sera quelque peu modifié. Le communisme originel de la Russie était une affaire beaucoup plus brutale, plus dure qu'à l'heure actuelle, plus semblable au communisme chinois. L'Angleterre et les États-Unis vont finir par fusionner par mesure de protection et l'Angleterre sera sous la direction des États-Unis. En fait, elle aura un Américain pour Gouverneur, ce qui est assez amusant quand on pense que les gens ont quitté l'Angleterre pour fonder l'Amérique, et maintenant les Américains vont y retourner et redécouvrir l'Angleterre.

Un jour, la surface de la Terre craquera. Si vous avez lu les rapports de l'Année Géophysique Internationale, vous savez qu'il existe au-dessous de l'océan de vastes secteurs en pleine activité, en pleine transformation. Déjà, les fonds marins s'élèvent. Des continents perdus, qui sont actuellement tout au fond des mers, vont réapparaître et former de nouveaux pays, les terres actuelles s'affaisseront et le monde sera pour un temps en état de panique et de chaos. New York s'éboulera et finira par s'enfoncer sous les eaux de l'Atlantique. Los Angeles et San Francisco, Seattle et Vancouver, sur la côte du Pacifique, seront rasées et puis s'enfonceront dans le Pacifique qui, lui, montera. La plus grande partie de la côte sera inondée et tout l'aspect du pays changera. Par-dessus l'Alaska, des rockets de la Russie communiste et équipés de bombes pleuvront, causant de grandes dévastations aux États-Unis comme au Canada. Bien entendu, de grandes dévastations seront provoquées également en Russie par les méthodes de représailles de ces pays, mais sur le continent nord-américain, quelques survivants se regrouperont au sommet des montagnes Rocheuses, assez nombreux pour repeupler plus tard le continent.

Au Canada, les Grands Lacs, qui sont actuellement des étendues d'eau douce, changeront d'orientation et couleront en sens inverse dû au renversement de l'axe de la Terre de sorte que la mer coulera de Québec à Montréal, de Montréal à Buffalo, de Buffalo à Détroit, puis l'eau s'accumulera à Chicago en inondant la ville, en inondant la région, et se frayera une voie d'eau salée jusqu'au Mississippi. Les eaux tumultueuses, rassemblées en un torrent dévastateur du fait du renversement de l'axe de la Terre, causeront une telle érosion des terres qu'une île nouvelle se formera. Tout ce qui est séparé par l'eau et fait face à l'océan deviendra une terre nouvelle.

En Europe, le lit de la Méditerranée s'élèvera pour devenir de hautes terres et il y aura de grands tombeaux ouverts, en partie de l'Égypte engloutie et en partie de la terre engloutie des années auparavant.

L'ensemble du continent Sud-Américain sera secoué de tremblements de terre. Les îles Malouines ne seront plus des îles, mais seront réunies comme de hautes terres avec le tiers inférieur de l'Argentine. À peu près au tiers inférieur de l'Argentine une grande crevasse se formera qui fera communiquer l'Atlantique et le Pacifique par une ouverture qui ne sera pas plus large que l'ouverture entre la Méditerranée et Gibraltar. En raison du changement de la répartition du poids, la Terre s'inclinera plus encore et les saisons changeront. La glace des Pôles fondra et un vaste territoire deviendra utilisable, avec de merveilleux minerais et de nombreuses nouvelles ressources.

Le Japon et la Corée ainsi qu'une partie de la côte chinoise s'enfonceront sous les eaux, mais d'autres terres émergeront des mers. Les Russes auront envoyé dans l'espace de très grands satellites. Bientôt les Chinois iront, eux aussi, dans l'espace, car ils auront capturé des savants américains chassés par les inondations et la destruction. L'an 2000 verra se dérouler dans l'espace de grands événements qui ne seront pas toujours pacifiques, car il existera une sérieuse rivalité entre les branches du communisme, la russe et la chinoise. En l'an 2004, il y aura une terrible guerre spatiale entre la Chine et la Russie. Sur Terre, les gens se blottiront dans des abris profonds et beaucoup d'entre eux seront sauvés. Davantage de terres sombreront et davantage s'élèveront.

Une partie de cette prophétie m'a tellement donné à réfléchir que je me suis demandé si je ne devais pas rester discrètement silencieux et ne pas la mentionner, mais qu'importe, disons la vérité, et puisque nous sommes allés aussi loin, allons un peu plus loin.

En l'an 2008 environ, les Russes et les Chinois régleront leurs différends sous le stimulus de quelque chose de beaucoup plus important. De très loin dans l'espace, d'au-delà de tout ce système, viendront des gens, des humains, qui voudront s'établir sur cette Terre. Ses actuels habitants en seront terriblement fâchés et regarderons leurs indésirables visiteurs d'un fort mauvais œil. Pendant un certain temps il y aura une considérable commotion ; cependant, le bon sens et la raison finiront par prévaloir.

Les gens venus de l'espace lointain manifesteront des intentions pacifiques, qui font si désastreusement défaut sur cette Terre. Avec le temps les gens venus de l'espace s'établiront donc, se marieront avec les habitants de cette Terre, de telle sorte qu'il n'y aura finalement plus qu'une seule race d'hommes, qui s'appellera la Race Hâlée (the Race of Tan — NdT), parce que les diverses couleurs de peau, la blanche, la noire, la jaune et la brune donneront naissance à une très agréable nuance brun roux.

 

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À ce stade de son évolution, la Terre connaîtra l'Âge d'Or, une ère de paix, de tranquillité et de haute connaissance occulte. Ce sera l'ère où les Hommes, terrestres et extra-terrestres, vivront dans l'harmonie.

Et après ? Oui, les choses sont également claires, mais contentons-nous de ce premier épisode car c'est, en fait, un véritable épisode.

Riez-vous, êtes-vous sceptique, cynique ? Eh bien, vous avez droit à votre opinion comme j'ai droit à mon savoir. Si vous aviez mon savoir, vous ne seriez pas en train de m'écouter maintenant et vous ne vous moqueriez pas.

Il y a très peu de temps on déclarait que l'Homme ne pourrait jamais envoyer un message à travers l'Atlantique au moyen de la radio. On a dit ensuite que l'Homme ne traverserait jamais l'Atlantique en avion. On a déclaré que personne ne pourrait possiblement dépasser la vitesse du son parce que les gens en mourraient, et on a également annoncé que l'Homme ne serait jamais capable d'aller dans l'espace parce que la chaleur produite par la vitesse le consumerait. L'homme est allé dans l'espace, et la femme aussi. Des choses qui sont tout à fait impossibles aujourd'hui seront banales demain. Maintenant nous avons des programmes de télévision retransmis par un satellite artificiel, nous recevons des messages radio par réflexion sur la Lune, Mars, Vénus. Comment pouvez dire que ma prophétie n'est pas vraie ?

Il est déplorable que les gens condamnent ce qu'ils ne comprennent pas. Si les gens ne peuvent pas faire ceci ou cela ou autre chose, il est déplorable qu'ils soient enclins à dire : "Oh, mais c'est impossible, tout à fait impossible, ces choses sont au-delà des connaissances humaines." C'est, bien sûr, une absurdité, parce que quand on peut voir les Archives Akashiques de tout ce qui est arrivé, on peut aussi voir les Archives des Probabilités.

Et si vous vous demandez ce que sont les Archives des Probabilités, permettez-moi de vous donner un simple exemple. Les probabilités sont ces choses que vous prévoyez : vous vous attendez à ce que demain, le jour d'après, et pour des années après, les bateaux naviguent sur les mers, les avions volent dans le ciel, et les voitures continuent de répandre leurs fumées nocives partout dans la campagne. Vous vous attendez vraiment que cela se produise parce que c'est tellement probable. Le futur d'une race ou d'un pays peut être prévu avec le plus haut degré de précision, et les Archives des Probabilités indiquent tout ce qui sera. Vous avez eu ici un aperçu de ce qui va arriver, mais il y a d'autres choses, de petits incidents qui montrent la voie. Voulez-vous en savoir un peu plus ?

D'accord — dans les années à venir, l'Angleterre sera un État des États-Unis tout comme le sont Hawaï et l'Alaska. L'Angleterre sera finalement contrôlée par les États-Unis et à partir de ceux-ci, puis finira par souscrire aux Lois Fédérales des États-Unis.

Dans les siècles à venir, le Canada sera l'un des pays dirigeant du monde : le Canada et le Brésil. Le Brésil à présent est en déclin, mais il se relèvera et sera peut-être le deuxième plus grand pays du monde ; il deviendra, en fait, une fois de plus le ‘Grand’ Brésil.

La France et la Russie s'uniront dans les années à venir pour vraiment écraser l'Allemagne. La France et la Russie se sentent toutes deux menacées par l'Allemagne et elles vont unir leurs forces pour mettre fin à cette menace. La race allemande s'éparpillera alors parmi les autres nations, comme la race juive est actuellement dispersée parmi d'autres nations.

Les États-Unis et la Russie s'associeront pour vaincre la Chine, la nouvelle Chine qui constitue partout une menace pour la civilisation, et ainsi l'Ours et l'Aigle s'uniront pour vaincre le Dragon et, jusqu'à ce que le Dragon soit vaincu, il n'y aura pas de paix durable.

Ceux d'entre vous qui s'intéressent à l'astrologie se souviendront que le 5 février 1962, 16 degrés ont couvert le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne au cours d'une éclipse. Cela se reproduira le 5 mai 2000, et, un peu auparavant, la comète de Halley reparaîtra, en avril 1986. Toutes ces configurations amèneront des événements historiques dans le monde entier. Ce sera l'ouverture d'une Ère Nouvelle, l'époque où l'espoir fleurit une nouvelle fois tout comme les petites fleurs printanières se raniment et refleurissent lorsque les neiges de l'hiver cèdent la place au soleil, et pareil aux fleurs printanières qui sont renouvelées par les saisons et la renaissance qui se produit chaque année, ainsi en sera-t-il pour l'Homme : les espoirs et les aspirations spirituelles de l'Homme seront renouvelés après l'année 2000.

Nous pourrions aussi bien dire ici quelque chose à propos du changement climatique de ce monde, parce que presque tout le monde doit avoir remarqué de grands changements. Le climat aussi est un sujet digne de prédiction.

Dans les années qui viennent, il y aura de nombreux tremblements de terre, des terres s'élèveront, des terres s'enfonceront et de nombreuses terres seront remplacées par les eaux. Dans le Pacifique, une grande faille s'étend sur des milliers de milles (km). C'est une crevasse dans la surface terrestre, et si de plus en plus de nations commencent à faire exploser de plus en plus de bombes atomiques, ou pire, la crevasse va s'ouvrir un peu et se déplacer de beaucoup, et alors il se produira toute une série de tremblements de terre et d'inondations.

Pendant des siècles il a été possible de prédire le temps, plus ou moins précisément. On pouvait consulter les diagrammes des bureaux météorologiques et ces diagrammes indiquaient que la température, disons, du Canada, devait normalement se situer entre telles et telles limites à tel et tel moment, tandis qu'à Buenos Aires, par exemple, il y avait différentes limites d'élévations et d'abaissements de température. Il était possible de prédire la température à Moscou, à Tombouctou, ou ailleurs, en consultant des relevés s'échelonnant sur un très grand nombre d'années. Nous savions ce qui se produirait pour chaque saison, nous savions si l'été allait être plus chaud que l'hiver et quelles seraient les limites de chaleur, quelles seraient les limites de froid ; mais tout cela change, et change rapidement, suite à toute une accumulation de causes créées principalement par l'homme.

Avez-vous remarqué que, récemment, on a noté de plus en plus souvent des anomalies de température ? Aux États-Unis, il y a eu des hivers absolument anormalement froids. En Géorgie la température est descendue à plusieurs degrés au-dessous de zéro (0 °F = -17.7 °C — NdT). L'Arizona aussi a subi de grands froids, parfois 40 degrés sous zéro (-40 °F = -40 °C — NdT).

J'ai reçu des lettres d'amis du Canada et des États-Unis m'informant de températures anormales, d'un froid étonnant suivi la semaine d'après d'une vague de chaleur. On me signalait l'autre jour qu'aux Chutes du Niagara, au Canada, la température était extrêmement chaude, étouffante, pour devenir ensuite terriblement froide. À Détroit, aux États-Unis, la température étonnamment froide s'est soudainement changée en chaleur.

Dans le nord et l'est des États-Unis il y a eu une sécheresse ; en fait, avril de cette année a été le plus sec jamais enregistré par les stations météorologiques des États-Unis. Il n'y avait pas d'eau pour les plantes, et aucun système d'irrigation ne fonctionnait. Les plantes ont flétri dans la terre desséchée.

Je ne sais pas combien d'entre vous sont allés aux États-Unis, mais dans le Montana, non loin de la frontière Canadienne, il y a un grand Parc National, et dans ce parc il y a un glacier — en fait il y en a plusieurs — mais certains ont complètement fondu et d'autres ont fortement diminué.

Certaines régions des États-Unis et du Canada dépendent beaucoup des programmes de ski, programmes nécessitant de la neige et de la glace. Eh bien, comme il n'y a eu ni neige ni glace, les gens qui dépendent de ces conditions climatiques ont été ruinés.

Dans le Midwest il y a eu des tornades, de phénoménales tornades. Le nombre, la vitesse et la férocité des tornades ont augmenté. Tout récemment il y a eu plus de 800 tornades par an dans le centre des États-Unis.

Mais quittons les États-Unis. Il y a d'autres parties du monde. Je reçois du courrier de partout dans le monde, mais les journaux apportent aussi bien les informations au sujet de la température. En Angleterre il y a eu une température absolument anormale, un record de froid, la pire tempête de neige jamais vue avec la circulation au point mort, les gens à court de nourriture et gelant, le bétail mourant de froid et de faim.

En Méditerranée, la température a été totalement anormale : par exemple, un froid insolite apportant plus de trois pieds (1 m) de neige en Sicile, le Pays du Soleil, selon sa propre publicité. Eh bien, il se peut qu'ils aient eu du soleil, mais certainement accompagné d'un froid intense. Tout cela est anormal, le climat mondial change. Il y a eu de la glace à Rome ; sur le Tibre il y a eu de la glace, de la glace pour la première fois en 500 ans. On associe Rome, en Italie, à la chaleur, à un doux climat, et non pas à de la glace sur le Tibre où les gens peuvent patiner.

Et une autre partie du monde — le Japon, ils ont eu l'hiver le plus rude de leur histoire. Des tempêtes, de mauvaises récoltes, tout leur est tombé dessus.

En revanche, le climat de la Russie semble s'être adouci. La Sibérie est moins glaciale et bien sûr avec tous ces changements dans les conditions climatiques, encore plus de changements sont provoqués, car si une portion de terre se réchauffe, l'air au-dessus monte et forme des cumulus. Il est bien possible que tant de bombes atomiques aient obscurci le rayonnement direct du Soleil sur la Terre et son retour dans l'espace, et que cela ait altéré les zones de température dans le monde entier. Ainsi, comme il a été prédit, dans un avenir assez proche bien des choses vont changer sur cette Terre.

Avez-vous jamais pensé à ceci ? Si la glace du Pôle Nord et du Pôle Sud fondait, le niveau des eaux s'élèverait partout dans le monde d'au moins 600 pieds (183 m) ? Songez, même si une partie seulement de la glace sur la côte de Russie se mettait à fondre, des villes comme New York ou Montevideo pourraient être inondées ; en fait, il suffirait de quelques pieds d'eau pour inonder complètement l'Uruguay. Mais au cas où les Uruguayens se précipitent pour s'équiper de bouées et de maillots de bain, je vais ajouter ceci : selon les prédictions cette partie du monde va s'élever, de sorte qu'au lieu d'être inondée elle se retrouvera bien au-dessus du niveau de l'eau. New York va couler sous les flots, selon la prédiction, et tout au bas de l'Argentine une fissure va s'ouvrir en divisant la queue de l'Argentine du reste du pays, ce qui fait qu'il y aura là une île et un passage plus rapide vers l'océan Pacifique. Cela causera en soi un certain bouleversement, car le Pacifique est plus salé que l'Atlantique, et cela donnera lieu plus ou moins à un paradoxe : l'eau du Pacifique deviendra plus chaude mais plus lourde et s'enfoncera donc dans les eaux plus froides de l'Atlantique parce que celles-ci, étant moins salées, sont plus légères.

Les Russes s'emploient à transformer les conditions climatiques à leur avantage en tripotant le Gulf Stream, ce qui fait que le courant chaud qui devrait normalement se diriger vers l'Europe coule le long de la Sibérie, laquelle Sibérie dégèle et deviendra véritablement une terre russe. Mais dans le balancement de l'équilibre, l'Angleterre pourrait avoir une autre Ère Glaciaire, et la glace pourrait s'étendre sur une bonne partie de l'Europe.

Normalement la Terre est entourée par des couches d'air, certaines d'entre elles voyageant comme des courants d'air de la même façon qu'il y a des courants d'eau. Normalement la quantité de rayons cosmiques qui viennent frapper la Terre est à peu près constante, mais maintenant à cause du tripotage des couches supérieures de l'atmosphère par des fusées qui la traversent et des bombes qui explosent, les jet-streams des couches extérieures ont été perturbés et détournés. D'où des inversions de température qui empêchent l'air chaud de s'élever et de vastes régions qui deviennent desséchées par le manque de pluie et par l'excès de chaleur. Les zones de température changent partout dans le monde, surtout pour le pire, et à moins que l'humanité ne se dresse pour contrôler ceux qui veulent la guerre, elle connaîtra de bien durs moments avant d'avoir une meilleure période. Toutefois, nous sommes actuellement dans l'Âge de Kali, l'Âge de la douleur, de la souffrance et du désespoir. Bientôt viendra l'aube où l'Homme pourra de nouveau espérer et savoir qu'il progresse vers de plus grandes choses, un bonheur plus grand, une plus haute spiritualité, et une plus grande foi en ses semblables.

 

Chapitre Huit :
Méditation

L'arbre immense élevait vers le ciel des branches implorantes qui semblaient invoquer le Dispensateur de Lumière. Son ombre s'étirait sur le sol, longue et noire. Et plus longue et plus noire encore à mesure que le Soleil poursuivait sa course éternelle. L'arbre se laissait engourdir par les rayons vivifiants. Sous ses milliers de feuilles les oiseaux pépiaient et, de temps à autre, voletaient jusqu'aux arbres voisins pour y chercher leur pâture. D'une cachette en plein feuillage sort un cri aigu : c'est un oiseau furieux d'avoir été dérangé par un singe. Les piaillements vont crescendo tandis que toute une troupe de singes se met à faire du trapèze volant, de branche en branche. Tout à coup, c'est le silence. Des HUMAINS approchent !

C'est d'abord un vieillard courbé qui se fraie un chemin à travers les buissons. Dans ses doigts noueux il serre un solide bâton. Il avance d'un pas lourd. Derrière lui, deux jeunes gens portent quelques paquets. Le vieux s'arrête et désigne l'arbre. "Nous nous reposerons ICI. Moi, je méditerai toute la nuit !" dit-il. Ensemble, ils s'approchent d'une petite clairière où les fortes racines de l'arbre font des bosselures et de profonds sillons. Ensemble, ils font le tour du puissant tronc, cherchant une place commode. Bientôt ils trouvent un endroit où un bloc de roche à surface plate fait saillie sur le côté ensoleillé du tronc. Un singe, surpris dans ses jeux, s'enfuit en glapissant devant les hommes et disparaît parmi les branches.

Le plus jeune des deux Assistants ramasse soigneusement quelques brindilles, les noue d'une longue tige souple, pour en faire un balai avec lequel il débarrasse aussitôt le dessus de la roche du moindre débris. Avec grand soin, l'autre Assistant ramasse un silex aux arêtes vives et se dirige vers une étendue de mousse d'un vert brillant, pareil à du gazon. À genoux, il y enfonce la pierre tranchante et se met en devoir de découper un large morceau de mousse de même dimension environ que le dessus de la roche. Délicatement, il pèle la couche de mousse et la roule à la façon d'un tapis. Avec l'aide du plus jeune homme, il la transporte et l'étale sur la roche, formant un épais coussin pour protéger les vieux os de la dureté de la pierre. Ramenant les plis de sa robe en lambeaux, le vieil homme grimpe avec une agilité surprenante sur cette plate-forme improvisée.

Les rayons du Soleil couchant colorent en les caressant une dernière fois les feuillages et les troncs de la forêt. Le plus âgé des deux Assistants se hâte de préparer leur simple repas. Un peu d'orge grillée, une pincée de riz, une petite mangue mûre et un bol d'eau fraîche prise au ruisseau voisin. Le maigre repas est bientôt pris, les ustensiles lavés et rangés dans un linge.

"Je vais méditer, dit le vieil homme, en s'installant jambes croisées et se drapant de sa robe. Ne me dérangez pas. Quand je serai prêt, je vous le dirai."

Les deux Assistants inclinent respectueusement la tête, puis se retirent à quelque distance et s'enroulent dans leurs robes, se préparant au sommeil. Soudainement, le Soleil plonge derrière la ligne d'horizon et c'est maintenant le règne de la nuit indienne, douce, parfumée, irisée, où le Seigneur de la Nuit réveille toutes les petites créatures nocturnes pour qu'elles se mettent à leurs tâches. Quelque part un oiseau ensommeillé murmure un dernier ‘churp-churp’ à son compagnon avant de s'endormir pour rêver, peut-être, de vers gras et de fruits juteux.

Lentement le pourpre de la nuit fait place à l'argent brillant lorsque la Déesse des Amoureux s'élève dans le ciel et verse sa Lumière sur le monde endormi. La brise légère de la nuit vient dissiper les odeurs violentes du jour et fait onduler les petites fleurs de la forêt repliées sur elles-mêmes dans leur sommeil, apportant des parfums frais à ceux qui vivent la nuit. Les heures glissent lentement. La lumière de la Lune baisse au-dessous de l'horizon lointain, et de légers nuages floconneux voguent sereinement au-dessus de la Terre. Le vieillard est toujours immobile, le torse droit, retiré en lui-même, méditant. Les petites créatures sortent de leurs terriers et garennes pour regarder fixement avec des yeux ronds qui ne clignotent pas, et ne sentant aucun danger, vaquent à leurs légitimes activités.

Le vieil homme est assis tout droit, immobile, méditant, comme les premiers rayons de lumière s'élargissent et se métamorphosent en ombre grise de l'aube. Quelque part un singe endormi s'est fait bousculer, pousse un cri et bafouille de fureur somnolente. Rapidement la lumière devient plus brillante et un peu de chaleur balaye la terre refroidie durant la nuit. Des arbres, proviennent les appels et les battements d'ailes des oiseaux qui s'éveillent. Avec un cri de terreur, un petit singe — encore inexpérimenté — perd sa prise et tombe d'une douzaine de pieds (3,6 m) avant que ses membres paralysés de peur n'arrivent à s'étendre, à saisir une branche, et à le balancer à l'abri. Le vieil homme est assis, immobile, tandis que ses Assistants se lèvent, s'étirent, frottent leurs yeux encore embués.

Bien plus tard dans la journée, quand le Soleil déverse des flots de chaleur, le vieux Moine termine sa longue méditation et prend un frugal petit déjeuner. Se tournant vers le plus âgé des deux Assistants, il lui dit : "Il est temps que tu apprennes l'art de la méditation, mon fils, car je t'ai bien observé et le moment de ton instruction est venu."

"Mais est-il si difficile de méditer, Maître ? N'IMPORTE QUI ne peut-il y parvenir ?" demande le plus jeune.

"Non, mon fils, répond le vieil homme. Certains ne méditent jamais parce qu'ils n'en sont pas dignes, et d'autres, qui en sont dignes, ne méditent pas parce qu'ils ne savent comment le faire. La méditation est un art qui doit être transmis, c'est un art qui peut élever l'égo d'une personne à des hauteurs sublimes." Il réfléchit un moment, puis dit au plus jeune : "Aujourd'hui, tu iras seul chercher la nourriture. Je dois instruire ton aîné. Avec le temps, si tu en es digne, ton heure viendra."

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Tant de gens disent qu'ils ‘vont méditer’, mais bien entendu la plupart d'entre eux n'ont pas la moindre idée de ce qu'est une méditation véritable. Ils pensent que c'est quelque chose de mystique alors que, comme pour la plupart des questions métaphysiques, la méditation est simple et n'est qu'un moyen pour parvenir à une fin, une méthode grâce à laquelle on obtient certains résultats.

L'une des grandes difficultés auxquelles se heurtent les étudiants ès sciences métaphysiques réside dans le fait que presque toute l'expérience et presque toute la recherche en matière de méditation ont leur origine au Tibet et en Inde, où des civilisations ont fleuri bien avant qu'il n'existe la moindre civilisation dans le monde Occidental.

Bien entendu, il y a eu également la grande civilisation de la Chine Ancienne, mais bien que l'on ait fait l'éloge de la Chine comme étant de grande stature religieuse, en réalité elle s'est beaucoup plus intéressée aux arts de la guerre. Les civilisations chinoises nous ont dotés d'aussi douteux atouts que des explosifs, des cerfs-volants à haute altitude capables de décharger des flots de flèches empoisonnées et, chose assez surprenante, les Chinois ont été, il y a des siècles, les premiers à employer des fusées de guerre. Leurs ‘bombes atomiques’ se présentaient sous forme de grandes masses de matières enflammées portées par des têtes de fusées ; ces masses enflammées étaient lancées sur les positions ennemies où elles mettaient le feu, indifféremment, au matériel et aux hommes.

La Chine nous a aussi donné des arts et des métiers, ce qui est louable, mais elle a principalement pris les religions de l'Inde et les a altérées pour les conformer aux idées chinoises.

Ne tenons pas compte du Japon parce que jusqu'à ces dernières années le Japon était un pays insulaire isolé, imperméable aux influences d'autres pays et, comme la véritable histoire du Japon nous le dit, ils ont simplement copié leurs religions et leur culture sur celles des Chinois. On ne sait où les Japonais ont puisé la cruauté dont ils ont fait preuve au cours de la Seconde Guerre Mondiale, mais ils ont assurément été des maîtres en ce qui concerne les pratiques brutales et cruelles et l'on peut s'étonner de ce que ce petit peuple soit maintenant toléré parmi les autres nations. Il s'agit sans aucun doute de commerce plutôt que d'amitié.

L'une des grandes difficultés — pour en revenir à notre thème initial — c'est qu'en traduisant le Sanskrit et autres langues Orientales, il n'est pas toujours possible de faire passer le sens exact dans une langue Occidentale, l'anglais, par exemple. Les langues Occidentales portent surtout sur des choses concrètes, alors que les langues d'Extrême-Orient traitent des concepts abstraits, et c'est ainsi que tant de choses qui dépendent de l'utilisation précise d'un idiome et qui n'ont pas leur équivalent dans une autre langue, égarent les traducteurs et provoquent de graves malentendus. Tel est, par exemple, le terme de Nirvana, un terme qu'il nous faut réellement comprendre dans sa conception Orientale et auquel nous allons, par conséquent, nous référer avant de traiter de la méditation, de ce qu'elle est, et de la méthode à employer pour la pratiquer.

L'Inde avait une grande civilisation, une civilisation hautement spirituelle par nature. En fait, l'Inde était le berceau de la vraie religion de ce cycle particulier d'évolution, et de nombreux peuples ont copié et modifié les religions indiennes.

À certains stades de la culture de la Chine Ancienne, lorsque la spiritualité et le culte des ancêtres étaient d'importance plus grande que le président Mao ou la guerre, les religions ont fleuri, mais certains Chinois et certains Indiens, aussi, ont pris leurs croyances religieuses trop à la lettre, car la religion doit être un repère, un guide, un manuel de comportement. Les Indiens et les Chinois oublièrent cela, et on a souvent eu le cas d'un Chinois ou d'un Indien passant sa vie assis sous un arbre dans un état de contemplation oisive, se disant : "Oh, je vais prendre cela mollo dans cette vie-ci, je me rattraperai quand je reviendrai sur Terre." Ce n'est pas une figure de rhétorique, ni une exagération, c'est un fait et, jusqu'à une époque très récente, il était parfaitement possible qu'un Chinois fasse des dettes dans sa vie, étant bien entendu qu'il les rembourserait, avec les intérêts, dans sa vie suivante. Vous imaginez un prêteur Occidental — ils se font appeler de nos jours sociétés financières ou compagnies de finance — avançant une somme d'argent sous la condition qu'elle sera remboursée lorsque le débiteur reviendra sur Terre dans sa prochaine incarnation ? Drôle de comptabilité en perspective !

Pour répéter — les langues Orientales s'occupent principalement de concepts abstraits et spirituels, tandis que les langues Occidentales portent sur des termes qui ont affaire à l'aviation, l'argent (ou le manque d'argent !), et autres sujets matériels. Vous serez peut-être intéressé d'apprendre qu'il y a quelques années les Japonais n'avaient aucun idéogramme, aucune forme écrite d'expression qui pût s'adapter aux termes techniques de la radio ou de l'ingénierie, et autant que je sache, les techniciens japonais ne pouvaient discuter de radio, d'ingénierie, et autres concepts scientifiques qu'en apprenant les termes appropriés en anglais. Il n'y a rien de particulièrement remarquable à cela puisque nous avons un peu la même situation dans les pays Occidentaux où deux médecins de nationalité différente, et qui ne comprennent pas un mot de la langue de l'autre, peuvent échanger leurs points de vue sur la maladie et le traitement à lui appliquer, en se servant du latin.

Les opérateurs radio, y compris les amateurs, peuvent parfaitement converser en utilisant des abréviations et des codes très stylisés afin de pouvoir se comprendre même si la langue de l'un est inconnue de l'autre. Vous avez peut-être entendu parler du code ‘Q.R.M.’ qui signifie bruit ou statique, ou du code ‘Q.R.T.’ qui demande de cesser la transmission.

Le Nirvana est un mot ou concept qui est habituellement bien au-delà de la compréhension Occidentale. Nirvana est probablement le plus mal compris de tous les termes Orientaux. Les gens de l'Occident pensent que le bon Oriental ne désire que s'asseoir et respirer les fleurs — dans ce cas-ci, le lotus — tout en s'abîmant dans le néant. On croit souvent que le Nirvana c'est l'extinction totale de la vie, menant à un état où rien n'existe, où rien n'est, où il n'y a plus ni mémoire, ni action, rien. Le Nirvana est trop souvent considéré par les Occidentaux comme un exemple du vide parfait, et ils rejettent les religions Orientales qu'ils croient, dans leur ignorance, mener à un état de néant total et absolu.

C'est absolument faux. Nirvana ne signifie pas un Paradis ou son contraire, ne signifie pas un endroit où il n'y a rien — ce n'est même pas un endroit ! Il n'est pas possible d'exister dans l'état de néant et cependant l'Occidental moyen pense que l'Adepte, ou le Maître, ou le Guru, ou l'Illuminé, cherche à atteindre un état dans lequel il oublie tout ce qu'il a cherché à apprendre, un état dans lequel il ne connaît plus rien, n'éprouve plus rien, n'existe plus. C'est ridicule ! C'est fantastiquement absurde, et on aurait pensé que le simple bon sens aurait dicté qu'il n'y a aucune possibilité d'exister là où rien ne peut exister.

L'Adepte, le Guru, le Maître, l'Illuminé, quel que soit le nom que vous voudrez lui donner, cherche le Nirvana. Le Nirvana n'est pas la négation de toute chose comme on le suppose habituellement, mais plutôt l'élimination des désirs mauvais, l'élimination du scandale, l'élimination du parjure, de la cupidité, de la luxure et autres défauts. Les Êtres Éclairés luttent pour se vider des émotions mauvaises, de sorte que leur âme puisse s'élever en eux et quitter le corps à volonté.

Avant que les gens soient capables de voyager consciemment dans l'astral ils doivent purger leurs pensées, ils doivent s'assurer de ne pas vouloir le faire par oiseuse curiosité, ou pour avoir la possibilité de regarder dans la vie privée d'une autre personne. Il est absolument indispensable de se débarrasser des convoitises et des désirs grossiers avant de pouvoir voyager dans l'astral consciemment et sous contrôle total.

En Extrême-Orient beaucoup de personnes peuvent voyager consciemment dans l'astral, beaucoup de personnes qui sont engagés sur la Voie spirituelle, naturellement. Mais en Orient, les faits de la vie sont traités différemment, et c'est un sujet sur lequel nous reviendrons plus loin. Dans le monde Occidental, il est vraiment rare qu'une personne voyage consciemment dans l'astral, dans la mesure où les péchés de la chair tiennent les âmes enchaînées. L'une des façons les plus courantes d'enchaîner l'âme, c'est le mauvais usage que l'on fait de la vie sexuelle. Il ne devrait pas y avoir de vie sexuelle du tout à moins que l'homme et la femme ne s'aiment ; s'ils sont amoureux l'un de l'autre, la vie sexuelle normale augmente alors la force du courant aurique de chacun, apportant un lustre et une clarté à la couleur de l'Aura comme peut le dire tout clairvoyant.

Si un homme et une femme s'engagent dans la vie sexuelle pour le simple plaisir animal, ils assombrissent alors les couleurs de l'Aura et ils affaiblissent les fluctuations du courant. De nombreuses écoles Orientales de la pensée occulte avertissent et avertissent encore de ne pas se livrer à la mauvaise sorte de sexe si l'on s'efforce de progresser. Malheureusement les traductions Occidentales, ou les mauvaises traductions, déclarent que l'Oriental n'a pas de vie sexuelle du tout dans les plans spirituels. C'est encore faux. Le sexe est approprié si les deux personnes en ont besoin et si elles s'aiment véritablement.

Dans les temples indiens et dans les temples tibétains, aussi, il y a des images que les Occidentaux dans leur aveuglement ont considérées comme érotiques, obscènes ou pornographiques. Il n'en est rien, et cela ne perturbe en aucune façon les Orientaux qui observent ces images. Ils les prennent pour ce qu'elles sont, ils voient que c'est un rappel de ce qui peut être. L'acte sexuel est le générateur de la vie, c'est le générateur de courants auriques plus forts, et les images qui vraiment ornent les murs des temples en Inde et au Tibet montrent la vie sexuelle correcte, et aussi la vie sexuelle erronée, afin que l'initié puisse comparer les deux parce que, après tout, comment pouvez-vous savoir ce qui est mauvais à moins que quelqu'un ne vous en informe, et comment pouvez-vous faire une chose correctement à moins que quelqu'un ne vous l'apprenne également ? La mauvaise forme de vie sexuelle mène à des manifestations désagréables, à la frigidité, à des troubles nerveux, et provoque une suppression des meilleurs instincts de l'Homme et de la Femme, alors que la forme correcte de vie sexuelle, pour ceux qui en ont besoin, conduit à une augmentation des facultés spirituelles des deux personnes.

Après un certain temps, lorsque l'initié a progressé et qu'il est devenu l'Illuminé, il peut se passer de la compagnie de ceux qui l'entourent, il peut aussi se passer de vie sexuelle et, contrairement à ce que certains croient, il n'y perd rien. La vie sexuelle sur Terre est chose très physique, mais à mesure que l'on progresse, que l'on s'élève de plus en plus haut, les expériences sont encore plus fortes, encore meilleures, et, vous serez peut-être étonné d'apprendre que, lorsqu'on quitte cette Terre pour la vie suivante, il est absolument nécessaire, il est en fait ‘obligatoire’ d'avoir une connaissance du sexe opposé afin d'obtenir l'équilibre !

C'est un bon moment pour dire que nous ne devons pas nous laisser berner par tous ces gens étranges qui se prétendent grands experts, grands Maîtres, grands je-sais-tout en fait, parce qu'ils ont lu quelques livres. Les livres ne donnent pas l'expérience. On peut avoir lu un livre et n'en avoir rien appris. Il est fantastique qu'un homme ou une femme proclame sur les toits qu'il ou elle est un grand Adepte Éclairé parce qu'il ou elle a lu un livre écrit par telle ou telle personne, et cela se produit très souvent. Très récemment j'ai reçu une lettre d'un illettré d'Australie qui se proclamait un grand Professeur et un grand Maître. Il m'assurait qu'il était un Avatar, qu'il le savait parce que sa femme le lui avait dit et qu'il avait lu un livre ou deux et parlait beaucoup !

Le véritable critère, c'est l'expérience acquise. Confieriez-vous, par exemple, votre vie à un pilote de ligne qui n'aurait fait que lire un livre sur l'aviation ? Traverseriez-vous l'océan sur un paquebot dont le capitaine et les officiers auraient seulement pris un cours par correspondance sur la gestion d'un bateau et la navigation ? Bien sûr que non. Suivant le même raisonnement vous ne devez pas confier votre formation à quelqu'un qui n'a fait que lire quelques livres, ou qui a un cours par correspondance à vous vendre moyennant des paiements élevés pour le reste de votre vie. Avant d'étudier quoi que ce soit, vous devez connaître l'expérience de la personne en qui vous allez placer votre confiance.

Bon, il est temps que nous revenions à la méditation. Tant de gens ne savent pas ce qu'est la méditation. Qu'est-ce que c'est ? La méditation est une forme particulière de concentration ou de pensée dirigée qui discipline l'esprit et qui forme une attitude d'esprit particulière. La méditation est cette forme de pensée dirigée qui nous permet de percevoir par la voie du subconscient et autres moyens ce qu'il ne nous serait possible de percevoir d'aucune autre façon.

La méditation est d'une importance extrême, car elle éveille l'esprit à une conscience supérieure et lui permet de ‘puiser’ plus librement dans le subconscient, tout comme une personne peut avoir une grande bibliothèque où elle consulte ses livres pour une information particulière. Cette personne peut posséder une vaste bibliothèque, mais à moins qu'elle ne sache où regarder, tous ses livres ne seront que du papier inutile.

La discipline de la méditation est essentielle si l'on veut faire de réels progrès dans l'accomplissement spirituel. De même qu'une armée serait inutile sans discipline ni exercice, la psyché humaine ressemble au membre d'une cohue sans la discipline et l'exercice de la méditation correctement appliquées.

Il est vain d'essayer de pratiquer la méditation en lisant un livre écrit par une personne qui ne sait pas elle-même méditer. Tant de livres d'occultisme ne sont que d'indigestes conglomérats de paraboles Orientales mal comprises, des livres qui sont écrits par des gens qui en fait ne connaissent pas grand-chose de la méditation, car il est clair qu'à moins de pouvoir méditer soi-même, on ne peut expliquer aux autres comment méditer !

Il ne faut pas oublier que dans de nombreux pays du monde — c'est-à-dire de pays non chrétiens — les fidèles d'un temple méditent avant de pénétrer dans le sanctuaire. Ils méditent pour que leur esprit soit clair et prêt à recevoir ce que l'on pourrait appeler dans le langage Occidental : la Révélation Divine et l'Instruction. Il est tout à fait inutile de prier, par exemple, si l'on ne fait que donner un bafouillage d'instructions à son Dieu. Il est inutile de prier pour gagner un concours de beauté ou le Sweepstake Irlandais. Le processus de la prière doit toujours commencer par une période de méditation qui débarrasse l'esprit des détritus de la pensée et nous prépare à recevoir les informations provenant des plans supérieurs. Pour répéter — trop de gens se jettent à genoux pour ordonner à leur Dieu de ‘livrer la marchandise’, et disent ensuite que la prière ne marche jamais. Eh bien, qu'ils essaient d'abord la méditation. La méditation se compose en fait de quatre parties différentes :

 

1. La première partie est cette pratique méditative qui aide au développement de la vraie personnalité du méditant, et si l'on peut méditer et développer sa personnalité, on peut alors avoir une vie plus heureuse et plus réussie. On devient plus heureux dans les aspects personnels de sa vie et on a plus de succès dans les relations avec ses collègues, c'est-à-dire au travail. Ici la méditation réussie augmente aussi la capacité mentale.

2. La seconde étape de la méditation est celle qui découle presque automatiquement de la réussite de la première étape. La seconde étape de la méditation est celle qui met le corps physique en rapport avec le Sur-Moi et met le Sur-Moi en rapport avec le Manu de la nation. Avant de pouvoir méditer sur ceci, et à des niveaux plus élevés, il est essentiel de mener une vie pure et libérée des désirs ardents.

3. L'étape suivante de la méditation est celle qui donne à la personne tous les bénéfices de l'étape 1 et de l'étape 2, et qui en plus lui permet d'avoir une compréhension occulte complète. Autrement dit, lorsqu'on arrive à la troisième étape de la méditation, on est capable de compréhension et d'aperception.

L'aperception, bien sûr, est différente de la perception. L'aperception, c'est la faculté pour l'esprit de se percevoir lui-même (tout ce qui permet au Sur-Moi d'améliorer sa propre condition spirituelle).

4. Finalement, il y a la méditation mystique, ainsi nommée parce qu'elle est tellement éloignée des concepts terrestres qu'elle échappe à la compréhension de ceux qui n'ont pas réussi à atteindre ce niveau. La quatrième étape de méditation nous amène au moyen de la Corde d'Argent jusqu'à notre Sur-Moi puis, au moyen de la Corde d'Or de notre Sur-Moi, en la présence de cette Grande Entité que, faute d'un meilleur terme ici, nous appelons ‘Dieu’. Mais les deux premières étapes de la méditation sont les étapes essentielles et c'est sur elles que vous devez d'abord vous concentrer.

 

Avant de se mettre à la méditation, il est essentiel qu'il y ait une Discipline parce que si l'on joue avec la méditation, on joue avec le feu. Vous ne permettriez pas à un enfant de s'amuser avec un baril de poudre et une boîte d'allumettes. Tout au moins, vous ne le lui permettriez qu'une seule fois ! De même, vous devez faire preuve d'une grande retenue dans la pratique des étapes supérieures de la métaphysique.

Prenez un petit homme maigrichon qui décide subitement d'avoir la musculature de M. Atlas. Il va lui falloir faire certains exercices ; le pauvre diable ne peut pas soudainement empoigner un haltère, etc., et passer vingt-quatre heures sur vingt-quatre à s'entraîner. Il ferait une dépression nerveuse. De la même façon, il est vraiment nécessaire que la méditation soit considérée comme l'exercice de l'âme, et si vous vous ruez sur la pratique de la méditation comme un touriste américain se rue à travers le Vatican pour pouvoir dire qu'il y est allé, vous vous apercevrez alors que votre enthousiasme déclinera. Vous devez vous entraîner selon un plan fixé à l'avance, avec de la discipline et beaucoup de préparation antérieure, parce que notre petit homme chétif — s'il s'entraîne trop et soulève trop de poids, constatera qu'il a une telle raideur dans les muscles, qu'il peut à peine bouger. Ainsi, rappelez-vous : avec la méditation vous pouvez vous donner une raideur de l'esprit et c'est un état de choses horrible.

En dépit de tout cela, vous voulez méditer ? Vous voulez vraiment vous y mettre ? Eh bien, nous allons voir si vous aimez ce qui va suivre : pour méditer il vous faut un moment de tranquillité absolue et ce moment doit être tôt le matin. C'est l'une des raisons pour lesquelles les prêtres, etc., méditent avant de manger. Vous ne devez pas prendre de nourriture avant de méditer, et vous ne devez pas méditer au lit ; si vous le faites, vous allez vous rendormir. Donc — arrangez-vous pour vous réveiller une heure plus tôt que d'habitude, et dès que votre réveil se met à sonner, sortez du lit, faites votre toilette et habillez-vous, parce que le processus de vous laver et de vous habiller vous réveillera au point que vous ne serez pas tenté de retourner au lit et dormir.

Si vous prenez vraiment la chose au sérieux, vous ferez du coin d'une pièce votre propre Sanctuaire Intérieur. Vous y aurez un petit autel qui vous permettra de fixer votre attention sur ce que vous essayez de faire. Pour ceux qui sont vraiment sérieux, voici donc comment procéder :

Prenez une chambre, ou même un cabinet de débarras, pour Sanctuaire, et tenez la porte de cette pièce fermée à clé lorsque vous n'y êtes pas. Ayez une petite table dans un coin couverte d'un tissu blanc. Sur cette nappe, placez une image, par exemple un Ho Tai, le symbole du Bien Vivre (non, vous n'allez pas adorer des idoles ! Ho Tai est un simple symbole). Ayez un brûleur d'encens et un bâton d'encens épais que vous allumerez, puis que vous éteindrez pour qu'il brûle lentement en dégageant une agréable fumée. Cela aidera si vous avez tout d'abord mesuré le temps que votre encens met à se consumer comme, par exemple, une demi-heure, pour que lorsqu'il s'éteint, vous cessiez votre méditation.

Le méditant sérieux portera une robe de méditation spéciale parce que l'idée même de la robe de méditation est de vous protéger des influences extérieures. La robe de méditation doit être très ample, avec de longues manches flottantes et un capuchon qui recouvrira la tête. Vous pouvez la faire en fine soie noire ou, si c'est trop cher, en fin coton noir. Quand vous ne vous servez pas de la robe, vous devez la ranger dans une pochette de soie noire pour qu'elle ne touche aucun autre vêtement. Vous pouvez trouver tout cela plutôt théâtral, mais il n'en est rien, vous savez. C'est la meilleure manière d'obtenir les résultats souhaités, et si vous tenez à obtenir des résultats, vous devez travailler selon les règles. Ainsi — portez votre robe de méditation quand vous vous apprêtez à méditer.

 

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Maintenant que vous avez votre pièce, votre robe de méditation, votre Ho Tai, et votre encens, allez dans cette pièce et asseyez-vous tranquillement. La façon de vous asseoir n'a aucune importance, vous n'êtes pas obligé de vous asseoir les jambes croisées. Asseyez-vous de la façon qui vous est le plus confortable et qui vous évite d'avoir des crampes ou des élancements, parce qu'au début vous ne pouvez pas méditer si vous êtes mal à l'aise. Après quelques instants assis dans un état de paisible CONTEMPLATION, vous devez répéter la prière :

 

Laisse-moi aujourd'hui, vivre ma vie jour après jour en la manière prescrite, contrôle et dirige mon imagination.

Laisse-moi aujourd'hui, vivre ma vie jour après jour en la manière prescrite, contrôle mes désirs et mes pensées pour que je sois ainsi purifié.

Laisse-moi aujourd'hui, et tous les jours, garder mon imagination et mes pensées fermement dirigés sur la tâche qui doit être accomplie, pour qu'elle se réalise ainsi avec succès.

En tout temps je vivrai ma vie jour après jour, en contrôlant mon imagination et ma pensée.

 

La pièce où vous vous tenez n'est pas éclairée, bien sûr, mais dans une demi-obscurité, assez noire en fait pour que tout y apparaisse gris plutôt que noir. Vous trouverez bientôt le dosage d'obscurité qui vous convient le mieux.

Si vous prenez un verre d'eau froide et tenez ce verre entre vos deux mains pour que vos paumes et vos doigts entourent le verre sans en dépasser le bord, vous constaterez que vous vous trouvez dans une position appropriée pour un autre exercice. Maintenant, glissez les doigts d'une de vos mains dans les espaces séparant les doigts de l'autre afin que vos mains et vos doigts couvrent le verre autant que vous pouvez y arriver.

Asseyez-vous calmement et respirez profondément. Essayez ces exercices qui sont mentionnés dans ‘La Sagesse des Anciens’, mais respirez profondément et laissez l'air s'exhaler en un long, long son traînant : ‘Rrrrrrr Aaaaaaa’. Vous devez le dire à haute voix, vous n'avez pas à le crier, vous pouvez le dire doucement bien que très clairement, et vous devez prendre cela au sérieux car il s'agit d'une pratique sérieuse. Répétez ceci trois fois, puis observez pendant plusieurs minutes comment l'eau odonétisée, ou magnétisée, condense l'éthérique du corps en un nuage autour du verre d'eau. Il va se condenser (l'éthérique) de sorte que vous devriez facilement voir une brume épaisse qui vous rappellera la fumée bleutée d'une cigarette condensée en un nuage, ou si vous préférez, vous rappellera la fumée de l'encens condensée en un nuage.

Quand vous aurez fait tout cela pendant une ou deux semaines, ou peut-être un mois ou deux, selon votre sérieux, vous serez capable de voir un peu de votre force de vie dans l'eau, et quand la force vitale pénètre dans l'eau elle la charge et la fait pétiller tout comme l'eau gazeuse, mais les étincelles et les éclats que vous verrez de votre propre force vitale seront des éclairs de lumière, des lignes, et des tourbillons de diverses couleurs. Ne précipitez pas les choses car vous avez beaucoup de temps ; après tout, on ne fait pas pousser un chêne en une nuit, et plus vous serez sérieux plus vous obtiendrez de succès, et le succès transformera finalement ce verre d'eau en un univers miniature d'étincelles de feu multicolores qui se précipitent et tourbillonnent dans les limites du verre.

Vous devez organiser votre méditation selon un plan défini ou un horaire. C'est une très bonne idée d'avoir un chapelet pour être en mesure de contrôler vos étapes de méditation. Vous pouvez vous procurer un chapelet bouddhique, ou fabriquer vous-même votre rosaire avec des perles de tailles différentes, mais quelle que soit la méthode employée, vous devez vous en tenir à un horaire très rigide. Vous devez méditer dans la même pièce, à la même heure et revêtu de la même robe de méditation. Commencez en choisissant une pensée ou une idée, et en vous asseyant tranquillement devant votre petit autel. Essayez d'éliminer toutes les pensées extérieures, centrez votre attention en vous-même, et là, méditez sur cette idée que vous avez choisie. En vous concentrant vous constaterez qu'un faible tremblement commence en vous ; c'est normal. Cette faible vibration indique que le système de méditation est en marche. Suggestions :

 

1. Choisissez pour premier thème de méditation, l'amour. Dans celle-ci, vous avez de bonnes pensées à l'égard de toutes les créatures vivantes. Si un nombre suffisant de personnes avaient des pensées bienveillantes, certaines finiraient par déteindre sur d'autres personnes, et si l'on pouvait avoir suffisamment de gens pour penser de bonnes pensées au lieu de pensées méchantes, le monde serait un lieu bien différent.

2. Après la première méditation sur l'amour, vous pouvez vous concentrer sur la seconde méditation qui vous fera réfléchir à ceux qui sont dans la détresse. En pensant à eux vous ‘vivez’ véritablement leurs peines et leurs misères, et mu par votre sentiment de compassion, vous envoyez des pensées — des rayons — de compréhension et de sympathie.

3. Dans la troisième méditation, vous pensez au bonheur des autres, vous vous réjouissez de ce qu'ils aient finalement atteint la prospérité et tout ce dont ils rêvent. Vous pensez à ces choses, et vous projetez au monde extérieur des pensées de joie.

4. La quatrième méditation est la méditation sur le mal. Dans celle-ci vous laissez votre esprit méditer sur le péché et la maladie. Vous pensez à quel point est étroite la marge entre l'équilibre mental et la folie, la santé et la maladie. Vous pensez à quel point est bref le plaisir du moment, et à tout ce qu'implique de mauvais le fait de s'y abandonner. Puis vous pensez à la peine qui peut être causée en cédant au mal.

5. La cinquième méditation est celle par laquelle nous atteignons la sérénité et la tranquillité. Dans la méditation sur la sérénité, vous vous élevez au-dessus du plan matériel, vous vous élevez au-dessus des sentiments de haine, au-dessus même des sentiments de l'amour terrestre, parce que l'amour terrestre est un très pauvre substitut de la chose réelle. Dans la méditation sur la sérénité vous n'êtes plus tracassé par l'oppression ni par la peur, ni non plus ne désirez la richesse pour elle-même, mais seulement pour le bien qu'elle vous permet de faire aux autres. Dans la méditation sur la sérénité vous pouvez considérer votre propre avenir avec tranquillité, sachant que vous ferez en tout temps de votre mieux et vivrez votre vie selon votre propre étape d'évolution. Ceux qui ont atteint une telle étape sont en bonne voie d'évolution, et ceux qui en sont là peuvent faire confiance à leurs connaissances et à leur conviction profonde pour se libérer de la roue de la naissance et de la mort.

 

Vous pouvez vous demander ce qui vient après la méditation. Eh bien, la transe vient ensuite. Nous devons utiliser le mot ‘transe’ à défaut d'un meilleur terme. En fait la transe est un état de méditation dans lequel le ‘moi’ réel sort et quitte le corps comme on sort d'une voiture et la quitte.

Pourtant, comme nous l'apprenons souvent à notre détriment, quand on abandonne sa voiture quelque part, il arrive qu'on nous la vole. De même si l'on médite assez profondément pour entrer dans ce qu'il nous faut appeler l'état de transe sans avoir débarrassé son esprit des convoitises, etc., on invite d'autres entités au ‘vol’. L'état de transe est un état extrêmement dangereux s'il n'est pas d'abord pratiqué sous une surveillance qualifiée.

Il existe diverses formes d'esprits élémentaires et d'entités désincarnées qui sont toujours à rôder pour voir combien de méfaits ils peuvent faire, et s'ils peuvent faire beaucoup de mal en prenant le contrôle du corps d'une personne, ils sont alors très heureux de s'amuser, tout comme des adolescents voleront parfois une voiture pour aller parcourir les routes ; il n'y a pas de doute qu'ils aient pleinement l'intention de ramener la voiture intacte, mais il arrive bien souvent qu'elle soit endommagée. Et donc quand un corps a été pris en charge, il est fréquemment endommagé.

Laissez-moi répéter que si vos pensées sont pures, si vos intentions sont pures, et si vous êtes sans crainte, vous ne pouvez alors être ni envahi, ni hanté, ni contrôlé ; il n'y a rien d'autre à craindre que la peur elle-même. Laissez-moi le répéter : si vous n'avez pas peur vous irradiez une Aura qui protège votre corps comme une sonnerie d'alarme protège une maison, et si vos pensées sont pures et sans aucune convoitise, quand le danger d'une prise de contrôle du corps pique votre conscience, vous abaissez immédiatement votre regard sur la Corde d'Argent et voyez ce que c'est, tout comme un fermier surveille de près son verger pour protéger ses pommes ! Vous ne pouvez pas être hanté, ou contrôlé, ou envahi, sauf si vous avez peur. Mais si vous avez peur de telles choses — eh bien, pour la paix de votre esprit et pour la paix de votre corps, ne jouez pas avec l'état de transe profonde de la méditation.

Je suis fortement opposé à l'hypnotisme sauf s'il s'entoure des plus hautes précautions, car si vous êtes mis en état de transe hypnotique par une personne inexpérimentée, cette personne peut avoir énormément de craintes, se demander si tout ira bien, se demander si elle pourra vous faire sortir de transe, etc. La transe hypnotique est une transe passive, c'est une transe qui est provoquée par une série de suggestions puissantes, renforcées par la conviction du sujet qu'il peut être hypnotisé. En fait, quand une personne est hypnotisée les conditions sont très semblables à celles de quelqu'un atteint de strabisme parce que le double éthérique se trouve légèrement désynchronisé, ce qui signifie que le corps physique et le corps éthérique ne coïncident plus complètement.

Si vous tombez sur un mauvais hypnotiseur, il peut vous faire un mal énorme, il peut vous causer du tort pendant des années. Après tout, vous ne vous adresseriez pas à un chirurgien qui vient d'apprendre sa technique chirurgicale en prenant un cours par correspondance ; vous voulez une personne qui sache opérer de façon sûre et compétente. Par conséquent — pour le bien de votre santé et celui de votre santé mentale, ne permettez pas aux amateurs d'expérimenter sur vous. Si, pour une raison quelconque, vous voulez ou avez besoin d'être hypnotisé, mettez-vous en rapport avec une association médicale de la région où vous vivez et elle vous indiquera un hypnotiseur qui a été entraîné dans des conditions soigneusement supervisées. Vous croirez peut-être que j'exagère les dangers, mais — oh ! vous devriez voir certaines lettres que je reçois sur le mal causé par d'ineptes, criminellement négligents, amateurs en hypnotisme. Rappelez-vous que quand vous êtes hypnotisé, votre âme est poussée hors de synchronisation d'avec les centres de votre conscience.

Dans le cas des médiums, ce sont souvent des gens qui entrent dans un état rêveur de transe, un état rêveur d'hypnose, car consciemment ou inconsciemment ils s'hypnotisent eux-mêmes, légèrement, de telle sorte qu'ils deviennent hypersuggestibles et dans ce cas peuvent être utilisés comme un téléphone par des gens de l'autre côté de la vie. Mais souvenez-vous de ce que nous avons dit, de ce que nous avons appris ensemble au sujet des entités désincarnées. Les gens réellement bien qui sont passés dans l'autre monde sont trop occupés pour s'amuser à envoyer des messages dans des séances de spiritisme.

Sous certaines conditions, bien sûr, on peut avoir affaire à une personne consciencieuse et compétente, capable d'entrer en transe sur le plan physique tout en restant vigilant sur le plan astral, ce qui lui permet d'avoir l'œil sur le genre de personne qui envoie des messages au groupe de gens assis en dessous. C'est un outil fort utile quand on fait une recherche détaillée, mais il est absolument essentiel de s'assurer que la séance ne soit pas interrompue par le bruit ou par l'entrée inattendue d'autres personnes.

Il existe une forme tout à fait spéciale de transe occulte que l'Adepte nomme ‘incubation, ou sommeil du temple’ (en anglais : temple sleep — NdT) et qui ne ressemble en rien aux divers états de transe mentionnés ci-dessus, parce que l'Initié qui a étudié tout ceci dans des conditions de temple sait ce qu'il fait, et il peut entrer délibérément en état de transe tout comme une personne peut entrer dans sa voiture et s'éloigner ; il est sous son propre contrôle et ne peut pas être hanté par d'autres. Mais, bien entendu, ceci nécessite des années de pratique, et jusqu'à ce qu'une personne ait eu l'expérience nécessaire, elle devrait toujours être sous la surveillance la plus attentive de celle qui possède une telle expérience.

La personne moyenne qui joue avec les états de transe dispose d'un système de protection très utile ; vous essayez de jouer avec une transe, et si vous êtes une personne normale vous vous apercevrez que vous vous endormez ! Cela vous évite d'être investi par les entités désincarnées. Mais même ici, il y a deux points de grave danger que voici : vous êtes éveillé, bien qu'en état de transe, puis vous vous endormez. Or, à l'instant où vous êtes entre l'état de veille et le sommeil vous êtes vulnérable à l'obsession, exactement comme vous êtes vulnérable à l'obsession quand (sous ces conditions) vous passez du sommeil à l'état de veille. Notez s'il vous plaît que ceci ne peut se produire que quand les gens jouent avec l'hypnotisme ou les transes, et qu'il n'y a absolument aucun danger dans le processus veille/sommeil et sommeil/veille de la vie de tous les jours.

Il découle de tout ceci que vous ne seriez pas très sage de toucher aux états de transe à moins d'être soigneusement supervisé, n'est-ce pas ?

Dans certains temples, la personne en cours de formation est surveillée par deux lamas supérieurs qui sont capables de maintenir le contact avec tout ce que l'acolyte pense, et qui le dirigent avec douceur, mais fermement, pour l'empêcher de se faire du mal ou d'en faire à quelqu'un d'autre. Lorsque l'acolyte a subi avec succès certains tests, il lui est permis d'entrer dans des transes profondes par lui-même et généralement l'une des premières choses qu'il fait est d'entrer dans une transe très profonde, celle que nous appelons la ‘transe de vision’. Il s'agit en vérité d'une transe très profonde au cours de laquelle l'Initié reste parfaitement immobile, il peut paraître absolument rigide, même cadavérique. Dans cet état particulier, il est toujours à l'intérieur de son corps, mais très semblable à un homme au sommet d'une haute tour et muni d'un télescope très puissant qui lui permet de voir très clairement et de façon énormément amplifiée. L'homme avec son télescope peut se tourner dans n'importe quelle direction et observer ce qui se passe avec une clarté saisissante.

On ne sort pas du corps dans la transe de vision ; il faut plutôt attendre et pratiquer la transe de projection avant de pouvoir en sortir, et dans ce cas le corps est mou et flasque, en état de catalepsie, toute conscience retirée, le corps demeurant, en l'occurrence, sous la supervision du gardien. La respiration se poursuit à un rythme extrêmement lent, le battement de cœur est réduit et la vie ne fait que s'écouler de façon vraiment très tranquille.

Tout d'abord, en entrant dans ces transes vous vous demanderez si ce que vous voyez est de l'imagination, mais avec de la pratique vous arriverez à discerner ce qui est réel et détecterez facilement ce qui n'est qu'une projection de pensée venant d'une autre entité, qu'elle soit incarnée ou désincarnée.

Pour vous donner un exemple : vous êtes quelque part, n'importe où, assis en paix et engagé dans une transe méditative profonde. Si vous laissez votre conscience errer à sa guise, sans en avoir le contrôle, vous pouvez vous trouver près de quelqu'un qui a trop bu et vous pouvez être horrifié à la vue de toutes sortes d'animaux bizarres qui s'agitent autour de lui. Oui, ces éléphants rayés existent réellement en forme-pensée ! Pire encore, supposons que vous vous permettiez de simplement flâner et que vous vous trouviez près d'un homme au tempérament extrêmement colérique qui nourrit des pensées de meurtre ; s'il envisage d'assassiner, alors vous, pauvre victime, verrez en fait les scènes comme si elles se passaient en réalité au lieu d'être seulement pensées, et vous regagnerez votre corps avec une telle secousse que vous en aurez la migraine pour les prochaines vingt-quatre heures en pensant que vous avez assisté à un meurtre, ou pire !

Le métaphysicien initié peut facilement reconnaître ce qui est réel et ce qui est imaginaire, mais il vous est conseillé encore une fois, qu'à moins d'une très sérieuse raison pour pratiquer la transe profonde, de ne pas y toucher.

Si vous ne tenez pas compte de ce conseil, tenez au moins compte de celui-ci : étant en transe profonde ou dans l'astral, si vous vous trouvez en face d'horribles entités qui vous font des grimaces ou pire encore, vous n'avez qu'à leur envoyer de fortes pensées qu'elles ne vous font pas peur, et si vous le faites, vous les verrez disparaître. Ces entités ne peuvent se nourrir que de peur, et si vous êtes sans crainte elles sont en fait repoussées.

En toute amitié, je vous conseille ne pas vous faire hypnotiser sauf par une personne qualifiée du corps médical et je vous conseille de ne pas entrer en état de transe sauf sous une surveillance qualifiée. La méditation ordinaire est parfaitement sûre, absolument aucun danger ne peut vous être fait parce que vous êtes en pleine possession de toutes vos facultés. Donc — méditez et prenez-y un immense plaisir. Évitez l'hypnotisme et la transe profonde parce qu'elles n'ajouteront pas un iota à votre développement spirituel.

 

Chapitre Neuf :
Le voyage astral est-il pour vous ?

Les brumes de la nuit se dissipaient sous le soleil levant en longues écharpes qui traînaient encore sur les hautes herbes. On commençait à distinguer le village d'antan de Much Nattering (nom amusant qui signifie : Beaucoup de Bavardage — NdT) niché au fond de la vallée formée par les collines de Costwald. Une forêt descendait les pentes comme si elle voulait engloutir le petit village. Un ruisselet traversait la rue principale, charriant avec lui tous les débris d'une plus ancienne civilisation.

Much Nattering était un village anglais typique avec ses petites maisons de pierre et ses toits de joncs cueillis dans les marais environnants. À l'extrémité du village se trouvait le Village Vert au centre duquel il y avait un marais où étaient plongées les chipies qu'on installait sur une chaise au bout d'une longue poutre faisant saillie loin au-dessus de l'eau stagnante, couverte d'une substance visqueuse. Plus loin, plus près du village du côté du marais, se trouvait une petite plate-forme de pierre, probablement les restes d'une ancienne éruption de basalte du versant d'une montagne. C'est là qu'on avait coutume d'amener les sorcières pour les précipiter dans l'eau et voir si elles allaient couler ou flotter. Si les malheureuses s'enfonçaient et se noyaient, c'est qu'elles étaient innocentes ; si elles nageaient, on déclarait alors que le Diable les soutenait et on les précipitait de nouveau dans l'eau stagnante jusqu'à ce que, finalement, ‘le bras du Diable se fatigue’ et qu'elles se noient.

L'arbre de mai était encore paré de ses rubans, car hier avait été Jour de Fête et la jeunesse du village avait dansé tout autour et contracté des fiançailles.

Au fur et à mesure que la lumière augmentait et que le jour progressait, de minces filets de fumée s'élevaient des trous percés dans les toits de boue, ou des petites cheminées ornant les toitures de joncs, signe que les yeomen (nom que l'on donnait depuis le Moyen-Âge aux petits fermiers de la classe moyenne rurale — NdT) d'Angleterre commençaient à s'ébrouer et à déjeuner avant de partir au travail. Petit déjeuner composé de bière et de gros pain sec, car en ces jours-là il n'y avait rien de tel que du thé, du café, ou du chocolat, et rarement — peut-être une fois l'an — mangeait-on une viande quelconque ; seules les très riches familles connaissaient le goût des viandes, les autres ne vivaient que de ce que produisait leur propre localité.

Puis ce fut l'heure du grand branle-bas quotidien. Les hommes commencèrent à sortir pour se rendre aux étables, aux granges, ou aux champs pour y attraper et harnacher les chevaux. Les femmes étaient occupées à l'intérieur de leurs maisons, nettoyant, époussetant, fabriquant et raccommodant, tout en se demandant comment arriver à se débrouiller avec le peu d'argent disponible. Tant de choses se faisaient par troc ; maintenant tout le monde dans le village savait ce que tous les autres avaient et il était temps que des Marchands Ambulants apportent de nouveaux articles.

La matinée s'écoulait, jetant de longs traits de lumière sur la rue villageoise, les rayons du soleil se reflétant vivement dans le verre des lucarnes qui ornaient certaines fenêtres. Tout à coup se produisit une grande agitation ; Madame Helen Highwater s'élança hors de sa maison, au bout de la rue, et d'un pas lourd mais pressé descendit comme elle pouvait la chaussée pavée de cailloux. Ses bottines à élastiques passaient timidement le bord de ses jupes volumineuses que faisait tourbillonner la vitesse de sa course. Sous son bonnet à rubans, son visage était rouge et couvert d'une sueur légère. Elle avait l'air d'une goélette fuyant devant la tempête hivernale, ses talons faisant ‘clac clac, clac clac, clac clac’ sur les pavés lisses. De temps à autre, elle tournait la tête sans s'arrêter de courir, jetant un coup d'œil par-dessus son épaule comme si elle pensait être poursuivie par le Diable. Juste un coup d'œil. Puis avec une vigueur renouvelée, elle accélérait encore, s'essoufflant de plus en plus jusqu'à ce qu'elle fût arrivée à l'autre bout de la rue, sa respiration se faisant en une série de grognements saccadés.

Au bout de la rue pavée, elle tourna à droite là où la boutique de l'apothicaire se dressait dans une solitaire splendeur, un peu à l'écart des autres maisons. Pendant un moment elle s'arrêta dans sa fuite en avant, regardant de nouveau autour d'elle, puis elle leva les yeux vers les vitraux au-dessus d'elle. Après avoir examiné le côté de la maison et constaté que le cheval de l'apothicaire n'était pas à l'attache, elle revint sur le devant de la maison, grimpa précipitamment les trois marches usées du perron et poussa la porte de chêne massif. ‘Clang clang, clang clang’ résonna la clochette de l'entrée tandis qu'elle pénétrait dans une pièce sombre et lugubre.

Des odeurs de musc et de cannelle, de citronnelle, de santal et de pin l'assaillirent de toutes parts, ainsi que d'autres senteurs étranges que ses narines ne pouvaient pas identifier. Elle se tenait là, haletant et soufflant, essayant de reprendre son souffle, quand de l'arrière-boutique apparut une autre femme, l'épouse de l'apothicaire.

"Oh ! Ida Shakes !" s'écria Helen Highwater. Je l'ai encore vue cette nuit, dans le ciel qu'elle était, la lune en arrière-plan, et elle était nue, nue comme un ver et à califourchon sur un grand balai de bouleau." Elle frissonna comme si elle était près de s'évanouir, aussi Ida Shakes s'empressa de la faire asseoir sur une chaise à côté du petit comptoir.

"Allons, allons, dit-elle, prenez le temps de vous calmer et racontez-moi toute l'affaire. Je vais vous servir un peu de bière, ça vous remettra."

Helen Highwater poussa un soupir dramatique et se permit de lever les yeux au ciel. "J'étais là, dit-elle, debout dans ma chemise de nuit, accoudée à la fenêtre de ma chambre et contemplant la gloire de Dieu dans la lune et le ciel nocturne." Elle fit une pause et soupira de nouveau. "Tout à coup, continua-t-elle, je regardai sur la droite et vis un vieux hibou de grande taille qui avait l'air de s'enfuir devant quelque chose. Je tendis le cou sur la droite et la voilà qui s'élevait dans le ciel, sans le moindre vêtement sur elle, et je pensai : ‘Oh mon Dieu, tous ces hommes qui sont dehors la nuit, et les gitans dans leur camp, que vont-ils penser en voyant cette Fille de Satan passer ainsi au-dessus de leurs têtes !’ "

 

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Ida Shakes lui reversa de la bière et elles burent toutes deux en silence pendant un moment. Puis la femme de l'apothicaire dit : "Allons raconter tout ça au curé, le révérend Doguid. Il saura ce qu'il faut faire. Pour l'instant vous reprenez votre souffle pendant que je mets mon bonnet et nous sortirons ensemble ; je vais voir à ce que l'apprenti se charge de la boutique." Sur ce, elle tourna les talons et se précipita dans la pièce du fond où Helen Highwater l'entendit donner des ordres d'un ton sec et tranchant.

Bientôt les deux dames, bavardant comme deux pies, se pressèrent sur la petite route menant au presbytère et vers une conférence avec le digne pasteur et gardien de leurs âmes, le révérend Doguid.

À des lieues de là, dans un petit village éloigné de Londres, le féroce Cardinal Wolsey se tournait et se retournait dans son lit. Il échafaudait des plans pour chasser les sorcières, faire et défaire des rois et faire régner l'austérité chez les princes comme chez les pauvres. Il s'était retiré dans son manoir du Village de Hampton, à quelques milles de la Ville de Londres. Même alors, il nourrissait le projet de reconstruire le manoir et d'en faire une véritable Cour qui rivaliserait avec celle du Roi, à Londres. Mais pour l'instant, le Cardinal qui ne se doutait pas qu'un jour son nom deviendrait celui d'une marque de sous-vêtements, s'agitait sans relâche, tandis que d'un bout à l'autre de l'Angleterre ses Enquêteurs Spéciaux rôdaient, vigilants, à la recherche d'éventuelles sorcières que l'on pourrait torturer et brûler pour la plus grande gloire de Dieu et le salut de leurs âmes.

Le digne Cardinal réfléchissait à toutes ces choses, et s'adossant sur ses coussins moelleux, il se mit à penser avec une arrogante complaisance à la façon dont il allait réorganiser le Paradis le jour où il s'y rendrait, bien qu'il n'ait pour le moment aucune intention de quitter la Terre où il jouissait d'un grand pouvoir.

Au Village de Much Nattering, les deux dames s'apprêtaient à prendre congé du révérend Doguid. "Nous allons surveiller cette veuve dont vous me parlez, dit-il d'un air sombre. Nous verrons ce que nous verrons et, ayant vu, nous agirons pour la gloire de Dieu." Il hocha la tête avec gravité et reconduisit Ida Shakes et Helen Highwater jusqu'à la porte du presbytère.

Tout le jour, au coin des rues du village, on put voir de petits groupes de ménagères chuchotant entre elles. Allongeant le cou, elles essayaient de voir ce qui se passait du côté de la forêt qui s'étendait à l'orée du village. Elles hochaient la tête et croisaient vertueusement leurs mains sur la bavette de leur tablier et les hommes, ignorants de ce dont il s'agissait, s'étonnaient du comportement de leurs femmes et le mettaient sur le compte de la lune qui, comme chacun sait, exerce une si curieuse influence sur les dames.

Près de l'Arbre de Mai, un petit groupe de garçons et de filles tournoyaient, se tortillaient, et sautillaient en pratiquant les pas d'une nouvelle danse de mât enrubanné qu'ils allaient bientôt exécuter devant les visiteurs venus d'un autre village.

Bientôt les ombres de la nuit commencèrent à s'étendre et des champs enténébrés revinrent les hommes qui avaient peiné tout au long du jour et qui, tombant de fatigue, marchaient en traînant les pieds le long des rues pavées, puis s'engouffraient dans leur maison. Dans l'ombre du presbytère, quatre hommes attendaient en silence, dos appuyés contre le mur, s'entretenant en chuchotements éteints. Puis, comme l'obscurité se faisait plus profonde, un personnage apparut à la porte latérale du presbytère : c'était le révérend Doguid lui-même. Les quatre hommes saluèrent respectueusement l'ecclésiastique qui dit : "Suivez-moi jusqu'à la chaumière de la veuve ; j'ai envoyé un messager chercher les interrogateurs." Ce disant, il se tourna et s'éloigna à grands pas, contournant la partie principale du village, en se dirigeant vers la forêt. Ils marchèrent pendant une vingtaine de minutes, et entrèrent alors dans les ombres sombres projetées par les pins. Ici, il devenait difficile de progresser. Ici, il n'y avait que la lueur pourpre du ciel de la nuit qui filtrait à travers les branches nues, mais comme ils le connaissaient bien, ils pouvaient sentir et détecter leur chemin ; ils avancèrent donc, essayant d'être le plus silencieux possible. Enfin, ils arrivèrent à une clairière où ils passèrent devant un tas de brindilles de noisetier et quelques restes de charbon de bois. Continuant leur chemin, ils tournèrent à gauche et virent le contour sombre d'une hutte rudimentaire devant eux. Leur prudence était maintenant extrême, ils avançaient soigneusement avec une totale circonspection, traversant doucement la clairière jusqu'à la hutte sur la pointe des pieds.

À la file indienne, ils approchèrent de la fenêtre grossièrement garnie de rideaux d'où, par un interstice du contrevent, passait un rai de lumière. Le prêtre s'avança, colla son œil à cette fente et regarda à l'intérieur. Il vit une pièce dépouillée sommairement garnie de meubles fabriqués à la main avec le bois des arbres. La lumière entrevue provenait d'une bûche qui se consumait dans l'âtre et d'où coulait encore la résine. Une flamme, de temps à autre, venait éclairer la silhouette d'une vieille femme assise à même le sol au centre de la pièce. En écoutant attentivement il pouvait détecter qu'elle marmonnait quelque chose, et pendant quelques instants il se tint là à surveiller et à écouter. Tout à coup, sortit de l'obscurité une chauve-souris qui plongea et s'agrippa aux cheveux d'un des hommes ; avec un cri de terreur, il se leva d'un bond puis tomba la tête la première, pétrifié par la peur.

Comme le prêtre et les trois autres hommes regardaient la scène d'un air ahuri, la porte de la hutte s'ouvrit en grinçant, la vieille femme dans l'embrasure. Le prêtre, subitement poussé à l'action, la pointa dramatiquement du doigt en s'écriant : "Fille de Satan, nous sommes venus pour t'emmener !" La vieille femme, frappée de terreur et sachant bien quel destin l'attendait, tomba à genoux en gémissant. Sur un signe du prêtre les trois autres hommes, maintenant lentement suivis par le quatrième qui s'était relevé d'un air penaud, s'approchèrent de la vieille femme, et tandis que deux d'entre eux lui maintenaient brutalement les bras derrière le dos, les deux autres hommes entraient dans la hutte. Ils fourragèrent dans tous les coins et, ne trouvant pas trace de charmes ou d'instruments magiques, ils renversèrent la bûche enflammée sur un tas d'aiguilles de pin pour que la hutte brûle complètement tandis qu'ils battaient en retraite.

Dans le sous-sol de l'église la vieille femme se mit à genoux devant le prêtre. "J'ai envoyé chercher les interrogateurs, tonna ce dernier. Vous êtes une Fille de Satan ; vous avez traversé le ciel toute nue en sa compagnie !"

La pauvre femme poussa un cri terrible. Elle savait que si sa maison avait été brûlée, c'est qu'on l'avait jugée sans même l'avoir fait passer devant un tribunal. "Vous allez être détenue dans une cellule pour la nuit en attendant le bon plaisir des Enquêteurs de Sa Majesté," ajouta-t-il et, se tournant vers les quatre hommes, il leur donna l'ordre de conduire la vieille femme à la prison locale et de l'y garder enfermée jusqu'au matin.

Tard le lendemain matin on entendit le long de la route de terre battue un grondement de sabots, qui se termina en un martèlement lorsque les cavaliers rejoignirent la rue principale pavée et s'arrêtèrent devant le presbytère. Du cheval de tête descendit l'Interrogateur de Sorcières de Sa Majesté, un homme au visage maussade et bouffi, aux petits yeux porcins. Il était suivi de son Assistant et de deux Tortionnaires qui, soigneusement, détachèrent du dos de leurs chevaux les sacs contenant les instruments de leur métier. Ensemble, ils entrèrent dans le presbytère où le curé les attendait. Pendant un certain temps, il y eut une discussion animée, puis les hommes quittèrent le presbytère et se dirigèrent vers la pièce qui servait de prison locale. Entrant, ils saisirent la vieille femme, qui maintenant bafouillait de terreur, et lui arrachèrent ses vêtements. L'examinant minutieusement, pouce par pouce de la tête aux pieds, ils lui enfoncèrent un peu partout des épingles dans la chair pour voir si quelque coin de sa peau était insensible à la douleur, l'un des tests standards pour les sorcières.

Ensuite, on lui mit les poucettes et on les serra jusqu'à ce qu'elle hurla et que les vis deviennent rouges de sang.

N'obtenant toujours d'elle aucune confession, car en vérité elle n'avait rien à avouer, ils la saisirent par les cheveux et la traînèrent au pas de course tout au long de la rue pavée du village jusqu'au marais où une foule d'avides, enthousiastes spectateurs s'étaient maintenant rassemblés, espérant et sachant qu'ils allaient voir se noyer une sorcière.

La pauvre vieille fut tenue debout toute nue sur la plate-forme de pierre tandis que des hommes se plaçaient de chaque côté de la mare. Puis le prêtre se tint devant elle et dit : "Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, je vous recommande vivement de faire maintenant votre vraie confession afin que, conformément à la miséricorde de Dieu, vous puissiez mourir sachant que votre âme sera sauvée. Confessez-vous avant qu'il ne soit trop tard." Ce disant, il traça dans l'air le signe de la croix et s'écarta. La vieille femme était muette de terreur.

Quatre hommes la saisirent par les bras et les jambes et la lancèrent en l'air. Elle tourna sur elle-même et retomba, tête première, dans l'eau fangeuse et nauséabonde. Il n'y eut d'abord que des rides à la surface de la mare, puis une chevelure flottante et une tête apparurent. La femme battait sauvagement l'eau de ses bras. Elle tentait de surnager. Alors un spectateur lui lança une grosse pierre qui l'atteignit à la tête. D'autres pierres suivirent. La malheureuse poussa un cri déchirant. Un de ses yeux pendait sur sa joue. Un caillou adroitement lancé l'en détacha et l'on vit le corps s'enfoncer et l'eau se teinter de sang. Pendant une minute, peut-être plus, il y eut des remous, puis une véritable fontaine de sang jaillit en un petit monticule.

L'un des Enquêteurs se tourna vers l'autre et dit : "Eh bien ! Satan ne l'a pas sauvée ; après tout, elle était peut-être innocente, comme elle le prétendait !"

L'homme à qui il parlait haussa les épaules et se détourna en disant : "Bah, qu'est-ce que ça peut faire ? Nous mourons tous un jour ; nous l'avons délivrée de sa misère !"

Passant inaperçu, à l'écart et seul, un vieux bossu s'était blotti à l'ombre d'un petit bouquet d'arbres. De ses yeux des larmes coulaient lentement et ruisselaient sur ses joues ridées et desséchées. De temps en temps, il tentait de les essuyer du revers de sa main noueuse. Sous ses sourcils blancs, broussailleux, il observait intensément la scène. Spasmodiquement, sa main gauche se crispait et recrispait sur le vieux bâton tordu qu'il utilisait pour l'aider dans les mouvements douloureux de sa marche.

Quand la pauvre vieille femme disparut sous l'eau pour la dernière fois dans l'agonie de la mort en se retrouvant tout empêtrée dans les algues grimpantes du fond, il murmura : "Triste, triste."

Une femme qui s'empressait le long du chemin pour essayer de voir quelque chose avant que tout ne soit terminé, aperçut le vieil homme tordu et s'arrêta à son côté. "Qu'est-ce qui lui est arrivé, grand-père ?" questionna-t-elle d'une voix stridente.

"Assassinée ! répondit le bossu d'un ton revêche. Assassinée sur l'autel de l'ignorance et de la superstition. Elle n'était pas sorcière ; je suis allé à l'école avec elle. C'était une âme pure sans le moindre mal en elle."

La jeune femme lui lança un regard noir et dit d'un air menaçant : "Vous feriez mieux de faire attention à ce que vous dites, grand-père, sinon, vous risquez d'aller la rejoindre au fond de l'étang ; il y a eu de vilaines rumeurs à votre sujet, vous savez — si je n'étais pas votre petite-fille, je vous dénoncerais moi-même." Sur ce, elle partit à la hâte pour aller observer avec une avide satisfaction la surface de la mare maintenant tranquille, une surface troublée seulement de temps en temps par l'éclatement d'une bulle venue y éclater.

Le bossu la suivit des yeux, l'air pensif, et murmura pour lui-même : "Superstition, superstition, tu seras toujours l'ennemie du progrès. Nous qui voyageons dans l'astral, sommes la proie des méchants, des ignorants et des jaloux, de ceux qui ne peuvent le faire et qui attribuent de mauvaises pensées à ceux qui en sont capables. Il me faudra être prudent, il me faudra être prudent !" Tristement, il regarda de nouveau vers la mare, car maintenant les Enquêteurs avaient apporté les vêtements de la vieille femme qu'ils entassaient sur la pierre où elle s'était tenue. Solennellement, avec de nombreuses incantations religieuses, ils appliquèrent le silex et l'amadou à ces vêtements en loque. Éventant les premières étincelles qui se transformèrent en flamme, les tissus se mirent à flamber et de petites particules noircies de matière brûlée furent balayées en l'air par un vent vagabond.

Le vieux bossu se détourna tristement, haussa les épaules, et se dirigea aveuglément vers les bois protecteurs.

Oui, tout au long des siècles, ceux qui ont pu faire le voyage astral ont été persécutés et punis par les jaloux qui ne pouvaient le faire et qui se sont sentis lésés que d'autres puissent faire ce dont ils étaient incapables. Pourtant, presque n'importe qui peut voyager dans l'astral si ses intentions sont bonnes, si ses pensées sont pures et si la personne pratique. Voyons ce qui est nécessaire pour faire le voyage astral.

En premier lieu, il faut avoir des pensées absolument pures, parce que quand on peut voyager dans l'astral il est vraiment très simple de se rendre chez une personne et de la voir où qu'elle se trouve dans la maison, quoi qu'elle soit en train de faire. Il est possible de lire par-dessus l'épaule de quelqu'un la lettre qu'il est en train d'écrire ; c'est possible — mais mal, criminellement mal. La personne sincère qui voyage dans l'astral ne penserait jamais à s'introduire ainsi dans la vie privée d'un autre, et si par accident cela lui arrivait, elle ne parlerait alors jamais, jamais, de ce qu'elle a vu. Donc, à moins d'être sûr, complètement sûr sans l'ombre d'un doute de ne pas avoir, si peu que ce soit, envie de vous introduire dans la vie privée d'autrui, vous verrez qu'il est très difficile d'entrer dans l'astral consciemment. Presque tout le monde entre dans l'astral inconsciemment, c'est-à-dire au cours du sommeil, mais consciemment — c'est une autre histoire.

Je reçois un grand nombre de lettres où l'on me demande d'aller rendre visite à telle ou telle personne par la voie de l'astral afin de lui faire savoir ce qui ne va pas ; mais quand bien même je serais disposé à le faire, comme il n'y a que vingt-quatre heures dans une journée, il me serait absolument impossible de satisfaire à toutes les demandes. De toute façon, il est moralement mal de se précipiter chez quelqu'un et de le surprendre dans sa chambre, ou ailleurs. Trop souvent les gens veulent recevoir une visite astrale parce qu'ils sont trop paresseux pour prendre les mesures nécessaires pour se guérir, ou tout simplement par vaine curiosité !

Une autre interdiction au voyage astral en état de veille est imposée à ceux qui veulent le faire pour pouvoir en parler et montrer à quel point ils sont intelligents. Quand on voyage consciemment dans l'astral, on n'en parle pas, car c'est un très grand privilège de pouvoir le faire et l'on en parle que lorsque l'on cherche à aider les autres. Donc, si vous croyez que le voyage astral remplacera une visite guidée ou qu'il vous fournira plus de divertissements que votre téléviseur — ce qui serait facile ! — inutile d'y songer plus longtemps, car si c'est votre façon de voir, ce n'est pas pour vous.

Une troisième interdiction est imposée à ceux qui veulent voyager astralement afin d'être en mesure de contrôler les affaires des autres. Il existe de nombreuses ‘bonnes âmes’ qui veulent parcourir le monde dans l'astral pour y redresser les choses, sans savoir pourquoi les choses sont apparemment déréglées. Il est vraiment très mal de forcer une personne à recevoir de l'aide. Après tout, la personne concernée connaît le mieux ses propres affaires, et si quelqu'un se promène dans l'astral en essayant de voir et de fureter pour dire à la victime que ceci, cela, ou quoi encore devrait être fait, ce quelqu'un prend une liberté injustifiée.

Vous vous demanderez peut-être ce que le voyage astral permet de faire s'il s'accompagne de tant de restrictions ? Eh bien, voici ce qui peut être fait — vous pouvez vous rendre dans toutes les grandes bibliothèques du monde entier, visiter tous les pays du monde, vous pouvez apprendre en consultant les anciens manuscrits, vous pouvez (oui, c'est parfaitement vrai !) visiter d'autres mondes quand vous avez fait des progrès suffisants. Supposons que vous vouliez voyager et réussissiez le voyage astral, mais qu'ensuite vous cédiez à la tentation et alliez jeter un petit coup d'œil à quelqu'un dans l'intimité de son foyer, vous agiriez mal alors et ne pourriez probablement plus voyager astralement de nouveau.

Un de mes intérêts est d'observer les gens partir pour la nuit. J'aime m'asseoir près d'une fenêtre, de préférence en un point d'observation élevé, et contempler une ville endormie. Voulez-vous que je vous dise à quoi cela ressemble ? Voulez-vous savoir ce que je vois ?

La nuit est tombée et, au-dessus de nous, les étoiles éternelles scintillent, bleues, rouges ou argentées. L'air est clair et calme, les lampadaires jettent une légère clarté dans le ciel et donnent l'impression que de petites taches dansantes forment des bulles au-dessus des rues.

Des toits de la ville monte une brume d'un blanc bleuté comme si un brouillard impalpable s'élevait. Le brouillard s'élève à peut-être 30 pieds (9 m), peut-être 100 pieds (30 m), et devient d'un bleu de plus en plus intense, puis sa surface bouillonne comme les bulles sur une cuve de goudron en ébullition. Les bulles éclatent et des bandes brillantes d'une pâle lumière d'un blanc bleuâtre en émergent et strient le ciel de la nuit. Elles deviennent de plus en plus minces, mais ne disparaissent pas et s'irradient dans toutes les directions : au nord, au sud, à l'ouest et à l'est. Certaines s'élèvent tout droit, tout droit vers l'infini au-dessus, et pourtant assez curieusement d'autres vont tout droit vers le bas, comme si elles cherchaient une autre forme de vie au cœur de cette Terre qui est la nôtre. Les corps des habitants de cette ville sont endormis, mais leurs corps astraux voyagent, comme le prouvent leurs Cordes d'Argent qui brillent dans l'obscurité de la nuit. Elles s'étirent et s'étirent encore et, parfois, un petit frémissement parcourt la Corde d'Argent, il se produit une saccade, un bref soubresaut, la Corde se contracte et aussitôt le corps astral descend, disparaît dans la brume bleutée et réintègre son corps. Il s'agit de ceux qui ont été dérangés par peut-être l'ouverture d'une porte ou par un partenaire qui remue, il s'agit de ceux qui se réveillent au matin avec la migraine et le souvenir d'un horrible cauchemar. Presque tout le monde voyage dans l'astral, mais malheureusement, du fait de l'enseignement Occidental, la plupart des gens oublient ce qu'ils ont appris et ce qu'ils ont fait au moment où ils réintègrent leurs corps, et si un astral est ‘rembobiné’ subitement, cela provoque des cauchemars et une dissipation complète de tout souvenir de l'expérience réelle.

La plupart des gens ont eu l'expérience d'une violente secousse au moment de s'endormir, la plupart des gens ont eu une expérience d'élévation et de chute, et la sensation de tomber d'un arbre ou du haut d'une falaise. C'était frôler le souvenir d'un voyage astral, mais encore une fois, souvenez-vous que le voyage astral est quelque chose que presque tout le monde peut faire consciemment si on garde en mémoire les conditions mentionnées précédemment dans ce chapitre.

À quelque distance, mais à portée de ma vue, se dressait un grand bâtiment : une prison. Autour des murs, les lumières brillaient pendant toute la nuit et, de temps en temps, un projecteur à la lumière vive clignotait le long des murs, mais à cette heure tardive la plupart des cellules étaient plongées dans l'obscurité — pourtant l'obscurité n'était pas totale puisque les lumières des Cordes d'Argent s'élèvent, les hommes emprisonnés s'évadant la nuit dans l'astral, car en vérité il est dit que les barreaux de fer ne font pas la prison ; ils retiennent en captivité les enveloppes charnelles, mais non les corps astraux. C'est ainsi que ceux jugés coupables, et les innocents pareillement, se mêlent et s'envolent chacun dans leur voyage nocturne.

Trop souvent, provenant des appartements de luxe au sommet des hauts édifices, on reçoit de terribles pensées sordides, et même les Cordes d'Argent qui sortent de tels endroits sont souvent plus ternes et souillées. Car ceux qui cèdent aux désirs de la chair ne voyagent pas dans les plus hauts plans, mais sont plutôt confinés à l'astral le plus bas où ils rencontrent des personnalités dépravées et non évoluées qui correspondent aux leurs.

Supposons que vous ayez examiné tout ceci et que vous ayez la certitude de n'avoir aucune envie, aucun désir d'épier les autres dans l'intimité de leurs foyers, supposons que vous jugiez que vous être quelqu'un qui peut voyager consciemment, alors, voici comment vous y prendre :

Faites une expérience précise. Convenez avec un ami très proche que vous viendrez, avec sa permission, lui rendre visite cette nuit-là. Demandez à cet ami de mettre quelque chose, peut-être un certain message écrit sur une table, afin que vous puissiez lire le message qui vous est destiné et le lui répéter le lendemain pour vérifier vos progrès.

Mettez-vous au lit à une heure raisonnable, c'est-à-dire d'assez bonne heure. Vous ne devez pas prendre un repas lourd avant d'aller dormir, et bien sûr vous ne devez pas trop boire sans quoi votre repos sera inévitablement troublé et, si vous êtes obligé de vous lever pendant la nuit, vous risquez d'oublier vos expériences de voyage astral.

Installé dans votre lit, assurez-vous d'être parfaitement à l'aise, de n'avoir ni trop chaud ni trop froid, et il vaut mieux que vous soyez seul et que votre porte soit fermée, car si vous couchez avec quelqu'un, vous vous exposez à une certaine agitation durant la nuit et vous serez ramené brutalement de votre voyage astral, ce qui vous fera oublier tout ce que vous avez vécu.

Décidez de l'endroit où vous allez vous rendre. Si c'est chez votre ami, vous connaissez le chemin. Vous pouvez aussi choisir un autre pays. Mais supposons que vous alliez dans telle maison, chez telle personne, représentez-vous alors cette maison, représentez-vous le chemin que vous prendriez si vous y alliez à pied ou en voiture. Affirmez solennellement avant de permettre à votre corps de s'endormir que votre astral se rendra à cette maison et qu'au matin à votre réveil vous aurez le souvenir complet de tout ce qui se sera passé ; vous devez affirmer que c'est ce qui va se produire et que vous vous en souviendrez. Répétez trois fois cette affirmation, puis laissez-vous aller au sommeil tout en réfléchissant à tout cela. Si vous avez réussi, voici ce qui va se passer : vous allez sentir votre corps s'alourdir, vous allez sentir vos yeux se fatiguer, et vous allez vous endormir de façon tout à fait ordinaire, normale. Mais à l'instant de tomber endormi, votre expérience sera semblable à celle de sortir d'une pièce sombre et de passer dans la clarté éblouissante de ‘l'extérieur’. Au moment de ce passage, votre corps physique aura un léger soubresaut et si ce soubresaut ne vous ramène pas dans le corps physique, votre conscience va s'étendre et devenir plus claire et vous allez éprouver un sentiment de parfaite allégresse, de joie et de liberté sans pareilles.

Ce sera comme si vous étiez pétillant et bouillonnant de vitalité. Au bout d'un moment, vous vous demanderez ce qui vous arrive, vous regarderez autour de vous et vous vous apercevrez que vous êtes relié à votre corps physique par un cordon brillant, palpitant, d'un blanc-bleuté, comme un enfant est relié à sa mère par le cordon ombilical.

Avec horreur et dégoût vous regarderez la masse d'argile qu'est votre corps physique reposant là, peut-être en un tas crispé de membres emmêlés. Vous serez horrifié à l'idée que vous allez devoir réintégrer cette prison de chair. Mais le moment n'en est pas encore venu. Vous regardez autour de vous, contemplez les choses d'un point de vue inconnu. Vous pouvez vous élever et examiner de près le plafond et les murs, mais en vous promenant ainsi dans la pièce vous trouvez qu'il est bien ennuyeux d'être confiné dans un si petit espace, et vous songez au moyen de sortir de la pièce — eh bien, aussitôt pensé, aussitôt fait. Vous vous trouvez projeté au-delà de la toiture, sans même vous être rendu compte de la façon dont vous avez peut-être traversé d'autres chambres sur votre passage, maintenant à l'air libre, flottant au-dessus des toits, au bout de votre cordon blanc-bleuté.

Pendant un moment, vous flottez en vous élevant doucement comme porté par d'invisibles courants. Vous regardez peut-être en bas et reconnaissez votre demeure et les maisons de vos amis ; vous observez peut-être une voiture tardive filant sur l'autoroute. Vous voyez votre ville ou votre district comme si vous étiez en ballon, mais vous vous rendez compte que ceci n'est qu'une perte de temps, que vous faites ceci dans un autre but, qu'il n'y a rien à gagner en ne faisant qu'observer une ville endormie.

Vous pensez aux plans que vous avez faits, vous pensez aux endroits qu'il vous plairait de visiter — est-ce que ce sera la Bulgarie, Buenos Aires, Londres, Berlin ? N'importe où ! Peut-être vous contenterez-vous de simplement aller chez un ami lire un message soigneusement préparé que vous pourrez lui répéter afin d'obtenir sa confirmation le lendemain. Vous vous mettez immédiatement à penser là où aller, et vous pensez comment vous y rendre. Peut-être que de Dublin en Irlande vous décidez que vous aimeriez visiter New York. Alors que vous y pensez, votre cordon astral s'allonge et s'allonge, et vous vous élevez bien plus haut que les astronautes, ou même les cosmonautes, ont pu le faire. À mesure que vous vous élevez, vous voyez la Terre tourner lentement au-dessous de vous, vous voyez l'océan qui de cette hauteur a l'air d'un tranquille étang de village, et puis vous apparaît votre destination : New York. Il est quatre heures plus tôt qu'à Dublin et donc les gens ne sont pas encore en train de dormir, les lumières de la ville sont allumées et vous procurent une excellente balise. Vous ‘braquez votre regard’ sur la Ville de New York et vous descendez droit sur elle presque à la vitesse de la pensée. Au fur et à mesure que vous approchez et que la ville devient de plus en plus large, vous êtes à même de choisir l'endroit de votre destination. Peut-être est-ce Manhattan, peut-être aurez-vous envie de voir la foule qui sort des cinémas et des théâtres de Broadway, peut-être cela vous amusera-t-il de faire le tour de Radio City ou de flotter au-dessus des docks pour voir les paquebots amarrés. Aussitôt pensé, aussitôt fait.

Dans de nombreux grands édifices vous verrez briller des lumières, beaucoup d'entre eux étant des bureaux. Rien ne vous empêche de jeter un coup d'œil sur les femmes de ménage en train de nettoyer les bureaux ou sur quelque ‘administrateur’ au travail également. Mais plusieurs de ces lumières sont celles d'appartements privés. Une mise en garde ici — gardez-vous d'y entrer, ne vous immiscez pas dans l'intimité de ces appartements, car vous n'aimeriez pas que quelqu'un vous espionne et se moque peut-être un peu malicieusement de vous, n'est-ce pas ? Eh bien, respectez la vie privée de ces gens et vous pourrez poursuivre vos voyages astraux sans entrave.

Pendant toute la durée de votre voyage conservez dans votre conscience la pensée que vous allez vous souvenir, vous allez vous souvenir, vous allez vous souvenir. Ne perdez jamais de vue cette pensée, maintenez-la quelque part pour que vous trotte tout le temps dans la tête l'idée qu'il le faut et que vous vous souviendrez. Avec de la pratique vous n'aurez aucune difficulté à vous rappeler. Lorsque vous réintégrerez votre corps, vous croirez d'abord que vous avez rêvé, mais si vous prenez la précaution de visiter le même endroit la nuit suivante, vous constaterez qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, mais bien de la réalité. Ainsi grâce à la confirmation, vous verrez que cela devient de plus en plus facile.

Mais vous êtes dans l'astral regardant la ville de New York du haut des airs. La nuit est déjà plus profonde. Les policiers font leur ronde dans leurs voitures de patrouille. La ville est plus calme, bien que New York, en fait, ne le soit jamais. Vous éprouvez bientôt une sensation de malaise, l'impression qu'on vous attend quelque part. Vous constatez bientôt un picotement venant le long de la Corde d'Argent. Si vous êtes sage et expérimenté, vous vous dirigerez immédiatement vers votre point de départ qui dans ce cas, vous vous en souvenez, est Dublin. Si vous manquez d'expérience, vous vous sentirez halé sans cérémonie comme un poisson par un pêcheur impatient.

Comme, étant l'un des plus sages, vous choisissez de rentrer, vous remontez de nouveau tout droit dans le ciel de sorte qu'en regardant en bas vous pouvez voir l'obscurité se faire de plus en plus sombre sur les États-Unis et la lumière commencer à éclairer l'Europe. Vous constatez qu'au-dessus de Dublin les premières lueurs de l'aube naissent à l'horizon et ainsi vous vous laissez descendre. Vous voyez approcher le toit de votre maison et, les premières fois, vous vous préparez instinctivement à un atterrissage brutal, mais — il n'en est rien. Vous traversez votre toit sans même vous en apercevoir et vous vous retrouvez de nouveau dans votre chambre à coucher, flottant à quelques pieds (m) au-dessus de votre corps physique endormi. Vous le contemplez de haut et vous frissonnez une fois de plus à l'idée que vous allez perdre cette liberté de vous déplacer à la vitesse de la pensée. Cependant, la nature a son mot à dire et vous vous apercevez que vous vous posez, posez, posez. Sous peu, vous êtes presque en contact avec votre corps qui semble miroiter et vibrer lentement, et alors vous prenez conscience que vous vibrez beaucoup plus rapidement. Vous avez la tâche de synchroniser vos vibrations avec celles du corps physique, mais c'est en grande partie une affaire automatique, et puis vous constatez que vous vous enfoncez dans votre corps, vous sentant comme enserré dans un vêtement froid, humide et rigide. C'est une sensation absolument désagréable à cause de l'impression d'étouffement et de serrement, ce qui vous fera frissonner et vous entraînera à vous demander pourquoi diable les gens doivent avoir un corps. La réponse vous viendra alors à l'esprit — eh bien, évidemment, vous devez vivre sur la Terre !

Vous continuez toujours de garder en tête la pensée que vous devez tout vous rappeler, vous devez tout vous rappeler, et vous abaissez un peu plus votre astral pour qu'il s'ajuste exactement dans ce corps froid et moite qui est le vôtre. En s'ajustant exactement, il y aura un soudain ‘craquement’ et une secousse, avec l'impression que vous vous enfoncez dans de la poussière noire, laineuse. Vous pouvez dormir pendant quelques instants, auquel cas vous allez vite prendre conscience qu'il fait jour et vous ouvrirez les yeux en les frottant, tout en bâillant, peut-être.

La connaissance de tout ce que vous avez fait pendant la nuit est très clair dans votre esprit. C'est le temps maintenant de noter tout ce que vous avez fait — notez immédiatement en utilisant papier et crayon que vous aurez placés à votre chevet à cet effet. Ne jouez pas à ‘l'intelligent’ en estimant que vous pouvez tout vous rappeler parce que vous ne le pourrez pas — pas pour les tout premiers voyages, en tout cas. Vous allez bel et bien tout oublier si vous ne prenez pas la précaution élémentaire de tout mettre par écrit avant que la nouvelle journée ne vous fasse oublier. Donc, écrivez et relisez-vous ; faites-le pour votre première demi-douzaine de voyages astraux dans le monde entier.

Jusqu'à présent tout ceci a concerné le voyage astral sur le plan terrestre, c'est-à-dire que nous nous sommes affairés autour du monde, visitant les grandes bibliothèques, les grandes galeries d'art, et les grandes villes du monde. Eh bien, il se peut que vous vouliez visiter le monde astral au-delà de ceci, ce que les anciens scribes ont appelé ‘Purgatoire’ et ‘Paradis’.

En ce cas, rappelez-vous que c'est assez facile, rappelez-vous que les anciens textes sacrés hindous donnent de très vives descriptions d'hommes voyageant jusqu'à la Lune, le Soleil, et les étoiles, car quand vous êtes dans l'astral la différence de températures et l'absence d'une atmosphère respirable ne font aucune différence pour vous, ne vous gênent pas du tout. Malheureusement, de nos jours les gens se limitent à jouer avec les fusées et autres balivernes du même genre, oubliant qu'il y a 10 000 ans les Hindous étaient capables de voyager dans l'espace par projection astrale. Ce n'est pas de la fiction, c'est un fait, et si vous pouvez trouver quelqu'un pour vous traduire les textes sacrés hindous, vous constaterez facilement cela par vous-même.

Si vous avez envie de rendre visite à des amis qui se trouvent dans l'astral, c'est-à-dire dans le cas d'amis hautement évolués, vous devrez être spécialement formé car dans l'astral, aux plans les plus élevés de la conscience, une ou deux heures de temps terrestre équivalent à plusieurs milliers d'années de temps du monde astral parce que tout dépend de la vitesse de la pensée, etc. Pour vous donner un simple exemple : il faut un dixième de seconde à la pensée pour voyager à partir du cerveau d'un homme pour lui faire agiter son gros orteil ou tourner son poignet. Eh bien, sur les plans astraux cela pourrait prendre un dix-millième de seconde. Il s'agit d'un système de temps totalement différent. Mais vous — en faisant le voyage astral quotidiennement, ou chaque nuit, allez vous rendre compte que vous êtes de plus en plus en mesure de faire fonctionner votre esprit dans les plans supérieurs, et ainsi vous ne serez pas limité par des frontières physiques.

Pour vous donner une idée de la différence dans les cycles de temps, laissez-moi vous dire que sur cette Terre nous vivons actuellement dans l'Âge de Kali ; l'Âge de Kali en années célestes équivaut à 1 200 ans, mais en années humaines, à 432 000 ans.

Mais, au-delà de notre système terrestre, au-delà de tout notre système de temps et de dimensions, il y a le système du ‘Créateur de l'Univers’, un temps fort long et un, en fait, dans lequel 4 320 000 x 1 000 années humaines constituent un seul jour de ‘super’ temps, et donc, avant de pouvoir localiser une entité évoluée, vous devrez pouvoir la situer dans une certaine séquence de temps. Tout cela indique clairement que le médium des bas-quartiers n'a aucune chance de s'y retrouver !

Mais vous voulez sortir de ce monde et entrer dans le monde astral — eh bien, dites-vous ce que vous allez faire et quand vous allez au lit, décidez résolument que vous allez quitter ce monde et monter de plus en plus haut dans l'astral ; représentez-vous vous élevant au-delà de la Terre, entrant dans l'espace et dans une tout autre dimension.

Tout d'abord vous sortirez de votre corps, au bout de votre Corde d'Argent, et vous constaterez alors que toutes vos valeurs de couleur auront changé. Vous aurez conscience de couleurs que vous ignoriez totalement. Vous verrez que le feuillage a de nombreuses nuances différentes, plus de couleurs que vous n'auriez pu imaginer. Mais alors, il se peut que vous soyez horrifié de voir qu'il y a des créatures tout à fait inimaginables qui vous débitent des absurdités, faisant des gestes obscènes, faisant des invitations obscènes. Mais ne soyez pas découragé, n'ayez pas peur parce qu'ici vous passez à travers le rebut des esprits élémentaires, etc., tout comme dans la plupart des cas en entrant dans une grande ville par train, pour quelque raison inexplicable, on voit tout d'abord l'arrière d'un bidonville.

Il n'y a rien à craindre, aucun esprit élémentaire ou entité ne peut vous faire le moindre mal à condition que vous n'ayez pas peur. Si vous avez peur, alors vous attirez plus ou moins ces créatures. Ainsi, la meilleure chose à faire est de continuer et de parfaitement réaliser qu'absolument personne ne peut vous faire de mal si vous n'avez pas peur.

Décidez que vous n'allez pas vous attarder dans cette région des esprits élémentaires, mais montez — toujours plus haut — jusqu'au Pays de la Lumière Dorée. Là, vous verrez des choses d'une telle beauté qu'il est tout à fait impossible de les décrire avec des mots liés à un monde à trois dimensions. Vos expériences au Pays de la Lumière Dorée doivent être vécues en personne, non pas au moyen du mot imprimé ou exprimé.

Votre compétence augmentant à force de pratique, vous allez pouvoir vous rendre sur d'autres mondes et sur d'autres plans d'existence, mais souvenez-vous que vous ne pouvez pas vous immiscer dans la vie privée d'un autre, vous ne pouvez pas nuire à d'autres au moyen du voyage astral parce que c'est le crime des crimes.

Voici une pensée heureuse pour vous — dans le Pays de la Lumière Dorée, vous ne pouvez rencontrer que ceux avec qui vous êtes compatible, c'est là en fait que vous pouvez rencontrer votre ‘âme jumelle’, car ces choses-là existent, comme nous le verrons dans notre prochain chapitre.

 

Chapitre Dix :
Les œuvres de l'homme

Le vieil Ingénieur sourit tendrement au petit personnage qui reposait sur l'établi. Se redressant, il appuya ses mains sur son dos endolori et se leva avec raideur pour accueillir son visiteur. "C'est gentil d'être venu, dit l'Ingénieur, avec affabilité. J'ai assurément un problème ici." Prenant le bras du Visiteur, il le conduisit vers l'établi. "Le voici, dit-il, comme un parent tout fier. Le dernier modèle. Encore au stade expérimental, vous le savez, et il y a certaines difficultés imprévues. Je ne peux pas les résoudre, je suis trop près de mon sujet, sans doute." Il prit doucement le petit personnage et le posa sur la paume de sa main.

Le Visiteur jeta un coup d'œil autour de lui. "Un endroit bien agréable que vous avez ici, fit-il remarquer. Vous semblez avoir des colonies florissantes, même si ce lot est difficile."

"Elles ne sont malheureusement pas si florissantes que cela, répondit tristement l'Ingénieur. Venez voir celles-ci." Tenant précieusement le petit personnage dans ses mains, il se dirigea vers une petite sphère couleur de turquoise. "Regardez à travers cette visionneuse, et dites-moi ce que vous en pensez !"

Le Visiteur se pencha sur la visionneuse et tourna quelques boutons. Il observa pendant un moment, puis il repoussa la visionneuse en soupirant : "Un lot agressif, n'est-ce pas ? Ils me paraissent fous."

Pendant un long moment l'Ingénieur resta debout, silencieux, caressant machinalement du doigt le petit personnage. "Fous ? dit-il d'un air songeur. Fous ? Eh bien, oui, je suppose qu'ils le sont. Ils me paraissent avoir un problème de télécommande ou quelque chose du genre. Ils ne répondent pas correctement aux signaux transmis, et ils ne renvoient pas d'informations correctes non plus. Je ne sais pas ce que je dois faire !" Se tournant, il se mit à arpenter la pièce de long en large, plongé dans ses pensées, la tête penchée en profonde contemplation du petit personnage dans sa main. Finalement, il s'arrêta net devant son Visiteur en lui demandant abruptement : "Que feriez-vous si vous étiez dans ma situation ? Le Conseil fait des difficultés sur tout le retard à les remettre en ordre. Que feriez-vous ?"

Sans répondre, le Visiteur retourna à la visionneuse et scruta avec une intense concentration. Avec soin il l'ajusta et la réajusta jusqu'à ce qu'il soit tout à fait satisfait, puis regarda longtemps à travers l'instrument. Il se tourna finalement vers l'Ingénieur qui attendait impatiemment et lui dit : "Vous devriez envoyer un Observateur en bas. Cela ne devrait pas être impossible. C'est la seule façon d'obtenir des résultats, vous savez. Ici, nous sommes trop loin, nous ne pouvons que deviner et jusqu'à présent nous nous sommes trompés. Il n'y a rien d'autre à faire, mais — en y pensant bien — pourquoi ne pas faire appel à un Spécialiste Expert en Rendement ?"

L'Ingénieur secoua la tête sceptiquement : "Non, le Conseil ne le permettrait jamais. Je ne pense pas qu'ils seraient même prêts à collaborer avec un Spécialiste Externe !"

L'Ingénieur et le Visiteur se dirigèrent vers l'établi et s'assirent. "Voici, dit l'Ingénieur en sortant un personnage d'une boîte, le plus récent modèle. Nous les appelons Homo Sapiens, mais ils semblent avoir perdu la qualité de ‘sapiens’ (du latin homo, homme et sapiens, sage — NdT), pour le moment." Le Visiteur prit le personnage et l'examina avec attention. "En voici un autre, ajouta l'Ingénieur en sortant un autre petit personnage d'une boîte de l'autre côté de l'établi. Le Visiteur examina le second personnage et le compara avec le premier. ‘Auto-reproducteurs’, fit remarquer l'Ingénieur. "Quand ils atteignent un certain âge et qu'ils s'assemblent, ils se reproduisent. En fait chacun a exactement le même équipement que l'autre, à un degré plus ou moins grand. Nous appelons l'un ‘mâle’ et l'autre ‘femelle’. Ils fonctionnent par télécommande, mais pour le moment le réglage est défectueux et nous ignorons pourquoi."

Le Visiteur désigna une autre boîte : "Et ceux-là ?" demanda-t-il ?

L'expression de l'Ingénieur se fit chagrine : "Oh ! CEUX-LÀ sont inférieurs à la normale. Ils ne distinguent pas la Vérité du Mensonge ; c'est ce que nous appelons des JOURNALISTES !"

 

*     *     *     *     *     *     *

 

Oui, il est vrai que les humains sont dans un piteux état. Tout un mécanisme compliqué qui à l'heure actuelle ne semble pas fonctionner aussi bien qu'il le devrait.

Nous devons nous rappeler que dans notre système Solaire nous sommes constitués de composés assez différents de ceux qui existent dans d'autres Univers, d'autres Galaxies, etc. Ici tout — tout ce qui vit sur notre Terre — est composé des mêmes ‘briques’. Dans notre système Solaire sont disponibles l'hydrogène, l'eau, et les hydrates, l'ammoniaque, le méthane et divers autres gaz. Nous sommes en fait composés ‘des briques’ de molécules de carbone, d'acides aminés et de nucléotides. De ces simples composants sont construites toutes les espèces d'animaux, de plantes et de minéraux sur Terre.

Lorsque cela est intégré dans une forme humaine, le mécanisme qui en résulte est soumis à des impulsions magnétiques, que nous appelons impulsions astrologiques, et à divers rayons. Mais approfondissons un peu plus la question pour voir ce que nous pouvons découvrir.

Si vous pouvez obtenir une illustration du corps humain et voir la colonne vertébrale et les nerfs spinaux, vous pourrez suivre ceci plus précisément. Le mécanisme humain — autrement dit le mécanisme de commande — est en fait composé de neuf centres de contrôle. L'occultiste moyen n'en mentionne que sept parce qu'il y en a sept sur le plan matériel, ou terrestre.

Les vieux médecins chinois se représentaient tous les organes du corps comme étant contrôlés et surveillés par des petits ‘hommes’, et dans ce chapitre-ci vous allez voir une illustration tirée de celle originellement dessinée en Chine il y a environ 7 000 ans. On peut y voir les petits hommes aidant la nourriture à s'acheminer dans la gorge, soufflant l'air dans les poumons, remuant tous les produits chimiques dans le foie, et contrôlant divers sphincters. Mais ceci ne traitait que de la partie ‘animale’ du corps, la chair et les organes. Nous désirons aller plus loin que cela et traiter des parties qui apportent les messages du Sur-Moi et contrôle les fonctions du corps.

Nous devons nous rappeler que le corps humain est bien plus qu'il n'y paraît à première vue. Si nous regardons une paire de câbles en place, disons, devant notre fenêtre sur des poteaux télégraphiques ou autres, nous ne pouvons pas dire en regardant ces fils si du courant y circule ; pour nous ce ne sont que des fils de cuivre. Mais avec des instruments appropriés, on peut détecter si le courant passe ou non, et on peut aussi déterminer dans quel sens il va.

De même nous pouvons regarder un corps sans nécessairement être conscients des divers centres de ce corps qui sont connectés à des portions équivalentes du Sur-Moi. Comme nous l'avons déjà dit, il existe sept centres ‘terrestres’ qui sont appelés ‘chakras’. Au sommet de la tête, se trouve ce qu'on appelle souvent ‘le Lotus aux Mille Pétales’. Son nom réel Sanskrit est le Chakra Sahasrara. C'est le ‘relais’, ou le centre, qui est le plus proche du spirituel et donc celui qui est le plus facilement dérangé.

Plus bas (nous regardons un corps de dos, et nous voyons la tête, les épaules, la colonne vertébrale, etc.) dans la région de la nuque se trouve le Chakra Ajna. C'est le deuxième en importance, et qui est en fait en contact avec le Sur-Moi. C'est le chakra de l'esprit, et rappelez-vous que l'esprit n'est seulement qu'une fonction électrique, de la même manière que lorsque vous recevez une communication téléphonique, l'écouteur est seulement une ‘fonction’ de ce qui se dit à l'autre bout du fil.

En descendant le long de la colonne vertébrale nous avons le troisième chakra ; celui-ci est connu sous le nom de Vishuddha. Il contrôle l'action de la bouche, et donc si quelqu'un a de la difficulté à parler clairement, il se peut que ce chakra soit indiscipliné ou endommagé.

Éloignons-nous un moment du sujet — imaginez que vous marchez le long d'une rue et voyez un homme du service téléphonique tripotant quelque chose dans une de ces bouches d'égout. Comme vous vous arrêtez pour regarder, il s'empare d'un grand câble gainé et en enlève l'isolant. Vous voyez alors des milliers de fils minuscules, la plupart d'entre eux revêtus d'une couleur, mais de toute façon il y a des milliers de fils et vous vous demandez comment diable on peut se reconnaître dans un tel enchevêtrement. Eh bien, les nerfs à l'intérieur de votre colonne vertébrale sont comme ça ; certains nerfs descendent dans la colonne vertébrale, puis se ramifient, et donc quand vous pensez aux chakras pensez à un homme du service téléphonique et à tous ces fils, et pensez aussi à des petits relais, ou à des répéteurs qui prennent un signal entrant d'une station éloignée et l'amplifient (le rendent plus fort) avant de l'envoyer à la station suivante.

De nos ‘relais’ le suivant est le Chakra Anahata qui contrôle la sensation et tout ce que nous touchons. En dessous de cela il y a le Chakra Manipura. Celui-ci est connu comme le chakra du ‘Principe du Feu’, mais il est inutile d'approfondir ce chakra particulier parce qu'il ne nous concerne pas beaucoup à ce stade.

En dessous de cela nous avons le sixième chakra, cette fois le Chakra Swadhishthana. Celui-ci concerne le Principe de l'Eau.

Plus bas nous avons le septième chakra, ou chakra du Principe de la Terre appelé en Sanskrit, le Muladhara (prononcer Mouladara — NdT). C'est la demeure de la Kundalini et la Kundalini est en fait la force de commande, ou la force de vie, des humains. C'est, disons, l'équivalent du feu dans la fournaise qui chauffe l'eau qui s'élève en vapeur, laquelle fait tourner les turbines pour produire l'électricité qui allume les lampes, refroidit le réfrigérateur, etc., dans la civilisation. Quand le feu s'éteint l'électricité meurt par manque de vapeur, et tout s'arrête.

Bien des gens qui ont été mal instruits, ou pire encore, qui n'ont reçu aucune directives, essaient d'élever la force Kundalini par des moyens artificiels, parce que c'est un fait que si l'on élève la Kundalini correctement on peut devenir beaucoup, beaucoup plus conscient, beaucoup plus intelligent. Mais l'élever aveuglément sans avoir une pureté absolue de pensée, c'est se faire un tort immense, et cela mène fréquemment à la folie ; élever la Kundalini sans penser aux conséquences peut conduire à un effondrement mental et physique total. Donc à moins que vous n'ayez un Maître qui ait vécu tout cela et sache tout à ce sujet, n'essayez pas d'élever votre propre Kundalini. Un Maître n'élèvera pas la Kundalini à moins d'être tout à fait sûr que c'est pour votre bien.

Il serait bien d'ajouter ici que les gens qui gèrent des Cours par Correspondance, etc., ou vous offre de petits services pour une petite somme d'argent, n'ont pas la capacité de superviser sans risque votre développement et d'élever votre Kundalini ; ils peuvent vous faire le plus grand mal.

Avant qu'une entité physique du type humain, c'est-à-dire une personne vivant sur ce monde, puisse parvenir à la conscience cosmique, il ou elle a besoin de certaines stimulations de la Kundalini, ‘stimulations’ qui sont quelque peu différentes de la véritable élévation de la Kundalini ! Si l'on est sexuellement surexcité et — permettez-moi de le dire — lascif, ce peut être vraiment une très mauvaise chose, parce que si l'on a des relations sexuelles pour le seul plaisir du sexe, autrement dit le sexe sans amour vrai, cela peut paralyser temporairement ou de façon permanente l'écoulement correct de la force Kundalini. Par ‘de façon permanente’ je veux dire durant cette vie, aussi longtemps que la mauvaise pratique du sexe continue.

Chaque partie du corps, tant qu'il est sur la Terre, est fortement associée et connectée à son équivalent astral par la voie de tous ces chakras. Vous avez sans doute entendu parler de gens amputés d'une jambe et qui éprouvent apparemment toujours des douleurs dans la jambe amputée, ou plutôt à l'endroit de la jambe coupée. C'est parce que la jambe physique qui a maintenant été enlevée a toujours certains effets sur la jambe astrale qui, bien sûr, n'a pas été et ne peut être enlevée.

Pour en revenir au voyage astral, il est de la plus grande importance de retourner dans notre corps physique de façon à ce que chaque partie du corps astral entre dans chaque partie du corps physique, et qu'ainsi les organes astraux et physiques soient en complète compatibilité les uns avec les autres. Les corps doivent aussi être correctement synchronisés, dans le sens de la circulation du courant.

De même que tout courant, toute électricité, doit être soit positive soit négative — de même que le courant peut circuler dans une direction et retourner dans la direction opposée, les humains aussi ont une circulation de courant. Les deux ‘fils conducteurs’ des humains sont connus sous le nom d'Ida et Pingala. En réalité, bien sûr, ce ne sont pas des fils mais des tubes dans le corps humain. Ida est sur le côté gauche et Pingala est sur le côté droit, et ces deux sources fournissent l'énergie nécessaire au fonctionnement passif de la Kundalini. Nous pouvons les considérer comme des gardiens qui s'assurent que la Kundalini est conservée en bon état, prête à être utilisée dans cette vie si nous le méritons, et sinon, prête à être utilisée dans la prochaine vie, parce que quand la Kundalini commence à s'élever par un traitement approprié et sous une supervision appropriée, Ida et Pingala sont contournés. Mais tant que l'Homme (et la Femme !) est soumis au fonctionnement d'Ida et de Pingala, cet homme ou cette femme sont confinés au plan terrestre, et au principe et à la pratique de la naissance, la mort, et la renaissance. C'est seulement lorsque l'Homme est capable d'élever sa Kundalini et de contourner les sources d'énergie du gardiennage d'Ida et de Pingala qu'il peut progresser et savoir que son temps de délivrance du cycle de la naissance, la mort, et la renaissance est enfin arrivé.

Il est préférable de considérer ces chakras comme des relais ou, si vous préférez, des postes de télécommande. Souvenez-vous, également, qu'il y a d'autres parties importantes du corps telles que le ganglion cervical dans le cou et, un peu plus bas, le nerf vague. Ensuite viennent le plexus cardiaque, le plexus solaire et le plexus pelvien, mais ceux-ci sont des ‘sous-relais’ qui ne devraient pas nous déranger indûment.

Nous sommes sur Terre très fortement affectés par toutes sortes d'influences extérieures. Il y a divers rayons qui affectent les humains, et laissez-moi vous dire dès le départ que l'astrologie est vraiment quelque chose de très, très réel, et que les gens ne devraient pas s'en moquer ; seuls doivent être méprisés les praticiens qui dénaturent l'astrologie, parce que pratiquer l'astrologie correctement prend beaucoup de temps et exige beaucoup de travail, tant de temps et tant de travail que ce n'est pas une proposition commerciale. Vous ne pouvez certainement rien obtenir qui soit digne d'intérêt en regardant les colonnes du quotidien pour y lire votre ‘horoscope’.

Les ‘rayons’ sont une forme de ramification des rayons cosmiques, et selon le moment de la journée et votre propre latitude et longitude vous êtes soumis à certains rayons. La façon dont les rayons vous affectent dépend de votre composition astrologique. Il y a, par exemple, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, l'indigo, et les autres, mais ce serait beaucoup trop que d'entrer dans le principe de ces rayons dans un livre de cette nature. Disons, cependant, qu'en arrivant à l'extrémité rouge du spectre on découvre que l'on a affaire au développement de l'individualité, que le violet porte sur l'esprit de groupe, tandis qu'un rayon vert tend à donner une impulsion à l'apprentissage. Le rayon jaune lui-même est le rayon de la Sagesse.

L'un des rayons les plus intéressants est le rayon bleu, que l'on pense être dominé par Hermès. Dans l'ancienne Égypte et en Chaldée, il était connu comme le Rayon des Magiciens.

Plus utile pour nous en ce moment sont les Signes du Zodiaque. Imaginez que vous avez un grand roulement à billes sur une surface lisse ; si vous disposez ensuite des aimants tout autour, vous pouvez maintenir le roulement à billes dans une position, et en jouant avec la position des aimants vous pouvez faire prendre au roulement à billes n'importe quelle position désirée. Considérez les planètes comme les aimants et vous-même comme le roulement à billes ! Notre premier aimant est le Soleil, mais il se manifeste dans ce que nous appelons le septième plan de la Conscience Spirituelle Abstraite. Le résultat de l'influence du Soleil est de donner la vie et de la faire croître.

Notre aimant suivant sera Jupiter ; Jupiter est ‘jovial’, bienveillant, gentil. Il correspond ici au sixième plan de la Conscience Spirituelle. C'est une planète bénéfique qui donne un bon équilibre des valeurs morales.

Tout le monde sait que les personnes ‘joviales’ sont des personnes heureuses et plaisantes à connaître.

Notre prochain aimant est Mercure qui se trouve au cinquième plan de l'esprit abstrait. Il donne aux gens un esprit vif et ‘nerveux’. Il mène à des transactions d'affaires astucieuses. Les gens comprennent parfaitement ce qu'on entend par un ‘type mercurien’. Mercure, le Dieu qui distribuaient des messages, est censé contrôler ce cinquième plan qui donne aussi une bonne mémoire.

En quatrième position vient Saturne ; ceci se rapporte à la conscience solide. Les Saturniens s'attardent sur les choses, et c'est souvent l'opposé du tempérament jovial. Les Saturniens sont limités, rigides et sévères. Les gens qui ont une surabondance de ce Signe particulier doivent acquérir patience et stabilité avant de pouvoir progresser plus avant.

Nous arrivons maintenant à Vénus — notre ‘aimant’ occupant le troisième plan des émotions abstraites. Tout le monde sait que Vénus est la Déesse de l'Amour ; c'est aussi une planète modérément bienveillante. Elle donne aux gens des idéaux et des émotions plus élevés, elle permet aux gens de développer leur propre personnalité et individualité. Les Vénusiens peuvent être des personnes merveilleuses, à moins qu'elles ne soient associées de trop près avec les ‘forces maléfiques’.

Notre second plan est Mars, qui est aussi notre sixième ‘aimant’. Mars — martial, guerrier — est connu comme le stimulateur. Ce peut être une planète à l'effet modérément mauvais si ses pouvoirs ne sont pas correctement utilisés. Mars domine le corps physique, et souvent, les désirs sexuels. Correctement utilisé Mars augmente le niveau de conscience, et augmente le courage, la force et l'endurance.

Enfin, notre septième influence est la Lune. Eh bien, tout le monde connaît les conséquences de la Lune : elle a un effet extrême sur la vie humaine, elle provoque les marées, non seulement de la mer, mais aussi dans le corps humain. Pensez à la ‘marée’ mensuelle de la femme, pensez au mot ‘lunatique’ tiré de ‘lunaire’ — la Lune. La Lune n'a pas de lumière propre, elle réfléchit seulement celle qui rayonne sur elle. Ainsi, une personne qui a trop d'influence de la Lune n'a pas de personnalité propre, elle ne fait que refléter les vues et opinions de ceux qui l'entourent.

Tout le monde a sans doute entendu parler des ‘âmes jumelles’. Cela existe, vous savez, mais sur le plan de la Terre la rencontre des âmes jumelles est un fait très rare. Voyez-vous, si vous vous placez au niveau des principes fondamentaux et considérez le monde de l'anti-matière, vous comprendrez qu'une batterie complète doit avoir un pôle positif et un pôle négatif. Ainsi, pour avoir une âme jumelle qui forme une entité complète, vous devez avoir une personne dans notre système astral, et une personne du système astral correspondant de l'anti-matière, et ces personnes doivent être totalement compatibles.

Ce qui se produit généralement ici, cependant, c'est que dans l'astral il y a deux Sur-Moi qui sont hautement compatibles ; ils envoient sur Terre une marionnette chacun et la marionnette de chacun est totalement compatible avec l'autre, elles concordent, et s'il arrive qu'elles se trouvent proches l'une de l'autre, il y a un sentiment immédiat d'entente, ‘d'appartenance’. Chacune se dira : "Je suis sûre d'avoir déjà rencontré cette personne !" Dans ce cas-là une très sincère amitié peut se développer, mais comme nous l'avons déjà dit, ces cas sont fort rares sur la Terre. Il y a souvent plutôt un très haut degré de compatibilité entre deux personnes, et parce qu'elles sont si compatibles, parce qu'elles se complètent l'une l'autre, elles considèrent qu'elles sont des âmes jumelles. Elles peuvent capter mutuellement leurs pensées, elles peuvent savoir exactement ce que l'autre va dire juste avant qu'elle ne le dise.

Presque la même chose se produit avec les jumeaux identiques, soit bien sûr le cas de deux personnes issues du même œuf. Ces deux personnes-là seront en grande sympathie, et même si elles sont à des milles (km) l'une de l'autre, elles éprouveront les émotions de l'autre, et il se peut même qu'elles se marient en même temps.

Un homme peut être très amoureux d'une femme ; ils peuvent tous deux s'imaginer être des âmes jumelles, mais si c'est le cas, ils auront alors des intérêts similaires. Par exemple, l'homme ne pourrait pas être, disons, un athée confirmé tandis que la femme aurait de très solides croyances religieuses. La dissimilitude de leurs croyances causerait une certaine dissonance, un manque d'harmonie, une friction entre eux, et ainsi au lieu de se rapprocher, ils s'éloigneraient l'un de l'autre.

Le mieux qu'on puisse espérer sur ce monde c'est que deux personnes fortement compatibles puissent vivre ensemble, et que par leur pureté de pensée et leurs actions, elles se rapprochent l'une de l'autre. Mais c'est difficile à réaliser à l'heure actuelle parce que cela exige un tel esprit de sacrifice et d'oubli de soi. Il est inutile qu'un homme cède et donne tout à une femme en croyant bien faire, tout comme il est inutile qu'une femme donne tout à un homme et pense bien faire. Il ne suffit pas que l'un donne tout à l'autre ; chacun doit plutôt donner exactement ce dont l'autre a besoin, autrement ils vont en s'éloignant l'un de l'autre.

Bien des gens pensent qu'ils ont rencontré leur âme jumelle quand ils rencontrent une personne astrologiquement compatible et qui vit sur le même ‘rayon’. Ils peuvent vivre en harmonie, et ils vivront en harmonie, mais ce n'est toujours pas l'harmonie parfaite, ce n'est toujours pas une fusion de deux âmes pour former une seule entité. En fait, si les gens étaient si parfaits que cela, ils ne pourraient pas plus rester sur ce monde imparfait qu'un morceau de glace ne peut exister lorsqu'il est jeté dans les flammes d'une fournaise. Ainsi, les êtres humains — Homme et Femme — doivent essayer de vivre les uns avec les autres en faisant preuve de tolérance, de patience, et d'oubli de soi.

Un bon nombre de gens sont réunis pour résoudre des liens karmiques, et la mise au point de ces liens karmiques exige que les gens soient en contact étroit les uns avec les autres pour le bien ou pour le mal. Si un homme et une femme sont réunis en raison de liens karmiques et que, par exemple, l'homme tombe amoureux de la femme et la femme tombe amoureuse de l'homme, un lien d'amour très fort se forme alors qui peut avoir l'effet d'annuler de nombreux mauvais aspects karmiques, parce que quoi que l'on puisse en penser ici-bas, le bien finit par prévaloir.

Si une personne en aime une autre et que cette autre la déteste, un lien karmique sera encore formé, mais ce sera un lien insatisfaisant et ces deux personnes devront se réunir jusqu'à ce que la haine se transforme en amour. Il faut comprendre que seule une totale indifférence peut empêcher la formation de tout lien karmique. Si vous aimez quelqu'un, vous formez un lien karmique ; si vous détestez quelqu'un, vous formez un lien karmique ; si quelqu'un vous laisse complètement indifférent, aucun lien n'est formé. Ainsi — toute réaction à une autre personne commence la chaîne qui crée le karma. Par exemple, il peut y avoir une association entre un professeur et un étudiant, et dans ce cas un lien quelconque est formé. Ce peut être un lien durable, ou ce peut être juste un lien temporaire qui se termine pratiquement en un éclair et peut alors être attribué à la combustion d'un lien karmique.

Le pire état est celui dans lequel un grand amour est rompu par la mort. Une femme qui perd son mari qu'elle aime ne pourra plus exprimer son amour, et ainsi cet amour est gardé en réserve jusqu'à ce qu'ils reviennent ensemble dans une incarnation future et que les conditions soient appropriées pour l'expression de cet amour. Donc, si quelqu'un vous dit qu'il ou elle a rencontré son âme jumelle, souriez avec compréhension et gardez le silence.

Ces misérables vieux corps qui sont les nôtres sont sujets à toutes sortes de maux bizarres ; tout juste comme une pièce complexe d'un appareil peut être secouée hors de son ajustement, les corps humains peuvent être en quelque sorte secoués hors de leur meilleure condition. Aussi, comme beaucoup de gens souhaitent devenir des guérisseurs, ce pourrait être d'à propos de parler ici un peu du traitement de guérison — après tout, nous traitons des rouages de l'Homme !

Ceci est le monde négatif, d'où il s'ensuit qu'un traitement négatif est le plus approprié, et c'est donc le terme que l'on utilise pour décrire ce traitement particulier — le traitement négatif.

Tout d'abord, vous devez débarrasser vos poumons d'autant d'air que vous le pouvez, réellement expirer, sortir l'air de force, et rester comme cela aussi longtemps que vous le pouvez sans trop d'inconfort. Cela permet au corps d'atteindre ce que nous pourrions appeler une polarité négative puisqu'il est maintenant déficient en prana, déficient en air.

Ensuite vous respirez légèrement quelques instants (juste pour reprendre votre souffle, si je puis dire !). Puis vous répétez toute l'affaire en expirant le plus complètement possible et extirpant l'air de vos poumons. Restez les poumons vides aussi longtemps que vous le pouvez sans trop de sensation pénible ou d'en mourir. Respirez ensuite légèrement une nouvelle fois, et quand vous avez repris un peu de souffle, reprenez l'opération encore une fois de sorte que vous l'aurez faite trois fois en tout — trois fois vous avez complètement expiré et avez laissé votre corps se polariser négativement.

Maintenant, vous savez où vous avez mal, aussi placez votre main sur la peau à l'endroit à soigner. Puis retirez la main, la paume, pour que seulement l'index et le pouce soient appuyés fermement sur la peau. Maintenez votre doigt et votre pouce fermement sur la zone à traiter, et puis expirez de nouveau et cessez de respirer. Pendant ce temps d'arrêt de la respiration, imaginez de façon très vive la force de vie s'écoulant du bout des doigts de votre main gauche dans la partie que vous désirez guérir.

Vous serez bientôt obligé de respirer de nouveau, mais faites-le le moins profondément possible, inhalant juste assez d'air pour maintenir la vie, et en gardant les doigts toujours en contact avec la zone à guérir. Vous devez répéter ceci trois fois, et chaque fois vous devez garder vos doigts en contact avec l'endroit douloureux pendant au moins deux minutes.

La meilleure façon d'obtenir un résultat est d'appliquer ce traitement toutes les heures jusqu'à ce que vous vous sentiez beaucoup mieux. Ces traitements marchent vraiment parce que vous faites appel à des forces extérieures.

Si vous êtes sujet aux rhumes et avez le nez bouché vous pouvez grandement vous soulager par ce traitement négatif. Dans ce cas vous devrez placer votre index et votre pouce de chaque côté du nez, juste au-dessous des yeux. Puis, de nouveau, vous retiendrez votre respiration après avoir expulsé autant d'air que possible. Encore une fois vous devrez imaginer cette force de vie coulant en vous, dans votre nez, tuant tous les microbes qui causent le problème. Tout à fait sérieusement je vous dis que si vous essayez cela vous allez très bientôt sentir un craquement dans le nez alors que la congestion se dissipera. Vous constaterez que vous serez ensuite capable de respirer par les narines.

L'asthme est une maladie qui est très peu comprise. Toutes sortes de panacées sont prescrites pour l'asthme, mais dans de très nombreux cas l'asthme est causé par un certain état nerveux, et cet état nerveux répondra à cette forme de traitement. Dans ce cas, vous placez le pouce et l'index de chaque côté de la gorge juste au-dessus de la pomme d'Adam. Ceci est valable pour le type ordinaire d'asthme, mais bien sûr, si vous avez le type qui cause une respiration vraiment rauque et douloureuse, vous devrez alors écarter le pouce et l'index de quelque trois pouces (8 cm) et les placer à l'endroit où vous pouvez sentir que la gorge rejoint la poitrine.

Naturellement, si vous souffrez d'asthme depuis de nombreuses années, vous ne pouvez pas vous attendre à une guérison en quelques secondes. Vous devez être patient et faire preuve de bon sens, mais si vous persistez dans ce traitement vous constaterez à coup sûr que l'asthme disparaîtra. Il disparaîtra encore bien plus vite si vous faites un peu de méditation et d'introspection, et tentez de rechercher par vous-même les causes de cet état nerveux. De nouveau, de très nombreux cas d'asthme sont causés par une inquiétude nerveuse, et l'asthme agit comme une soupape de sécurité en vous donnant une porte de sortie.

Laissez-moi répéter que vous devez suivre exactement ces instructions, et que vous devez toujours utiliser votre main gauche. Vous ne pouvez pas obtenir une solide cure négative en utilisant votre main droite. Donc, souvenez-vous — videz l'air de vos poumons, attendez un peu avec les poumons vides, et utilisez toujours votre main gauche. Vous verrez que même une brûlure grave répondra à un traitement de cette nature ; dans ce cas, bien sûr, vous utilisez l'index et le pouce en les plaçant sur la brûlure et procédez au traitement. Vous comprenez, bien entendu, que si vous avez une très grave brûlure, eh bien, il vaudra mieux appeler un docteur le plus tôt possible. Mais vous pouvez faire votre propre traitement en l'attendant.

La Kundalini, comme nous l'avons déjà dit, est la ‘fournaise’ du corps humain, et bien sûr, elle et le cerveau peuvent être considérés comme les pôles opposés d'un aimant, si vous préférez la théorie de l'aimant plutôt que celle de la fournaise. Mais supposons que vous soyez très clairvoyant et que vous ayez devant vous un corps nu que vous pouvez étudier — voyons comment il vous apparaîtrait.

Nous avons un mur recouvert de préférence de velours noir ; le mur a environ quatorze pieds (4 m 30) carrés, et nous plaçons une petite estrade à environ quatre pieds (1 m 20) du sol. Sur cette estrade se tient le sujet nu, le dos au velours. Si nous observons le sujet qui nous fait face, après nous être mis dans les conditions de voyance, nous remarquons un sillon d'un blanc brillant qui est le courant circulant entre le cerveau et la Kundalini qui se situe, comme nous l'avons dit précédemment, à l'extrémité de la colonne vertébrale — un peu au-dessous de la colonne vertébrale, en réalité.

Vous avez déjà vu de ces tubes au néon dans les magasins ou à côté de tables coiffeuses ? Eh bien, imaginez que la vue clairvoyante vous permette de voir la force de vie comme ressemblant à une bande de cette lumière. D'abord vous avez cette brillante bande de lumière s'étendant du sommet du cerveau de votre sujet et descendant à quelques pouces (cm) sous la terminaison de la colonne vertébrale. Vous regardez cela pendant quelques secondes, observant comment cela fluctue et palpite, d'abord comme une fine bande et puis, une nouvelle pensée venant à votre sujet, s'étire jusqu'à devenir une bande assez large.

Si vous êtes expérimenté dans ce genre de chose vous serez capable, après avoir observé cela, de voir que le contour du corps est souligné d'une lumière bleuâtre très semblable à celle de la fumée d'une cigarette qui se consume. Si vous laissez se consumer une cigarette, elle produira une fumée bleuâtre tout à fait différente de celle exhalée par un fumeur. Cette lumière bleuâtre (qui ressemble beaucoup à une fumée lumineuse) s'étend à partir de la surface du corps et est d'une épaisseur uniforme, épaisseur qui dépend de la santé et de la force du sujet. Chez une personne âgée, elle peut avoir environ un demi-pouce (1,25 cm) de largeur ; chez une personne vraiment vigoureuse, elle peut s'étendre à deux ou trois pouces (5 à 7,6 cm), même jusqu'à quatre pouces (10 cm). C'est l'éthérique et ce n'est que la ‘radiation animale’ du corps.

L'Aura est superposée sur tout cela. L'Aura s'étend jusqu'au-delà de la tête, et si vous êtes assez clairvoyant vous verrez, partant du centre de la tête, un jeu de lumière qui ressemble beaucoup à une petite fontaine bouillonnante, pétillante, et changeant de couleurs ; elle change de couleurs selon les pensées de la personne. Autour de la tête, vous verrez l'auréole, ou nimbe. Elle ressemble — eh bien, tout le monde sait ce à quoi ressemble une auréole même si l'on n'a pas vraiment beaucoup d'espoir d'en mériter une ! — mais peut-être vaut-il mieux la décrire : cela ressemble à un disque d'or, le degré d'or, ou la couleur ou la nuance d'or, dépend de la spiritualité et du degré d'évolution de la personne concernée. Si la personne est très charnelle, l'or sera alors d'une couleur très rougeâtre. Si la personne est spirituelle et apprend à être plus spirituelle, l'or aura une patine verdâtre. Plus la personne est encline à la spiritualité, plus le jaune apparaîtra dans l'or.

Autour du corps il y a des tourbillons de couleurs, en réalité il y a plus de couleurs que ce qui peut être décrit en termes terrestres parce que ce sont des couleurs, nuances, teintes, etc., au-delà de la gamme des mots rattachés au corps. Elles tourbillonnent autour de la tête, des yeux, du nez, de la bouche, et de la gorge, elles tourbillonnent autour de la poitrine, du nombril et des organes génitaux, et puis le tourbillon devient moins intense autour des genoux, bien que le rayonnement soit considérable autour du jarret. La couleur s'atténue et devient plus uniforme à mesure que l'Aura se rapproche des chevilles et des pieds.

Nous avons dit que notre sujet se tenait à quatre pieds (1 m 20) du sol, et donc pour une personne de taille moyenne la partie inférieure de l'enveloppe ovoïde qui entoure l'Aura touchera juste le sol à quatre pieds (1 m 20) au-dessous des pieds du sujet. Le fourreau est en forme d'œuf avec le bout pointu en bas. Si vous étendez les bras à pleine longueur, normalement vous toucherez juste les limites extérieures du fourreau aurique.

Les couleurs de l'Aura coulent, tournoient et s'entrelacent avec d'autres couleurs ; c'est un constant chatoiement de couleurs, et quoique ce soit une bien piètre illustration, je peux seulement dire que tout comme les couleurs de l'huile ou du pétrole répandus sur l'eau miroitent, les couleurs de l'Aura miroitent sur une personne, mais davantage encore.

Chaque couleur a une signification, chaque strie a une signification. Non seulement cela, mais la direction de l'écoulement a aussi une signification. Imaginez que vous avez un œuf et que vous enveloppez cet œuf de toutes sortes de fils de soie de différentes couleurs, vous les enroulez devant et derrière, en haut et en bas, sans jamais utiliser deux fois la même couleur ; cela vous donnera une vague, une très vague idée, de ce à quoi ressemble l'Aura.

Vous voyez l'Aura, vous voyez l'éthérique et vous voyez à l'intérieur la vive lumière flambante qui est la force de vie elle-même. Il est assez difficile de l'expliquer, mais vous pouvez les voir tous les trois sans qu'il y ait interférence entre eux. Peut-être qu'une bonne façon de l'illustrer serait celle-ci : vous êtes assis en plein air et vous avez devant vous un vaste paysage. Votre champ de vision s'étend donc de quelques pouces (cm) de votre visage jusqu'à des milles (km) de distance. Si vous voulez vous concentrer sur votre main vous la levez devant votre visage et vous pouvez voir les lignes de votre paume. Tout en les examinant vous êtes toujours conscient de l'arrière-plan, mais il n'empiète ni ne distrait l'étude de votre main.

Disons que cela vous représente en train de contempler l'Aura et le fourreau aurique. Passons maintenant à une étape de plus : à dix pieds (3 m) de vous il y a une personne assise sur une chaise ; vous pouvez regarder cette personne et la voir clairement. Vous pouvez toujours être conscient de votre main près de votre visage, toujours être conscient du paysage au loin, et ni le paysage à distance ni la proximité de votre main n'empiètent sur votre étude de la personne assise à dix pieds (3 m) de vous. C'est comme regarder l'éthérique.

Maintenant, en regardant la force de vie qui brille avec tant d'éclat entre le cerveau et la Kundalini, on peut dire que nous levons notre regard de la personne assise sur la chaise et nous examinons le paysage, peut-être le Soleil couchant, ou si vous préférez et plus approprié à cette illustration, le Soleil levant ! Vous pouvez être conscient du Soleil levant et vous pouvez étudier le paysage sans être affecté par la personne assise sur la chaise à dix pieds (3 m) de vous, ou par votre main qui est à quelques pouces (cm) de vous. Il est donc clair que vous pouvez voir l'Aura, l'éthérique, et la force Kundalini selon la façon dont vous tournez ou focalisez votre vue clairvoyante.

Le but du fond de velours noir est d'éviter la distraction. Si vous avez, par exemple, une prise électrique, un tableau ou un miroir sur le mur, votre vue sera instinctivement attirée par un reflet ou un point lumineux, et cette distraction de la vue physique peut distraire votre vue clairvoyante. Pour de meilleurs résultats on doit avoir un fond mat et noir, un fond sans aucun motif et, bien sûr, vous devez avoir un sujet nu parce que si votre sujet porte des vêtements, votre vue clairvoyante sera détournée par les émanations colorées des vêtements. Exactement de la même manière, si vous regardez le Soleil et tirez les rideaux devant la fenêtre, la lumière du Soleil subit un changement apparent selon la couleur des rideaux.

Une autre façon de voir la chose — vous avez une ampoule électrique allumée ; elle n'a pas d'abat-jour et vous voyez donc la couleur effectivement émise par l'ampoule NUE. Maintenant, si vous recouvrez l'ampoule d'un abat-jour coloré, la couleur apparente sera déformée par le mélange de la couleur naturelle de l'ampoule et la couleur du matériau de l'abat-jour, et vous ferez ainsi fausse route. Nous obtenons quelque chose de semblable en photographie ; si vous prenez une photo en couleurs avec de la pellicule spéciale pour la lumière du jour et que vous vous serviez de la lumière artificielle, toutes vos valeurs en seront changées. Donc — si vous êtes sérieux vous devez avoir un sujet nu ; il n'y a rien de mal avec un sujet nu, rappelez-vous, mais seulement avec les pensées des gens qui sont égarés par quelque chose dont nous allons traiter au Chapitre Onze en répondant à l'une des questions sur le sexe !

Les vieux Chinois — plus tard copiés par les Japonais — aimaient à penser que de petits hommes prenaient soin de tous les organes du corps. Eh bien, ils n'avaient pas tort, vous savez, parce que tous les organes du corps sont reliés au cerveau par différents nerfs, et le cerveau est conscient de ce qui arrive à chaque partie de chaque organe du corps. Les fonctions d'un organe étaient jadis sous le contrôle conscient de l'être humain, mais maintenant, parce que les gens ont négligé de telles choses, le contrôle des organes est en grande partie automatique. Il existe de nombreux Adeptes qui peuvent contrôler consciemment le fonctionnement de leurs organes. En Inde, les fakirs, qui sont généralement des Adeptes avilis font des démonstrations d'un tel contrôle. Ils peuvent enfoncer un couteau dans la paume de leur main, et lorsqu'ils le retirent ils peuvent guérir la blessure en quelques minutes. Ces choses sont très réelles, mais de nos jours le contrôle des organes est en grande partie perdu.

L'illustration dans ce chapitre vaut la peine d'être étudiée parce que vous allez voir que l'artiste imaginatif a donné à des moines et des acolytes, sous la supervision de lamas, le contrôle de toutes les fonctions du corps. C'est très semblable au moniteur de surveillance qui avertit le cerveau quand n'importe quel mal ou défaillance est sur le point de se produire. Cela vaut également la peine de visualiser votre corps comme étant contrôlé par ces petites personnes, parce que quand vous voulez méditer profondément, vous, en contrôlant ces petites personnes, pouvez parvenir à une méditation complète. Tout ce que vous avez à faire, comme expliqué dans plusieurs autres de mes livres, est de faire sortir les petites personnes de votre corps en les faisant se réunir à l'extérieur du corps afin de ne plus en avoir conscience. Vous faites défiler les petites personnes de vos orteils en remontant le long de vos jambes, et alors vos orteils et vos jambes sont détendus et en paix. Faites sortir les petites personnes de vos reins, de vos intestins, de votre vésicule biliaire, etc., et vous constaterez que vraiment vous obtenez une détente complète et totale, et quand vous en arrivez à une telle détente, vous êtes en mesure d'entrer dans la plus profonde des méditations profondes et de recevoir ce qui est véritablement des révélations d'un autre monde. Essayez, mais tout d'abord lisez mes autres livres à propos de cette méthode. Je ne veux pas entrer ici dans les détails, car quelqu'un me dira que je n'ai rien d'autre à écrire et que je ne fais que me répéter !

 

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Chapitre Onze :
Vous écrivez ceci !

D'Afrique et de l'Inde, d'Australie et d'Amérique, de tous les pays du monde — même de derrière le ‘Rideau de Fer’ — me parviennent des lettres. Des MILLIERS de lettres. Des questions — des questions — des questions. Comment devenir un saint. Comment se servir d'un mantra et gagner le Sweepstake irlandais, comment avoir des bébés et comment ne PAS avoir de bébés. De Malaisie et de Manchester, d'Uruguay et de Yougoslavie, les lettres arrivent. Des questions, et encore PLUS de questions. Elles sont généralement d'un certain ordre, aussi dans ce chapitre je vais répondre à VOS questions les plus courantes. Soyez tranquilles, je ne vais certainement pas mentionner le nom de qui que ce soit !

 

QUESTION : J'ai lu dans les journaux beaucoup d'histoires sur vous, et avant d'acheter l'un de vos livres j'ai pensé vous écrire et vous demander si vos livres sont vrais.

RÉPONSE : Je donne l'assurance formelle que tous mes livres sont vrais. Tout ce que j'écris découle de ma propre expérience, et je peux faire TOUTES ces choses dont je parle. Maintenant que je vous ai donné cette assurance, laissez-moi dire quelque chose d'autre ! Mes livres sont vrais, oui, mais c'est sûrement que l'arbre cache la forêt aux ‘incrédules’.

Qu'importe QUI je suis, c'est ce que j'ÉCRIS qui est important. Au cours des années des hordes ‘d'experts’ se sont efforcés de me mettre dans mon tort. Ils ont échoué. Si je suis un imposteur, d'où me viennent les connaissances que d'autres copient à présent ? Tous mes livres contiennent mes propres expériences personnelles, rien n'est dû à la soi-disant ‘écriture automatique’ tant aimée de la Presse. Je ne suis ni possédé ni obsédé, je ne suis qu'une personne qui tente de s'acquitter d'une tâche particulièrement difficile face à la bigoterie et la jalousie. Il existe dans certains ‘Hauts Lieux’ de l'Inde et d'ailleurs des gens qui pourraient m'aider, mais qui prostituent leur religion à la politique et donc, pour des raisons politiques etc., nient la vérité de ce que j'écris !

Mes livres ont beaucoup fait pour ‘populariser’ le Tibet et montrer aux gens que le Tibet est bon et spirituel, pourtant rien de ceci n'est pris en considération. Un leadership plus énergique aurait pu permettre au Tibet d'éviter l'agression communiste, mais aucune guerre n'a jamais été gagnée en restant neutre, attendant de voir ‘de quel côté de la clôture le chat va sauter !’

Je reçois des milliers de lettres de personnes qui déclarent que la vérité de mes livres est évidente, et je suis fier en effet de pouvoir dire qu'au cours des dix dernières années je n'ai reçu que quatre lettres déplaisantes ou injurieuses. Pour en revenir au premier paragraphe de cette ‘Réponse’, laissez-moi ajouter qu'il est tout à fait divertissant de regarder des gens se chamailler au sujet de l'identité d'un Auteur sans rien comprendre à ses livres. Ce pauvre vieux Shakespeare doit se retourner dans sa tombe quand il se met ‘à l'écoute’ de certains grands cerveaux qui ‘savent’ que Bacon a écrit les œuvres de Shakespeare, et que Shakespeare était Bacon ! Qui a écrit la Bible ? Les Disciples ? Leurs descendants ? Une bande de moines tripotant les Écritures originales ? Quelle importance cela peut-il donc avoir ? Seul compte le mot écrit et non le nom ou l'identité de l'auteur.

Donc pour répondre à la question : oui, tous mes livres sont vrais !

QUESTION : Qu'est-ce que le Nirvana ? Pourquoi les Indiens veulent-ils juste s'asseoir sans rien faire en espérant que tout s'arrangera pour eux à la fin ?

RÉPONSE : Les Indiens ne croient pas cela du tout. Le Nirvana n'est pas l'extinction de toute chose ; il est tout à fait impossible de vivre dans le vide, dans un état de vacuité. Pour vivre on doit progresser et se développer. Considérez, par exemple, une voiture. Tout d'abord un prototype est développé et la voiture est mise à l'épreuve sur les pistes de l'usine et puis, peut-être, si c'est une voiture de bonne qualité, envoyée dans les montagnes de la Suisse pour qu'elle puisse être testée à la fois en Suisse et, peut-être, dans les jungles d'Amérique du Sud. Au cours de ces essais certains défauts apparaissent et peuvent être éliminés, le but des essais étant de découvrir ce qui ne va pas et comment y remédier.

Cette méthode s'applique aussi aux êtres humains ; ils doivent être mis à l'épreuve afin de connaître leurs points faibles et, ces points faibles découverts, il devient possible de les surmonter. C'est ce qui se produit continuellement au cours des stades ordinaires de l'évolution. Vous conviendrez que beaucoup de nouveaux modèles de radios, de voitures ou de quoi que ce soit — de fusées spatiales, si vous voulez — ont des défauts et que les tout derniers modèles sont meilleurs parce que les défauts ont été éliminés.

Le Nirvana est l'étape chez les humains où les défauts ont été éliminés. Donc l'Indien et l'Oriental érudits essaient de surmonter leurs défauts, d'éliminer la luxure et autres vices très intéressants mais fort dangereux. Vous pouvez dire qu'ils essaient de vivre dans un état de néant en ce qui concerne le vice ; ils veulent n'avoir rien à voir avec le vice, ils ne s'intéressent qu'à la perfection. Aussi, plutôt que de chercher à se procurer des quantités de rien, ils tentent de se débarrasser du vice pour laisser plus de place au bien.

Cette vieille idée que le Nirvana est un état de néant où une personne s'assoit dans un état de vide mental et spirituel est fausse parce qu'il y a eu de mauvaises traductions. Les Occidentaux pensent en savoir beaucoup ; ils essaient d'exprimer en termes concrets ce qui n'est que murmures abstraits.

Le Nirvana, donc, c'est l'état dans lequel il n'y a aucun mal, dans lequel on est comme les trois singes sages, qui ne voient pas le mal, ne disent pas le mal et ne font pas le mal, et là où il n'y a pas le mal il y a place pour davantage de bien, n'est-ce pas ?

QUESTION : Les Églises, les missionnaires, les occultistes, sont tous là pour l'argent, ce sont tous des accapareurs, tout le monde veut prendre de nous, pauvres gens, qui devons travailler pour gagner honnêtement notre vie. Maintenant, dites-moi, pourquoi devrais-je donner, pourquoi devrais-je me soucier du vieux système de la dîme ? Qu'est-ce que ça va m'apporter ?

RÉPONSE : Eh bien, évidemment, si tel est votre sentiment, ça ne sert pas à grand-chose de donner, parce que donner sous des conditions semblables revient au même que d'aller au Bistrot pour vous payer un verre de bière. Vous donnez votre argent et recevez un certain objet concret en échange. Donner au sens spirituel est chose complètement, complètement différente, et vous ne pouvez tout simplement pas plus mélanger les deux formes de dons que — dit-on — vous ne pouvez mélanger vos boissons. Mais voyons cela un peu plus en détail.

Toutes les Églises, toutes les religions réalisent la nécessité du sacrifice et, dans les premiers temps du Christianisme, l'Église chrétienne a compris qu'il était absolument nécessaire ‘de sacrifier’ pour donner. Dans les premiers jours de l'Église, et même maintenant dans la plupart des parties du monde, l'Église chrétienne exige un dixième du revenu de chacun. En Angleterre ils appellent cela ‘une dîme’, et conformément aux vieilles lois anglaises — des lois ecclésiastiques, bien sûr — l'Église avait droit à un dixième des possessions de chacun, et l'on ne pouvait pas y échapper même si l'on n'était pas pratiquant parce qu'en Angleterre, en ces temps, on pouvait en fait être condamné à une amende pour ne pas aller à l'église. Il était moins onéreux d'aller à l'église et d'écouter ‘les paroles de sagesse’, puis de donner un peu d'argent au moment de la quête. Si vous échappiez aux ‘paroles de sagesse’, vous deviez payer davantage en amende.

Il était nécessaire que les gens donnent un dixième de leurs possessions afin que l'Église puisse être financée. Il y avait des prêtres de toutes sortes qui devaient être en mesure de vivre. Quelqu'un devait les payer, et comme les Églises avaient le pouvoir, elles firent en sorte que les Laïques de la congrégation prennent en charge toutes les dépenses. Mais maintenant, bien sûr, le redoutable impôt sur le revenu nous laisse à peine avec un ‘dixième’ pour vivre. Mais c'est une autre histoire. S'il nous fallait approfondir tous les maux du système fiscal, on pourrait écrire plusieurs livres sans espace disponible pour d'autres sujets. Avec ces taxes, l'horrible et insolente Presse, et les épouvantables émissions de télévision, la vie d'aujourd'hui est devenue un réel problème, n'est-ce pas ?

Il est essentiel de donner avant de recevoir. Donner, c'est comme ouvrir une porte ; si nous n'ouvrons pas la porte nous ne pouvons pas laisser entrer ces bonnes choses qui nous attendent. Si nous ne sommes pas prêts à donner, nous ne pouvons alors nous mettre dans un état d'esprit réceptif. En fait, c'est presque un problème de mécanique.

À une époque bien avant les enseignements du christianisme, à l'aube de l'histoire elle-même, les Anciens croyaient dans le sacrifice parce qu'ils n'écoutaient pas quelque soi-disant ‘scientifique’, ils savaient par expérience concrète que le sacrifice était indispensable, et ils sacrifiaient ce qui pour eux avait le plus de valeur. Ils sacrifiaient une créature précieuse, un bélier, ou dans certains cas, un fils. Ce n'était pas fait avec l'idée de cruauté, mais avec l'idée de faire ce qui selon eux pourrait être agréable aux yeux de Dieu. Ils pensaient que s'ils donnaient ce qui leur était le plus précieux, cela montrerait à Dieu la haute valeur qu'ils plaçaient dans son plaisir.

En Extrême-Orient, la coutume veut que l'on donne largement à ceux qui sont dans le besoin. Le moine avec son bol n'est pas un mendiant qui embête les gens ; la ménagère, ou la maîtresse de maison, attend avec impatience de donner au moine qui frappe à sa porte. Elle lui réserve des morceaux de choix. Dans plusieurs régions de l'Inde où la pauvreté est extrême les gens s'arrangent pour mettre de côté des aliments pour le moine qui vient frapper à la porte, et cela représente un très grand sacrifice ; cela signifie que les gens de la maison sont toujours au bord de la famine. Pourtant le sacrifice est fait volontairement, et c'est considéré comme un honneur qu'un moine vienne frapper à la porte pour sa nourriture. Le moine n'a jamais besoin de demander, il n'a qu'à se présenter à la porte et la ménagère sera là, prendra son bol, et le remplira de nourriture. Si elle est vraiment très misérable, elle mettra ce qu'elle peut dans le bol, et le moine se rendra peut-être à trois ou quatre maisons jusqu'à ce que sa ration soit suffisante. Mais les voisins qui n'ont pas été visités ce jour-là verront cela comme un signe de défaveur, parce qu'ils savent très bien le mérite qu'on acquiert en donnant, particulièrement quand le don implique un sacrifice.

Je vais encore me livrer à une digression (c'est un de mes vices et peut-être m'en débarrasserai-je dans le Nirvana !), il est très regrettable que beaucoup de gens prennent peur dès qu'on parle d'argent, bien qu'en fait ce soit une chose qu'ils chérissent. Les gens s'attendent à obtenir tout le savoir du monde sans débourser un sou, les gens s'attendent à ce qu'un homme passe une très longue vie à étudier constamment et leur offre ensuite toute cette connaissance, tout ce qu'il a acquis, comme ça pour rien, juste pour avoir bonne réputation, je suppose. Mais que se passe-t-il si vous voulez recevoir une formation pour être docteur ou croque-mort (pas chanceux, n'est-ce pas !). Eh bien, supposons qu'il veuille obtenir une quelconque formation, un homme s'attend à devoir payer pour ces connaissances, mais quand il s'agit de connaissances occultes, chacun pense qu'il est en droit de les recevoir ‘gratuitement’.

Les gens oublient que même ceux qui ont le savoir occulte doivent vivre, doivent manger, doivent se vêtir s'ils ne veulent pas être taxés d'indécence, et quand une personne est occupée à étudier et occupée à enseigner au point qu'elle ne peut pas gagner sa vie, comment pourrait-elle manger et se vêtir ? La toile à sac et la cendre ne sont plus à la mode et il semble y avoir une pénurie de feuilles de figuier.

En Orient, les ermites ne gagnent pas d'argent parce qu'il n'y a pas beaucoup d'argent à gagner. Les gens ne paient pas la connaissance avec de l'argent parce que la plupart du temps il n'y a pas d'argent avec lequel payer, ils paient plutôt avec des services. L'étudiant fournit la nourriture et les vêtements, le maître fournit l'enseignement, et ainsi ils s'entendent bien, chacun connaissant et partageant les difficultés de l'autre et chacun tenant compte des difficultés de l'autre. Mais dans le monde Occidental où le commerce règne en maître absolu et où la livre sterling ou le dollar valent presque autant qu'un Dieu, l'argent est tout ce qui compte. Si vous n'avez pas d'argent, vous êtes un imposteur ou un raté. Je vous dirai que j'ai eu quelques expériences remarquables à ce propos ; toutefois, cela sera peut-être pour un autre livre quand j'écrirai sur mes expériences avec la Presse et sur quelques personnes jalouses en Allemagne et ailleurs. Mais revenons-en maintenant à nos dons.

Vous devez donner afin de recevoir. Les gens demandent des choses, les gens prient pour obtenir des choses, prient pour avoir de l'argent, prient pour avoir la santé, peu importe ce que c'est, les gens prient pour que quelque chose leur soit donné ; ils ne disent jamais ce qu'ils peuvent plutôt donner, et c'est un état de fait avéré que si l'on est toujours en train de demander on devient aussi servile qu'un chien qui ne fait que demander une caresse de son maître.

Il y a une loi occulte précise qui dit que vous ne pouvez recevoir que si vous êtes d'abord prêt à donner. Imaginez que vous êtes dans une chambre dont la porte et les fenêtres seraient fermées, pas même verrouillées, mais simplement fermées. La porte sera, si vous le voulez, faite de papier fin, de même que les fenêtres. À l'extérieur, empilés en tas avec des sacs tout prêts pour pouvoir les emporter, se trouvent des bijoux, une richesse valant la rançon d'un roi ou plus encore. À l'extérieur se trouvent toutes ces choses dont vous avez toujours rêvé et désiré. Pourtant, si vous ne pouvez ouvrir cette porte de papier, vous ne parviendrez pas à emporter ces richesses qui sont là, à votre portée. Si vous ne faites pas le simple premier mouvement de passer la porte de papier symbolique, vous n'aurez rien.

Bien sûr ceci est symbolique ; l'acte d'ouvrir la porte symbolise l'acte de donner, parce que jusqu'à ce que l'on soit prêt à donner, et jusqu'à ce que l'on ait réellement donné de bonne grâce, on ferme la porte à toute possibilité de recevoir ce que l'on souhaite, et non seulement on ferme la porte, mais on la verrouille et on l'obstrue avec des meubles afin qu'elle ne puisse être ouverte. Une personne qui demande toujours et ne donne jamais est une personne insatisfaite, une personne frustrée, quelqu'un qui ne connaît pas son chemin dans la vie, quelqu'un qui est à la recherche, mais pas trop énergiquement, de ‘quelque chose’, quelqu'un qui s'attend à ce que les autres fassent tout pour lui ou pour elle, mais qui n'est pas disposé à mettre un atome de sa propre énergie afin d'accélérer les choses.

Il arrive fréquemment qu'un homme ou qu'une femme aille chercher chez le métaphysicien le remède à une maladie quelconque, une maladie qui n'est peut-être causée que par une imagination survoltée. Eh bien, dans ce cas la personne qui cherche de l'aide doit être prête à donner — donner sa coopération, par exemple, parce qu'une personne ne peut être guérie que si elle coopère ; une personne perd son temps en allant consulter le métaphysicien, ou toute autre sorte de médecin, à moins qu'elle ne soit prête à coopérer. Tant de gens disent en fait : "Eh bien, si vous me guérissez ce sera malgré moi", ou quelque chose dans le genre.

Vous pourriez dire comme plusieurs le font : "Bon, mais qu'ai-je à donner ? Je ne suis pas riche, comment puis-je donner ? Je travaille dur pour tout ce que j'ai, je ne vais pas donner à quelqu'un qui passe son temps assis à faire de sages commentaires." La réponse est qu'à moins que vous ne soyez prêt à donner avec grâce, vous êtes sur la mauvaise voie, vous reculez au lieu d'avancer. Pour ceux qui essaient vraiment, la réponse est que si vous n'avez pas d'argent vous pouvez donner en rendant service, en offrant votre amour et votre attention à quelqu'un dans le besoin. Si une bonne action vous a été rendue, pourquoi ne pas donner en faisant une bonne action à quelqu'un d'autre ? Nous n'obtenons rien sans avoir à payer pour la chose, et nous obtenons seulement ce pour quoi nous payons. Vous ne vous attendriez pas à obtenir une automobile luxueuse si vous n'étiez prêt à débourser que pour une bicyclette.

Il y a un vaste malentendu au sujet de ‘donner’. Les gens pensent : "Oh, ils sont toujours en train de mendier, ils veulent toujours ceci, veulent toujours cela, ce sont des bons à rien s'ils veulent toujours de l'argent". Il est trop facile de s'asseoir et penser : "Bon, voyons voir ce que je ne veux plus, voyons voir ce dont je suis fatigué, ce dont je pourrais me débarrasser et réduire ainsi la quantité d'ordures. Je sais : je vais donner telle telle vieillerie parce que je pourrai alors m'acheter quelque chose de mieux à la place." C'est inutile, c'est une perte de temps et une moquerie. Il est totalement inutile de donner ce qui n'implique aucun sacrifice, ce qui n'occasionne aucune perte. Certaines personnes sont nées pour avoir de l'argent — eh bien qu'elles le donnent cet argent pour faire avancer quelque bonne cause, car quelle que soit la quantité d'argent qu'un homme ait amassée pendant sa vie, il ne peut emporter un seul centime hors de ce monde. Personne n'est jamais arrivé à emporter un objet matériel au-delà de ce qu'on appelle le Voile de la Mort, mais chacun de nous y emporte le savoir qu'il a gagné au cours de ses expériences sur Terre, y emporte un distillat de tout ce qu'il a absorbé. Plus nous apprenons, et plus nous apprenons de choses bonnes, plus nous sommes riches lorsque nous nous en allons vers ce qui est véritablement la Plus Grande Réalité, alors que ceux qui n'ont recherché que l'argent dans cette vie pour leur propre glorification, ne sont plus rien sans argent.

Il se peut que vous ayez le pouvoir, alors avec votre pouvoir aidez les autres, car il vous est seulement prêté pour voir comment vous en userez ou abuserez. L'homme aux milliards, le leader d'un pays — ne sont pas toujours des hommes bons, ce sont des hommes à qui certaines choses sont données pour qu'ils en tirent un enseignement. Souvenons-nous aussi que nous sommes ici comme des acteurs sur une scène qui portent le costume du moment, tout comme l'on porte des accessoires de théâtre pour nous permettre de vivre le rôle qui nous est destiné.

Souvenez-vous, aussi, que le prince d'aujourd'hui est le mendiant de demain et le mendiant d'aujourd'hui, le prince de demain. Quelque riche et puissant qu'on ait été dans des vies antérieures, lorsqu'on en arrive à la dernière vie de ce cycle d'existence, on en arrive aux difficultés, au manque de confort, aux épreuves et à l'incompréhension. C'est parce que l'on vient pour faire le ménage des petits trucs dépareillés, on vient pour payer toutes nos dettes. C'est comme une personne qui déménage dans une nouvelle maison, mais qui doit d'abord nettoyer tous les coins, de la cave au grenier, de l'ancienne maison. Mais parlons encore un peu du sacrifice.

 

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Abraham, Moïse et d'autres, des millions et des millions d'autres, ont sacrifié. Savez-vous ce que sacrifice signifie ? Pensez à ‘sacrement’. Eh bien, que signifie ‘sacrement’ ? Sacrifice, bien sûr ; ce n'est que par le sacrifice que l'on peut obtenir l'aide des Puissances Supérieures, mais pour sacrifier vous devez vous priver vous-même de quelque chose pour que quelqu'un d'autre puisse en bénéficier, pour que quelqu'un d'autre puisse être aidé. Le sacrifice peut vous demander d'abandonner une chose à laquelle vous êtes attaché, mais qui pourrait être une grande bénédiction pour un certain nombre d'autres personnes, ou pour aider une autre personne qui n'a pas eu votre chance.

Êtes-vous Chrétien ? Si oui, rappelez-vous que la Bible dit : ‘Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.’ Donner ouvre les sources de notre potentiel pour le bien, ouvre les portes par lesquelles nous pouvons obtenir ce que nous désirons obtenir. Il est inutile de donner afin d'être pris pour une sainte personne aux bonnes intentions. Il est inutile de faire imprimer dans les journaux le montant de vos dons aux œuvres de charité parce que ce ne serait pas donner, ce serait acheter ; avec vos dons, vous achèteriez plutôt de la publicité pour vous-même.

Considérons, donc, que jusqu'à ce que nous donnions ce qui implique un effort, un sacrifice, une perte, nous ne pouvons rien recevoir de valable. Ainsi — cela ne vaut-il pas la peine de donner ?

QUESTION : On dit que les gens ont divers défauts qui entravent leur progrès sur la Voie Ascendante. Quelles sont les principaux défauts qui empêchent le progrès d'une personne ?

RÉPONSE : D'accord, jetons un coup d'œil à quelques-uns de ces défauts. Sans aucun doute chacun d'entre vous est capable de voir les défauts dans un esprit de détachement scientifique, parce que vous tous qui lisez ceci êtes en voie d'éliminer ces défauts, si vous ne l'avez déjà fait. Nous devons examiner les défauts au même titre que les vertus. Après tout, les médecins examinent les cadavres et les dissèquent pour être éclairés et instruits par les défauts et les altérations qu'ils trouvent dans ces cadavres.

L'un des pires défauts est celui de la médisance. La médisance est le sabotage de l'âme, non de celle de la victime, cela dit, mais de l'âme de celui qui a lancé la calomnie et entretient le scandale. Les gens adorent le scandale, les gens adorent dire des choses qui vont réduire en cendres la bonne renommée d'une autre personne, et quand il n'y a même pas une once de vérité dans leur médisance, ils n'en sont que plus heureux. "Je le vaux bien ! Pourquoi devrait-il si bien s'en sortir ; il y a quelque chose là-dessous !"

C'est une caractéristique humaine — on devrait dire inhumaine — qu'une personne parle rarement en bien des autres, mais est plutôt heureuse de dire du mal de préférence. La Presse d'aujourd'hui en est un exemple notoire : elle ne veut pas connaître la vérité parce que la vérité n'attire pas l'attention. La Presse préfère publier du sensationnel, surtout le sanglant et le sadique, en l'agrémentant de faux détails. Ils sont vraiment remarquables, ces pauvres types de la Presse, qui assument avoir les droits d'un dieu, exigeant d'être autorisés à aller partout, de tout voir, d'entrer par la force si nécessaire. De qui ces petits hommes ont-ils reçu la permission, ou l'autorisation de s'immiscer dans la vie privée des autres personnes ? La Presse est l'une des puissances les plus mauvaises dans le monde aujourd'hui parce qu'elle provoque les guerres et les suicides. Tout cela parce qu'une bande de pauvres types sans âme croient que Dieu leur a confié la mission de propager leurs mensonges en supprimant toute vérité.

J'ai longtemps essayé d'amener divers membres du Parlement et des chefs d'État à promulguer une loi prévoyant que si une personne est persécutée par la Presse, la victime ait droit à l'égalité d'espace et à un gros titre bien en vue pour faire connaître sa version de l'affaire, parce que jusqu'à présent il n'y a aucune défense contre les attaques de la Presse. La Presse a une influence sur les décisions juridiques en faisant en sorte qu'une personne ait l'air coupable avant d'être jugée. Des cas semblables se sont produits récemment aux États-Unis. En conséquence, mon opinion personnelle est que la Presse personnifie la diffamation et est donc l'un des pires pouvoirs de ce monde.

C'est un fait que dans certains pays on ne peut pas être poursuivie en justice pour diffamation ou calomnie si l'on ment, mais seulement si l'on répète la vérité ! Donc, les gens aiment le scandale, ils aiment, en parole, blesser ceux qu'ils n'ont pas le courage d'attaquer physiquement. Le scandale, la fausse rumeur, est une attaque diabolique, insidieuse, sur sa propre âme parce qu'en répétant les cancans et en forgeant des rumeurs et des mensonges, la personne commettant de telles choses endommage assurément ses propres charges électriques, ce qui revient au même que d'absorber un poison qui attaque sa propre âme.

Le faux témoignage est un autre vice qui fait bien plus de mal encore au faux témoin qu'à sa victime. Les gens entendent un segment de rumeur, un segment de scandale, mais ce n'est pas assez, ce n'est pas assez sale, et donc un petit peu plus est ajouté pour empirer la chose, puis transmis comme un fait à une autre personne qui en rajoute un peu plus. De nouveau, cela fait du tort à l'âme de celui qui profère. Fréquemment la jalousie — un autre grand vice — est la cause de la rumeur. Un homme ne peut tout simplement pas supporter la vue d'un autre, un homme est absolument jaloux des succès imaginés d'un autre, et donc il travaille à dénigrer l'homme, il débute une campagne de diffamation ou il l'éreinte sous des semblants d'éloges. C'est un fait, vous savez, que quelqu'un peut faire terriblement de tort à une personne en disant : "Eh bien, je suppose qu'il a fait du mieux qu'il pouvait ; après tout, nous devons le reconnaître." Et ainsi la personne qui dit cela, pour l'auditeur superficiel, acquiert la réputation d'être un homme raisonnable, qui loue même dans les circonstances les plus difficiles.

Un autre vice est la cupidité ; la cupidité est apparentée à la jalousie. Monsieur X est terriblement jaloux de la réussite de monsieur Y. Monsieur X est avide d'argent, assoiffé d'argent comme on dit dans certains pays, et la cupidité alimentant la jalousie, plus monsieur X devient jaloux, plus il devient avide. Tout ceci est un poison mortel pour l'âme, car l'âme est quelque chose de très réel, comme vous devez le savoir maintenant. Quand on se livre au scandale ou au parjure ou que l'on cède à la cupidité ou la jalousie nous fabriquons des charges hostiles à notre âme, et cela peut réellement nous faire du mal.

Le Nirvana est l'élimination de choses comme la jalousie et la cupidité, le scandale, etc., et le meilleur moyen de progresser est de se rappeler : ‘Faites aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent.’

QUESTION : Je crois comprendre que les gens peuvent prendre une pierre, un porte-cigarette, ou un mouchoir, et qu'ils peuvent obtenir des impressions sur le propriétaire de ces objets. Comment font-ils cela ?

RÉPONSE : Vous faites référence à la psychométrie qui consiste à recevoir des impressions tactiles qui, dans une partie occulte du cerveau sont transformées en images ou en visions. Maintenant, vous vous demandez peut-être comment il est possible de recevoir des impressions d'un objet inanimé, mais essayons de clarifier cela en donnant un simple petit exemple.

Supposez que quelqu'un ait tenu une pièce de monnaie dans sa main. La pièce, au contact de cette main, se charge d'une certaine chaleur et si vous mêlez la pièce à d'autres pièces, sur une table, vous n'aurez aucune difficulté à la reconnaître. Ce sera celle qui est un peu chaude. C'est simplement un phénomène physique, mais cela vous montre que les impressions existent.

Si vous voulez essayer la psychométrie vous devez tout d'abord vous retirer dans votre sanctuaire ou pièce de méditation. Vous devez commencer comme si vous alliez méditer, mais alors vous devez prendre l'objet dont vous désirez connaître l'histoire ; prenez-le dans la main gauche et laissez-le reposer légèrement sur la paume de la main. Essayez de faire le vide dans votre esprit, de le rendre réceptif ; vous pouvez avoir le sentiment que vous ne savez pas ce que vous cherchez, vous ne savez pas à quoi vous attendre, vous ne savez tout simplement pas comment procéder. Eh bien, restez assis et ne faites rien. Ne faites rien. Imaginez que vous avez devant vous un grand carré noir et que vous allez voir apparaître des images sur ce grand carré noir.

Tout d'abord vous allez recevoir des impressions plutôt que des images. Vous pouvez recevoir l'impression qu'une personne est malheureuse ou que la personne est heureuse, vous pouvez obtenir un vague aperçu d'un certain environnement qui n'est manifestement pas votre entourage. Tout d'abord vous serez enclin à douter que vous ayez pu recevoir quoi que ce soit, mais gardez l'objet enveloppé quand vous ne l'utilisez pas pour que personne d'autre n'y touche, et pratiquez avec cet objet. Vous devrez recommencer l'expérience plusieurs fois avec ce même objet avant de pouvoir vous rendre compte dans quelle mesure c'est votre imagination qui agit, et dans quelle mesure c'est votre pouvoir psychométrique. Faites ceci plusieurs fois, faites-le chaque nuit pendant une semaine, et vous constaterez à la fin de la semaine que vous avez certaines conclusions précises sur l'objet.

Si, au bout de quelques minutes, vous n'avez reçu aucune impression de l'objet, placez-le contre votre tempe gauche ou votre tempe droite. Si cela ne fonctionne pas, placez-le derrière votre tête exactement où votre tête joint votre cou. Il se pourrait facilement que vous soyez gaucher de nature et dans ce cas, utilisez la main droite au lieu de la gauche. Mais la chose principale est d'expérimenter dans différentes positions — main gauche, main droite, tempe gauche, tempe droite, ou à l'arrière de la tête. Puis faites simplement le vide dans votre esprit et essayez d'attirer les impressions qui sont transmises par l'objet.

Rappelez-vous que lorsque vous voyez une pierre sur la route ou un oiseau dans le ciel vos yeux ne s'étendent pas jusqu'à l'oiseau ni jusqu'au caillou sur la route ; ce que vous recevez bien sûr est une impression ou une vibration transmise par le caillou ou par l'oiseau dans ce cas particulier, et donc vous obtenez des impressions que vous appelez ‘la vue’. En psychométrie, où vous recevez aussi des impressions, vous allez plus profondément que la surface et donc vous obtenez vos sensations visuelles dans la partie occulte du cerveau. C'est quelque chose de très simple avec de la pratique.

La meilleure manière de vous exercer est de demander à une personne que vous aimez sincèrement de ramasser une pierre sur la plage, et vous la lavez soigneusement à l'eau courante. Puis la personne porte la pierre à son front et pense fortement à un message pour vous, comme par exemple : "J'ai ramassé cette pierre lundi (ou quel que soit le jour)." La personne enveloppe ensuite la pierre dans un mouchoir en papier et vous le donne sans plus y toucher. Si vous pratiquez des choses comme cela vous verrez bientôt que la psychométrie fonctionne.

QUESTION : Vous n'êtes pas chrétien, vous n'avez pas été instruit dans la Bible. Alors, que pensez-vous de la Bible ?

RÉPONSE : Eh bien, vous devez vous rappeler, pour commencer, que la Bible a été écrite de nombreuses années après les événements réels qu'elle relate. De plus, la Bible a été traduite, mal traduite, et retraduite de très nombreuses fois. Le Grand Prêtre Untel exigeait une nouvelle traduction, et puis le Roi Jacques 1er ou quelqu'un d'autre décidait qu'il allait faire établir une traduction autorisée. En dépit de tout cela, cependant, il y a un grand fond de vérité car les vérités ne meurent jamais ; elles peuvent être dissimulées dans une certaine mesure, mais pour celui qui est perspicace, les vérités sont toujours là. En ce qui concerne la Bible, il existe d'étranges documents écrits dans les langues mystérieuses des temps préhistoriques, mais on ne peut pas toujours prendre la Bible au pied de la lettre. On ne peut pas prendre exactement tel quel ce qui est écrit, on ne peut pas en interpréter littéralement les termes, il faut utiliser la symbologie.

La Bible est un livre ésotérique et est bien sûr liée aux systèmes de symbologie Indien, Chaldéen et Égyptien. Le Christ est allé au Tibet ; après être passé par l'Inde et avoir étudié les religions indiennes, Il est allé effectivement étudier au Tibet et est revenu dans le monde Occidental avec une religion fondamentalement Orientale, mais qui a été modifiée pour convenir à l'Occident. Si vous en doutez, rappelez-vous que si vous étudiez les systèmes Indiens vous y retrouverez tous les mêmes glyphes et les mêmes nombres, et si seulement ces satanés ‘savants’ voulaient lire la Bible correctement, en tenant compte de l'anthropologie, de l'ethnologie, de la chronologie, de la physiologie, et tout cela, ils comprendraient bien mieux ce qui s'est passé sur le plan historique, car la Bible — si on peut la lire correctement — est d'une aide inestimable pour connaître les temps révolus. Avant de pouvoir lire la Bible, on doit tout savoir sur les Hiérophantes Chaldéens grâce auxquels on peut connaître la Cabbale.

Si vous étudiez soigneusement les cinq premiers livres de l'Ancien Testament, vous verrez que ce sont en fait des légendes, et sont une dissertation très utile sur les phases philosophiques de la cosmogonie du monde.

Tout le monde connaît l'histoire de Moïse et comment il a été trouvé dans les roseaux par la fille du Pharaon. Eh bien, peut-être vous intéresse-t-il de savoir que tout cela s'est passé 1 000 ans auparavant, parce qu'il existe des plaquettes d'argile, nommées les Tablettes Babyloniennes, qui relatent l'histoire du Roi Sargon. Il a vécu longtemps avant Moïse, très longtemps avant Moïse, environ 1 000 ans plus tôt en réalité, et cette histoire d'un petit garçon trouvé dans les roseaux est l'histoire du Roi Sargon. Le Livre de l'Exode n'a pas été écrit par Moïse, comme on le croit communément, mais plutôt ‘composé’ à partir de diverses sources antérieures par Ezra, et en rapport avec ceci le Livre de Job est le plus ancien du système Hébreu et date évidemment d'une époque très antérieure à Moïse.

En outre, toutes les grandes histoires de la Bible telles que la Création, la Chute de l'Homme, l'Inculpation des Femmes, le Déluge et la Tour de Babel ont été écrites très longtemps avant l'époque de Moïse. Ces histoires sont en fait des versions réécrites de ce que les archéologues connaissent sous le nom de tablettes chaldéennes.

Les Juifs tiennent de Moïse leurs premières idées sur la Création, et Moïse tenait des Égyptiens ses idées sur la création, et toute l'affaire, qui provenait des récits Chaldéo-Arcadiens, a été réécrite par Ezra. Vous découvrirez que Dieu, c'est le Logos. Vous découvrirez aussi que la Bible débute en fait par une erreur de traduction où il est dit : "Au commencement Dieu créa les Cieux et la Terre." Ce n'était pas une référence faite à la Terre physique proprement dite, mais au supérieur et à l'inférieur, au visible et à l'invisible.

Il y a beaucoup d'incohérence dans la Bible. Par exemple, dans la première partie de la Genèse, Dieu dit : "Que les firmaments soient" et un second Dieu obéit et fit les firmaments. Le premier Dieu dit : "Que la lumière soit" et le second Dieu fit de la lumière. D'où il découle que Dieu commande à un autre Dieu qui doit être un Dieu moindre, puisqu'il obéit au premier.

‘Que la lumière soit’. Cela ne signifie pas la lumière du jour, la lumière du Soleil ou la lumière artificielle ; cela signifie plutôt la lumière spirituelle, cela signifie sortir l'âme de l'Homme des ténèbres afin qu'il puisse percevoir la grandeur de Dieu.

De nouveau, Adam n'a pas été le premier homme créé. La Bible nous dit dans Genèse 4, 16-17 que Caïn s'en fut au pays de Moab avec l'intention de s'acheter une femme. Maintenant, si Adam avait été le premier homme, pourquoi Caïn serait-il allé en Moab chercher une femme puisqu'il ne pouvait pas y en avoir ? En réalité, Adam est un composite de dix Séphiroth, et bien sûr le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont la triade supérieure du monde archétype, tandis que le second Adam est une composition ésotérique qui représente les sept groupes d'hommes — les sept groupes de l'humanité, et qui ont ainsi formé la première race originelle humaine.

Il y a eu les Atlantes qui ont fait beaucoup de recherches, et si vous lisez convenablement la Bible, c'est-à-dire de façon ésotérique, vous verrez que les sept clés qui ouvrent les mystères des sept grandes races originelles nous font remonter jusqu'aux temps des Atlantes. Donc, les Égyptiens ont obtenu des informations des Atlantes, les Juifs ont obtenu des informations des Égyptiens et les modifièrent quelque peu, puis sont venus les Chrétiens qui prirent toutes ces informations et les déformèrent très considérablement, et ensuite les traducteurs qui les mirent en Latin édulcorèrent toutes sortes de commentaires pour les faire cadrer avec les nouveaux idéaux et idées chrétiennes, tout comme de nos jours les politiciens altèrent l'histoire pour convenir à leur propre pays. J'aurai quelque chose de plus à dire au sujet de la religion un peu plus loin dans ce chapitre, mais cela suffira au sujet de la Bible pour le moment.

QUESTION : Croyez-vous à l'histoire du Jardin d'Éden ? Écrivez-moi et dites-moi ce que vous croyez que signifie réellement le Jardin d'Éden ?

RÉPONSE : En réponse à la question précédente, j'ai allègrement déclaré que nous en avions terminé avec la Bible pour le moment. Eh bien, il nous faut l'ouvrir de nouveau pour répondre à cette question qui demande si je crois à l'histoire du Jardin d'Éden, si je crois à la Chute d'Adam et Ève, et au fait que cela a été provoqué par la découverte qu'ils firent de leurs différences anatomiques. Autrement dit, si je comprends bien la question, est-ce que je pense que le sexe a été la ruine de l'humanité ? Non, bien sûr que non. Je pense que ce sont des âneries. Au temps du Pape Grégoire, souvent appelé Pape Grégoire le Grand, la grande Bibliothèque Palatine qui contenait beaucoup de manuscrits originaux a été détruite. Certains de ces manuscrits étaient des papyrus originaux, et ils remontaient presque à la date du début du Christianisme.

La Bibliothèque a été détruite. Le Pape de l'époque pensait que les hommes s'instruisaient trop, et si les hommes en apprenaient plus que ce que les prêtres voulaient qu'ils sachent, ils représenteraient un danger parce qu'ils poseraient des questions auxquelles les prêtres auraient du mal à répondre.

Le pape Grégoire pensait que les hommes devaient recommencer sans bénéficier des écrits d'autres personnes. Il avait aussi l'idée que le moment était opportun pour réécrire l'histoire du Christianisme et il la modifia de telle façon que le pouvoir des prêtres n'en fût pas diminué. Les bibliothèques furent donc brûlées, des manuscrits inestimables furent perdus pour l'homme et la femme ordinaires. Certains de ces manuscrits, en duplicata, ont été cachés dans des grottes dans d'autres parties du monde, mais pour ceux qui peuvent lire le Registre Akashique, tous les manuscrits, toutes les connaissances sont toujours disponibles.

Dans le cas d'Adam et Ève nous devons nous souvenir que ce qu'on appelle ‘le péché originel’ n'est pas le sexe, que ça n'a rien du tout à voir avec le corps physique, mais que c'est quelque chose d'abstrait. Le péché originel c'est l'orgueil, le faux orgueil, une créature inférieure s'érigeant à l'égal des Dieux. L'Homme et, bien sûr, la Femme, pensèrent qu'ils étaient les égaux des Dieux et se rebellèrent donc contre les Dieux. Le Jardin d'Éden était la jeune Terre, la Terre qui ne faisait alors que commencer à devenir une demeure adéquate pour une nouvelle race, la race de l'Homme. Vous comprendrez qu'il y a eu de nombreuses races sur la Terre, de nombreuses formes de vie.

Avant que l'Homme tel que nous le connaissons aujourd'hui n'apparaisse sur cette Terre, il y a eu une autre race semblable à l'Homme, non pas les singes velus comme il a été communément supposé, mais un type de personne complètement différent, sur des continents de la Terre complètement différents, des continents qui ont sombré depuis longtemps sous la surface de l'océan pour que d'autres continents puissent surgir, et d'autres nations avec eux.

Ces gens étaient différents. Ils avaient des caractéristiques anatomiques quelque peu différentes que nous n'avons pas à détailler pour le moment. Leur peau était violette, et ils étaient plus gros et plus grands que les humains d'aujourd'hui. Ces gens étaient intelligents, trop intelligents pour leur propre bien, peut-être, et ce sont eux qui vivaient dans ce qu'on appelle le Jardin d'Éden.

Selon d'anciens documents, la Terre est une colonie, une colonie qui a été peuplée par des gens venant de très au-delà de cet Univers. À l'époque du Jardin d'Éden certains de ces gens — les Superviseurs — vinrent sur cette Terre pour surveiller la nouvelle race de l'Homme, le peuple violet, et les Superviseurs étaient des géants selon les perceptions de l'Homme. Ils étaient, en fait, moitié plus grands que les habitants de la Terre, et c'est ainsi que nous avons une mémoire raciale des jours où des Dieux, des géants, parcouraient la Terre.

Les Superviseurs, qui, après tout, n'étaient que des humains d'un genre différent, fraternisèrent un peu trop librement avec le peuple violet de la Terre, devinrent beaucoup trop amicaux, et le peuple inférieur de la Terre eut des idées exagérées de sa propre importance ; ils crurent que si les Dieux s'associaient à eux, c'était parce qu'ils étaient merveilleux. Ils furent impressionnés par les étranges, étranges armes et appareils des Dieux, ils furent impressionnés par les boîtes qui montraient des images et produisaient des voix et de la musique venant d'on ne savait où, et ils complotèrent et manigancèrent sur la façon dont ils pourraient renverser les Dieux, les Superviseurs, et s'emparer de leurs appareils.

D'étranges véhicules connus sous le nom de Chars des Dieux flamboyaient jour et nuit dans le ciel. Les Dieux s'occupaient de la nouvelle Terre, s'occupaient du bien-être des habitants de la nouvelle Terre, mais ils avaient encore le temps de fraterniser avec eux.

Un plan fut concocté par lequel une jeune femme que les Superviseurs trouvaient particulièrement attrayante, se rendrait encore plus séduisante pour un Superviseur en particulier. Et le plan était que pendant que les Dieux seraient, si l'on peut dire, autrement occupés, les hommes tueraient les Dieux.

Les Dieux prirent conscience du complot, ils se rendirent compte que l'espèce humaine était très, très vicieuse, ils se rendirent compte que l'espèce humaine nourrissait des pensées traîtresses, convoitait le pouvoir, était pleine d'orgueil, de faux orgueil. Et ainsi l'espèce humaine fut chassée de cet endroit particulièrement agréable ; autrement dit, elle fut chassée du Jardin d'Éden par des anges avec des épées flamboyantes. Maintenant, réfléchissez : si un sauvage qui n'a jamais vu d'avion voyait une de ces choses traverser le ciel en vrombissant comme un chalumeau, ne penserait-il pas qu'il s'agit d'un Char des Dieux ? Supposons qu'il ait vu une arme faire feu, qu'il ait vu de la fumée et peut-être quelques flammes sortir du canon, ne prendrait-il pas cela pour une épée flamboyante ? Il devrait bien lui donner un nom, et ne sachant rien au sujet des revolvers, une épée flamboyante ferait l'affaire — elle entra dans les livres d'histoire, et tout le reste.

Au cours des temps, l'évolution naturelle de la Terre a provoqué des séismes, des tremblements de terre ; des continents se sont enfoncés et d'autres ont émergé. La plupart des habitants de la Terre ont été détruits dans diverses catastrophes et calamités, mais certains en ont réchappé et se sont réfugiés sur de hautes terres. Certains d'entre eux, en fait, ont conservé leurs souvenirs raciaux. Par exemple, avez-vous jamais vu un indigène de l'Afrique noire qui était d'un noir presque violacé ? Pensez à cela. Vous serez d'accord qu'il y a déjà au moins trois races sur cette Terre : le peuple noir, le peuple jaune, et le peuple blanc. Ce sont trois races différentes, et il existe beaucoup de discorde entre elles, une discorde raciale, comme si chacune pensait que l'autre est une intruse.

Donc, nous en revenons au Jardin d'Éden et nous constatons que quand les Dieux parcouraient la Terre, ils étaient aimables et prévenants. Ce n'était pas des Dieux, bien sûr, mais des Superviseurs venus de l'extérieur de cet Univers. Les humains tentèrent de profiter d'eux, et le péché originel des humains n'était pas le sexe, qui est une fonction naturelle de l'homme, mais l'orgueil et la rébellion.

Bien sûr l'Église au temps du Pape Grégoire et, en fait, plusieurs fois dans l'histoire de l'Église, a eu une grande phobie du sexe. Elle n'a pas eu de phobie vis-à-vis de l'orgueil. Donc, parce que cela convenait à leur but, les prêtres ont affirmé que la Chute de l'Homme avait été causée par la Femme, la Chute de l'Homme s'était produite parce que la Femme l'avait tenté avec le sexe, la Femme était la pécheresse, la tentatrice, la coupable à chaque fois.

Il n'y a rien dans la Bible, ni dans la véritable foi chrétienne qui supporte la déclaration que la chute de l'Homme est due au sexe. Le Christ lui-même n'a jamais été opposé aux femmes. Il n'a jamais pensé que la Femme était une créature inférieure destinée à être traitée comme un chien ou pire encore.

Saint Augustin et beaucoup d'autres ont profité de la réécriture de la Bible pour prêcher même de plus en plus violemment contre le sexe. Augustin était un de ceux qui était terriblement, terriblement opposé au sexe, même dans le mariage. C'est peut-être ici le lieu de faire remarquer qu'il n'y a pas de plus grand adversaire de la boisson que l'ivrogne réformé, qu'il n'y a pas de plus grand adversaire du vice, soi-disant, que la personne qui s'en est corrigée.

 

Chapitre Douze :
Religion et science

QUESTION : Que pensez-vous de la religion ?

RÉPONSE : Mon Dieu ! Je pensais que j'avais fermé la Bible pour le moment, mais bien entendu je dois dire que je suis ‘pour’ la religion. Il y a peu de temps, j'ai reçu une lettre d'un séminariste. Me prenant à partie, il disait : "Dans un de vos livres vous parlez de la Convention de Constantinople en l'An 60. Je ne peux rien trouver à ce sujet dans la Bible."

Il y a eu une Convention à Constantinople en l'An 60. Il n'y a rien dans la Bible d'aujourd'hui à ce sujet parce que les autorités de l'Église ont réécrit la Bible un grand nombre de fois. Même maintenant, il y a de fréquentes réunions à Rome pour décider ce qui doit être enseigné et ce qui doit être supprimé, et quelles sectes religieuses doivent être reconnues ou mises au ban. La religion ne cesse d'être faite et refaite. Il est évident que l'enseigner comme on le faisait il y a 2 000 ans ne serait pas nécessairement très approprié maintenant ; il faut l'adapter pour répondre aux exigences modernes. Mon ami l'apprenti prêtre m'a écrit avec une certaine consternation, et même une certaine colère, en disant que je l'avais induit en erreur. J'ai eu le plaisir de lui répondre pour lui dire que ce n'était pas moi, mais plutôt ses supérieurs qui l'avaient trompé, qu'il devait consulter des livres et des papyrus pour en tirer ses propres conclusions.

Je ne cherche à modifier la religion de personne. Je crois fermement en un Dieu ; je peux L'appeler d'un autre nom que celui employé par un Chrétien, un Juif ou un Mahométan, mais je crois en un Dieu et je suis sûr qu'il doit y avoir une religion. La religion donne une discipline mentale et spirituelle. S'il y avait plus d'enseignement religieux maintenant, il y aurait moins de délinquance juvénile.

Je suis tout à fait pour la religion. Je suis fortement en faveur des prêtres, pourvu qu'ils enseignent la vérité, pourvu qu'ils reconnaissent que tous les hommes ont droit à leurs propres croyances. Il y a quelque temps, en Europe, je sortis en robe de moine bouddhiste et je traversai la rue pour prendre un taxi ; un prêtre d'une certaine secte m'aperçut et faillit se trouver mal, comme s'il se fût trouvé face au Diable en personne ! Il se signa à plusieurs reprises, avant de fuir en toute hâte, perdant toute espèce de dignité. J'observai la scène avec amusement. Je crois que la plus grande règle de toutes est — Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on te fasse. Peu m'importe qu'un homme porte tel ou tel genre de vêtement, peu m'importe que ce soit un prêtre chrétien ou un rabbin juif, si c'est un homme bon, je le respecte. Si c'est un simulacre revêtu de vêtements sacerdotaux, je le méprise ou je m'attriste qu'il ne se rende pas compte du mal qu'il fait. Car les prêtres de n'importe quelle secte que ce soit ont une grande, grande responsabilité ; les gens les respectent et attendent d'eux secours et vérité.

 

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Une grande partie de ce qui est enseigné dans la religion, dans n'importe quelle religion, pas seulement le Christianisme mais dans n'importe quelle religion, ou dans l'histoire, est altéré pour convenir aux pouvoirs politiques de l'époque ou du moment même. Prenons par exemple le cas de Sir Francis Drake — en Angleterre c'est un grand héros, en Espagne il est considéré comme un innommable pirate. Où est la vérité ?

Pour porter la question plus près de chez nous — et le Graf Spee ? Les Allemands pensaient que c'était un navire héroïque monté par un héroïque équipage, mais les Anglais et les Américains pensaient que c'était un vaisseau pirate qui s'en prenait à de pacifiques navires de la marine marchande. Et les Anglais l'ont coulé, lui qui faisait l'orgueil de la marine allemande. Quel était le juste point de vue ? Celui des Allemands ou celui des Anglais ?

Dans l'Allemagne d'Hitler, l'histoire a été détruite et réécrite. En Russie, si l'on en croit les livres d'histoire actuels, la plupart des grandes inventions dans le monde viennent de Russie. Je me demande si Henry Ford n'est pas appelé ‘Fordski’ en Russie ? J'ai lu que les Russes prétendent avoir inventé l'avion, le téléphone, l'automobile, et ils semblent avoir inventé le mot ‘Non’ — niet. Ils ont aussi inventé la guerre froide. Quoiqu'il en soit, nous ne nous occupons pas de politique, mais je dirai que le danger n'est pas la Russie, mais la Chine.

Ainsi, ne croyez pas tout ce qui est imprimé, mais réfléchissez par vous-même, et si vous voulez quelque chose de plus fort que la pensée, si vous ne pouvez pas accéder aux grandes bibliothèques du monde, travaillez votre méthode de voyage astral. Lorsque vous pouvez faire le voyage astral vous pouvez consulter les Annales Akashiques, et les Annales Akashiques ne peuvent pas être trafiquées, il n'y a aucun moyen d'effacer l'Enregistrement Akashique, aucun moyen de dissimuler le savoir véritable. Ces Annales sont à la disposition de tous ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

Les religions sont franchement bien drôles — si l'on oublie que la religion est simplement une discipline mentale et spirituelle. Certaines religions disent que l'on ne doit pas manger de porc, une autre dit que l'on ne doit pas manger de viande le vendredi. Une religion dit que le corps du cou jusqu'en bas doit être couvert, tandis que le visage est découvert. Une autre religion dit que l'on peut être aussi nu qu'un œuf à la coque, pourvu que le visage soit couvert.

Je dis — Faites aux autres ce que vous voudriez qu'on vous fasse — c'est la meilleure religion de toutes.

QUESTION : Vous dites des choses désobligeantes sur les scientifiques, mais ne croyez-vous pas que seuls les scientifiques puissent nous sauver ?

RÉPONSE : Eh bien, cela dépend de ce que vous entendez par scientifiques ! Je crois que beaucoup de soi-disant scientifiques ne sont que des polisseurs-de-chaises (expression britannique pour désigner quelqu'un qui a un emploi de bureau permanent et ne fait rien de mieux que rester assis toute la journée à paperasser, ce qui ne sert qu'à polir sa chaise — NdT). Des gens comme Royce de Rolls-Royce, Edison, Ford, et quelques autres comme eux, sont de vrais scientifiques ; ils ne sont pas allés dans des écoles où leur pensée aurait été cimentée dans des voies coulées dans le béton ; autrement dit, ils n'ont pas pensé que les choses étaient impossibles, ils n'ont jamais été conditionnés à penser qu'une chose était impossible, et donc ils se sont mis en frais et ont fait l'impossible. Beaucoup d'universités se spécialisent à enseigner à leurs étudiants que, du moment que le Professeur Nimbus ou le Professeur Cosinus ne font pas ceci ou cela, c'est que personne ne peut le faire. C'est complètement absurde. Je pense que le scientifique ‘instruit’ est une menace parce qu'il est ‘instruit’ à croire que rien ne peut être fait à moins que lui ou ses collègues ne le fassent.

Certaines personnes pensent qu'en ce qui concerne les mondes parallèles j'aurais dû citer Einstein. Mais pourquoi devrais-je citer Einstein ? Je peux assurer à ceux qui sont intéressés qu'il existe des livres sur Einstein et ses théories, et donc toute personne intéressée serait bien avisée d'acheter les livres appropriés afin de pouvoir étudier les théories d'Einstein.

Einstein s'est occupé de théories. Il a émis des hypothèses suivant les faits disponibles à l'époque, mais voyez-vous, il ne faut pas se laisser égarer par ce qui semble une évidence, car l'évident n'est pas toujours si évident. Par exemple, un scientifique étudiait le comportement des puces ; il pensait pouvoir établir une corrélation entre les modes de comportement psychosomatique des puces et celui des humains. Après tout, les puces se développent extrêmement bien avec le sang humain, et donc notre scientifique se mit à étudier les puces, un processus qui démange, si je puis m'exprimer ainsi.

Avec le plus grand soin et en y consacrant beaucoup de temps, il entraîna une puce de taille moyenne à sauter par-dessus une boîte d'allumettes toutes les fois qu'il disait : "Saute !" Puis, quand la puce eut saisi l'idée, le scientifique lui arracha deux de ses six pattes. "Saute !" dit-il. La puce sauta de nouveau et fut capable de répéter la performance, mais pas avec autant de succès qu'auparavant. Le scientifique grogna de satisfaction et lui arracha deux autres de ses six pattes. "Saute !" dit-il. Faiblement, la puce sauta et le scientifique hocha la tête en signe d'approbation. Attrapant la puce, il arracha les deux dernières pattes de la pauvre créature. Malheureusement, maintenant que la puce n'avait plus de pattes, le scientifique avait beau s'écrier avec ardeur "Saute !", la puce restait immobile. Le scientifique, après de nombreuses tentatives, hocha sa tête de vieux sage et écrivit dans son rapport : "L'ouïe de la puce est dans ses pattes. Quand elle perd deux pattes, elle ne peut pas très bien entendre et ne peut donc pas sauter bien haut. Quand elle perd toutes ses six pattes, elle devient complètement sourde !"

Ne faisons pas comme ce scientifique qui essayait d'étudier les puces, ne soyons pas aveugle à l'évidence. Si Einstein a raison, alors il ne pourrait jamais y avoir de véritables voyages spatiaux, cela prendrait trop de temps, car Einstein a postulé la théorie selon laquelle rien ne saurait dépasser la vitesse de la lumière, et la lumière des planètes lointaines peut prendre des siècles et des siècles pour nous rejoindre à partir de leur source ; si Einstein est correcte dans sa théorie, nous ne pouvons jamais espérer nous transporter vers d'autres planètes.

Heureusement, Einstein n'a pas raison. Heureusement, il n'a raison que par rapport aux informations qu'il possédait à l'époque où il formulait sa théorie.

Considérons le monde en 18 — euh, que dirons-nous ? — 1863 plutôt qu'en 1963. Nous sommes donc de retour en l'an 1863. Les scientifiques nous disent que l'Homme ne circulera jamais à plus de trente milles (48 km) à l'heure, parce qu'un homme se déplaçant plus vite que cela verrait l'air déchirer ses poumons ; il ne serait donc pas possible à un homme de se déplacer plus rapidement. Trente milles (48 km) à l'heure, donc, est la vitesse maximum.

Il ne peut y avoir aucun avion dans les cieux, il ne peut y avoir que quelques montgolfières, et vraisemblablement pour la circonstance il doit y avoir une quantité de haut-parleurs, de commentateurs et de ceux qui critiquent les commentateurs, parce que c'est une source inépuisable de paroles en l'air que d'envoyer des ballons dans les airs. Mais, en cette année 1863, on nous dit qu'il n'y aura jamais d'avion.

Au fur et à mesure que l'Homme développait des inclinations plus meurtrières et de nouveaux instruments de guerre, on a découvert que l'Homme pouvait survivre à la limite des trente milles (48 km) à l'heure, qu'il pouvait même aller jusqu'à soixante milles (96 km) à l'heure, et quand les chemins de fer ont d'abord été établis par George Stevenson, les gens ont cru que le maximum absolu de vitesse était atteint. En Angleterre, en fait, les automobiles étaient considérées comme des véhicules tellement dangereux qu'ils devaient être précédés par un homme à pied brandissant un drapeau rouge ! Mais je crois qu'en Angleterre ils ont maintenant dépassé ce stade en voiture et qu'ils roulent un peu plus vite, presque aussi vite, en fait, que les autres le font dans cette partie du monde.

On nous est arrivé, il n'y a pas si longtemps, avec la théorie que la limite de vitesse absolue était celle imposée par le son. Des scientifiques réputés nous ont dit qu'aucun homme ne voyagerait jamais plus vite que le son, que c'était impossible. Or, il existe maintenant des avions commerciaux qui peuvent dépasser la vitesse du son. Des avions de guerre voyagent sans cesse plus vite que le son, laissant dans leur sillage des fenêtres brisées et de furieuses exclamations des propriétaires de ces fenêtres brisées. Heureusement, comme les pilotes dépassent la vitesse du son les vitupérations ne les atteignent pas, du moins jusqu'au moment où, atterrissant à leur l'aéroport, ils constatent que leur commandant trépigne de colère à cause des messages qu'il a reçus.

Nous avons donc découvert que la vitesse du son ne nous limite pas, que nous pouvons voyager plus vite. Et pourtant, il n'y a pas si longtemps des gens comme Einstein disaient que l'Homme ne dépasserait jamais la vitesse du son. Si ces hommes se sont avérés inexacts dans leur hypothèse, pourquoi Einstein ne serait-il pas dans l'erreur lui aussi avec sa théorie que la lumière est la limite absolue de vitesse ?

Quand les gens voyageront à une vitesse supérieure à celle de la lumière, ils pourront se voir et voir ce qui se trouve devant eux. La seule différence sera que les choses qu'ils verront seront d'une couleur différente, ce qui sera quelque chose d'assez intéressant et sera comme si, je le suppose, on regardait des visages maquillés de femmes sous un éclairage fluorescent ou de lampes au sodium. Le point essentiel est qu'en surpassant la vitesse de la lumière, on approchera alors du stade de vision du clairvoyant, et l'on verra les choses en quatre dimensions au lieu de trois.

Je voudrais citer ici ce que les grands scientifiques ont dit au sujet de la Terre. Les scientifiques ont dit que la Terre était plate. La mythologie ancienne déclarait que la Terre était plate et que d'étranges démons rôdaient au bord de la Terre plate. Ma propre expérience est que la plupart des démons vivent sur cette Terre. Personne ne croirait sérieusement maintenant que la Terre est plate. C'est une croyance commune que la Terre est un truc plus ou moins rond et des gens sont même allés dans des capsules spatiales pour y jeter un bon coup d'œil. Donc, nous pouvons dire que les scientifiques se sont trompés dans la plupart de leurs sciences. Malheureusement, certains chefs religieux en ont fait un délit punissable de mort de dire que la Terre était ronde, et il n'y a pas si longtemps, les gens se faisaient joliment griller au bûcher pour avoir dit que la Terre était ronde et non plate. Toutefois, je suppose que nous devons tous mourir un jour, et il y a toujours la consolation que si l'on est totalement encerclé par le feu, on meurt de suffocation avant que les flammes ne nous atteignent — non pas que ce soit une bien grande consolation pour la victime attachée au pieu.

Si nous prenons la théorie technique d'un quelconque scientifique comme la limite de ce que nous pouvons faire, dire, ou penser, nous nous mettons alors dans la position d'une locomotive sur un chemin de fer qui est confinée aux rails. Les gens qui sont dans le train tiré par cette locomotive ne peuvent voir qu'une partie très limitée qui se trouve de chaque côté de la voie qu'ils traversent, ils ne sont pas en mesure de s'écarter pour voir les routes secondaires à l'écart de la grand-route.

Les gens qui voyagent en voiture, ou même à pied, voient plus de choses et ils en apprennent plus. Les gens qui voyagent à pied sont les plus lents, mais ils apprennent plus de choses et plus en détail et sont peut-être finalement les plus favorisés, alors que les gens qui voyagent par avion vont peut-être tellement vite et montent tellement haut qu'ils ne voient rien du tout. Allons donc notre petit bonhomme de chemin, sans nous occuper des théories scientifiques des grands hommes qui sont sans doute merveilleuses dans des formules mathématiques, mais ne correspondent pas nécessairement aux faits réels de la vie et de l'après-vie.

La civilisation Occidentale représente beaucoup moins qu'un dixième de seconde du temps céleste. Si vous considérez l'âge de la Terre, vous découvriez que l'Homme dans n'importe laquelle de ses formes sur cette Terre n'occupe même pas une minute des vingt-quatre heures de l'existence de la Terre.

Les gens qui sont capables de voyager dans l'astral ou qui sont clairvoyants ou télépathes peuvent se rendre infiniment mieux compte de ce qui est, car ils savent que l'homme sur la Terre n'est qu'une des manifestations d'un esprit.

Il y a eu d'autres formes de corps, il y a eu d'autres formes d'existence corporelle. Le corps physique de l'espèce humaine sur la Terre n'est qu'une des longues, longues séries d'expériences pour voir quelle forme va offrir à un corps spirituel les meilleures chances d'en apprendre le plus, le plus facilement et le plus rapidement possible.

L'humanité n'est pas la finalité ; ne croyez pas qu'elle le soit. Ni les paroles religieuses, ni les théories des scientifiques ne pourront jamais convaincre l'esprit céleste que le petit corps de limace qu'il occupe maintenant est supérieur au scintillant papillon qu'il peut devenir.

Tout ceci pour vous inciter à penser par vous-même, pour vous inciter à entreprendre sérieusement le voyage astral et la clairvoyance. Si les gens veulent tout analyser, tout critiquer du haut de leur ignorance, ils entravent alors leur propre développement. Nous devons garder un esprit ouvert, nous devons être prêts à accepter, nous devons savoir de quoi nous parlons et ne pas dire : "Oh, ce n'est pas vrai, ce n'est pas ce qu'a dit Einstein." Einstein et des gens comme Einstein ont dit que la Terre était plate ; Einstein et des gens comme Einstein ont dit que l'Homme ne voyagerait jamais à une vitesse supérieure à celle du son ; et bien, nous le faisons, vous savez, certains d'entre nous, et certains d'entre nous voyagent plus vite que le fait la lumière. Le voyage astral est beaucoup, beaucoup plus rapide. Quand on se déplace dans le monde astral, on s'en donne vraiment à cœur joie ; mais je n'ai pas besoin de vous dire tout cela. Si vous gardez un esprit ouvert, et au lieu d'essayer de critiquer de façon destructive si vous essayez d'assimiler de façon constructive par vous-même, alors il ne vous sera pas trop difficile de voyager dans l'astral.

Gardez aussi à l'esprit qu'approximativement tous les deux mille ans un nouveau Messie, un Sauveur, ou un Guide du Monde survient sur cette Terre. C'est un cycle qui se poursuit cycle après cycle — toujours.

Ainsi nous arrivons à la fin d'un autre livre, le douzième chapitre écrit dans la douzième heure du cycle de Kali. Puisse-t-il y avoir quelque chose dans ce que j'ai écrit qui vous aide sur votre route, et ayez foi en ce que j'ai écrit parce que tout ce que j'ai écrit dans mes livres est vrai !


 

Service d'entraide pour les éditeurs

Pendant des années, depuis la parution du ‘Troisième Œil’, j'ai reçu un courrier considérable et jusqu'à ce jour je me suis toujours appliqué à répondre à chaque lettre. Maintenant, à mon grand regret, ce n'est plus possible ; je suis dans l'impossibilité de répondre à moins que mes correspondants n'envoient des timbres-réponses, ou des coupons-réponses internationaux. Alors je vous en conjure, n'écrivez PLUS à mon Éditeur pour qu'il me fasse suivre le courrier, car je lui ai demandé avec insistance de ne rien m'envoyer.

Les lecteurs oublient trop souvent qu'ils ont payé le prix d'un LIVRE, et NON celui d'un service de conseils gratuit. Les Éditeurs sont des ÉDITEURS, et non des services de renvoi du courrier.

Je reçois des lettres du monde entier, certaines même d'au-delà du Rideau de Fer, mais pas une personne sur mille n'a l'idée d'inclure des timbres pour la réponse, et le prix de cette correspondance devient tellement élevé que je me vois dans l'impossibilité de continuer à répondre.

Les gens posent aussi des questions invraisemblables, me réclament n'importe quoi ! Voici quelques exemples :

J'ai reçu d'Australie une lettre désespérée, qui m'a suivi alors que j'étais en Irlande. L'affaire étant (apparemment) extrêmement urgente, j'ai envoyé à mes frais un câble (télégramme — NdT) en Australie, et je n'ai même pas reçu un petit mot de remerciement.

Un certain monsieur, des États-Unis, m'a écrit une lettre EXIGEANT que j'écrive immédiatement pour lui une thèse et que je la lui fasse parvenir aussitôt par avion. Il voulait s'en servir comme s'il en était l'auteur, afin d'obtenir son Doctorat de Philosophie Orientale. Inutile de dire qu'il n'envoyait pas de coupon-réponse et que sa lettre était presque menaçante !

Un Anglais m'a écrit une lettre très, très hautaine, à la troisième personne, réclamant mes références parce que s'il les trouvait tout à fait satisfaisantes, il envisagerait de devenir mon élève à condition que je ne le fasse pas payer. Autrement dit, c'était un honneur pour moi ! (Je ne crois pas qu'il aurait beaucoup aimé ma réponse, si je lui en avais envoyé une)

Un autre m'a écrit pour me dire que si ‘mes copains’ et moi pouvions descendre du Tibet pour se réunir autour de son lit la nuit, il n'aurait plus peur de voyager dans l'astral.

D'autres gens m'écrivent pour me demander des choses inimaginables, allant des questions les plus ésotériques (auxquelles je puis répondre si le cœur m'en dit) au moyen d'élever des poules, en passant par la meilleure méthode pour garder son mari ! Les gens s'imaginent qu'ils ont le droit de m'écrire tant qu'ils le veulent, et se vexent s'ils ne reçoivent pas de réponse par retour du courrier.

Alors je vous prie instamment de ne PAS déranger mes Éditeurs, car je leur ai demandé de ne pas me faire suivre ce courrier. Pour ceux qui ont réellement besoin d'un secours, d'une réponse (encore que je ne recherche pas ces lettres) ils peuvent écrire à l'adresse suivante, mais uniquement si leur souci est d'une extrême urgence :

 

Dr T Lobsang Rampa,

BM/TLR,

London W.C.I., England

 

Je ne promets pas de vous répondre, et si vous écrivez à cette adresse il vous faudra inclure suffisamment de timbres ou de coupons-réponses internationaux, car ces lettres me seront renvoyées et si elles ne sont pas suffisamment affranchies il me faudra payer le port, ce qui fait que je ne serai pas de très bonne humeur pour vous répondre (T.L.R. nous a quitté en 1981 — NdT).